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  • Peau foncée et yeux bleus, le portrait-robot d'un homme du Mésolithique révélé

    Peau foncée et yeux bleus, le portrait-robot d'un homme du Mésolithique révélé

    Le portrait-robot d'un homme du Mésolithique, vivant il y a 7 000 ans en Espagne, révèle des caractéristiques physiques étonnantes, à commencer par une peau foncée et des yeux bleus.

    Le portrait-robot de La Brana 1 a été réalisé à partir de l'ADN particulièrement bien conservé des deux squelettes découverts par hasard dans la province de Leon, au nord-ouest de l'Espagne, en 2006. Photo : CSIC

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    Plutôt bel homme, un brun hipster. Le portrait-robot d'un homme du Mésolithique, vivant en Espagne il y a 7.000 ans, est assez éloigné de la représentation habituellement faite de nos ancêtres préhistoriques. Publié par la revue Nature, ce portrait a été établi par une équipe de chercheurs de l'Institut de Biologie évolutive de Barcelone, menée par Carles Lalueza-Fox, qui a séquencé pour la première fois le génome complet d'un chasseur-cueilleur européen.

    Une performance scientifique réalisée à partir d'une dent trouvée sur l'un des deux squelettes découverts dans la grotte de La Brana-Arintero, dans la province de Leon (nord-ouest de l'Espagne), en 2006. Contre toute attente, l'ADN de cet homme révèle des caractéristiques originales. Ainsi, il aurait eu la peau foncée, les cheveux bruns et des yeux bleus.

    Des caractéristiques proches des Européens du Nord

    "Ce phénotype rare n'existe pas dans les populations européennes contemporaines", a précisé Carles Lalueza-Fox. L'étude des caractéristiques de l'individu de La Brana a montré qu'il était génétiquement éloigné des populations européennes actuelles, mais pouvait être rapproché des caractéristiques génétiques des Européens du Nord d'aujourd'hui, tels que les Suédois ou les Finlandais.

    "Jusqu'à maintenant, on considérait que la couleur de peau claire avait évolué assez tôt en Europe, au Paléolithique supérieur, en lien avec les faibles rayonnements UV à haute latitude", a expliqué le directeur de recherches. "Mais ce n'est clairement pas le cas. Cette évolution est intervenue beaucoup plus tard, probablement au Néolithique (il y a entre 11 000 et 5000 ans, ndlr)", selon lui.

    Une évolution qui peut être liée au changement de régime alimentaire. L'individu de La Brana était ainsi porteur d'une variation génétique ancestrale produisant une intolérance au lactose. Pas de lait, donc, contrairement aux éleveurs qui apparaissent progressivement, et sans doute peu de céréales en raison d'une inadaptation génétique à un régime riche en amidon, selon les chercheurs. Une hypothèse à modérer néanmoins, puisque l'étude de l'ADN de cet homme a révélé qu'il possédait déjà des caractéristiques génétiques, lui offrant une certaine forme de résistance, présentes chez les Européens modernes.

  • J'ai été 15 ans photograveur offset... donc, je m'intéresse... N. de la rédactrice

    D’où vient le signe @ ? l’épopée de l’arobase.

    Par Guillaume Nicoulaud.

    Une adresse e-mail est composée de trois éléments essentiels. Le premier est l’identifiant de l’utilisateur, le troisième est le nom de domaine et le second, celui qui fait la jointure entre les deux, c’est le désormais omniprésent signe @.

    Pourquoi donc ce signe et d’où peut-il bien venir ?

    Pour le savoir, il va nous falloir suivre sa trace en commençant par ce beau jour de 1971 où Ray Tomlinson, l’ingénieur américain qui a inventé et envoyé le premier message électronique de l’histoire, va décider d’utiliser ce symbole plutôt qu’un autre. Quand on lui demande la raison de ce choix, la réponse de Tomlinson est d’une désarmante logique : le symbole @ présentait le double avantage de ne pas être ambiguë (on ne risquait pas de le confondre avec le nom de l’utilisateur ou celui du domaine) et de " faire sens " puisque, chez nos amis anglo-saxons, il était déjà largement compris comme signifiant at (à) de telle sorte que user@domain se lit intuitivement " user at domain " ; ce qui, vous en conviendrez, tombe assez bien.

