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  • TOUS POURRIS

    Sylvie Andrieux: condamnée à de la prison ferme, elle reste députée. Je suis scandalisée

    LE PLUS. Sylvie Andrieux, exclue du PS après sa condamnation pour détournement de fonds publics, siège encore à l'Assemblée Nationale et elle a même pu voter pour la loi Renseignement. Comment une députée condamnée à quatre ans de prison, dont un ferme, peut-elle encore faire partie des élus de la République? C'est justement la question que se pose Dom Bochel Guégan.

    L'analyse du scrutin du vote sur le projet de loi Renseignement, votée en majorité par les députés le 5 mai, est riche de renseignements.

    Outre le fait de savoir ce que votre député a voté ou non (le mien a voté contre), il révèle les frondeurs de pacotille, ceux dont on aurait pu espérer mieux et d'une manière générale, une dérive sécuritaire inquiétante autant qu'une méconnaissance du secteur numérique (mais ceci est un autre sujet).

    La lecture de ce scrutin révèle surtout que le monde politique est un monde définitivement hors sol et qui creuse lui-même la fosse à purin dans laquelle il patauge. C'est à ce moment que je réalise que Sylvie Andrieux (ex-PS), condamnée en appel en septembre 2014 à quatre ans de prison dont un ferme est toujours députée...

    Du coup, je réalise que Sylvie Andrieux est toujours députée malgré sa condamnation à 4 ans de prison en 2014 http://t.co/fOCFJCEbNW

    Ainsi, le mardi 5 mai, la longue liste des votants nous apprend que Sylvie Andrieux en est et qu'elle a voté pour soit dit en passant.

    Condamnée pour détournement de fonds publics

    Pour rappel, Sylvie Andrieux a été condamnée pour détournement de fonds publics, il n'est pas inutile de rappeler que qui dit "fonds publics" dit l'argent des contribuables, autrement dit le nôtre.

    Sylvie Andrieux a beau clamer qu'elle aurait agi "en son âme et conscience", il n'en reste pas moins qu'elle a été condamnée pour avoir déversé des "charrettes de billets" auprès d'associations fictives dans un but électoraliste. Pire, ce système a perduré malgré un signalement de Tracfin en 2007, des avis défavorables de l'administration (certains datant de 2002) et l'alerte d'une contractuelle qui s'en était inquiétée.

    Si on résume, Sylvie Andrieux a été condamnée une première fois à 5 ans d'inéligibilité en 2013 pour des faits datant des années 2000 et elle a vu sa peine alourdie en appel en septembre 2014 d'une année de prison supplémentaire.

    La réponse du PS à l'époque s'était limitée à lui demander son retrait du groupe socialiste, mais en aucun cas à son départ des bancs de l'assemblée nationale.

    Si le fait de se pouvoir en cassation "suspend" l'exécution de la décision du tribunal permettant à Sylvie Andrieux de siéger encore à l'assemblée, le fait d'y voir une députée pourtant lourdement condamnée pour avoir usé de l'argent public à son seul profit est tout bonnement scandaleux.

    La lenteur de la justice quand elle concerne des mandats législatifs ne fait que rendre les condamnations illusoires, rappelons-nous les 18 années de procédure pour les époux Tiberi qui n'avaient finalement aboutis qu'à une condamnation à dix mois de prison avec sursis (pour laquelle ils comptent encore faire appel).

    Les politiques promettent et ne font pas grand chose

    Le déficit de confiance envers les politiques qui s'aggrave d'année en année se partage désormais entre méfiance, dégoût et lassitude envers nos élus.

    En 2013 déjà, 77% des français estimaient que les politiques étaient corrompus. En 2014, 88% des français estimaient que les politiques ne se préoccupaient que d'eux-mêmes.

    Abstention, votes extrêmes, désengagement vis à vis de la vie politique en sont les conséquences directes. Les classes moyennes aujourd'hui estiment que les politiques promettent beaucoup et ne font pas grand chose, rêvent d'un "coup d'état citoyen" et estiment que la France gaspille beaucoup l'argent public alors que nos conditions de vie s'aggravent.

    Une classe politique trop préoccupée d'elle-même et qui n'a de démocrate que le nom, un changement promis à chaque élection et qu'on ne voit jamais venir. une classe politique qui semble se protéger, s'émancipant des règles qu'elle produit pour les autres.

    Tous pourris, tous corrompus

    L'exemple de cette élue, pourtant condamnée en 2013, puis en 2014 et toujours présente parmi ses pairs n'est qu'une illustration de plus de cette déconnexion entre la vie ordinaire et la vie politique.

