... et, ils commencent à nous gaver cher! ces ponctionnaires.
Car la France vit en ce moment un moment d’agitation, comme il s’en produit de temps à autre dans notre beau pays. Un Eyjafjallajökull social. Mais curieusement, ce sont toujours les mêmes qui manifestent, qui occupent les écrans, qui battent le pavé, qui hurlent les mêmes slogans éculés et qui nous vaporisent leur rhétorique antédiluvienne.
Depuis 50 ans, depuis que j’ai commencé à suivre les journaux télévisés, ces gens-là ne sont pas contents. Enfin plus exactement ceux qui n’étaient pas contents en 1968 sont désormais en retraite, après n’avoir pas été contents toute leur vie. Et aujourd’hui, pendant leur retraite, ils ne sont toujours pas contents…. c’est terrible d’être malheureux comme ça toute sa vie. J’espère au moins qu’il y a dans chaque administration une cellule psychologique pour les assister dans cette perpétuelle douleur…
Désormais ce sont leurs enfants et petits-enfants qui ne sont pas contents. C’est une affaire de famille, que voulez-vous, que de souffrir dans l’Administration de la république …
Leur slogan numéro 1: ils veulent davantage de monde dans le service public.
Mais oyez bien, braves gens: ils étaient 500.000 en 1900, pour 40 millions de Français, plus tout l’Empire colonial. Ils sont aujourd’hui 5 millions et demi, 11 fois plus, pour 65 millions de Français. Et ils ne sont pas encore assez… un fonctionnaire pour 11 Français. Diantre, on est bien encadrés avec une telle armée de serviteurs de l’État…
Leur slogan numéro 2: ils veulent davantage de moyens dans le (s) service (s) public (s). Car ils ne sont pas là pour être rentables, mais pour assurer la reproduction de l’espèce. Et si le budget est trop ric-rac, il n’y a qu’à faire la poche des riches, comme le proclamait un certain Le Manchon. Problème: il n’y a plus beaucoup de riches dans notre pays. À force de leur faire les poches, ils sont ou bien devenus pauvres, ou partis créer des entreprises ailleurs.
Leur slogan numéro 3: ils veulent garder à tout prix le statut régissant leur profession. On ne change rien à rien. Le monde change mais nous on est pareils…
Le fer de lance de cette grande bataille sociale, ce sont bien entendu les bataillons de choc de la SNCF. Ce sont les plus malheureux de tous. Des forçats du rail… les conditions de travail de cette entreprise ferroviaire quasi monopolistique sont dantesques: il arrive aux cheminots de travailler le week-end, loin de leur famille éplorée. Certains, plus exploités que les autres, travailleraient même de nuit…
Les malheureux étudiants
Parmi les citoyens pas contents, il y a aussi ces gens qu’on appelle étudiants. Ceux-là, zont même pas commencé à travailler que -déjà- ils sont malheureux. Alors, ils se mettent en grève, qu’ils disent… Pendant quelques semaines, ils vont cesser d’étudier pour bivouaquer dans la Fac occupée, peindre des slogans sur les murs, entasser des chaises devant les portes et, surtout, faire la révolution et refaire le monde, partager la planète entre bons et méchants… (voler et casser tout, note de la rédactrice). Quand on a le temps aux frais des autres….
Ce n’est pas fini… Parmi les travailleurs en souffrance on trouve aussi les pilotes de la compagnie Air France. Ils sont les mieux payés de toutes les compagnies aériennes européennes, mais ce n’est pas suffisant à leurs yeux. À peine leur compagnie renoue-t-elle avec la croissance qu’ils veulent en manger les maigres réserves. Que l’image de marque de l’entreprise prenne une énorme claque auprès des clients, qu’elle risque tout simplement le dépôt de bilan, tout ça ne les concerne pas le moins du monde…
Tous rêvent de cette convergence des luttes qui n’arrivera pas, car leur prétendu combat est un combat d’arrière-arrière-garde. Ils sont dans un tel décalage avec le reste de la population laborieuse que c’en est pitié.
Alors, pendant que ces guignols démolissent un peu plus l’image du pays, chaque jour que Dieu fait, je vais à la petite boulangerie au milieu des champs, et je compare…
Râleurs professionnels
Les râleurs professionnels se plaignent de travailler le dimanche. Mais ma petite boulangère travaille aussi le dimanche…
Les râleurs professionnels se plaignent de travailler la nuit. Mais ma petite boulangère travaille aussi la nuit…
La différence, c’est que ma boulangère, comme un restaurateur ou une infirmière, ne fait pas grève tous les trois mois… Si elle s’amusait à ce jeu, elle perdrait rapidement toute sa clientèle. Alors, par amour de son travail, et par respect de ses clients, elle pétrit et cuit chaque nuit, au feu de bois, un pain à damner un chrétien.
Et nous, les gens du village, par respect pour son travail, nous allons chaque jour lui dire merci.
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