Le Clairon
Le clairon sonne au loin, forçant les fatigues.
Des regards morts sur des visages meurtris
Se lèvent, affirmant le doute, l’incompris.
Des larmes s’écoulent rompant l’immense digue.
–
C’est un soleil et non le temps d’une boucherie
Qui, ce jour, se lève. Des ombres s’avancent,
Le long des tranchées de la désespérance.
De la terre, s’ouvrent des bouches noires de carie.
–
Le clairon balaye les frontières de mort.
Des cris et des rires venant de l’ennemi,
Se mêlent aux joies de tous nos soldats amis.
Oubliée la haine, le désespoir et les torts.
–
Des tranchées sortent des hommes vivants sous terre,
L’uniforme invisible, ils regardent le ciel.
Le clairon sonne la fin des combats. Si fier.
Redonnant la vie, face au monde fou et cruel !
–
Les hommes titubent. L’officier devient le frère.
Les larmes écoulant le trop-plein de haine
Les rancunes, les frères morts laissés en terre
La guerre est finie. La paix entre en scène.
–
Ils reviendront dans leurs foyers ces gueules cassées
Ces soldats d’une guerre civile. La grande guerre !
Guerre ou l’Europe entière s’est suicidée
Apportant un siècle de lutte et de misère.
–
Le clairon sonne la fin des combats, la paix !
L’avenir porte un nom. L’espoir d’une autre vie!
Une vie qui retrouve un prix. Souvent oublié !
Ce jour à un autre goût. La guerre est finie.
Gérard Brazon