    Le signe-at (@), donc, était déjà en usage chez les anglo-saxons bien avant que le premier e-mail ne soit envoyé et, plus précisément, il était fréquemment utilisé par les commerçants pour désigner le prix unitaire d’un produit : bien avant 1971, " 10 chickens @ $5″ signifiait déjà et très précisément 10 poulets à 5 dollars l’un. Mais avant que l’informatique ne lui offre son heure de gloire, le at commercial restait tout de même d’un usage relativement confidentiel ; on trouve bien quelques polices de caractères et machines à écrire (dès les années 1880 aux États-Unis) qui l’avaient prévu mais, pour l’essentiel, il semble que le @ ait surtout été longtemps manuscrit.

     

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    Pendant très longtemps à vrai dire. Parce que notre at commercial, voyez-vous, ne date ni d’hier, ni du XIXe siècle : on en trouve la trace jusqu’au XVIe siècle ! Où ça ? Eh bien toujours chez les marchands mais les italiens cette fois-ci. James Mosley, dans son excellent papier consacré au sujet, en propose quelques exemples ; je publie ici sa reproduction d’un document daté de 1569 où l’on peut lire " … la valuta di libre centouinticinque di seta calabrese presa da noi @ Ragion di [scudi] tre la libra per pagar a tempo dj xviij mesi proximi @ venire " ; c’est-à-dire " la valeur de cent vingt-cinq livres de soie calabraise, obtenue de nous @ raison de trois scudi par livre, à payer dans les dix-huit mois prochains @ venir. "

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    Reproduction d’un document italien de 1569 (Cresci, Il perfetto scrittore, H.T. James Mosley).

    Le @, signifiant " à " (ou at en anglais) existait donc déjà au XVIe siècle, c’est une certitude, et il semble bien qu’il ait été utilisé avec à peu près la même signification un peu partout en Europe. De là, on est en droit de se demander comment ce symbole s’est diffusé de Venise à Londres. Bien sûr, le fait qu’il soit utilisé par des marchands peut porter une part d’explication mais il existe aussi une autre possibilité : le latin.

    Eh oui, le latin, véhiculé par les moines copistes reste, encore à cette époque, la langue qui unit toute l’Europe et il se trouve qu’en latin, notre @ se serait dit ad. Jetez un coup d’œil sur la graphie onciale et vous admettrez que la ligature du a et du d a quelques solides chances de donner un @ – surtout quand on se souvient que celle du e et du t nous a donné l’esperluette (&). Ce n’est, bien sûr, que pure conjecture mais il n’en reste pas moins que les moines utilisaient bel et bien le @ dès le XIIe siècle :

     

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    Traduction des Chroniques de Constantin Manassès (Codex Vaticano Slavo 2, c. 1345).

     Quand au mot arobase, il nous vient du castillan arroba, unité de poids et de capacité en vigueur dans la péninsule ibérique depuis au moins 1088 ; l’arroba (pluriel : arrobas), dont le nom est lui-même tiré de l’arabe الربع (" le quart "), valait un quart de quintal de 100 livres – soit 10,4 kilos en Catalogne, 11,5 en Castille et 12,5 en Aragon – ou, en certaines occasions, de 12,5 à 16 litres en fonction du liquide. D’ailleurs, le Dictionnaire de l’Académie Françoise dans sa version de 1798 :

    " ARROBE. s. mas. Mesure de poids, usitée dans les possessions d’Espagne et de Portugal, et qui varie suivant les différens lieux. Vingt arrobes de sucre. "

    Mais alors, me direz-vous, par quel miracle en sommes-nous venus à nommer arobase (ou arrobe si ça vous amuse) ce signe @ qui, de toute évidence, signifiait ordinairement ad, a, à ou at ?