    La parole de Sylvie Andrieux, ses opinions comme ses recommandations n'ont plus aucune valeur. Cependant, lire de sa plume que "la France doit être exemplaire", que la "confiance est nécessaire" ou lire son rappel du principe de liberté, d'égalité et de fraternité qui est le nôtre, peut paraître quelque peu indécent.

    A l'heure des promesses de transparence, d'exemplarité, de République irréprochable sans cesse répétées, la présence (très très discrète) de Sylvie Andrieux à l'assemblée devient insupportable tout en nourrissant le "tous pourris", "tous les mêmes", si cher à Marine le Pen (bien que son parti ne soit pas exempt de reproches), faisant ainsi un peu plus le lit du FN pour 2017.

    Comment peut-on justifier aujourd'hui, alors que le fossé entre politiques et peuple n'en finit plus de se creuser, qu'une élue qui a volé l'argent de ses concitoyens et électeurs puisse deux ans après avoir été condamnée être encore payé(e) par ces mêmes contribuables (6755€ par mois hors indemnités selon sa déclaration) qu'elle a spoliés?

    Parmi les maux de la politique, la prévarication est l'un des pires puisqu'il viole le contrat moral passé entre l'électeur et l'élu, le détournement de biens publics est à la politique ce que le plagiat est à la création intellectuelle, dès lors, une condamnation pour détournement d'argent public devrait automatiquement, systématiquement et sans délai éloigner le ou la fautive de tout mandat législatif et/ou public.

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1364769-sylvie-andrieux-condamnee-a-de-la-prison-ferme-elle-reste-deputee-je-suis-scandalisee.html

     

  • Question au secrétaire d’État chargé des transports, Alain Vidalies

    Monsieur le Ministre, lundi, la SNCF a annoncé des pertes abyssales : 12 milliards d’euros pour 2015. Or, dans le même temps, on trouve des cheminots encartés CGT pour manifester contre le projet de loi El-Khomri, quand des préavis de grève ne sont pas déposés afin de perturber la vie des voyageurs. Cela fait des années que des associations comme Contribuables Associés dénoncent la gabegie de la SNCF, gabegie financière qui, rappelons-le, ne s’accompagne même pas de l’excellence du service.

    L’accident mortel du test du TGV en novembre dernier ou les conclusions du rapport sur l’accident de Brétigny-sur-Orge sont là pour témoigner du caractère parfaitement perfectible du service ferroviaire français. Monsieur le Ministre, nous sommes face à une équation simple : nous payons trop cher pour un service médiocre et monopolistique.

    Pourriez-vous, Monsieur le Ministre, faire un point, en tant qu’actionnaire unique de la SNCF, sur la stratégie de la SNCF et les nécessaires restructurations que le management compte mettre en œuvre ? Quelles décisions l’État va t-il prendre pour améliorer la qualité de service tout en travaillant sur la structure de coûts ?

    Contrepoints.org

  • 4 de race blanche

    Le journal 20minutes a été accusé de racisme pour avoir parlé de 4 blancs morts dans un attentat.

    "14 civils, dont 4 de race blanche". C’est par ces mots qu’Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur de Côte d’Ivoire, confirmait le bilan macabre de l’attaque terroriste de Grand-Bassan.

    On comprend donc que dix des victimes étaient vraisemblablement de race noire, puisque le ministre ne juge pas utile de préciser plus, et que la nationalité des quatre de race blanche n’est pas encore tout à fait établie; ce que le ministre s’empresse d’ailleurs de confirmer: "nous avons identifié une d’elles de nationalité française et une allemande", il reste donc deux victimes de race blanche dont on ne connait pas à ce moment la nationalité.

    Alors bien sûr, on pourrait rétorquer à M. Bakayoko qu’en français moderne, le terme de race ne s’applique qu’aux espèces animales domestiques et donc, que l’usage de ce mot n’est pas approprié. On pourrait mais on ne le fera pas, parce qu’avec deux doigts de jugeote, on imagine bien, d’une part, que le ministre de l’Intérieur ivoirien a un peu autre chose à faire que de se perdre en considérations sémantiques alors que son pays est victime du terrorisme et on comprend bien, d’autre part, qu’il nous donne les informations dont il dispose à ce moment : concrètement, dix victimes ont la peau, à peu près, noire et quatre autres ont la peau, à peu près, blanche.

    Pas de microagression

    Personnellement et étant blanc moi-même, je ne me sens en rien micro-agressé par cette référence à des personnes de race blanche; je n’y vois aucune forme de racisme ni de volonté de dénigrer l’histoire de ma famille et encore moins ma culture. J’y vois un ministre sous pression qui expose des faits. Point barre.

