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006: quatre garçons de 15 à 16 ans ont été mis en examen pour violence en réunion après l'agression, au collège Jean-Mermoz de Lyon, d'une adolescente de 14 ans qui mangeait un sandwich pendant le jeûne du ramadan. Prise à partie pendant la récréation par plusieurs collégiens, la jeune fille a été légèrement blessée à la tête par des jets de pierres.
2010: à Lyon, trois jeunes se sont jetés sur un homme en train de déjeuner en terrasse parce qu'il ne respectait pas le jeûne du ramadan. Frappé à la tête avec une bouteille en verre puis avec une chaise. Transportée en urgence à l'hôpital, avec une fracture à l'arrière du crâne, la victime a dû être trépanée.
2010: une jeune femme de confession juive a été agressée dans une grande surface de Toulouse. La victime a été prise à partie par deux adolescents qui lui reprochaient d'acheter de la nourriture pendant le jeûne.
2010: à Fontaines-sur-Saône, un adolescent a été agressé par deux jeunes parce qu’il suçait une sucette en plein ramadan. Il a dû être hospitalisé.
2011: un adolescent musulman de 17 ans a été ligoté et passé à tabac par un membre de sa famille pour ne pas avoir respecté le jeûne du ramadan, à Miramas, dans les Bouches-du-Rhône.
2016: une jeune serveuse de confession musulmane d'un café niçois a été agressée parce qu'elle servait de l'alcool en période de ramadan.
2018: deux Afghans de 20 et 23 ans ont été interpellés à Dijon pour avoir agressé dans un train une femme de 33 ans dont ils jugeaient la tenue " trop décolletée en période de ramadan ".
2018: un homme a été poignardé dans un quartier de Roubaix pour avoir fumé une cigarette en pleine période de ramadan.
2018: deux frères ont été mis en examen à Nancy pour avoir agressé leur sœur, lui reprochant son comportement pendant le ramadan et une relation amoureuse, ils ont tabassé son petit ami, et en guise d’expédition punitive, lui ont coupé les cheveux avec un couteau, lui infligeant une plaie de plusieurs centimètres à la tête.
Des faits divers qui n’ont pas de frontières:
2018: en Belgique, un Bruxellois est tombé dans le coma après avoir été tabassé parce qu'il avait bu un verre pendant le ramadan.
2017: au Maroc, à Rabat, un jeune diabétique a été tabassé pour avoir consommé de l’eau en public pendant le ramadan.
2017: au Maroc, une jeune Tangéroise a été poursuivie dans la rue par une foule d’hommes jugeant sa tenue "trop serrée".
2017: en Tunisie, cinq "non-jeûneurs" ont été condamnés à un mois de prison ferme pour avoir fumé et mangé pendant le ramadan.
2018: au Maroc, accusés d’avoir eu des relations sexuelles pendant le ramadan, deux Marocains ont été tabassés.
2019: en Algérie, un étudiant diabétique d’Alger II, à Bouzaréah, a été passé à tabac et grièvement blessé à l’œil pour avoir mangé pendant le ramadan. Une autre étudiante a été aussi agressée sur le même campus pour avoir mangé en public.
Je peux malheureusement continuer ainsi longtemps, et ce pays par pays, année après année. La situation ne fait manifestement que s’aggraver.
En France, oui, des polices islamiques sévissent pour rappeler à l’ordre celui qui ne respecterait pas le jeûne pendant le ramadan. En 2020, dans la nuit du 16 au 17 mai, une milice autoproclamée a tendu un guet-apens à un homme qui tenait des propos contre l’islam, contre les Maghrébins et qui se faisait passer pour musulman pour draguer des femmes sur des sites de rencontres. Cinq hommes appartenant à ce qu’ils nomment " La Milice " ont tendu un piège à cet homme. Séquestré, il a été sauvagement tabassé et contraint de faire des excuses face caméra. Ses agresseurs lui ont reproché de se faire passer pour musulman et de vouloir coucher avec des femmes pendant le ramadan. Ils lui ont demandé de s’excuser auprès des musulmans, des Maghrébines et des Arabes, et de promettre de ne plus jamais recommencer, puis ils ont publié la vidéo de leur exaction sur le propre compte Twitter du supplicié.
Toujours en 2020, en mai, pendant le ramadan, trois hommes en banlieue parisienne se trouvaient à un arrêt de tram. Deux hommes discutaient quand l’un d’eux lui a asséné des coups en tenant ces propos en arabe:
- " Tu ne fais pas le ramadan, espèce de ‘sous homme’
- Arrête Amine, laisse moi t’expliquer mon frère
- Je veux rien savoir, moi, je vais vous hagar [tabasser] à Paris.
- Tu n’as pas peur de Dieu, t’as pas honte
- C’est bon, arrête mon frère
- Ah, t’as pas peur de Dieu mais tu as peur de moi… "
On ne peut pas faire plus d’actualité comme information pour étayer mes dires. Ces individus dans notre société existent, en parler est primordial, les dénoncer vital.