    Eh bien c’est fort simple : il se trouve que l’arroba castillane était, elle-aussi, symbolisée par un @ tout comme le symbole du réal était un r également enveloppé. Lorsque, à partir de 1971, les Espagnols ont redécouvert le symbole @, il lui ont tout naturellement redonné son ancien nom, arroba, et nous-autres Français, avons fait de même avec notre arrobase.

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    Document espagnol écrit en 1775 (H.T. Peter Gabor).

    C’est de là d’ailleurs que vient toute la confusion qu’a jeté la fameuse lettre de Francesco Lapi ; laquelle, écrite le 4 mai 1536, est réputée contenir la plus ancienne trace non monacale de notre @. Le castillan, en effet, utilise deux fois le symbole : une première fois en tant que ad dans la date (" @ 4 di maggio 1536″) et une seconde fois comme symbole de l’anfora (je vous laisse deviner l’étymologie), une unité de mesure italienne plus ou moins équivalente à l’arroba. D’où la confusion.

    Bref, ni arobase, ni arrobe ne sont appropriés : le véritable nom du @ en français, c’est le signe à.

    MERCI à la personne qui a écrit cet article; du temps où je travaillais en imprimerie (à Toulouse) j'avais demandé à un typographe très âgé ce qu'était cet arobase... Il me l'avait expliqué en disant que c'était un très vieux signe français... mais, que c'était pas facile en typographie pour le représenter.

    Lorsque je donne mon adresse courriel, j'utilise le mot at et la majorité des gens me disent: c'est quoi ça? mais, c'est ainsi qu'il faut dire lorsque l'on a "quelques lettres".

    N'oubliez pas, de toutes façon, que pour les ouvriers typographes de l'imprimerie d'autrefois, ils se devaient d'avoir un bon caractère pour faire bonne impression! :-)

     

  • Réseaux mobiles

    La Corée s'attèle à la 5G et investit plus d'un milliard d'euros

    La Corée du Sud, qui est déjà un des pays les plus "connectés", a annoncé mercredi un projet de 1,1 milliard d'euros pour la mise en place d'un réseau de cinquième génération (5G) permettant le téléchargement d'un film en une seconde.

    La Corée du Sud, qui est déjà un des pays les plus "connectés", a annoncé mercredi un projet de 1,1 milliard d'euros pour la mise en place d'un réseau de cinquième génération (5G) permettant le téléchargement d'un film en une seconde.

    Le ministère de la Science s'est fixé une échéance à six ans pour ce projet évalué à 1.600 milliards de wons (1,1 milliard d'euros).

    "Nous avons aidé à la croissance du pays avec la 2G dans les années 90, avec la 3G dans les années 2000 et la 4G aux alentours de 2010.

    Il est temps à présent de se mettre en mouvement pour développer la 5G", a indiqué le ministère dans un communiqué.

    "Des pays en Europe, la Chine et les Etats-Unis ont redoublé d'efforts pour développer la technologie de la 5G (...) et nous pensons qu'il y aura une énorme concurrence sur ce secteur dans quelques années", a-t-il ajouté.

    Les connexions internet de cinquième génération sont un millier de fois plus rapides que les services de 4G et permettront par exemple de télécharger un film en haute définition en une seconde.

    Avec la 5G, les passagers de trains à très grande vitesse (500 km/h) pourront aussi accéder à internet, une niche à creuser pour les groupes sud-coréens.

    Selon le projet du gouvernement, un service test sera mis en place en 2017, avant d'être commercialisé en décembre 2020. Le ministère estime que l'installation du réseau génèrera 331 milliards de wons de chiffre d'affaires pour le secteur des équipements télécoms.

    Le ministère souhaite la participation des opérateurs --tels que SK Telecom et Korea Telecom-- et des fabricants d'appareils de téléphonie mobile --Samsung ou encore LG.

    Il veut aussi renforcer le secteur des équipementiers en infrastructures télécoms, plus faible dans ce pays que celui des fabricants de mobiles.

