Quel est aujourd’hui le prix du second degré incompris? On se souvient du déjà tristement célèbre "Violez, violez, violez! Je dis aux hommes: violez les femmes. D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs!", du philosophe Alain Finkielkraut, face à la militante féministe Caroline lors de "La Grande Confrontation" (mercredi 13 novembre, LCI).
La séquence (quatre secondes), partagée sur les réseaux par l’organisation féministe "Nous Toutes", a été très vue et suscite depuis d’innombrables commentaires. Tandis que certains reprochent le caractère tronqué de l’extrait ou appellent à "voir l’ironie dans la phrase" de l’essayiste, d’autres s’indignent des propos tenus par ce membre de l’Académie française.
Le CSA a d’ores et déjà été saisi – et une pétition demande son éviction de France Culture, où l’écrivain produit et présente depuis des décennies l’émission " Répliques". " Lorsqu’il prononce ces mots, à moitié en rigolant, il banalise la gravité du viol conjugal ", soutient Caroline De Haas. " Non, ironiser, ce n’est pas banaliser, se défend l’écrivain. Je réagissais par l’absurde à une accusation monstrueuse, celle d’être un violeur parce que je refuse d’assimiler certaines pratiques, comme la drague lourde ou la galanterie, à la “culture du viol”. "
Quel sera le prix de l’ironie incomprise? Quatre députés LFI ont saisi le procureur de la République de Paris après des propos d’Alain Finkielkraut tenus sur LCI sur le viol, indiquent-ils vendredi 15 novembre dans un communiqué:
"Mathilde Panot, députée du Val-de Marne, Danièle Obono, députée de Paris, Ugo Bernalicis, député du Nord et Bénédicte Taurine, députée de l’Ariège du groupe la France insoumise ont saisi aujourd’hui le procureur de la République de Paris sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, pour les propos tenus par Alain Finkielkraut le 13 novembre 2019 lors de l’émission La grande confrontation sur LCI".
Elisabeth Badinter versus Caroline De Haas
Ciblés, donc, les mots exacts: "Violez, violez, violez. Voilà! Je dis aux hommes: violez les femmes. D’ailleurs je viole la mienne tous les soirs… mais tous les soirs. Elle en a marre, hein, elle en a marre…". Le philosophe avait auparavant, sur le ring, fustigé "le politiquement correct", qualifié de "calvaire de la pensée". Les quatre " insoumis " "considèrent que ces propos peuvent constituer un délit aux termes de l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881: provocation "à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou identité de genre "".
Le Monde (Nicolas Truong) cite la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, qui a publié Le corps des femmes: la bataille de l’intime (Philosophie magazine éditeur, 2018). Selon elle l’attitude de l’essayiste est "un cri de panique caractéristique de ceux qui voient leur monde s’effondrer", car le système patriarcal est en train de s’écrouler.
Plus co… qu'elle tu meurs!
Rappelons que les propos d’Alain Finkielkraut avaient été prononcés après un vif échange sur Roman Polanski accusé de viol en 1977 par Samantha Geimer, qui avait 13 ans à l’époque des faits. Lors d’une interview à France Inter en 2015, Alain Finkielkraut avait considéré que cet acte ne pouvait être qualifié de "viol" et ne pouvait être considéré comme "pédophile", notamment parce que Samantha Geimer "était une adolescente qui posait dénudée" pour Vogue Hommes à l’époque. Sur LCI, l’écrivain a assumé cette opinion en estimant que la jeune fille "n’était pas impubère".
Ben! les journalopes et toute la gauchiasse ne nous l'on jamais dit… vous saviez cela?
"Je suis admiratif du féminisme historique, qui accompagna notamment l’accès des femmes à tous les métiers, explique Alain Finkielkraut. Or le néo-féminisme en est la trahison. En un mot, je préfère Elisabeth Badinter à Caroline De Haas“. BRAVO!
On comprend qu’il ne s’agit pas, ici, de second degré. Aucun prix à payer.