    Sauf que voilà, quand 20Minutes.fr reprend cette déclaration ministérielle en omettant, il est vrai, de la mettre entre guillemets, cette même phrase prend étrangement une toute autre dimension. Le canard a peine le temps de publier son papier, son titre " Côte d’Ivoire : l’attaque d’une station balnéaire revendiquée par Aqmi, 14 civils tués dont 4 blancs. " fait immédiatement l’objet d’une campagne d’indignation dont seuls les Guerriers de la Justice Sociale ont le secret. " Quoi? Comment? Vous n’avez pas honte? " s’insurgent en chœur les chasseurs de fascistes et autres suspects habituels.

    Pourtant, 20Minutes.fr a essayé de bien faire. Si vous y prêtez attention, vous observerez que le mot race a disparu de la citation (telle qu’elle apparaît dans le titre et dans l’article original) ce qui, incidemment, explique parfaitement bien pourquoi les guillemets ont disparu dans les deux cas.

    Alors quoi? Que reproche-t-on à 20Minutes.fr exactement? De ne pas avoir remplacé blancs par de type caucasien? Un ministre ivoirien pourrait donc utiliser la notion de race blanche sans que personne ne s’en offusque tandis qu’un journal français n’aurait pas le droit de parler de blancs? Accuse-t-on 20Minutes.fr de donner plus d’importance à la mort de quatre blancs qu’à celle de dix non-blancs? Fait-on le même procès d’intention à M. Bakayoko?

    Non. En réalité, on ne reproche rien à 20Minutes.fr. Ils n’ont fait que leur métier: informer un public français que, lors d’un attentat commis dans un pays d’Afrique dans lequel vivent beaucoup de nos compatriotes, quatre blancs figurent parmi les victimes.

    Bref, cette micro-vague de micro-indignation collective confine au ridicule le plus achevé; elle est, encore une fois, le fait d’un quarteron d’indignés professionnels qui se sont jurés de dénicher des racistes partout; même s’il n’y en a objectivement pas la moindre trace; même si, pour se faire, ils diffament publiquement des innocents; même si, à force de jouer à ce petit jeu, ils crédibilisent le discours de ce même Front National qu’ils prétendent combattre.

    Contrepoint.org

  • Il y a des coups de pied au cul qui se perdent, en France

    Souligné par moi

    Le pire ministre des Affaires étrangères a déguerpi”:

    "hommage" de l’Ambassadeur Michel Raimbaud à Laurent Fabius

    “Le départ d’un ministre aussi étranger aux Affaires étrangères, qui ne se réveillait qu’au nom de Bachar al-Assad, ne fera guère pleurer que lui-même et ses complices“, écrit cet éminent diplomate élevé dans la haute tradition gaulliste. Bien avant le départ de Fabius, Michel Raimbaud disait tout haut ce que les anciens du Quai d’Orsay pensaient tout bas. Sa remarquable rétrospective démontre comment, dans l’affaire syrienne, la diplomatie et la presse françaises ont été au service de la propagande anglo-américaine et comment le gouvernement français s’est mis du mauvais côté de l’Histoire.

    Michel Raimbaud est l’auteur de “Tempête sur le Grand Moyen-Orient”, publié aux éditions Ellipses en 2015.

    Le pire ministre des Affaires étrangères jamais offert à la France [Laurent Fabius] a déguerpi. Il laisse derrière lui une diplomatie ruinée, décrédibilisée et démoralisée: seraient-ils les meilleurs de la planète, nos diplomates ne peuvent faire de miracles lorsqu’ils sont amenés à ne défendre que des dossiers indéfendables, qui les placent systématiquement du mauvais côté de l’Histoire. C’est là que le bât blesse.

    Si le pire n’est jamais sûr, le meilleur l’est encore moins

    Le départ d’un ministre aussi étranger aux Affaires étrangères, qui ne se réveillait qu’au nom de Bachar al-Assad, ne fera guère pleurer que lui-même et ses complices. Mais les optimistes inoxydables, inondés d’espoir l’espace d’un adieu, devraient se méfier: si le pire n’est jamais sûr, le meilleur l’est encore moins.

    Le partant était un pilier du "groupe des Amis de la Syrie", dont la liste des États membres illustrait alors parfaitement la sentence bien connue: avec de tels amis, plus besoin de se chercher des ennemis. Reprenant le flambeau brandi par la France lors du rezzou de l’Otan sur la Libye, Fabius a tout fait pour propulser notre pays à l’avant-garde des va-t-en guerre de la vertueuse "communauté internationale". N’est-ce pas lui qui, mi-dépité mi-gourmand, estimait en juillet 2012 qu’il "reste encore quelques renforcements possibles en matière de sanctions", insistant pour que la Grèce cesse d’importer du phosphate syrien?