    Les fabricants sud-coréens occupent 30% de part de marché mondiale pour les appareils mobiles (téléphones portables, smartphones, tablettes...), grâce notamment à Samsung, numéro un mondial sur ce secteur.

    Les équipementiers sud-coréens n'ont en revanche qu'une part de marché mondiale de 4,4%, avec des exportations très limitées. Les chinois, dont Huawei, sont passés de 12% en 2007 à 26% en 2012. Séoul vise 20% d'ici 2020.

    Huawei avait annoncé en novembre prévoir un lancement commercial de la 5G pour 2020, avec un investissement de départ de 600 millions de dollars US (442,5 millions d'euros).

    En Europe, le projet Metis regroupe vingt-neuf acteurs du monde des télécoms --surtout des européens, mais avec aussi Huawei et le japonais Docomo-- travaillant au développement de la 5G.

    Il est doté de 27 millions d'euros de budget, dont une partie provient de la Commission européenne qui a consacré un total de 50 millions d'euros en 2013 à la 5G via des subventions.

    Les Européens ont aussi comme échéance 2020 pour la commercialisation.

    En mai 2013, Samsung avait indiqué avoir testé avec succès la 5G, qui permet la transmission de données de plus d'une gigabit par second sur une distance de 2 km (contre un débit de 150 mégabits/seconde au mieux actuellement). Mais lui aussi avait prévenu que la commercialisation n'interviendrait pas avant la fin de la décennie.

     

  • Une dynamo au centre de la Terre

    Le champ magnétique de notre planète se manifeste de nombreuses façons et joue un rôle parfois primordial.

    Par Sylvain Chevillard.

    Même si nous n’y prêtons guère attention au quotidien, le champ magnétique de notre planète se manifeste de nombreuses façons et joue un rôle parfois primordial. D’abord, il empêche le vent solaire de chasser notre atmosphère et protège ainsi la vie sur Terre. Il est la source des spectaculaires aurores boréales, visibles dans les pays proches du cercle polaire. Ensuite, certains animaux migrateurs sensibles au champ magnétique l’utilisent pour se repérer, sur le même principe qu’il fait fonctionner les boussoles, longtemps indispensables à la navigation.

     

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    Vue schématique du champ magnétique de la Terre.

    Mais en dépit de son importance, ce phénomène géophysique pose encore de nombreuses questions. Le champ magnétique provient de ce qu’on appelle la géo-dynamo, à savoir les mouvements turbulents du fer liquide dans le noyau terrestre. Mais on ne sait pas quand et comment ce phénomène a débuté, ni quand et comment il s’arrêtera. Le champ magnétique terrestre s’inverse régulièrement et on ne dispose pas encore d’explications pour ces variations fréquentes dans l’histoire de notre planète. A fortiori, concernant d’autres corps célestes, on en est souvent réduit à faire des hypothèses. Il semblerait que Mars ait possédé une dynamo, mais elle se serait arrêtée et la planète aurait alors perdu son atmosphère. Des observations récentes indiquent que la Lune aurait également possédé une dynamo au début de son existence, mais le mécanisme qui l’alimentait était sans doute différent de celui de la Terre, et reste encore mal compris.

    Comment savoir de quoi le passé était fait ? Les roches contiennent des particules ferromagnétiques, qui sont des sortes d’aimants microscopiques. Lorsqu’elle est très chaude la roche devient liquide : pensons par exemple à la lave qui sort d’un volcan. Les particules ferromagnétiques sont alors mobiles et s’orientent dans le sens du champ magnétique ambiant, comme une boussole. En refroidissant, la roche durcit et les particules restent figées dans cette orientation, formant ce qu’on appelle le magnétisme rémanent de la roche. L’observation de ces particules renseigne donc sur l’orientation, mais également sur l’intensité, du champ de l’époque. La mesure des alternances d’orientation du magnétisme rémanent constitue par exemple une des nombreuses méthodes de datation qu’utilisent les géologues. Or, ces micro-aimants émettent eux-mêmes un champ magnétique très faible. Des géophysiciens du MIT aux États-Unis disposent d’un instrument très sensible, appelé microscope SQUID, qui permet d’obtenir une « image » du champ magnétique engendré par un mince échantillon de roche. Chaque point de l’image correspond à la valeur (de la composante verticale) du champ magnétique mesuré en ce point, à une hauteur fixée au-dessus de l’échantillon de roche.

