Une start-up texane souhaite lancer le débat sur la légalisation des drones armés en présentant un engin volant capable de neutraliser une personne à coup de décharges électriques.
Imaginez un monde où votre maison sera gardée par un engin volant équipé de caméras et d'un puissant taser. Ce drone serait capable de détecter toute intrusion dans votre propriété, d'appeler la police et d'immobiliser si besoin l'intrus à coup de décharges électriques. Cette vision quelque peu effrayante du futur est déjà une réalité à en croire la start up Chaotic Moon, qui a présenté un prototype en début de semaine à Austin (Texas), dans le cadre du festival des nouvelles technologies South by South West.
L'objet volant, nommé ironiquement CUPID (Cupidon en anglais), a été présenté à la presse dans les locaux de Chaotic Moon. Un stagiaire de la société a servi de cobaye: après avoir été repéré par le drone, il est tasé alors qu'il fait mine de s'enfuir. Selon Chaotic Moon, le taser est capable de délivrer une charge de 80.000 volts, alors que les appareils utilisés par les forces de police ne montent qu'à 50.000 volts.
"Il est temps de lancer un vrai débat sur ces drones"
Longuement interrogé par le site américain The Verge, William Hurley, co-fondateur de la société, explique que CUPID requiert une validation humaine avant de passer à l'action. "Une personne pénètre dans votre propriété. Le drone s'active, prend des vidéos de l'intrus, et vous envoie une notification par téléphone: "Autoriser cette personne, ou l'arrêter?"", explique-t-il. "Si vous dites "arrêter", le drone va devenir semi-autonome. Il va prévenir la police et demander à l'inconnu de s'arrêter. Si la personne fait demi-tour, le robot va voir que la menace s'éloigne et va laisser faire. Par contre, si l'intrus persiste, là le drone décidera de déployer son taser et ce autant de fois que nécessaire avant l'arrivée de la police".
CUPID n'en est qu'au stade du prototype. D'ailleurs, Chaotic Moon n'envisage pas de le commercialiser. Cette réalisation doit être plus prise comme une provocation, selon la société, qui souhaite créer un choc dans la sphère high tech, politique et judiciaire. "On parle beaucoup en ce moment de l'autorisation des drones, de savoir s'ils peuvent ou non être armés ... On a voulu faire de ces questions théoriques quelque chose de très concret", explique à The Verge William Hurley. "On démontre que les drones de sécurité, c'est possible. Il est temps de lancer un vrai débat: qu'en pensent les citoyens? Les élus? Les policiers? Sont-ils à l'aise avec l'existence de tels drones?". Selon lui, la question esssentielle est "si vous avez besoin de sécuriser votre domicile, préférez-vous avoir un drone avec un taser, ou bien un être humain armé d'un pistolet? Si nous sommes capables de construire de tels drones, devons nous le faire pour autant?"
La question de la légalisation des drones est prégnante aux Etats-Unis. L'an passé, l'Etat de Virginie a décrété une interdiction de leur utilisation durant deux ans. En janvier, l'Etat de Californie a lui décidé d'autoriser les drones sous des conditions strictes: interdiction de les armer, destruction des données collectées sous six mois, nécessité d'avoir un mandat pour les forces de police. En France, les drones civils dits "de loisir" sont autorisés. Mais pour des questions de protection de la vie privée, il est interdit de les utiliser pour prendre des photos ou des vidéos. Des dérogations sont néanmoins possibles, mais nécessitent des autorisations préfectorales voire du ministère chargé de l'aviation civile.