Soporifique. Bayrou, c’est Macron en plus vieux et en moins antipathique. Le même discours usé jusqu’à la corde, éculé, et son lot de phrases creuses.
Le 19 décembre au soir, le Premier ministre a accordé son premier entretien télévisé, sur France 2, après avoir reçu dans la journée les chefs des différentes forces politiques, hormis le RN et LFI. S’il a abordé la question du budget, dont il espère une adoption "mi-février", et le drame humanitaire à Mayotte, dont il souhaite la reconstruction d’ici "deux ans", c’est la composition du gouvernement qui était au cœur de l’entretien.
La constitution du gouvernement, c’est pour quand?
"Dans le week-end", a-t-il indiqué dans un premier temps, avant de s’octroyer un délai supplémentaire: "Avant Noël".
Le Béarnais, dans un numéro d’équilibriste particulièrement précaire, doit s’assurer de la non-censure à sa gauche comme à sa droite, pour que son gouvernement ne tombe pas trop vite. François Bayrou prétend qu’il peut contenter tout le monde, oubliant que vouloir concilier des projets politiques antagonistes est chimérique.
Il fait donc un pas vers la gauche, promettant de ne pas recourir au 49.3 pour faire passer en force le prochain budget, "sauf blocage absolu de l’Assemblée", s’est-il empressé de préciser. Et sur les autres textes, un 49.3 est-il envisageable? "Sauf catastrophe énorme", indique le Premier ministre d’un ton un peu moins assuré.
À force d’édicter autant de conditions, le 49.3 finira bien par être dégainé un jour ou l’autre. Autre signal envoyé sur sa gauche? Il dit "croire" à une alternative concernant la retraite à 64 ans et est ouvert au débat sur ce sujet, "une porte ouverte de bonne foi", selon lui.
Une porte que la gauche pourrait bien lui claquer au nez, Olivier Faure indiquant "ne pas avoir trouvé de raison de ne pas censurer" le prochain gouvernement.
Quelques signaux sont également envoyés à la droite. Il souhaite que Bruno Retailleau reste à l’Intérieur, fait part de sa volonté de "faire des économies" et de présenter début 2025 un "plan de rééquilibrage de nos finances publiques".
"Nous ne pouvons pas nous en sortir si nous ne sommes pas ensemble", a-t-il plaidé, demandant le "soutien de la droite républicaine" et de la "gauche démocratique et de gouvernement".
Le macronisme chimiquement pur, en somme!
Comme ci cette doctrine n’avait pas déjà fait la preuve de son inefficacité.
LE CHIFFRE DU JOUR: 66%
C’est le pourcentage de Français jugeant négativement les débuts de François Bayrou comme Premier ministre, selon un sondage Odoxa publié le 19 décembre par le Figaro. Alors qu’il est entré à Matignon avec 42% d’opinions favorables, les récentes polémiques --comme sa présence au conseil municipal de Pau, alors que Mayotte est victime d’une catastrophe naturelle, ou sa proposition de rétablir le cumul des mandats, rejetée par 71% des Français — érodent sa cote de popularité.