    Le club Elisabeth Arden (Washington, Londres, Paris), qui prétend depuis un quart de siècle incarner la "communauté internationale", s’est transformé au fil des dernières années en un directoire de pères fouettards ayant pour inspirateurs les néoconservateurs de l’État profond" des pays d’Occident et d’ailleurs, et pour alliés privilégiés les régimes moyen-orientaux les plus portés sur la flagellation. En 2011, après l’Irak, le Soudan, l’Afghanistan, la Somalie, la Palestine, la Yougoslavie, l’Iran ou l’Ukraine et quelques autres, nos pères fouettards, pourtant bien absorbés par leur tâche du moment, vont réserver à la Syrie un traitement de choix. C’est ainsi que les sanctions vont pleuvoir en giboulées dès les premiers beaux jours.

    En juillet 2012 (on taira par décence le nom du journal et ceux des journalistes), une vidéo apparaît sur le net avec un titre en forme de question qui tue: "À quoi servent les sanctions contre la Syrie?" Celle-ci, note le commentaire écrit, "fait depuis plus d’un an l’objet de mesures de rétorsion de la part de la communauté internationale, avec un succès mitigé".

    Il faut "punir et étouffer économiquement le régime de Bachar al-Assad, qui réprime dans le sang ses opposants: tel est l’objectif". On n’aura pas fini d’entendre cette rengaine.

    Notre vidéo précise que, le 23 juillet 2012, l’Union européenne a adopté un nouveau train de sanctions, pour la 17ème fois en un an (sic). Elle rappelle que les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Suisse, la Turquie et la Ligue arabe (kidnappée par le Qatar et les régimes du Golfe) ont pris des mesures équivalentes.

    Traitement de choc infligé à la Syrie

    Sans dresser une liste interminable des sanctions imposées, renouvelées et renforcées les années suivantes, il n’est pas inutile de rappeler au passage, à l’attention des distraits, des ignorants ou des bonnes consciences, le script général du chef-d’œuvre des dirigeants occidentaux et de leurs bureaucraties sadiques:

    1/ D’abord viennent les sanctions classiques "de mise en situation" par le Conseil de Sécurité, prises en mai 2011:

    Les premières mesures prises par l’Union européenne concernent la mise au ban (refus de délivrer des visas) et le gel des avoirs de 150 personnalités du "régime syrien".

    Par ailleurs, une cinquantaine de sociétés "soutenant le régime" sont soumises à boycott dont cinq organismes militaires, conformément à l’embargo adopté" sur les exportations d’armes et de matériel susceptible d’être utilisé à des fins de répression". Il est ainsi interdit d’exporter vers la Syrie des équipements, des technologies ou des logiciels destinés à surveiller ou intercepter des communications sur Internet ou les téléphones.

    2/ Le 10 août 2011, le gouvernement US prend des sanctions économiques contre les sociétés de télécommunication syriennes et les banques liées à Damas, empêchant les citoyens états-uniens de mener des affaires avec la Banque commerciale de Syrie, la Banque syrienne libanaise commerciale ou Syriatel. Les avoirs de ces sociétés aux États-Unis sont gelés, autant dire volés. Hillary Clinton annonce dans la foulée un embargo total sur les importations de pétrole et de produits pétroliers en provenance de Syrie.

    Imitant aussitôt ses maîtres, l’Union européenne décide de plusieurs trains de sanctions supplémentaires, y compris un embargo sur le pétrole. La dernière salve visera à réduire les échanges commerciaux afin de finir d’asphyxier l’économie du pays.

    3/ Viendront ensuite les sanctions diplomatiques (rappel des ambassadeurs en consultation) décidées dès l’automne 2011, après le double véto russo-chinois sur le projet de résolution islamo-occidental visant à provoquer en Syrie un processus à la libyenne. Les États-Unis ayant rappelé de Damas leur ambassadeur du troisième type, plusieurs États de l’Union européenne rappellent les leurs.

    Juppé rappellera le sien une première fois le 17 novembre 2011: "erreur fatale" pour le ministre ordinateur. Après un faux retour, ce sera le départ définitif en février 2012. Nommé en mai 2012, Fabius fera encore mieux: à peine intronisé, il expulsera l’ambassadrice de Syrie à Paris, ayant oublié que cette dernière est également représentante auprès de l’Unesco et qu’il ne peut la contraindre au départ.

