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 Idée reçue: " augmenter le smic améliore la situation des pauvres "

Jean-Luc Mélenchon fait sa campagne dessus : il faut revaloriser le salaire minimum. Seulement, une fois écartés le bruit médiatique et les ambitions électorales, cela va-t-il améliorer la situation du pays, en particulier des plus jeunes et des plus pauvres ?

Par Eddie Willers. sur contrepoints.org

Idée reçue : "augmenter le smic améliore la situation des pauvres"

Alors que Jean-Luc Mélenchon profite d’une belle hausse de sa popularité dans les sondages (certainement due à sa superbe chaîne YouTube), parlons d’une de ses mesures phare : la hausse du SMIC.

Le Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance est actuellement de 1466,62€ bruts mensuels. Jean-Luc Mélenchon propose de le faire passer à 1700€ bruts dans un premier temps puis nets d’ici la fin de son potentiel quinquennat. Cette proposition est selon lui une mesure sociale qui doit permettre d’améliorer les conditions de vie des travailleurs.

L’idée derrière est simple: les employeurs sont méchants. Ils font donc tout pour payer le moins possible leurs salariés afin de s’enrichir. Nous allons donc les forcer à payer davantage leurs salariés, ils réduiront leurs profits et cela permettra aux employés d’avoir un revenu et un pouvoir d’achat plus élevés.

Non seulement ce raisonnement est parfaitement faux mais pire que cela, le salaire minimum est certainement une des mesures les plus anti-sociales qui soit. Voyons pourquoi.

Nous avions vu dans un précédent article la genèse d’une entreprise. Pour faire simple, un entrepreneur a une bonne idée pour satisfaire les besoins d’autres individus. Il organise alors ses différentes ressources disponibles de façon optimale afin de maximiser ses profits. Une de ses ressources sont les ressources humaines. Notre entrepreneur a décidé de recruter un employé parce qu’il a considéré que celui-ci allait lui rapporter davantage que son salaire.

Le calcul de l’employeur

Un employeur ne recrute pas s’il imagine que cette personne lui coûtera plus cher qu’elle ne lui rapporte. Cela n’aurait aucun sens. L’employeur peut se tromper en imaginant qu’elle lui rapportera davantage qu’elle ne lui rapporte en réalité. Néanmoins, personne ne fait le choix délibéré d’embaucher quelqu’un en pensant perdre de l’argent.

Dès lors, votre salaire sera dépendant de votre capacité à générer des profits pour votre employeur. Plus vous contribuez à générer des profits et plus vous serez en mesure de demander un salaire élevé. Votre salaire est donc directement dépendant de votre productivité. Plus vous êtes performant dans votre travail et plus vous générez de profits.

Revenons à notre SMIC. Si le salaire est directement dépendant de votre productivité, définir un salaire minimum revient à définir un niveau de productivité minimum. Or la productivité ne se définit pas par arrêté ministériel. Elle est différente en fonction des qualités de chaque être humain. Certains individus sont plus productifs que d’autres du fait de leurs talents, de leurs études, de leur façon de s’organiser etc.

Définir un salaire minimum c’est donc interdire aux individus ayant une productivité plus faible de s’insérer sur le marché de l’emploi. Ces individus sont généralement les plus jeunes n’ayant pas eu l’occasion d’acquérir une première expérience, et qui sont donc enfermés dans une trappe à faible productivité.

Les jeunes premières victimes

Il était d’ailleurs surprenant qu’autant de jeunes manifestent contre la loi travail au mois de mai. Une loi qui rend le marché du travail plus souple est une loi qui facilite le recrutement des personnes les moins productives, et par conséquent, les jeunes.

De façon plus générale, la mise en place d’un salaire minimum ne peut que créer du chômage. Si le salaire minimum est fixé à 1700€, embaucher une personne dont les capacités ne justifient qu’un salaire de 1200€ ou 1500€ revient à se transformer en œuvre de charité, pour paraphraser Milton Friedman. La charité est éminemment louable, cependant, il est tout à fait normal que les employeurs ne se transforment pas tous en organismes de bienfaisance.

In fine, ces personnes moins productives se retrouveront donc au chômage.

Une des dernières expériences en date nous vient des États-Unis où la ville de Seattle a décidé en avril dernier de définir un salaire minimum de $15/h. Une étude de l’Université de Washington d’août 2016 a montré que cette décision avait augmenté de 1,1 point la probabilité de rester au chômage pour les moins productifs. La conclusion de l’étude précisait également que cette loi avait augmenté le taux de chômage des employés les moins qualifiés.

La Californie avait aussi décidé à la même période de définir un salaire minimum à $13/h. Résultat selon la Réserve Fédérale de San Francisco: " some job loss for the least-skilled workers—with possibly larger adverse effects than earlier research suggested ".

À l’heure où le taux de chômage n’a jamais été aussi haut en France, il serait bon que nos politiques comprennent que l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Sous couvert d’améliorer le sort des moins qualifiés, les décisions visant à augmenter le salaire minimum ne font qu’empirer une situation déjà tendue. " Salaire minimum " n’a jamais eu qu’un seul effet: "chômage éternel".

 

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