Hier, sur le coloré parvis de la gare du Nord, je fus accosté par un charmant jeune homme desouche. Il avait un tract à me donner: un tract pour aller faire le guignol samedi à Paris pour soutenir Théo !
- Viendrez soutenir Théo, qu'il me dit en me tendant son tract.
Je le pris, le tract, pas le jeune homme, le lus et éclatais de rire. Moi, voyez-vous, un truc qui est signé du SNES-Fsu, du Cran, du Mrap, de la CGT et de SOS Racisme, ça m'éclate. Le jeune homme me demande pourquoi je ris. Je lui réponds: Non mais vous y croyez aux conneries écrites là-dessus ?: " Lorsque les agents ayant autorité outrepassent leurs droits et violent ceux des autres, ils menacent le pacte républicain. Il est temps d'y porter un coup d'arrêt, c'est l'ordre public qui est mis en cause. (...) C'est pour ça que nous appelons tous ceux qui ont à cœur les valeurs d'humanité et blablabla, vivre-ensemble et joie de la diversité, à participer au rassemblement unitaire de solidarité et de protestations en soutien à Théo et contre les violences policières, blablabla, non au racisme ! "
- Et le gars de me répondre: ben oui, c'est trop grave ce qui se passe [Et là, je le sentais venir gros comme une maison], la police assassine impunément, en France !
- Ben mon colon, avoir à tout casser 25 ans et être aussi lobotomisé, c'est pas permis, lui répondis-je.
- Ah, parce que vous vous en foutez que la police commettent des exactions ? me rétorqua-t-il.
- C'est pas que je m'en fous, je m'en contrefous, perso, je n'ai jamais cherché de noises à la police et en retour, elle ne m'a jamais fait chier. Tu respectes les règles, tu marches droit, t'as pas de problème. Je peux vous demander où vous habitez (son allure bien mise m'interpellait) ?
- En quoi ça vous regarde ?
- C'est juste pour savoir, comme ça.
- à Marly le Roi !
Et me voilà repartir à rire de plus belle !
- A Marly-le-Roi, c'est sympa comme ville, j'aime bien, y a de belles fontaines, c'est vert et un restaurant extra, je ne me souviens plus du nom...
- Ah, oui, Les Chevaux de Marly, qu'il me répond du tac au tac !
Les Chevaux de Marly, c'est Le gastro de Marly, pas de bon repas à moins de 150 euros ! J'y suis allé une fois, il y a 4 ou 5 ans...
- Oui, c'est ça, on y mange super bien, t'y as déjà été ? lui demandais-je.
- Ouais, une fois ou deux, avec mes parents...
C'est seulement là que le gars a commencé à comprendre qu'il était sur un terrain glissant...
- Faudrait que tu demandes à tes parents d'y inviter Théo, ce serait sympa en guise de soutien, lui montrer que le monde ne s'arrête pas à Aulnay et à un coup de matraque mal ajusté, quoi !
Le gars essaie de se ressaisir...
- Non mais c'est pas là le problème, c'est à Aulnay, le problème, avec la police. Et le racisme, et l'antisémitisme.
- Qu'est-ce que vient faire l'antisémitisme dans cette histoire de Théo ?
- C'est pareil, c'est comme le racisme.
- Au fait, lui dis-je, pourquoi vous distribuez ça ici et pas à Marly ?
- Parce qu'ici, y a la clientèle pour, qu'il me répond.
Et moi de me marrer encore plus...
- Alors me dit-il, un brin perdu, vous viendrez au rassemblement ?
- Ben oui, si tu veux mais à une condition, c'est que d'abord on aille rendre une visite de soutien et de solidarité aux flics de Viry, tu sais ceux qui se sont fait cramer dans leur bagnole de service, t 'es ok ?
Un blanc... si j'ose dire en ce lieu...
- C'est pas pareil, Théo, les flics qui sont au service de l'ordre et de la population, lui ont mis une matraque dans le cul
- Ah oui, quand même, effectivement, cépapareil... C'est vrai, c'est pas pareil, entre une matraque dans le cul et être quasi brûlé vif, en grande partie défiguré pour l'un, le choix est vite fait, moi, je prends la matraque ! Alors, on va les voir, leur dire bonjour aux flics ?
C'est à ce moment précis que ce jeune homme aussi charmant que con m'a sorti son arme fatale avant de faire demi-tour et de partir distribuer ses tracts à cette clientèle choisie:
- Pauvre con !
Et voilà, fin de la blague. Une petite tranche de vie, moins de cinq minutes de conversation relatée de mémoire... On se marre bien sur le parvis de la gare du Nord.
- Il y a quelques jours, un collectif d'artistes a fait paraître une tribune en Une de Libération: Soutien à Théo. Parmi ces artistes, un certain Patrick Bruel condamné récemment à 10 000 euros d'amende pour... outrages et blessures sur agent dépositaire de l'autorité. On se marre.
- Heureusement, pour résoudre cette crise " Théo ", nous avons Thomas Guénolé, auto-désigné politologue. Celui-ci a LA solution: qu'il soit strictement interdit, sous peine de révocation, aux policiers de contrôler les personnes ne troublant pas l'ordre public. Et d'ajouter: " A cela s’ajoute une exigence extrêmement claire et répétée, venue des quartiers populaires eux-mêmes. Cette exigence, c’est la justice. Il faut que le centre-ville comprenne que la banlieue a désormais sa propre société civile." Sa propre société civile...
Sur le parvis de la gare du Nord, ils sont des dizaines, issus de la diversité. Ils sont seul, par groupe de deux ou trois, jamais agressifs, ont tous de beaux smartphones et aucun ne trouble l'ordre public. Aucun. Par contre, pour qui ouvre l’œil, c'est une des places to be si vous voulez acheter herbe, cocaïne, crack, ecstasy et autres substances illicites, sans compter les (très) jeunes yougos qui, pour quelques euros, vous vendent leurs culs... Et pourtant, ils ne troublent pas l'ordre public... alors, autant ne pas les contrôler, n'est-ce pas?
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