Par valeursactuelles.com
Bruno Beschizza, le maire (Les Républicains) d'Aulnay-sous-Bois; "Je rappelle que seul l’Etat a le droit de mettre en rétention administrative une personne. C’est donc à l’Etat qu’il faut demander des comptes et non au Maire ! L’Etat doit assumer ses responsabilités. D’autant qu’il a été prévenu".
Entretien. Cette semaine, l'hebdomadaire Marianne a mis en cause Bruno Beschizza le maire LR d'Aulnay-sous-Bois, en affirmant qu'il a prêté " gracieusement " une salle municipale à une organisation salafiste de la ville. Face à la polémique, il livre sa vérité à Valeurs actuelles. Et contre-attaque; "seul l’Etat a le droit de mettre en rétention administrative une personne".
Vous dénoncez la " mauvaise foi de vos détracteurs "…que s’est-il passé à Aulnay-sous-Bois ?
Bruno Beschizza. L’histoire est simple; une association aulnaysienne a fait une demande d’utilisation de salle. Cette demande était conforme en droit. Elle a donc pu bénéficier de l’octroi d’une salle aux mêmes conditions que toutes les autres associations aulnaysiennes. Que veulent les donneurs de leçon bien à l’abri dans leurs beaux quartiers parisiens ? Faire payer une salle à une association en particulier et pas aux autres ? Selon quels critères ? Sportif, culturel, politique, cultuel…Ce serait illégal. Annuler une réservation de salle au motif que les intervenants ne sont pas forcément des gens avec qui l’on aimerait partir en vacances ? C’est aussi illégal. Il est pour le moins étonnant que le journal Marianne qui n’a que le mot République à la bouche en oublie un fait important; une collectivité locale est soumise aux lois de la République. En tant que Maire, je respecte le droit. Si j’avais décidé de ne pas mettre à disposition cette salle, la Ville aurait été condamnée en référé au Tribunal Administratif. Contrairement à ce qu’affirme Marianne de manière fallacieuse, ce n’est donc pas avec ma " bénédiction " que cette association a pu organiser cet événement. Quand la section locale du Parti Socialiste demande une salle, je ne peux pas exiger d’eux qu’ils me disent qui va intervenir lors de leur réunion. Et même si je le faisais, je n’aurais pas la capacité juridique de vérifier les bonnes mœurs des intervenants. Les prédicateurs désignés par le journal Marianne, malgré l’Etat d’urgence, ne font l’objet d’aucune interdiction de s’exprimer en France. Je rappelle que seul l’Etat a le droit de mettre en rétention administrative une personne. C’est donc à l’Etat qu’il faut demander des comptes et non au Maire ! L’Etat doit assumer ses responsabilités. D’autant qu’il a été prévenu…
Vous faites pourtant partie des élus Républicains les plus fermes sur le sujet… Comment se passe le dialogue entre la municipalité et les organisations musulmanes, parfois radicales ?
Bruno Beschizza. Là encore, il faut savoir de quoi l’on parle. Selon Marianne, mon prédécesseur à la Mairie d’Aulnay-sous-Bois était dans une démarche que l’on pourrait qualifier de communautariste vis à vis de certaines organisations. Des promesses auraient été faites à la veille d’élections. Je ne fonctionne pas de cette manière-là. Je n’ai jamais fait de pacte ou de marchandage avec telle ou telle communauté. A l’inverse, je dialogue régulièrement avec toutes les communautés religieuses. Je les réunis toutes au même moment lorsque cela peut-être nécessaire. Et contrairement à d’autres, je tiens le même discours aux chrétiens, aux juifs et aux musulmans. Le dialogue n’est jamais un problème. C’est la compromission qui l’est. Quand un cocktail molotov a été jeté sur une synagogue, j’ai immédiatement réuni l’ensemble des communautés religieuses et associations cultuelles afin d’envoyer un message de paix. Elles étaient toutes au rendez-vous. J’ai renouvelé ce dialogue inter-religieux à la suite des attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre. Ce dialogue permet aussi de rappeler les règles et d’éviter que certaines associations fonctionnent en roue libre en s’éloignant du cercle républicain.
La ville d’Aulnay est-elle particulièrement touchée par l’islamisme radical, en progression sur le territoire français ?
Bruno Beschizza. Pas plus qu’en Seine-Saint-Denis en général, mais pas moins non plus. Aulnay est une ville où les difficultés sociales sont réelles. Notre véritable problème, c’est l’insécurité. Dès la prise de fonctions de Jean-Jacques Urvoas, je lui ai écrit pour lui démontrer que le sentiment d’impunité n’est pas une invention mais une réalité quotidienne en Seine-Saint-Denis. Prochainement, je vais rencontrer le ministre de l’Intérieur au sujet de la relocalisation de notre commissariat. La police va partout, dans tous les quartiers, mais c’est la justice, elle qui ne passe plus. Et là encore, je dénonce en tant que Maire l’Etat qui ne fait pas son travail. Mais à l’inverse, je refuse de considérer qu’Aulnay serait un terreau particulier d’un islamisme radical violent au prétexte qu’il existe une porosité entre les trafics de stupéfiants et d’armes qui servent de fonction support à des terroristes.