Quant aux études citées dans ma tribune, elles font foi puisque ce sont les seules à aborder ce sujet. Etudes reprises par Les Inrocks, Courrier international ou Libération et qui, ô étonnement, ne leur valent pas un billet sur un blog de Mediapart. Ces chercheurs, sociologues et médecins marocains et égyptiens ont bien plus de légitimité qu’un détracteur du dimanche de Seine-Saint-Denis.
Quant aux drogues, là encore, M. Martin ferait mieux de se taire tant son incompétence est criante face au Dr Hachem Tyal, psychologue et psychiatre à Casablanca qui traite de ces questions depuis des années et qui en vidéo assène la réalité suivante: " La consommation de cannabis fait un bon incroyable pendant le ramadan, tous les soirs après le Ftour [rupture du jeûne], les jeunes se retrouvent pour fumer leurs joints ensemble. "
Quant à l’augmentation de la prostitution, là encore, M. Martin, qui avec sa grille de lecture dont il a seul le secret, entend dans mon texte une critique des prostituées. Or, il s’agit d’une analyse inconséquente puisque je mets en exergue l’hypocrisie de musulmans pendant le mois du ramadan. Les relations hors mariages sont proscrites.
En effet, la prostitution augmente dans les pays du monde arabe et musulman: + 200 % en Egypte, par exemple. En 1999, Maroc Hebdo faisait déjà état de ce phénomène en contradiction avec les valeurs islamiques et titrait: " Ramadan, la nuit, la prostitution fait rage sur les trottoirs de la capitale quand abstinence rime avec débauche. " Constat renouvelé en 2012, 2015 et 2018.
En 2019, un grand quotidien malien déclarait: " Le constat est aberrant. Trop de prostitution à Bamako même en ce mois béni de ramadan. Il se dit pourtant que plus de 90% de la population malienne sont des musulmans. "
Au Maroc, le psychologue et sexologue Aboubakr Harakat, interrogé par Slate sur ce phénomène, disait encore que " la prostitution augmente pendant le mois sacré. Il n’y a qu’à voir les hammams ouverts toute la nuit pour s’en convaincre. Les prostituées doivent se laver après l’acte sexuel conformément aux préceptes de l’islam pour reprendre le jeûne le lendemain ; les hommes aussi. " La bal des hypocrites mentionné dans ma tribune se situe là.
Quant aux comportements à risques et notamment les rodéos sauvages: l’imam d’Alfortville Abdelali Mamoun aborde la question des rodéos sauvages pendant le ramadan: "Passer le temps à faire des rodéos dans son quartier n’est pas du tout conforme à l’esprit du ramadan. Les accidents mortels s’enchaînent et, à chaque fois, les amis des tués invoquent la fatalité, ou expliquent que ces pilotes d’engins de rodéos se sentent invincibles pendant le ramadan. Ces jeunes ont tendance à penser que ces morts vont au paradis parce qu’ils meurent pendant le ramadan. " Pour les nuisances sonores et les comportements délictuels, là aussi, l’actualité est malheureusement assez bien fournie et cette réalité, personne n’arrivera à la nier. Un article du site très communautaire Alkanz en fait longuement état. Cela n’éveille pourtant pas la plume de notre M. CCIF.
Quant à ma prétendue transphobie, cette accusation comme ses tentatives désespérées de m’associer par association aux thèses de Renaud Camus ou de Génération identitaire ne reposent sur aucune base concrète. M. Martin sort volontairement de son contexte une réponse à un tweet qui éructait d’une manière péremptoire que " refuser de sortir avec une personne trans parce qu’elle est trans, c’est transphobe ". Je réponds avec mon ton provocateur habituel: non, ce n’est pas transphobe et il faut respecter les goûts et les sexualités des gens, et ce genre d’argument n’est ni plus ni moins qu’un argument d’autorité sectaire qui s’apparente à du terrorisme intellectuel.
Quant à mon prétendu silence sur tel ou tel sujet. M. Martin " pense " que ma seule parole se limite à mon compte Twitter privé. C’est tellement ridicule que cela ne mérite même pas de réponse. Mais je vais informer M. Martin et cela sera une révélation: derrière un compte Twitter se cache un être humain, cet être humain a des capacités d’expression orale et écrite ; pire, cet être humain peut même se mouvoir et interagir avec d’autres êtres humains, et surprise, il peut même posséder d’autres comptes sur d’autres réseaux sociaux. Surprenant, hein? Le problème c’est que M. Martin est focalisé sur Twitter, il ne peut comprendre qu’en dehors de ce réseau il y a une vie et des personnes qui pensent et agissent sur le terrain.