    4/ En 2012, ce sera la fermeture de la compagnie aérienne "Syrianair" à Paris, puis l’interdiction de toute liaison aérienne entre la France et la Syrie et, plus généralement, entre les capitales européennes et Damas. Etc…

    Les parrains des terroristes

    Hélas, se lamentent des experts pleins d’onction et de componction, tout le monde n’est pas d’accord pour mettre en place un embargo, ce qui en limite la portée. La belle unanimité qui, de 1991 à 2011, a rassemblé les cinq Permanents du Conseil de sécurité autour des trois Occidentaux n’existe plus et c’est un élément déterminant qui permet de briser l’arrogance et la toute-puissance des puissances atlantiques. Des doigts accusateurs pointent "certains pays qui ne jouent pas le jeu? (sic). Mais est-ce bien un jeu? La Russie et la Chine soutiennent le gouvernement et l’État syriens: ils seront priés de "rejoindre la communauté internationale" (sic). La Syrie peut également compter sur l’aide multiforme de son allié, l’Iran, mais celui-ci est déjà sous lourdes sanctions. D’autres pays, comme le Brésil, ne soutiennent pas les Occidentaux? En outre, certains États traînent les pieds au sein de l’Union européenne, et les accrocs aux engagements pris contre Damas se multiplient.

    Ce blocus qui asphyxie progressivement la Syrie est certes difficile à mettre en œuvre, mais que nos perfectionnistes se consolent: il est indéniable que les résultats escomptés sont là. Après cinq années de sanctions et d’acharnement collectif, le peuple syrien est épuisé et vit dans des conditions terrifiantes. Nos grands dirigeants, si bons et si pudiques, ne connaissent-ils pas la vérité, non pas celle de leurs protégés émigrés qui vivent au chaud ou au frais à l’ombre de leurs protecteurs, mais la vérité des habitants qui ont tenu bon dans leur pays. Loin du paradis de la révolution auquel les premiers feignent de croire, loin du paradis auquel aspirent les djihadistes démocratiques et les terroristes modérés, c’est un enfer que vivent les Syriens de la Syrie réelle, un enfer qu’ils doivent au fanatisme de leurs "libérateurs" et de leurs alliés turcs ou arabes ainsi qu’au sadisme de l’"Axe du Bien", parrain des terroristes et grand déverseur de punitions devant l’éternel.

    Les sanctions sont parvenues à détruire un pays qui était plutôt prospère, quasiment sans endettement, autosuffisant pour l’essentiel de ses besoins et globalement bien parti. Elles ont fini par entamer le tissu national syrien, soudé par une tolérance "laïque" assez exemplaire, sans réussir toutefois à le déstructurer. Le but de ce politicide était (et reste toujours) de démoraliser les populations, en les amenant à perdre confiance dans la légitimité de leur État, de leur gouvernement, de leurs dirigeants, de leurs institutions, de leur armée, tout en leur donnant l’illusion que l’Occident est heureusement là pour les "sauver du tyran qui les massacre" et accueillir en son sein les réfugiés et les transfuges.

    Des sanctions pour mater un peuple résistant

    Le terrible bilan enregistré en Iraq —un million et demi de morts, dont 500 000 enfants— est là pour rappeler que les sanctions sont une arme de destruction massive, utilisée avec un total cynisme par les "maîtres du monde". Pour Madeleine Albright évoquant sans doute des "dégâts collatéraux", "cela en valait la peine". On voit le résultat.

    En Syrie, les "punitions" occidentales ne sont pas mieux intentionnées. Elles visent à mater un peuple résistant et à le forcer à accepter la fatalité d’un changement de régime, ou bien à l’amener à fuir ou à déserter… Quitte à saigner le pays de sa jeunesse déjà formée, de ses cadres aspirant à vivre mieux dans un climat de paix… Quitte à faire de ces réfugiés un peuple de mendiants, à la merci des trafiquants de toutes spécialités: en témoignent ces femmes et enfants installés la nuit au coin des boulevards parisiens par des équipes inquiétantes.

    Depuis cinq ans, nos politiciens combinards, nos journalistes complaisants, nos intellectuels perdus ou dévoyés participent, à quelques exceptions près, à l’énorme conspiration du mensonge qui fait passer la Syrie souveraine et légale pour usurpatrice et massacreuse, et ses agresseurs et leurs parrains, orientaux ou occidentaux, pour des libérateurs révolutionnaires.

    Outre l’horreur et l’effroi que soulèvent les images de cette guerre sauvage, comment ne pas avoir la nausée devant l’aveuglement, volontaire ou non, de nos élites qui préfèrent donner du crédit aux mensonges de leurs alliés et protégés criminels plutôt qu’aux témoignages innombrables des victimes qui désignent sans ambigüité leurs bourreaux ? Comment ne pas avoir la nausée devant cette complicité assumée, à peine camouflée par une omerta systématique? Comment enfin ne pas frémir devant cet aplomb et cette bonne conscience bétonnée de nos faiseurs d’opinion?

    Maintenant, il faut lever les sanctions criminelles et scélérates

    La solution ne consiste pas à accueillir en Europe les réfugiés que l’on a d’une façon ou d’une autre créés en alimentant la guerre universelle d’agression et le djihad en Syrie. Il faut lever immédiatement, sans délai et sans conditions, les sanctions qui sont destinées à briser tout un peuple. Il faut mettre fin à la guerre et non en décupler l’impact par les moyens minables, sournois et iniques que sont les sanctions à la mode occidentale.

