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Le bilan de Emmanuel Macron vu par un entrepreneur

Sous le mandat du président actuel, la France est bien devenue "l’homme malade de l’Europe". Un bilan peu reluisant pour Macron.

Mon parcours professionnel m’a enseigné à ne me fier qu’au concret. En effet, j’ai créé et développé une PMI durant 40 ans et j’ai pu constater le fossé existant entre les paroles et les actes de nos différents gouvernants.

Il y a une trentaine d’années, j’ai été sollicité pour témoigner de mon expérience de créateur d’entreprise sur France bleu Belfort.

À la question en forme de conclusion du journaliste: "Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui veut se lancer, quel serait-il ? " ma réponse a été spontanée, je leur ai dit de ne surtout pas croire sur parole nos gouvernants ni leur administration!

C’est actuellement toujours le cas, entre ce que nous affirment nos hommes politiques en campagne et ce que l’administration est censée reproduire, il y a un grand fossé.

La révolution de Macron

Dans son livre de campagne, il avait promis une Révolution, et nous n’avons eu droit qu’à une toute petite évolution.

En 2014 j’ai rencontré Macron alors conseiller de Hollande lors d’une réunion organisée par le mouvement ETHIC auquel j’ai adhéré. Nous étions une centaine de chefs d’entreprise très impressionnés par le personnage qui n’était déjà plus trop en odeur de sainteté auprès du président Hollande.

Il nous a alors confirmé son opposition aux 35 heures et aux contraintes inutiles ainsi que son attachement à la libéralisation de l’économie qui nous permettraient enfin d’être compétitifs, un discours que tout chef d’entreprise à envie d’entendre.

Le 10 juin 2014 il quitte le cabinet de François Hollande, confirme à Sophie de Menthon qu’il est prêt à rejoindre la famille des créateurs d’entreprise. Dans Le Point du 20 août 2014 il affirme au journaliste Étienne Gernelle qu’il n’était de toute évidence pas son état d’esprit de devenir ministre, il a exprimé ce qu’il pensait en tant qu’observateur.

À peine une semaine plus tard, le 26 août, imposé par le Premier ministre Manuel Valls, il est nommé ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. C’est alors que son discours change complètement sur le sujet des 35 heures qui ne deviennent pas si mal que ça et ses convictions pour une économie libérale sont oubliées voire même critiquées.

C’est à partir de ce moment que mon opinion sur le personnage a été faite: incapable d’assumer et de mettre en application ses convictions, à moins qu’il nous ait menti lors de notre première rencontre.

Son bilan soutenu par la macronie est surestimé et je vais me faire le plus objectif possible pour l’analyser en le regroupant par degré de pertinence.

QUELQUES REFORMES CERTES MAIS LIMITEES

Impôt sur la fortune

Il s’agit d’une demi réforme puisqu’il l’a transformé en impôt sur la fortune immobilière.

Flat tax sur les revenus du capital

Il a enfin mis un arrêt à la folie taxatrice de Hollande à laquelle il a participé puisqu’il était son conseiller économique. Le taux unique de 30% est une avancée indéniable, mais bien au-dessus du taux moyen pratiqué en Europe.

Prime de licenciement

C’est une bonne décision de limiter le niveau des primes de licenciement qui restent néanmoins au bon vouloir des juges.

Le diable se trouve souvent dans les détails et le fait de donner une limite haute fait que celle-ci devient trop souvent la règle avec pour conséquence malheureuse l’augmentation du coût moyen d’un licenciement en France.

Suppression de la taxe d’habitation

On peut se réjouir de la suppression d’une taxe dans un maquis de quelques 483 taxes, impôts, contributions et cotisation.

 

Malheureusement, sa suppression s’accompagne d’une augmentation de la taxe foncière actuelle et à venir. Le seul indice à retenir c’est le niveau des prélèvements obligatoires qui reste, avec 44,5% du PIB en 2020 un des plus élevés au monde.