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    Image du champ magnétique mesuré par le microscope SQUID sur l’échantillon de pierre basaltique hawaïen.

    Ici commence le travail du mathématicien : comment remonter de l’image du champ à l’image des particules ferromagnétiques de la roche ? Les équations qui donnent le champ à partir du magnétisme rémanent sont bien connues, mais faire le chemin inverse est compliqué. Il existe en effet des configurations dites silencieuses : les effets des différentes particules s’annulent et finalement, l’échantillon n’émet aucun champ magnétique. Cela entraîne bien des problèmes. Problèmes théoriques d’abord, car cela implique qu’il existe une infinité de magnétismes différents qui produisent exactement le même champ. Comment définir la vraie solution du problème ? Il faut avoir recours à des hypothèses supplémentaires, par exemple supposer que toutes les particules sont orientées parallèlement les unes aux autres. Cette hypothèse est raisonnable pour les roches volcaniques qui n’ont plus jamais été chauffées ni altérées par la suite. Dans ce cas, on s’attend à ce que tous les micro-aimants soient approximativement orientés dans la même direction : celle du champ magnétique de l’époque. Les problèmes sont aussi de nature pratique : comment calculer concrètement la solution ? Les difficultés mathématiques sont rejointes par des considérations numériques : les algorithmes mis au point sont facilement influencés par le bruit des mesures et les erreurs d’arrondi des calculs. Concevoir des méthodes robustes pour résoudre ce problème fait l’objet de recherches actuelles, entre l’équipe APICS de l’INRIA à Sophia-Antipolis, des mathématiciens de Vanderbilt University aux États-Unis et les géophysiciens du MIT, au sein d’un projet appelé IMPINGE.

    Pour en savoir plus :

    ◾Pour La Science n°424 – Février 2013 – Le magnétisme de la Lune, pages 34 à 41.

    ◾Page Wikipedia sur le champ magnétique terrestre

    ◾Le site du projet IMPINGE [en anglais].

     

     

  • Prendre son pied (de mouche)

    D’où vient le pied-de-mouche ?

    L’origine du symbole ¶, que l’on nomme « pied de mouche », est bien plus ancienne qu’on ne le croit. Par Guillaume Nicoulaud.

    Vous avez sans doute remarqué qu’à la fin de chaque paragraphe, votre logiciel de traitement de texte affiche – pour peu que vous n’ayez pas désactivé l’option idoine – le symbole : ¶

    On l’appelle pied-de-mouche et, comme nous allons le voir ci-après, son origine est bien plus ancienne qu’on ne le croit. Voici ce à quoi ressemblait la transcription d’un discours prononcé par l’empereur Claude devant le Sénat romain en 48 (i.e. Table claudienne) :

    TOT.ECCE.INSIGNES.IVVENES.QVOT.INTVEOR.NON.MAGIS.SVNT.PAENITENDI.

    SENATORES.QVAM.PAENITET.PERSICVM.NOBILISSIMVM.VIRVM.AMICVM.MEVM.INTER.IMAGINES.

    MAIORVM.SVORVM.ALLOBROGICI.NOMEN.LEGERE.QVOD.SI.HAEC.ITA.ESSE.CONSENTITIS.QVID.

    VLTRA.DESIDERATIS.QVAM.VT.VOBIS.DIGITO.DEMONSTREM.SOLVM.IPSVM.VLTRA.FINES.

    PROVINCIAE.NARBONENSIS.IAM.VOBIS.SENATORES.MITTERE.QVANDO.EX.LVGVDVNO.HABERE.

    NOS.NOSTRI.ORDINIS.VIROS.NON.PAENITET.TIMIDE.QVIDEM.P.C.EGRESSVS.ADSVETOS.

