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Un chercheur de l’Inserm sur la loi Duplomb:

ON NE CONNAIT RIEN, OU PRESQUE, SUR L’ACETAMIPRIDE

Si on demandait aux un million et demi de pétitionnaires contre la loi Duplomb ce qu’ils connaissent de l’acétamipride, on obtiendrait une série de lieux communs avec pour dénominateur commun: "C’est hyper dangereux". L’Express est allé demander son éclairage à un toxicologue, directeur de recherche de l’Inserm, Xavier Coumoul.

Pour savoir s’il faut ou non réintroduire l’acétamipride, nœud des tensions autour du texte législatif voté début juillet par les députés, ce spécialiste ne préconise qu’une seule chose: étudier les données, s’en remettre aux études, rien qu’à elles. L’expert regrette que les travaux sur les risques pour les écosystèmes ou la santé humaine ne soient pas davantage mis en avant.

Xavier Coumoul: "Pour comprendre les enjeux scientifiques autour de ce texte législatif, il est nécessaire de préciser de quoi on parle. La loi Duplomb regroupe une série de mesures à destination des agriculteurs, dont une en particulier suscite le débat. Le texte prévoit notamment une réintroduction très contrôlée, et limitée dans le temps, d’un pesticide appelé acétamipride, très efficace pour protéger les cultures des insectes. Ce produit ne pourra être utilisé que jusqu’en 2033, et à titre exceptionnel".

"L’acétamipride appartient à la famille des néonicotinoïdes. Ce sont des produits de synthèse qui imitent la nicotine, et qui détraquent le système nerveux des insectes. En 2018, la France a décidé d’interdire leur épandage, en raison, entre autres, de leur toxicité sur les écosystèmes, et de l’émergence de plusieurs signaux d’alerte sur la santé humaine. Or, et c’est tout le problème, la Commission européenne, pourtant saisie par les autorités françaises, n’a pas jugé justifié d’élargir cette mesure à l’ensemble de l’Union européenne. Cette situation a créé une concurrence qu’on peut qualifier de déloyale, entre les agriculteurs français et les autres exploitants".

"L’acétamipride a, évidemment, un effet nocif sur les insectes, notamment ceux qui parasitent les cultures, c’est pour cette raison qu’il a été développé. Il est certes difficile d’établir avec exactitude les effets du recours aux pesticides sur la faune et la flore, mais, ce qui est certain, c’est que ce n’est jamais sans conséquence, étant donné les forts liens d’interdépendance entre les différentes espèces du règne animal".

"Les scientifiques concentrent essentiellement leurs recherches sur les insectes pollinisateurs, cruciaux dans la reproduction des plantes. Car sans eux, des écosystèmes entiers peuvent s’effondrer. Or c’est précisément sur cet aspect que porte la controverse environnementale: en théorie, l’acétamipride a été développé pour ne pas tuer les abeilles, et ne pas persister longtemps dans les sols. De fait, les études menées par les industriels démontrent l’absence de létalité du produit, du moins lorsque les doses normales d’utilisation sont respectées".

"Au regard des données fournies par les industriels, l’acétamipride semble bien moins toxique, parfois plus de mille fois moins, que les autres néonicotinoïdes disponibles. Ce qui fait dire à l’EFSA, l’Autorité européenne compétente en matière agricole et alimentaire que les risques pour les abeilles sont "faibles", du moins en théorie. Car des doutes persistent sur l’innocuité du produit en situation réelle. Comment se comporte-t-il, dans les champs, en présence d’autres toxines? Quelles doses exactes reçoivent les abeilles? Toutes les espèces réagissent-elles de la même manière? A ce sujet, les données sont lacunaires, et les travaux, qui nécessitent une fine surveillance de la faune et de la flore, sont particulièrement difficiles".

"En l’absence de réponses précises, impossible de lever le doute sur d’éventuels effets chroniques. D’autant que les interrogations à ce sujet sont de plus en plus nombreuses. Ces dernières années, plusieurs études scientifiques indépendantes ont notamment mis en évidence un effet significatif sur l’organisme des pollinisateurs. L’acétamipride, associé à d’autres pesticides, semble sur le long terme abîmer le microbiote et les capacités cognitives des abeilles, notamment lorsque les larves sont aspergées".

"A ce jour, les scientifiques ne savent pas exactement l’impact de ce phénomène sur les populations d’abeilles. Paradoxalement la réintroduction de l’acétamipride en France pourrait permettre de faire avancer ce débat, en offrant de nouvelles données. Mais, ce qui est certain, c’est que ces études ont constitué un signal suffisant pour alerter l’Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses). Ces dernières années, le régulateur français a appelé à plusieurs reprises à revoir les conditions d’utilisation de ce produit, et des néonicotinoïdes en général".