    Il faut rendre justice à ce peuple martyrisé et humilié. Et la plus élémentaire des justices, la première, est de ne plus couvrir d’un voile de vertu les criminels féroces qui cherchent à détruire au nom de l’intolérance la Syrie tolérante. Elle implique également de ne plus cautionner les impudeurs des maîtres fouettards qui punissent en toute impunité avec la morgue des arrogants. Assez de mensonges, assez d’hypocrisie, assez de leçons.

    Répétons-le, il faut lever les sanctions criminelles et scélérates qui tuent la Syrie et son peuple. Ni dans un mois, ni dans un an, mais maintenant. Ce n’est pas une question de diplomatie, c’est une affaire d’honneur, et la France s’honorerait en prononçant, pour sa part et à titre national, la levée des sanctions.

    Michel Raimbaud, article initialement publié sous le titre de "Le mensonge, la nausée et les sanctions".

    M.Raimbaud est l’ancien Ambassadeur de France en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe. Ancien directeur de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides. Professeur au Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS).

    Source: Tunisie-secret, Michel Rimbaud, 28-02-2016,

    http://www.les-crises.fr/le-pire-ministre-des-affaires-etrangeres-a-deguerpi-hommage-de-lambassadeur-michel-raimbaud-a-laurent-fabius/

  • KO Debout !

    Voici quelques semaines, j'étais comme un boxeur KO debout mais avec la très nette impression que l'on m'avait convié à boxer les mains attachées dans le dos. Parce que, même si en tant qu'être humain, citoyen et bien sur contribuable, je fais moi aussi partie de la société, j'ai eu très nettement l'impression que depuis pas mal de temps, la société se passait bien de moi et continuait sa course folle sans vraiment se préoccuper de mes aspirations. L'espace d'un instant, je me suis senti comme perdu dans un monde dont il ne maitriserait plus les codes, comme un vieillard désorienté confronté à un environnement nouveau et déstabilisant.

    Que s'est-il passé ? Rien de bien spectaculaire, si ce n'est qu'à chaque fois que j'ai regardé les informations ou ouvert le Parisien, comme chaque matin avant mes consultations en prenant mon café, je me suis pris une mauvaise nouvelle dans la figure. A vrai dire, ces nouvelles n'étaient pas mauvaises en elles-mêmes puisqu'elles ne me concernaient même pas directement pas plus qu'elles n'annonçaient de drames terribles. Non, elles m'ont juste apporté jour après jour la preuve ou du moins l'impression très nette que je vivais dans un monde devenu fou auquel je ne comprenais plus rien.

    Je ne saurai même plus vous dire dans le détail ce qui m'a le plus affecté. Je me souviens par exemple que le fait de savoir que notre dernier Garde des sceaux. Jean-Jacques Urvoas, ait eu l'idée d'unifier les ministères de la justice et de l'intérieur au sein d'un super-ministère qu'il souhaitait baptiser du doux nom de "ministère de la règle et du droit" m'a laissé pantois. J'ai songé qu'il aurait pu rajouter le ministère de la santé pour psychiatriser les déviants tant qu'il y était. Je me souviens aussi que c'était un jour ou la RATP avait fait grève en soutien aux salariés de Good Year. Je m'étais étonné qu'un service public puisse ainsi déclencher une grève politique et puis je me suis vite dit qu'il fallait que je renonce à comprendre.

    Je crois que ce jeudi, car c'était un jeudi, je me suis dit que plus que dans un monde de fou, il se pourrait que je commence à vivre dans une sorte de néo-fascime 2.0. Même si ce n'était pas l'idée que je me faisais du fascisme. Pour moi, le fascisme, ça avait la couleur et les odeurs des odyssées politiques d'avant-guerre. Ça portait l'uniforme et la casquette plate, c’était le fait de grands leaders charismatiques et paranoïaques faisant de grands meetings et haranguant les foules. Comme tout le monde, j'avais en tête les images de Hitler à Nuremberg ou les célèbres mouvements de mentons de Mussolini ou encore l'aspect débonnaire et néanmoins effrayant de Staline. Et puis mes deux parents étant nés avant guerre, j'en avais entendu parler maintes et maintes fois de ce conflit. Mais jamais je n'aurais cru que le fascisme, dont on nous rappelle toujours le bruit des bottes, soit le fruit de gens ternes en costumes gris.

