Nous y sommes. Le pays tout entier, meurtri, lassé, suspendu à la volonté d’un seul homme, contemple l’abîme. Ce blocage dont on nous parle n’a point surgi du néant: il est l’œuvre d’un esprit, le fruit d’un système, et la signature d’un homme. Ce nom, c’est celui d’Emmanuel Macron.
Car il faut dire les choses simplement, mais avec cette gravité que commande l’amour de la patrie: le président de la République a trahi la France. Non par faiblesse seulement, mais par dérision. Il a tourné en dérision les institutions mêmes qui lui ont donné sa légitimité; il a usé du prestige de la Ve République pour s’en moquer, la plier à ses caprices, et la transformer en théâtre de son narcissisme politique.
Depuis des années, la France se cherche: on lui répond par des artifices. Elle espère un cap: on lui donne des discours. Elle réclame une voix claire: on lui offre des postures. Sous ce règne d’apparences, la nation a perdu jusqu’au sens du bien commun. La France, ce grand corps historique, se trouve livrée aux convulsions d’un homme sans racines, sans continuité, sans fidélité autre qu’à lui-même.
Qu’on fasse donc l’inventaire des maux qu’il a infligés à notre pays:
Il a brisé le lien de confiance entre le peuple et son État;
Il a dissous le prestige de la parole publique dans le bavardage médiatique;
Il a sacrifié l’autorité à la communication, la compétence à l’image, la France réelle à la France virtuelle;
Il a réduit l’idée même de patrie à un slogan de campagne;
Il a foulé du pied la souveraineté nationale en livrant nos choix économiques, industriels et diplomatiques aux vents étrangers;
Il a divisé les Français, dressé les uns contre les autres, en prétendant incarner l’unité.
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Et voici que maintenant, paralysé par ses propres contradictions, il prétend encore régner. Mais l’heure n’est plus aux faux-semblants. L’impasse où il nous conduit n’est pas institutionnelle: elle est morale. Car si la Constitution ne l’oblige pas à partir, la conscience nationale, elle, le lui commande.
Il y a dans le devoir du chef de l’État quelque chose qui dépasse les textes: l’honneur. De Gaulle, en 1969, en eut le courage. Il comprit qu’on ne gouverne pas un peuple sans sa confiance, qu’on ne triche pas avec la légitimité populaire. Macron, lui, n’est pas De Gaulle. Il ignore ce qu’est la fidélité à la France. Il confond la grandeur du pays avec la mise en scène de sa personne.
Ainsi tout dépend aujourd’hui de son sursaut – que nul ne peut attendre. C’est pourquoi l’heure est grave. Grave, non parce qu’une crise institutionnelle menace, mais parce que la France se trouve suspendue à la vanité d’un homme.
Et puisque tout semble bloqué, il ne reste qu’une issue – claire, simple, conforme à la morale républicaine et à la décence nationale: le départ du président de la République. Il n’en a pas l’obligation juridique, mais il en porte la nécessité morale. Qu’il s’en aille donc, et qu’en partant il emporte avec lui le fracas de son propre vide. Alors, peut-être, la France pourra recommencer à respirer.
Jean-Jacques Fifre