La (drôle de) matinée de François Hollande au cinéma de Tulle
LE SCAN POLITIQUE- Le chef de l'État a vanté samedi une promesse tenue en inaugurant le nouveau cinéma de Tulle, dont il avait posé la première pierre il y a un an. L'occasion de scènes singulières et d'étranges confidences
De notre envoyée spéciale à Tulle
Tulle en a rêvé, François Hollande l'a fait. Un an seulement après la pose de la première pierre, le chef de l'État est revenu samedi matin dans son fief pour inaugurer le nouveau cinéma de la ville, "Véo Grand Palace", complexe ultra moderne doté de cinq salles en amphithéâtre et d'un "ciné-café", dans la zone commerciale de Citea, à 10 minutes à pied du centre-ville.
Devant un public trié, les officiels se succèdent à la tribune, sur la scène du cinéma. Le maire de Tulle et conseiller à l'Élysée, Bernard Combes, décrit les "Sueurs froides", voire la "Psychose" qu'a été ce chantier de plus de 4 millions d'euros. Mais cette "super production"- toujours selon les mots de Bernard Combes-, initiée quand Hollande était président du conseil général a été opportunément financée depuis. Avec notamment l'aide de la Caisse des dépôts, dirigée par l'ex-secrétaire général de l'Élysée, Pierre-René Lemas, présent samedi pour "le Grand Frisson" de cette inauguration en grande pompe.
Entre "fiction" et "réalité"
Une affaire rondement menée, donc. François Hollande le reconnaît d'ailleurs à demi-mot, dans une étrange confidence: "Il n'y a pas toujours autant de suite à ce que je peux poser comme pierre, ou annoncer comme proposition ou initiative…" Un ange passe. "Ce qui compte, ce n'est pas simplement de faire des fictions, c'est de changer la réalité", ajoute distraitement le président.
Les réjouissances ne sont pas finies. Bernard Combes annonce une "surprise". Pour cette inauguration, "il nous fallait une vedette", commence-t-il. "J'ai invité Catherine Deneuve mais sa société de production n'a pas répondu. Je ne sais pas pourquoi…. Alors, j'ai pensé à Jérémy Corallo." Le jeune acteur originaire de Tulle, ex-élève du cours Florent à Paris, monte sur scène: "Kennedy avait eu Marilyn Monroe ; Obama, Aretha Franklin ; François Hollande a… Jérémy Corollo! Vous risquez de faire des jaloux sur la scène internationale, M. Le président…".
Rires crispés dans la salle.
"Moi, mon métier est populaire. Vous… ce n'est pas la question…"
Jérémy Corallo, jeune acteur originaire de Tulle, ex-élève du cours Florent à Paris.
Le comédien, qui n'a pas froid aux yeux, poursuit: "Moi, mon métier est populaire. Vous… ce n'est pas la question…" Assis au premier rang, Hollande- qui chute dans les sondages- encaisse. L'humoriste termine en racontant "un rêve". Il est invité à l'anniversaire de François Hollande, enfant. Le "petit François" a invité l'ensemble de la classe politique, ils sont tous amis. "Je mets le petit Sarkozy à gauche, je vous mets à droite. Je me dis que ça cloche. Je vous mets à gauche et le petit Sarkozy à droite. Et je vois que cela ne change rien…". En pleine polémique sur la déchéance de la nationalité, alors que la gauche reproche au président d'avoir recyclé une idée de la droite, le président appréciera. Peu rancunier, Hollande saluera le comédien, avant de quitter le cinéma.
Plus tard, devant des élus corréziens réunis à la salle de l'Auzelou pour les vœux du président "aux territoires", François Hollande dira que la Corrèze est "un département qui ne ressemble à aucun autre". Cette matinée à Tulle ne ressemblait à aucune autre non plus.