    FAMILIARESQVE.VOBIS.PROVINCIARVM.TERMINOS.SVM.SED.DESTRICTE.IAM.COMATAE.

    GALLIAE.CAVSA.AGENDA.EST.IN.QVA.SI.QVIS.HOC.INTVETVR.QVOD.BELLO.PER.DECEM.

    ANNOS.EXERCVERVNT.DIVOM.IVLIVM.IDEM.OPPONAT.CENTVM.ANNORVM.IMMOBILEM.

    FIDEM.OBSEQVIVMQVE.MVLTIS.TREPIDIS.REBVS.NOSTRIS.PLVS.QVAM.EXPERTVM.

    Bref, il était grand temps d’inventer la ponctuation, d’insérer des espaces entre les mots, de clore les phrases par des points, de les rythmer à coup de virgules et de trouver un moyen de signaler au lecteur qu’à partir d’un point donné du texte, on change d’idée.

    Découper un texte par idée, justement, c’est la fonction de ce que nous appelons aujourd’hui un paragraphe, du grec paragraphos (παράγραφος), un signe en marge du texte dont l’utilisation est attestée dès le IVe siècle avant J.-C. et qui servait principalement à signaler un changement de sujet.

    De nos jours, nous matérialisons le passage d’un paragraphe à un autre par un saut de ligne. Seulement, pour nos ancêtres qui vivaient à une époque où le papier ou ce qui en tenait lieu (papyrus, parchemin &c.) coûtait fort cher, cette méthode n’était pas sans inconvénients ; raison pour laquelle les scribes, copistes et autres imprimeurs couchaient généralement leurs textes en pavés aussi serrés qu’ils étaient indigestes. Typiquement, la deuxième page du Pantagruel de François Rabelais (édition Claude Nourry, c.1530), ressemblait à ceci :

    pantagruel

    C’est à Rome que va commencer l’histoire de notre pied-de-mouche ; lorsque certains auteurs – Cicéron par exemple – vont prendre l’habitude d’inscrire un K pour signaler au lecteur qu’ils changent d’idée ; K pour kaput, la tête, et son diminutif capitulum, la « petite tête » ou, plus communément, le chapitre qui sera identifié par un C. Petit à petit, la préférence des latinistes pour le C romain par rapport au K étrusque va faire son œuvre et, vers le XIIe siècle, le premier l’emportera définitivement sur le second.

    Ce sont les moines copistes qui vont terminer le travail en rajoutant une ou deux barres verticales à ce C afin de le distinguer du reste du texte et qui vont en colorier l’intérieur pour qu’on le repère plus facilement. Le résultat, vous le trouverez notamment dans la Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin (1477) :

     

    summa

    Ou, pour ne pas être injuste avec le typographe de l’œuvre pantagruélique de Rabelais :

    rabelais

    À partir du XVIe siècle, avec la généralisation de l’imprimerie, le pied-de-mouche va progressivement tomber en désuétude et être remplacé par retours à la ligne et autres alinéa. En 1825, Henri Fourier note dans son Traité de typographie que « le pied-de-mouche se plaçait en tête d’une remarque qu’on voulait détacher du corps de l’ouvrage » et qu’on « s’en servait plus particulièrement pour les livres de droit. » Il est probable qu’au cours de ces deux siècles qui sont aussi ceux où les langues vulgaires ont supplanté le latin, le C de capitulum ait subit sa dernière transformation en devenant une sorte de P (pour paragraphe) que l’on plaçait plutôt en fin de texte, comme pour justifier qu’il soit inversé.

    Eric Gill, un sculpteur britannique par ailleurs créateur de plusieurs polices de caractère (Perpetua par exemple), a bien tenté de remettre le pied-de-mouche au goût du jour dans An Essay on Typography (1931) mais sans succès et ce sont finalement les concepteurs de nos logiciels de traitement de texte moderne qui lui ont donné une nouvelle vie en faisant de lui ce fantôme, ce caractère invisible qui marque la fin de nos paragraphes mais n’est plus imprimé.

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    Eric Gill, An Essay on Typography (1931)

    Sur le web.