    Finalement je me suis dit que le début du fascisme c'était quand moi, et les autres bien sur, avions la nette impression que nos voix ne sont pas entendues, que l'on crie dans le désert pour enfin renoncer à simplement parler voire à penser. Renoncer à penser parce que le fait même de penser, de poser une analyse nous met face à des impossibilités cognitives, de blocages neuronaux. D'ailleurs, pourquoi parler de moi ou des autres, parce que ce dont ils se moquent vraiment, c'est du réel. Ce qu'ils nient, ce n'est ni moi, ni les autres, mais tout ce qui n'est pas eux. Ils nient tout ce qui est réel et n'appartient pas à leur environnement proche. Formés à la dure école de la politique, prompts à s’entretuer pour le pouvoir, n’ayant d’autre ligne d’horizon que les élections, leur réel n’est pas le notre.

    Nous vivons un vrai totalitarisme même si ce terme peut sembler outré. Souvenons-nous que le propre du totalitarisme est d'aliéner les individus en niant leurs aspirations mais surtout en détournant leurs actions vers des buts choisis par le pouvoir. Ce totalitarisme est certes vécu avec plus de douceur et de confort parce que les dirigeants sont devenus habiles. Or si nous n'avons aucun problème à dénoncer cette aliénation lorsque l'on nous parle de sectes étranges ou de régimes exotiques maltraitant de manière évidente leurs populations, il nous est plus difficile de l'admettre pour nous. Parce que nous avons l'apparence de la liberté, parce que nous avons un droit de vote, etc. Et pourtant, nous n'en sommes pas moins enrôlés nous-mêmes dans un système aliénant. Peut-être qu'au-delà de toutes les explications savantes, le fascisme ce n'est que cela : obéir à des gens qui sont persuadés de mieux savoir que vous.

    J'en étais là de mes réflexions en allant à mes rendez-vous ce jeudi matin lorsque j'ai retrouvé X, un patient libéra. Le pauvre était dans le même état que moi, en pire peut-être. Peut-être parce qu'il est ingénieur de formation. Parce que moi, j'ai été formé si ce n'est pour faire face à tout, du moins pour puiser dans mes connaissances afin de donner du sens à ce qui n'en a apparemment pas. La différence entre moi et mon patient X c'est juste de savoir d'où provient la souffrance mais pas toujours d'aller mieux. On fait ce que l'on peut. Si mes études m'ont permis de manipuler des outils de conceptualisation, ils ne me donnent aucun moyen d'agir pour autant. Je sais ce qui arrive mais je n'y peux rien.

    http://psychotherapeute.blogspot.fr/

     

  • Des fraudeurs sachant frauder

    Il s’en passe, des choses, chez Paul Employ! Si certains croient encore qu’il ne s’agissait que d’un aimable établissement public normalement chargé de mettre en relation ceux qui proposent des emplois avec ceux qui en recherchent, ils omettent en réalité sa seconde mission: celle d’employer directement un nombre croissant de personnes à son propre fonctionnement. Et si le résultat de la première mission est assez peu probant, celui de la seconde laisse, là encore, à désirer.

    On apprend en effet, au détour d’un Canard Enchaîné qui fera certainement date, que Paul Employ a ainsi contribué à alimenter la pente de la courbe du chômage dans le mauvais sens, en se séparant avec pertes (mais très peu de fracas) de son directeur informatique à la fin de l’année 2013, le pauvret venant ainsi ajouter une fiche numérique supplémentaire aux trop nombreuses données que son ex-équipe traitait alors.

    Un directeur qui quitte l’institution, rien que de très banal, sauf lorsqu’on détaille le contexte de ce remaniement de ressources humaines.

    D’une part, le directeur, avant d’être licencié dans le cadre d’une " rupture conventionnelle ", a été préalablement mis à pied à titre conservatoire: l’homme avait en effet utilisé son poste stratégique à la direction informatique de l’Unédic, la structure qui gère les fonds de Paul Employ, pour toucher, en plus de son salaire, une indemnité comme chômeur (assez rondelette, allant jusqu’à 4982,30 € d’allocation mensuelle).

    D’autre part, il n’a été découvert que parce qu’un autre salarié, dans son équipe, est tombé sur le nom de son supérieur en poste, dans la liste de chômeurs indemnisés. Mésaventure fort gênante, parce qu’elle confirme, s’il était besoin, qu’il est parfaitement possible de se retrouver dans l’étrange position d’être salarié et de toucher malgré tout des indemnités chômages indues. Difficile ici d’évaluer l’ampleur de la fraude, mais cette mésaventure montre bien la légèreté des contrôles en place, qui semblent faits a posteriori, au petit bonheur la chance, mais surtout – et c’est le plus ahurissant – ne semblent même pas permis: l’employé n’avait pas l’autorisation de son supérieur hiérarchique pour effectuer cette consultation du fichier.

