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La maison du futur

À Versailles, 800 étudiants du monde entier inventent l’habitat de demain

Le Solar décathlon, c’est 2 ans de préparation, 10 jours de construction et 2 semaines d’exposition, pour un seul gagnant.

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Pour la première fois, le Solar Décathlon, compétition étudiante internationale, pose ses valises en France. À deux pas du château de Versailles, 800 étudiants inventent l’habitat de demain, avec un unique point commun: le soleil comme seule source d’énergie.

Alors que de nombreux pays se sont mis à l’heure brésilienne pour suivre la coupe du monde du ballon rond, c’est une toute autre compétition internationale qui se joue aux portes de Paris, et vise à designer la "maison solaire" de demain. Un défi inédit que doivent relever les 800 étudiants participants: construire, en dix jours, des habitats innovants ayant pour seule source d’énergie le soleil. Éclairage, chauffage ou encore machine à café, tout, absolument tout, doit fonctionner grâce à l’énergie solaire. Objectif: l’autosuffisance. Cette année, 16 pays représentent leurs couleurs, et présentent, au cœur de "la cité du soleil", clin d’œil au roi jadis voisin, 20 projets d’habitats durables.

Les visiteurs peuvent déambuler au cœur de leurs réalisations depuis le 28 juin, mais pour les étudiants en lice, le projet a débuté il y a plus d’un an. Après avoir soumis un avant-projet, 20 équipes ont été sélectionnées, et ont travaillé d’arrache-pied pour lever des fonds, penser leur structure, réaliser les plans et être prêts le jour J. Depuis la mi-juin, ils s’affairent sur le site, faisant souvent les "trois huit" pour finir à temps. Mis à part quelques tâches lourdes qu’il leur est légalement interdit de réaliser eux mêmes, tout a été fait par les étudiants. "C’est sportif!", résume Léa, une participante, casque de chantier à la main. "Avant de venir ici, certains étaient peut- être bricoleurs, mais aucun d’entre nous n’avait construit une maison!", résume Ouessanne, chef de l’équipe nantaise Philéas, qui regroupe des jeunes aux profils variés, venant notamment d’établissements comme Centrale Nantes, l’Ecole d’Architecture de Nantes ou encore l’Ecole supérieure du bois. Une autre équipe 100% française, Liv’-Lib, est également en lice, regroupant notamment des étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais, de l’Université Paris Est Marne-la-Vallée (UPEM) ou encore de l’Ecole spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie (ESTP Paris). Malgré les difficultés de dernière minute, tous s’accordent, entre deux visites, pour dire qu’il s’agit "d’une aventure humaine", "enrichissante" et "exaltante".

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Tropika, le projet d’habitats conçus pour résister au climat tropical de l’équipe du Costa Rica. Tropika, le projet d’habitats conçus pour résister au climat tropical de l’équipe du Costa Rica.

 

Pour sa première édition sur le sol français, le concours, créé en 2002 par le département d’Énergie de la Maison Blanche, a vu ses règles légèrement modifiées, mettant notamment l’accent sur "le logement collectif en zone urbaine dense", réalité partagée par de nombreuses villes européennes. Chaque équipe inscrit cependant son projet dans une zone géographique précise, et la réponse qu’il apporte aux besoins de ce territoire est particulièrement étudiée par le jury.

Réhabilitation du patrimoine existant, logement d’urgence, extension d’habitat vertical… Chacun des vingt projets propose une réponse à un problème délimité par ses créateurs. L’équipe d’Ouessanne a choisi de redonner vie à un monument nantais à l’abandon. "Classé en raison de sa structure, innovante pour l’époque, ce bâtiment ne peut pas être détruit, mais il est depuis longtemps a l’abandon, et gâche un peu le paysage des riverains", explique la jeune ingénieur. Pour y remédier, elle et son équipe planchent depuis deux ans à un projet de réhabilitation en logements collectifs et conviviaux, réplicable à d’autres friches similaires.

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Philéas, le projet de réhabilitation d’une ancienne minoterie nantaise. Philéas, le projet de réhabilitation d’une ancienne minoterie nantaise.

Cet ancrage dans un contexte spécifique se retrouve dans chacun des projets: alors que les Thaïlandais se sont attachés à construire un module résistant aux inondations, fréquentes dans la région sur laquelle ils ont décidé d’axer leur projet, les Chiliens ont voulu répondre à la demande existant, chez eux, pour un habitat d’urgence résistant aux séismes. "Après une catastrophe, au Chili, on loge les sinistrés de façon très précaire, et absolument pas durable", explique Sebastien, chef de l’équipe franco-chilienne Casa Fenix. Leur projet ambitionne de changer la donne. Leur proposition est simple: une maison en kit, faite de modules assemblables progressivement, par n’importe qui, à l’aide d’un simple manuel. "Dans les deux premières semaines suivant le sinistre, on peut déployer le module de survie", explique Sebastien. Celui remplace la tente ou la cabane de fortune, précaire, et abrite jusqu’à quatre personnes. Progressivement sont rajoutés autour de cet espace cuisine, salle de bain et pièce de vie, jusqu'à constituer une véritable maison autonome, pour un coup total de moins de 30.000€. A Versailles, il a fallu moins de 6 jours aux 16 étudiants ayant chaussé leurs gants, à raison de 8 heures par jour, pour faire sortir de terre la maison qui renaît de ses cendres. Un bon signal pour ce dispositif d’urgence, renforcé par l’acquisition par la ville de Valparaiso, dont est originaire l’équipe, de 500 modules similaires, pour reloger les victimes de l’incendie ayant ravagé les lieux en avril dernier.

A l’issue des deux semaines d’exposition, un gagnant sera désigné par le jury, en fonction de 10 critères spécifiques mêlant notamment architecture, ingénierie et performance énergétique… D’où le "Décathlon", référence à la discipline olympique éponyme.

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