Le numéro 2 de la BCE a indiqué que les déficits allaient désormais coûter plus cher. Personne ne semble vraiment s’en préoccuper en France…
Par Simone Wapler.
Comme vous le savez, cher lecteur, nous vivons dans un système monétaire qui est le "créditisme". L’argent existe majoritairement sous forme de crédit. Les autorités voudraient d’ailleurs que "majoritairement" devienne "exclusivement" et souhaiteraient abolir totalement l’usage des espèces.
Les autorités ont tort car ce système est vicié. Autrefois, lorsque la monnaie représentait la richesse déjà créée, l’économie dans son ensemble était peu dépendante du cycle de crédit.
Maintenant, avec le créditisme, toute contraction du crédit se transforme en contraction de la masse monétaire. Moins de crédit = moins de monnaie. Ce qui veut dire que toute contraction du crédit entraîne, au mieux, une récession ou, au pire, une dépression. Avec plus de 200 000 Mds$ de crédit (trois fois la taille de l’économie mondiale), préparez-vous au pire.
La récession survient quand peu de gens sont concernés par la contraction du crédit. Imaginons, par exemple, que le crédit automobile diminue ; a priori, seul le secteur automobile sera concerné et il y aura récession.
La dépression frappe quand tout le monde est concerné. Imaginons que le crédit automobile, le crédit immobilier, les allocations publiques… se contractent simultanément ; alors, tout le monde est concerné et il y a dépression.
C’est ce que craignent de plus en plus d’observateurs…
Récemment, en Europe, Benoît Coeuré – considéré comme le numéro 2 de la Banque centrale européenne – a averti les gouvernements: les taux bas ne seraient pas éternels. Comprendre: la période des crédits pas chers pour financer les déficits des États est révolue, les déficits deviendront de plus en plus coûteux. Donc les États auront moins d’argent à redistribuer.
Le monde de l’économie réelle se prépare déjà à cette hausse des taux. Ainsi, Le Figaro début avril nous signalait: ""première baisse des renégociations des crédits immobiliers“… Les Français renégociaient leurs vieux prêts pour profiter de la baisse des taux mais ce n’est plus le cas. La hausse des taux est dans l’air, ce qui signifie qu’il y aura moins de crédits et moins d’acheteurs potentiels pour un même bien immobilier.
Par ailleurs, l’emprunt à taux fixe est une " exception française ". Dans l’immense majorité des pays, les dettes privées sont contractées à taux variable. Dès que la banque centrale relève son taux directeur, l’ensemble des crédits déjà contractés devient plus cher. C’est ce qui explique les tensions actuelles sur le crédit automobile aux États-Unis.
La dépression pourrait devenir mondiale.
Baignant et se complaisant dans une bienheureuse ignorance, la plupart de nos candidats à la magistrature suprême prétendent avoir des solutions.
Les souverainistes monétaires pensent que le créditisme est mieux lorsqu’il est national et qu’il suffit d’imprimer son propre argent pour devenir riche. Direction le Venezuela, dont Jean-Luc Mélenchon est un grand admirateur.
D’autres pensent qu’il suffit de transformer la France en Guyane de l’Allemagne. Nous pourrions vivre des subventions, il suffit de "mutualiser les dettes" et l’Allemagne (qui a accès au crédit pas cher) paiera.
La question suivante (à poser à chaque candidat qui brandit ses solutions magiques): pourquoi personne n’y a pensé avant, à votre super bonne idée?
Voyez-vous, cher lecteur, les très, très, très bonnes idées sont rares. Quand c’est le cas, elles sont très, très, très vite adoptées. Elles deviennent universelles.
Un candidat (Jacques Cheminade, HEC, ENA) a l’ambition de coloniser la planète Mars. Si c’est vraiment le chemin de la prospérité, pourquoi diantre personne n’y a-t-il pensé avant?
Va pour coloniser Mars à crédit… Tant qu’à faire, embarquons Mélenchon et Chavez dans le vaisseau spatial.
sur Contrepoints.org