    Notes :

    En anglais, le pied-de-mouche se nomme pilcrow ; selon Keith Houston, ce serait-là une déformation du moyen anglais pylcrafte qui serait lui-même une déformation de notre paragraphe.

    Si vous lisez l’anglais, Shady Character a publié une série de trois articles très fouillés sur le sujet (le premier, le le second et le troisième).

  • Course à l'innovation technologique chez les constructeurs automobiles

     

    Des voitures qui se garent toutes seules, des capteurs d'aide au pilotage, des systèmes d'information et divertissement connectés... les constructeurs font la course à l'innovation technologique pour séduire des clients. Le rythme auquel les nouvelles fonctionnalités s'accélère, car les constructeurs veulent attirer l'attention des acheteurs dans un marché toujours plus dense.

     

    Les nouvelles technologies dans les voitures sont les fonctions “voix-vers-texte“ qui lisent les emails ou textos du conducteur au fur et à mesure qu'ils arrivent et lui permettent de dicter une réponse sans quitter la route des yeux; De plus en plus, les tableaux de bord et panneaux d'affichage se transforment en smartphone géant.

     

    D'autre part, les systèmes de navigation ont été améliorés pour intégrer des critiques touristiques et guider les conducteurs dans leur recherche de petits commerces le long de leur  route. Des écrans tactiles rappelant les tablettes électroniques ont été ajoutés aux tableaux de bord et équipés d'applications comme la radio en flux Pandora.

     

    Tout un tas de gadgets permettent également de résoudre nombre de petits casse-tête quotidiens dans le véhicule, par exemple, touchez un bouton sur votre téléphone et votre voiture (dont vous avez oublié l'emplacement sur le parking) apparaît sur un plan.

     

    Pourtant, vous ne la trouvez toujours pas dans le parking? Appuyez à nouveau et elle va se mettre à klaxonner. Madame a les bras chargés? Un autre bouton ouvre automatiquement la porte... Et si vos ados sortent le soir, une autre application envoie un texto s'ils conduisent trop vite ou s'ils s'aventurent dans un quartier un peu trop chaud.

     

    Bien évidement, le défi posé aux constructeurs est de faire en sorte que toute cette technologie ne devienne pas une distraction dangereuse. Les constructeurs ont également investi dans des systèmes de sécurité qui peuvent compenser les erreurs de conducteurs assoupis. Ces systèmes nouveaux ont d'abord été offerts dans les voitures de luxe, mais,les systèmes anti-collision arrivent de plus en plus dans des véhicules grand public.

     

    De plus en plus, -des caméras vidéo montées sur le pare-brise- détectent le marquage au sol pour voir si le conducteur s'écarte de sa file; dans ce cas, un système électronique active les roues pour que la voiture se remette dans la bonne direction.

     

    Des radars montés sous la calandre évaluent par temps brumeux la distance jusqu'au prochain véhicule; ils vous ralentissent voire, arrêtent, la voiture si vous n'avez pas vu les lumières de freins du véhicule précédent s'allumer.

     

    Merveille pour les conducteurs toujours pressés: un capteur va  détecter les clignotants ignorés dans l'angle mort et sonner une alarme si la voiture amorce un dépassement alors qu'un autre véhicule approche par derrière. Quant aux caméras installées à l'arrière pour aider les manœuvres, déjà bien connnues, elles deviennent la norme dans des modèles d"'entrée de gamme.

     

    Vous ne pourrez plus jamais rater vos créneaux: beaucoup de véhicules de luxe sont désormais équipés de fonctions qui contrôlent les roues pour aider à manoeuvrer serré.

     

    BMW va encore plus loin:non seulement cette fonction aide à rechercher les places pour se garer mais elle va aussi –quasiment- faire la manoeuvre automatiquement pour vous!

     

    Vous pouvez, en outre, trouver des fonctionnalités plus simples comme un aspirateur à bord du minivan Honda Odissey ou encore des capteurs qui ouvrent le coffre tout seul chez Mercedes, Ford ou Cadillac.