Je n’ai donc pas de leçon de maintien à recevoir d’un homme blanc et privilégié de plus de cinquante ans qui n’a aucune idée de ce que nous vivons et qui ignore tout de l’oppression culturelle et cultuelle qui persiste et empoisonne nos vies, nous les ex-musulmans, apostats de l’islam. Jérôme Martin n’est pas concerné par nos luttes, il n’a donc pas son mot à dire puisqu’il ignore tout de nos oppressions. Il n’est pas d’origine maghrébine et n’a aucune idée de ce qu’est notre culture, notre langue arabe ou de notre religion. Il est dans une démarche néocoloniale. Il tente naïvement d’expliquer à une personne " racisée " ce qu’elle doit penser de sa propre culture et de son vécu. Cela porte un nom, " whitesplaining " et il s’y vautre lamentablement.
Une de ses lectrices sur son compte Twitter le lui rappelle brillamment quand il m’accuse d’être une "caution au grand remplacement". Son couperet tombe: " De la part d’un blanc, c’est raciste. Ce n’est pas à toi de juger si cette personne est une caution au grand remplacement ou pas. Tu as 0 leçon à donner à un maghrébin même si tu n’es pas d’accord sur ses positions. " Silence dans la salle, fin de la recréation. M. Martin pris à son propre piège est prostré au fond de la classe, la queue entre les jambes.
Il n’a donc aucune légitimité pour aborder ce sujet qui appartient aux seules personnes concernées et je n’ai, bien entendu, aucune leçon à recevoir d’un militant blanc ouvertement homosexuel qui s’accoquine avec des musulmans radicaux et qui marche aux côtés d’islamistes, d’homophobes et d’antisémites lors d’une marche contre " l’islamophobie ". La lutte contre l’homophobie mérite mieux qu’un prétendu militant qui, au passage, est adhérent au Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), association qu’on ne présente plus.
Son argumentaire, qui n’en est pas un, n’est qu’un agrégat d’animosité personnelle qui ne trompera personne. Cela lui vaudra deux dépublications de la part de Mediapart. Sa malhonnêteté intellectuelle est confondante. Dans un élan désespéré, il en vient à citer ad nauseam mon nom de famille plus de dix fois dans son billet. Dans une volonté de me dépersonnaliser et dans son manque de respect me concernant, il ne se soucie même pas d’employer mon titre de civilité. Réduit à un simple " Aifa " ci, " Aifa " ça… On appréciera la retenue.
Jérome Martin, qui n’est plus à une contradiction près, considère que l’État est raciste et homophobe de façon systémique. Pourtant, fonctionnaire de cet Etat et professeur de l’Education nationale, ce dernier qui fustige à longueur de temps cet Etat, ne refuse pas d’en recevoir les fruits et d’être payé par ce dernier. Par extension, si nous suivions sa logique racialiste et indigéniste, il serait le bras armé de cet Etat raciste et homophobe. C’est ballot…
Recevoir des leçons de lutte contre l'homophobie quand M. Martin collabore avec la chaîne de propagande AJ+ du Qatar qui, on le sait, condamne à la peine de mort les personnes homosexuelles et dont cette chaîne de l'islam politique invisibilise volontairement l'homophobie d'Etat de cette péninsule qatarienne, c'est un peu fort de café. Qu'il commence à balayer devant sa porte avant de vouloir donner des leçons à la terre entière.
Pour ce fonctionnaire de l’Etat et ami de l’islam politique, tout ce qui n’est pas de gauche ou d’extrême gauche est d’extrême droite. Réflexe pavlovien habituel de ces cerveaux malades imbibés d’indigénisme. M. Martin, dans sa vision néocoloniale, voudrait m’imposer le silence, que je cesse d’être un " arabe de service " à la solde de l’extrême droite et que je redevienne un " arabe de service " à la solde de l’extrême gauche. Ma liberté, je l’ai gagnée et ce n’est pas un homme blanc de plus de 50 ans qui va me la reprendre.
Au fond, ce qui gêne M. Martin, c’est le canal utilisé pour la diffusion de ma tribune: Valeurs actuelles. Si j’avais écrit cette dernière dans Libération, il n’aurait rien eu à redire. Qui est-il pour décider où, quand et comment je dois exercer ma liberté de parole? Personne. Du haut de son paternalisme dégoulinant, qui est-il pour affirmer que je serais un instrument de propagande pour l’extrême droite? Là encore, personne.
Constant dans mes prises de position et mes idées, personne ne m’imposera le silence et encore moins quand cela concerne mon histoire, mon vécu, mes origines culturelles et cultuelles. Je serai toujours plus légitime d’en parler qu’un Jérôme Martin qui, dans toute son inanité intellectuelle d’homme blanc privilégié et en mal d’exotisme, veut se payer le "collabeur" de Valeurs actuelles.
Ma liberté de parole est et sera totale et je remercie toutes les personnes qui, comme notre pleutre de Saint-Denis, me donnent une visibilité de plus en plus importante. Merci de donner de la visibilité à mes idées, car au final, l’usurpateur, c’est vous et toutes celles et ceux qui sont dans la dénégation du réel.
"Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi!" Léon Zitrone.