Pierre-Olivier Kleitz: le soldat que la République française a laissé mourir
Le 18 mai 2024, dans une cellule de la prison de Fresnes, un homme s’est pendu. Il s’appelait Pierre-Olivier Kleitz.
33 ans. Infirmier militaire décoré. Huit années de service au Mali, au Tchad, au sein de la Croix-Rouge et du SAMU militaire. Un soldat qui avait soigné, sauvé, parfois sous le feu. Mais pour la justice française, il n’était plus qu’un dossier à instruire, un suspect à enfermer. Et pour l’État, il ne méritait même pas la vigilance élémentaire qui aurait pu lui sauver la vie.
L’incident au Tchad: la légitime défense reconnue… puis ignorée
Septembre 2023. En mission au Tchad, Pierre-Olivier Kleitz est agressé dans le camp français de Faya-Largeau par un soldat tchadien armé d’un scalpel, puis de ciseaux. L’attaque est confirmée sur place par les autorités locales. Le militaire français tire pour se défendre. L’agresseur meurt. Au Tchad, l’affaire est classée sans suite.
L’acte est reconnu comme relevant de la légitime défense. Pierre-Olivier rentre en France libre.
Mais quelques mois plus tard, la justice française rouvre le dossier. Le 26 avril 2024, il est interpellé à son domicile comme un criminel. Le 14 mai, il est placé en détention provisoire pour homicide volontaire. La raison? Une réinterprétation des faits par le parquet.
Selon le parquet chargé de l’enquête, les blessures du Français, bénignes, auraient pu "être auto-infligées" car ils n’ont trouvé "aucune trace de sang, et seul le profil génétique du mis en examen a été retrouvé sur le scalpel". En outre, "le défunt tchadien a manifestement été victime de tirs mortels dans le dos et alors qu’il se dirigeait vers la sortie".
Pierre-Olivier Kleitz souffrait de stress post-traumatique sévère, diagnostiqué après ses missions au Mali. Des experts psychiatres avaient alerté sur la nécessité d’un suivi médical et sur le danger que représentait un enfermement.
Malgré cela, il est incarcéré à Fresnes, seul dans une cellule non sécurisée, sans surveillance renforcée, alors même qu’un des motifs invoqués pour justifier sa détention était… de "le protéger de lui-même".
Le 16 mai, il appelle son père: " Papa, sors-moi de là… c’est l’enfer ". Deux jours plus tard, on le retrouve pendu.
UNE FAMILLE EN QUETE DE VERITE
Depuis ce drame, ses parents se battent. Christine Elion et Michel Kleitz ont déposé plainte contre X pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui. Ils demandent la saisine de l’Inspection générale de la justice. Ils ont écrit aux ministères, sollicité des rendez-vous. Le ministère des Armées a exprimé son soutien. La Justice, elle, n’a rien répondu.
Le silence, comme un second abandon.
L’avocat de la famille, Me Patrick Ramaël, dénonce des "dysfonctionnements graves" et un processus judiciaire opaque. Il souligne qu’après un refus initial de placement en détention, le juge est revenu sur sa décision en changeant le motif.
Ce drame illustre, une fois encore, un phénomène que trop de familles connaissent: la justice française se montre implacable envers ceux qui servent le pays, tout en se montrant étrangement clémente envers des délinquants multirécidivistes ou des criminels importés par l’immigration de masse.
Dans nos prisons, certains purgent leur peine comme dans un "centre de vacances"; d’autres, comme Pierre-Olivier Kleitz, y trouvent la mort.
Ce n’est pas un simple fait divers. C’est un scandale d’État. Un soldat loyal est mort, non sur un champ de bataille, mais dans une cellule française, abandonné par ceux qu’il avait protégés. Sa mémoire impose que la lumière soit faite. Et que cesse cette justice à deux vitesses qui broie les siens et relâche les pires.
Yann Vallerie
Crédit photo: DR (photo d’illustration)
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