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No future

Dans un rapport (en anglais) publié dimanche 9 mars, l'ONG internationale Save The Children décrit un système de santé syrien à l'agonie dont les enfants sont les premières victimes. Depuis le début du conflit en mars 2011, 1,2 millions de mineurs auraient trouvé refuge dans des pays frontaliers. En Syrie, 4,3 millions d'autres requerraient une aide humanitaire.

Évoquant les limites de son enquête sur un terrain de guerre, Save The Children prévient qu'il est probable que la situation en Syrie soit bien pire que celle présentée dans son rapport...

Des conditions de travail effroyables

Décrivant des médecins qui opèrent dans des caves insalubres, l'ONG estime que 60% des hôpitaux et 38% des établissements de soins du pays ont été endommagés ou détruits. Avant le début du conflit, la Syrie disposait pourtant d'un système de santé "opérationnel" et "bien considéré".

Un manque criant de locaux adaptés, mais aussi de personnel médical. À Alep, il ne resterait que 36 des 5000 médecins présents dans la ville au début du conflit. Citant l'OMS (Organisation mondiale de la santé), Save The Children estime à 2500 le nombre de praticiens nécessaires pour procurer des soins décents aux quelque deux millions d'habitants de la ville.

Esseulés, les médecins qui subsistent en Syrie sont aussi sous-qualifiés pour procurer des soins d'urgence et pratiquer des actes chirurgicaux complexes. Une étude menée fin 2013 dans 45 hôpitaux publics indiquait ainsi que les médecins urgentistes suffisamment qualifiés ne représentaient que 0,3% du personnel.

Des pénuries de médicaments

Presque auto-suffisante avant le début du conflit, la Syrie a vu, indique l'ONG, sa production de médicaments chuter de 70% depuis 2011.

"Nous avons recueilli des témoignages de médecins qui utilisent de vieux vêtements pour les bandages, et de patients qui choisissent d'être assommés à coups de barre de fer faute de pouvoir être anesthésiés."

Citant le cas d'enfants d'Alep atteints de thalassémie (une forme d'anémie), l'ONG indique que les établissements de la ville ne disposent ni d'unité de transfusion, ni de systèmes réfrigérants pour le stockage des poches, ni même de matériel pour déterminer le groupe sanguin ou tester et dépister le sang.

"Dans certains cas, les transfusions sanguines sont réalisées directement de personne à personne car il n'y a pas d'électricité", alerte le rapport.

Des mises au monde dangereuses

96% des femmes enceintes bénéficiaient d'une assistance médicale pour leur accouchement avant le début du conflit, indique Save The Children. Trois ans plus tard, une étude menée dans 121 sous-districts du pays montre que moins d'un quart d'entre eux offre un accès régulier à un service de natalité en état de fonctionnement.

Confrontées à la pénurie d'ambulances et aux difficultés d'accès aux soins (manques moyens matériels et humain, barrages routiers...), les femmes enceintes seraient ainsi contraintes d'accoucher sans aide médicale ou de préférer un accouchement par césarienne dans les difficiles conditions décrites ci-dessus (43% des naissances par césarienne en 2013 contre 19% en 2011).

Autre effet collatéral du conflit qui déchire la Syrie depuis trois ans, le manque de lait en poudre pour nourrissons. Dans un pays où la pratique de l’allaitement est limitée et où le régime contrôle la distribution du lait de substitution, Save The Children estime que 22% des décès de nouveau-nés pourraient être évités si les bébés étaient allaités dès les premières heures de leur vie.

Des maladies qui progressent

Selon Save The Children, toujours davantage d'enfants meurent en Syrie de maladies dont ils auraient pu guérir en temps normal (épilepsie, asthme, diabète, hypertension, insuffisance rénale...).

 

Durant la première semaine de 2014, écrit Save The Children, 84 cas de rougeole ont été signalés chez des enfants de moins de cinq, dans sept des quatorze gouvernorats du pays. Un chiffre à comparer avec les 26 cas de rougeole signalés dans tout le pays en 2010, toutes tranches d'âges comprises.

Les mêmes tendances auraient été observées concernant la polio et la méningite, deux maladies pour lesquelles il existe pourtant des vaccins. "Les enfants nés après 2010 n'ont pas été vaccinés depuis deux ans", indique Save The Children, évoquant de "lourdes restrictions" à l'accès aux vaccins.

Toujours selon l'ONG, les cas de leishmaniose, une maladie transmise à l'homme par les mouches, qui affaiblit le système immunitaire et dévore la peau, connaîtraient une augmentation spectaculaire, passant de 3000 avant le conflit à 100.000 trois ans plus tard.

Et la faim...

A ces conditions de soins exécrables s'ajoute la faim. Selon un rapport publié lundi par Amnesty, le régime utilise désormais la faim comme "arme de guerre".

Le rapport évoque surtout le siège du camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de Damas, où selon Amnesty près de 200 personnes sont mortes de privations, dont 128 de faim. Au moins 60% des civils bloqués dans le camp souffrent de malnutrition, et les habitants n'ont plus mangé de fruits et de légumes depuis des mois.

Parmi les morts, 18 étaient des enfants ou des bébés, et les hôpitaux manquent si cruellement du matériel le plus basique que beaucoup ont dû fermer, a également dénoncé Amnesty.

Quelque 500.000 personnes, vivant dans des zones inaccessibles, ne reçoivent toujours pas l'aide alimentaire dont elles ont besoin, a par ailleurs indiqué lundi 10 mars à Genève un responsable du Programme alimentaire mondial (PAM).

 

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