Baisse du chômage en trompe-l’œil

Le taux passe à 7,4% de chômeurs, au plus bas depuis 2008 (7,2%). Ce sera sans doute le thème de campagne du putatif candidat Macron, mis en avant actuellement par le ministre de l’Économie.

Ce chiffre ne peut être satisfaisant alors que le taux de chômage se situe en dessous de 5% pour les pays dits performants.

Mais ce taux est tout d’abord la suite logique d’un " quoiqu’il en coûte " extravagant qui a permis aux entreprises de booster temporairement leurs marges et donc leur capacité à embaucher, les deux tiers des 700 000 emplois créés le sont avec des intérimaires… Attention au retour à la normale.

Ne sont pas comptabilisés comme chômeurs les personnes en formation: de 517 000 en 2019 à 984000 en 2020 (étude de la Dares) soit 467 000 de plus dont beaucoup ne retrouveront pas un emploi.

Il y a eu une forte augmentation des créations de micro-entreprises en 2021: 641 543 selon l’Insee, dont d’après le même organisme la moitié auront disparu au bout de 5 ans.

N’oublions pas que nous sommes en période électorale, attendons fin 2022 pour connaître la véritable situation!

Des engagements non tenus

Maîtriser le déficit en dessous de 3%

Cet engagement a été pris lors de sa campagne de 2017 avec un objectif de 1,8% en fin de mandat. En 2021 nous sommes à 7%. Le covid n’explique pas tout.

Baisse de la dépense publique

Macron s’était engagé à une baisse de la dépense publique de 3 points de PIB pour son quinquennat, soit une baisse de 60 milliards d’euros. Elle aura finalement augmenté de 190 milliards de 2017 à 2021.

La Cour des comptes vient d’émettre une alerte sur les comptes publics.

Réforme des retraites

La réforme phare du gouvernement a fait pschitt. Aucune réforme ni structurelle ni conjoncturelle, c’est donc un zéro pointé.

Gouvernement limité à 15 ministres et une réduction massive des effectifs des cabinets

Le 26 juillet 2020 le gouvernement Castex comptait 42 membres, soit l’effectif le plus important depuis le gouvernement Juppé en 1995.

Si l’effectif des cabinets a bien diminué en début de mandat, celui de Castex (571 au 18 août 2021) est devenu le plus cher de la Vème République.

Ces informations sont reprises de l’interview d’Emmanuel Macron " Mon projet économique " au journal Les Échos du 23 février 2017.

SES CONTRADICTIONS

L’énergie nucléaire

C’est uniquement pour mettre Nicolas Hulot à son tableau de chasse qu’Emmanuel Macron a validé la fermeture de 14 centrales nucléaires d’ici 2035, avec effet immédiat pour Fessenheim.

Aujourd’hui il veut lancer 14 EPR dont 6 rapidement pour 2035 et augmenter la durée de vie de ceux censés être démantelés.

Son revirement est une bonne chose, mais que de temps perdu et de milliards gaspillés.

Baisse du nombre de fonctionnaires

Macron candidat proposait une réduction bien timide du nombre de fonctionnaire, à hauteur de 120000 postes… L’effectif de la fonction publique est passée de 5,53 millions en 2017 à une prévision de 5,7 millions en 2022, soit une augmentation de 170 000.

Start Up nation

 

Ce devait être le renouveau de la France. À ce jour le pays compte 26 licornes, c’est-à-dire des nouvelles entreprises valorisées à plus de un milliard. Mais alors que la désindustrialisation de la France est devenue le problème économique numéro un, seule EXOTEC contribue à la ré-industrialisation avec la fabrication de robots d’entrepôts.

Fibre écologique pas très claire

Selon certains experts, la maîtrise du réchauffement climatique nécessite de taxer tout ce qui émet du CO2 afin d’en réduire drastiquement les émissions. L’énergie fossile serait donc la première victime et pour cela Macron a fait une première expérience qui a entraîné la révolte des Gilets jaunes. Il a donc vite fait marche arrière. Il devrait donc être satisfait de l’augmentation du prix du carburant basée sur celui du baril. Pourtant non: d’un côté il veut réduire la consommation et d’un autre il envoie des chèques carburant aux Français.

