Les neurosciences, ce que dit la loi, ce que dit l’Eglise
En 2011, la France a autorisé le recours à l’imagerie cérébrale dans le domaine judiciaire.
Ce que dit la loi
Science émergente permettant d’accéder à l’intimité de la personne – sa pensée – et pouvant conduire à une forme d’augmentation de l’homme, la neuro-médecine suscite des interrogations proches de la génétique, justifiant que le législateur en ait conçu un encadrement très semblable.
Outre l’usage à des fins médicales ou de recherche scientifique, les lois de bioéthique de 2011 ont fait de la France le premier pays au monde à autoriser, dans un texte législatif, le recours à l’imagerie cérébrale dans le domaine judiciaire, par exemple pour déterminer le préjudice subi par une victime, ou la vulnérabilité particulière d’une personne.
Cette utilisation est toutefois soumise à conditions. Le consentement exprès de la personne doit être recueilli préalablement à la réalisation de l’examen, après qu’elle a été dûment informée de sa nature et de sa finalité. Ce consentement est révocable.
Ce qui pourrait changer
Au vu de la quantité et de l’utilité de nouvelles connaissances apportées par l’imagerie cérébrale depuis les années 1970, on voit mal comment le législateur pourrait délibérément freiner l’avancée de la recherche. Plusieurs chercheurs en neurobiologie, comme Pierre-Marie Lledo (Institut Pasteur) ou Olivier Oullier (université Aix-Marseille), ont d’ailleurs anticipé cette éventualité en estimant qu’on ne pouvait freiner la science en la matière.
En revanche, comme dans beaucoup de domaines où les sciences sont intimement intriquées avec les technologies, on peut envisager d’encadrer plus sérieusement certains usages et applications de l’IRM. Ainsi, bien qu’on en soit encore très loin, selon plusieurs neurobiologistes, l’accessibilité à la pensée de l’autre pourrait être strictement limitée, après accord de la personne, aux médecins ou aux psychologues.
Ce que dit l’Église
Pour les évêques de France, les récents résultats en matière de neurosciences, qui montrent une influence de l’environnement sur les neurones (plasticité cérébrale) et même sur l’expression des gènes (épigénétique), ainsi qu’une influence du vécu sur le cerveau, illustrent la nécessité de considérer l’homme non pas comme une "machine vivante", mais comme un ensemble corps-psychisme-esprit.
Ainsi, le groupe de travail bioéthique de la Conférence des évêques de France indique : "Respecter l’humain, y compris en tentant d’en augmenter les capacités, n’est envisageable qu’au regard de sa complexité et de l’interpénétration de ses dimensions biologique, psychique et spirituelle“.
La Croix