    Ceci le conduira d’ailleurs directement à la case Paul Employ, de l’autre côté du guichet, une fois licencié pour cette faute, et entraînera probablement des frais pour cette institution lorsque les prud’hommes, saisis par le lanceur d’alerte, remettront l’Église au milieu de la piscine, comme d’habitude en France.

    Enfin, l’affaire prend un tour carrément grandiose lorsqu’on apprend en plus que le directeur-fraudeur, dans le cadre de ses fonctions, était chargé d’encadrer l’équipe qui cherche les profils suspects, c’est-à-dire de débusquer les fraudeurs qui perçoivent des indemnités auxquelles ils n’ont pas droit.

    Tout ceci est extrêmement rassurant pour les gens honnêtes qui, au mieux, comptent sur la bonne gestion de l’établissement public pour retrouver un emploi, ou, au pire, participent à son financement au travers des lourdes cotisations qu’on les oblige à payer.

    Bien évidemment, nous sommes en France et une histoire pareille ne pouvait se terminer sans une belle apothéose de n’importe quoi. Rassurez-vous, elle y est puisque l’indélicat fraudeur a eu la présence d’esprit de négocier une " rupture conventionnelle " en quittant ses fonctions, … ce qui lui permettra de toucher la somme de 160.000 euros (après un peu plus d’un an de présence).

    Bien entendu, cette fraude est scandaleuse à plusieurs niveaux.

    Bien sûr, elle est scandaleuse parce l’individu peu scrupuleux a usé et surtout abusé de sa position pour taper dans la caisse, sans vergogne. On ne sait pas si les sommes indûment perçues seront remboursées, mais on peut raisonnablement imaginer que ce sera absorbé par l’indemnité de fin de contrat. Si ce n’est pas le cas,la perte sera totale pour les cotisants dont, il faut bien le dire, tout le monde semble se contrefoutre ici. Et si c’est le cas, il n’est même pas impossible d’imaginer que l’indemnité sera amplement suffisante et que notre indélicat fraudeur pourrait en ressortir avec un joli bénéfice. Tout ceci est délicieux.

     

     

    Le scandale ne s’arrête pas là puisqu’il faut aussi noter qu’il a aussi utilisé, sans la moindre honte, le règlement interne à l’encontre de celui qui l’a dénoncé, pour le faire virer. On ne saura pas qui, du fraudeur ou de l’institution, a été le plus zélé à couvrir l’affaire – qui pour rappel s’est déroulée en 2013 – et éviter que tout ceci ne s’ébruite, mais on comprend le niveau de corruption et d’immoralité qui doit régner dans l’établissement pour qu’une telle manœuvre puisse s’opérer et que tout ceci reste à peu près secret jusqu’en 2016, plusieurs années après.

    Le scandale atteint un niveau supplémentaire puisque, non content d’avoir joué le système contre lui-même, notre fraudeur a même fini par toucher des indemnités pour son brillant parcours.

    Vous l’avez compris: nous avons ici un magnifique exemple de dévoiement total d’une fonction pour se servir de tous les avantages qu’elle procure, bien au-delà de tout ce que la décence permet d’imaginer. De près comme de loin, l’attitude des protagonistes de l’affaire, tant côté fraudeur que côté Pôle Emploi, démontre une hontectomie assez typique … des politiciens.

    Oui, tout ceci n’est pas sans évoquer un précédent les concernant directement. Reportons nous il y a quelques mois, un an même avant que cette affaire ne fasse les choux-gras du Canard Enchaîné, et souvenons-nous de mars 2015, où on apprenait que les parlementaires venaient d’adopter (à l’unanimité, comme de bien entendu) un texte de loi prévoyant d’élargir les modalités d’indemnisation et de reclassement des élus en fin de mandat ou battus aux élections.

    Et ceci n’est pas sans évoquer non plus le cumul des mandats dans lequel s’illustre assez régulièrement nos politiciens (coucou Cosse, coucou le Drian, coucou tant d’autres)…

    Alors, oui, bien sûr, il y a une petite distance entre notre fraudeur patenté et nos habiles législateurs en culotte courte. Cette différence essentielle entre le premier cas et le second est bien sûr le couperet de la loi: notre fraudeur agit en parfaite illégalité pour commettre son forfait, et utilise ensuite la loi dans toute son extension pour réduire sa responsabilité, voire récupérer une belle mise au passage. Le second, le législateur, montre en revanche une bien meilleure compréhension du système puisque tout ce que les députés ont fait reste parfaitement légal, mais fournit in fine une belle " indemnité de licenciement " à ceux qui viendraient à perdre leur poste devant les urnes.

    Autrement dit, s’il y a différence de légalité, il n’y a pas fondamentalement de différence de moralité entre les deux comportements qui reviennent, tous les deux, à commettre un acte simple, égoïste et bien compris: taper dans la caisse.

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