Franc Boizard a recopié un texte d'Alexis de Tocqueville; cela fait partie du tome II de "la démocratie en amérique" , vers la fin, ce texte sur le despotisme démocratique est impressionnant de justesse.
Il était allé visiter les USA afin de voir les effets d'une démocratie jeune, n'ayant pas de "passé" et compara la démocratie de novo, à celle de l'ancien monde (l'europe) ayant connu les rois, et encore agitée de soubressauts.
Il établit sans arret des comparaisons trés justes entre l'ancien et nouveau monde, sur quantité de sujets et meme sur le role et le statut des femmes.
Toqueville, c'est un fin observateur et un pragmatique, malgré son jeune âge. Visionnaire, il avait aussi determiné que 2 grands pays émergeraient un jour: URSS et USA.
A l'époque l'on ignorait le terme "totalitarisme" et Tocqueville dit clairement qu'il lui manque un mot français pour nommer ce genre d'état, qu'il décrit donc minutieusement.
il défend la démocratie, il aime la démocratie, mais en décrit les travers et les risques et craint que trop d'égalité 'entrainant un "nivellement" ne méne à un manque de liberté.
C'était il y a 200 ans.
Le meme tocqueville avait prévu la révolution de 1848, car se tenait au courant, allait dans les rues rencontrer les gens.. il en fit un discours qui figure sur le site de l'assemblée nationale
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/Tocqueville1848.asp
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Tocqueville 1830: despotisme démocratique. Ce que Tocqueville avait " imaginé" ou projeté d'aprés les données trés partielles qu'il avait en 1830 sur le démocraties débutantes.
(1) : "Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde: je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d'eux, retiré à l'écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres: ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l'espèce humaine; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d'eux, mais il ne les voit pas; il les touche et ne les sent point; il n'existe qu'en lui-même et pour lui seul, et s'il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu'il n'a plus de patrie.
Au-dessus de ceux-la s'élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d'assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril; mais il ne cherche, au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu'ils ne songent qu'à se réjouir.
Il travaille volontiers à leur bonheur; mais il veut en être l'unique agent et le seul arbitre; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?
C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l'emploi du libre arbitre; qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même.
L'égalité a préparé les hommes à toutes ces choses: elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l'avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière; il en couvre la surface d'un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige; il force rarement d'agir, mais il s'oppose sans cesse à ce qu'on agisse; il ne détruit point, il empêche de naître; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.