SES ERREURS

Le dossier Alstom

Après avoir poussé à la vente la filière énergie d’Alstom à General Electric en 2014, Emmanuel Macron ministre de l’Économie, l’a bradé, pensant ainsi échapper à la forte amende pour corruption réclamée par les États-Unis.

General Electric n’a pas respecté son engagement de solder cette amende ni son engagement sur la création de 1000 emplois à Belfort.

Aujourd’hui Macron Président est fier d’annoncer le rachat de cette filière à GE … Cherchez l’erreur!

En même temps

En même temps de gauche et de droite. Il condamne ce pognon de dingue et il explose les déficits. Il veut donner du pouvoir d’achat aux Français et annonce que la transition écologique va coûter très cher et transfère le remboursement de nos dettes sur la génération suivante qui devra rembourser nos dettes. Il souhaite maîtriser l’immigration et maintient un environnement favorable à ce phénomène. Il soutient les policiers et les traite de racistes. Il dénonce l’excès d’administration et il embauche de nouveaux fonctionnaires. Il s’entoure d’une équipe pléthorique de hauts fonctionnaires et sous-traite leur travail à des sociétés de conseil privées…

Quand on veut tout et son contraire il ne faut pas s’étonner que rien ne marche!

LA REINDUSTRIALISATION

Le grand déclassement de la France est bien réel. Le pays régresse dans tous les domaines et le plus spectaculaire concerne le secteur industriel passé de 24% du PIB avant 2000 à tout juste 10% aujourd’hui. Il continue de baisser malgré les incantations d’un Bruno Le Maire qui veut nous faire croire le contraire :  -3% au second semestre de 2021. La cause est connue, il s’agit de la surtaxation des entreprises en général et des impôts de production à hauteur de 80 milliards pour l’industrie, presque 6 fois plus élevés qu’en Allemagne.

Les dix milliards de diminution en 2022 sont inopérants. Ce sont au total 150 milliards qu’il conviendrait de réduire pour revenir au niveau de nos voisins ; et pas étalé sur 20 ans!

Pour cela il faut le courage de réduire d’autant les dépenses de l’État et le coût de notre système social.

LA SANTE

Encore une désillusion des Français devant le spectacle catastrophique d’un système de santé présenté comme le meilleur du monde. Ce ne sont pas les moyens alloués qui sont en cause mais la suradministration qui représente 35% des dépenses et sclérose tout le système.

Emmanuel Macron n’est certes pas le seul responsable mais il a laissé dériver ce système jusqu’à l’absurde.

QUOIQU’IL EN COUTE

Ce système inflationniste n’a pas du tout été calibré. Comme souvent en France on veut faire plus que les autres alors qu’il aurait été possible de faire mieux pour beaucoup moins cher.

Macron s’est inspiré du chômage partiel que les Allemands ont mis en place lors de la crise de 2010 mais eux ont limité les allocations à 60% contre 84% en France. Le pouvoir d’achat a augmenté de plus de 1% en temps de crise, ce qui est merveilleux pour un salarié qui a compris que l’on peut gagner plus sans travailler. En deux années, l’épargne des Français avoisine 200 milliards.

Nos petits-enfants devront rembourser la dette consécutive à ces décisions.

C’est la même dérive pour les entreprises qui, en revanche, devront rembourser leurs dettes prochainement… Ou seront déclarées en faillite.

UN  BILAN PEU RELUISANT

Sécurité

Les chiffres de la délinquance ont augmenté.

Endettement

Bientôt 120% du PIB.

Balance commerciale dans le rouge vif

Le déficit commercial s’élève à 85 milliards, le plus mauvais de tous les temps et d’Europe, alors que cette dernière annonce un excédent par pays de presque 30 milliards.

Sous le mandat Macron la France est bien devenue l’homme malade de l’Europe.

Claude Goudron     Contrepoints.org

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