"Certains commentateurs se contentent de balayer les risques pour la santé humaine. Je ne crois pas que ce soit aussi simple. La question de la dangerosité de l’acétamipride est une question légitime. Nous partageons avec les abeilles, certains récepteurs sensibles à la nicotine et ses dérivés. A forte dose, l’acétamipride est un poison, pour les insectes comme pour nous. Toute la question est maintenant de savoir ce que génère une exposition à des doses infimes, aussi petite que celles qui se retrouvent dans nos assiettes".

"Or, et c’est là que l’enquête se complique, ce n’est pas parce que les abeilles semblent affectées que nous le serons forcément. Sauf que là encore, les mauvais signaux s’accumulent. Des études scientifiques ont par exemple montré une accumulation de l’acétamipride dans le sang, l’urine, les cheveux, mais aussi le liquide cérébrospinal, chez l’être humain. Autrement dit, la substance pénètre certaines zones du cerveau. Elle peut également passer la barrière du placenta, et se retrouver dans le liquide amniotique.

On ignore encore les conséquences d’un tel phénomène, mais c’est inquiétant, car d’autres travaux, menés cette fois-ci sur l’animal, ont démontré un effet de l’acétamipride sur les neurotransmetteurs, ces molécules chimiques qui assurent le fonctionnement des neurones".

"Chez les souris exposées, une exposition répétée à l’acétamipride entraîne des altérations neurologiques et motrices, qui, à certains égards peuvent ressembler à celles que l’on trouve dans la maladie de Parkinson. Or de plus en plus de scientifiques pensent que ces altérations pourraient aussi survenir chez l’Homme. C’est ce que laissent penser certaines études populationnelles: chez certaines personnes souffrant de troubles du neurodéveloppement, ou d’autisme par exemple, les taux relevés de l’acétamipride et des néonicotinoïdes en général semblent anormalement élevés".

"Pour le moment, cela ne suffit pas pour interdire le produit: d’autres toxines également retrouvées dans le sang des patients pourraient par exemple intervenir. Mais c’est une alerte sérieuse. A cause de ce qu’elle définit comme des " incertitudes majeures ", en 2024 l’Efsa [NDLR: l’Autorité européenne de sécurité des aliments] a elle-même décidé d’abaisser les seuils d’absorption jugés sans dangers. Ces derniers sont passés de 0,025 milligramme par kilo à 0,005, soit cinq fois moins. Guidée par le principe de précaution, la France a quant à elle décidé d’interdire purement et simplement le recours à ce produit, avant de récemment faire machine arrière".

"Ces données sont éparses. Elles sont souvent obtenues sur de faibles échantillons, et des études dites " populationnelles ", qui ne permettent pas de démontrer une causalité, c’est-à-dire que c’est bien l’acétamipride, qui est à l’origine des pathologies observées. Il faudra peut-être des années avant de pouvoir trancher, d’où l’importance de financer plus d’études expérimentales dans lesquelles l’exposition à l’acétamipride est contrôlée. Car c’est précisément grâce à ce vide scientifique que prospère la controverse. Les uns y voient l’assurance qu’il n’y a pas de danger, les autres préféreraient s’en tenir au principe de précaution".

"L’acétamipride pourrait avoir d’autres effets que sur le cerveau. C’est du moins ce que pensent certains scientifiques. L’acétamipride a notamment un effet clastogène. La substance génère des aberrations chromosomiques, des problèmes au niveau de l’ADN. Sur la base de ces éléments, et de certaines observations chez la souris à haute dose, certains chercheurs se demandent s’il n’y a pas un potentiel effet cancérigène. Pour le moment, les autorités considèrent que ces travaux ne suffisent pas pour classer la substance comme cancérogène. Les scientifiques soulignent toutefois que ce sont des remontées sérieuses et s’accordent à dire qu’il faut plus d’études en la matière".

"Chacun est libre de choisir, et ce n’est pas aux scientifiques de décider. Reste que ces signaux existent et doivent être portés à la connaissance du public, pour pouvoir se faire un avis. Or ce n’est pas toujours ce qui a été fait. La pétition sur la loi Duplomb souligne, à ce titre, le besoin d’une information fiable sur les pesticides. Il y a une forte demande de la part des citoyens. Le minimum, c’est d’être informé de ces éléments, d’autant que les agriculteurs, ou les particuliers qui ont des produits contenant de l’acétamipride à la maison, ne respectent pas toujours les dosages autorisés".

Henri Dubost

 

https://www.lexpress.fr/sciences-sante/loi-duplomb-

 

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