En France, près de 50.000 personnes sont tétraplégiques. Se déplacer seules, même en fauteuil, est pour elles un challenge. Le docteur Maysam Ghovanloo et son équipe, à l'université Georgia Tech aux États-Unis, ont créé un dispositif s'appuyant sur les mouvements de la langue, pour guider, sans les mains et sans assistance, un fauteuil motorisé. Ils ont présenté leur appareil, le "tongue directional system" (TDS) dans la revue Science Translational Medicine mercredi.
Le projet est né en 2005. Inspiré pas les recherches de confrères sur la sensibilité de la langue, le docteur Maysam Ghovanloo s'est penché sur les excellentes capacités motrices de cet organe, dont la mobilité n'est que peu, ou pas, affectée par la tétraplégie. C'est dans l'optique d'en faire une sorte de troisième main qu'il conçoit le TDS, un joystick buccal pour fauteuil motorisé.
Un dispositif polyvalent
Le système est composé d'un piercing magnétique à la langue, et d'un casque léger qui détecte ses mouvements. En bougeant le petit aimant dans six directions différentes, à l'intérieur de la bouche, les patients peuvent se déplacer de façon autonome. En amenant le piercing au niveau des canines supérieures et inférieures, ils simulent un joystick contrôlant le fauteuil. En tirant la langue à l'extrême gauche ou à l'extrême droite de la bouche, ils effectuent un clic gauche ou un clic droit, comme avec une souris d'ordinateur. Il a suffi d'une demi-heure aux 33 volontaires testant le dispositif pour apprendre à le manipuler.
Au-delà du déplacement, le système permet aussi d'utiliser un ordinateur, en se substituant à la souris. Le docteur Ghovanloo ajoute que les personnes équipées pourront aussi se servir d'un smartphone. "Vu qu'il existe déjà des applications permettant de contrôler à distance des appareils connectés (comme un interrupteur, une télévision, ndlr), ceux-ci seront utilisables avec le TDS", ajoute-t-il.
Maysam Ghovanloo a fondé une entreprise pour commercialiser l'appareil. L'autorisation de la Food and Drug Administration (l'agence américaine du médicament) devrait lui être délivrée d'ici à la fin de l'année et l'équipement pourrait être disponible à l'achat d'ici deux ans. Maysam Ghovanloo espère ainsi rendre accessible au plus grand nombre cet appareil et le gain d'autonomie qu'il confère.