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Le Monde sous ketamine

Publié  dans Sciences et technologies, Sujets de société

Le Monde craint une neuro-révolution et une neuro-dictature. Quand les communiqués de Google sont lus sous kétamine, le journalisme français avance.

Par Baptiste Créteur.

L’intelligence artificielle se développe : vite, régulons. Car si les machines devenaient plus intelligentes que nous, elles feraient surement les choses différemment, et le changement, c’est mal.

Que les connexions entre machine et humain soient de plus en plus nombreuses dans le futur, et que l’interface entre eux soit de plus en plus permanente, n’est pas en soi une bonne chose. Tout dépend des limites que l’on se fixe, des objectifs que l’on poursuit, des principes qui régissent notre action. Et quand chacun peut choisir ses principes, rien ne va plus.

Laurent Alexandre dans un article du Monde du 5 mai :

“En quelques décennies, Google aura transformé l’humanité : d’un moteur de recherche, il sera devenu une neuroprothèse. « Dans environ quinze ans, Google fournira des réponses à vos questions avant même que vous ne les posiez. Google vous connaîtra mieux que votre compagne ou compagnon, mieux que vous-même probablement », a fièrement déclaré Ray Kurzweil, lequel est également persuadé que l’on pourra transférer notre mémoire et notre conscience dans des microprocesseurs dès 2045, ce qui permettrait à notre esprit de survivre à notre mort biologique. L’informatique et la neurologie ne feront qu’un !

Ces neurotechnologies sont littéralement révolutionnaires en ce qu’elles bousculent l’ordre social. Pouvons-nous y échapper ? Une contre-neuro-révolution sera-t-elle possible ? Probablement pas. À terme, si Google réussit son pari, un être humain qui refuserait d’être hybridé avec des circuits électroniques ne serait guère compétitif sur le marché du travail. Imagine-t-on une société à deux vitesses, avec des humains non augmentés qui deviendront inévitablement des parias ? En outre, serait-il éthique de ne pas augmenter les capacités cognitives des gens peu doués ?

Quelle est la première préoccupation d’un Français lorsque des avancées scientifiques majeures sont sur le point de transformer la société ? La compétitivité sur le marché du travail, les inégalités entre robots et cyborgs, la redistribution de l’intelligence artificielle. Aux enjeux majeurs du transhumanisme, qui verrait pour la première fois à notre connaissance une espèce s’intégrer à des outils qu’elle a créés, aux découvertes scientifiques mais aussi philosophiques qu’une intelligence supérieure par nature inconcevable pourrait nous apporter, se substituent les questions qu’un député lambda poserait à un ministre lambda un jour normal et pluvieux en France.

“Le fondateur de Deep Mind, récemment racheté par Google, qui est un leader de l’intelligence artificielle, affirme lui aussi que cette dernière peut menacer l’humanité dès le XXIe siècle. À l’ère des prothèses cérébrales, le risque de neuro-manipulation, de neuro-hacking et donc de neuro-dictature est immense. Nous devons encadrer le pouvoir des neuro-révolutionnaires : la maîtrise de notre cerveau va devenir le premier des droits de l’homme.

Le neuro-hacking a de beaux jours devant lui en tant que conte pour adolescents. Après le contrôle des foules par la propagande et l’exposition permanente à des agents chimiques, les chemtrails et le projet MK de la CIA. D’ici à ce que l’on comprenne que les menaces de contrôle des foules et la surveillance viennent toujours de celui à qui on souhaite systématiquement confier notre défense, l’État, la route est longue. Naomi Klein en fait même l’apanage du libéralisme moderne. Espérons qu’une intelligence supérieure, bien qu’artificielle, nous ouvre un jour les yeux.

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