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futurologie - Page 55

  • Une main bionique restitue le sens du toucher

     

    Amputé, un patient retrouve la sensation du toucher grâce à une main bionique, le temps d’un essai clinique. Cela ouvre la voie vers la fabrication d'une prothèse qui redonne les fonctions et les sensations d’un membre perdu. Il faudra cependant attendre quelques années avant qu’elle n'arrive sur le marché.

    Dennis Aabo Sørensen testant la nouvelle main robotisée. Il raconte que grâce à elle, il peut ressentir la forme et la texture de différents objets.

    © École polytechnique fédérale de Lausanne

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    Dennis Aabo Sørensen testant la nouvelle main robotisée. Il raconte que grâce à elle, il peut ressentir la forme et la texture de différents objets.

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    Alors qu’il réalisait un feu d’artifice dans son jardin, Dennis Aabo Sørensen, un Danois de 36 ans, se blessa très gravement la main gauche. Les conséquences furent fatales : les médecins décidèrent immédiatement de l’amputer. Depuis cet accident, il porte une prothèse capable de détecter les mouvements au niveau de son poignet ce qui lui permet d’attraper des objets. Il doit cependant observer constamment cette nouvelle main pour la contrôler car elle n’est pas reliée à son système nerveux et ne restitue donc pas la sensation du toucher.

     

    La main artificielle permet non seulement d’attraper des objets mais également de les sentir. Pour le moment le dispositif nécessite un appareillage volumineux mais les chercheurs travaillent sur la fabrication d’un système miniaturisé.

    La main artificielle permet non seulement d’attraper des objets mais également de les sentir. Pour le moment le dispositif nécessite un appareillage volumineux mais les chercheurs travaillent sur la fabrication d’un système miniaturisé. © École polytechnique fédérale de Lausanne

     

    Mais les choses pourraient bientôt changer. Dennis Aabo Sørensen sert maintenant de cobaye à une équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse. Neuf ans après son amputation, l’heureux participant a pu à nouveau sentir les choses qu’il touchait grâce à une main bionique chirurgicalement attachée à son bras. Ses avancées, publiées dans la revue Science Translational Medicine, devraient redonner de l’espoir à toutes les personnes qui ont perdu un membre. " C’était incroyable, je suis plus qu’heureux de m’être porté volontaire pour cet essai clinique, raconte-t-il. Non seulement pour moi mais aussi pour tous les autres amputés à qui cette technologie pourrait bénéficier un jour. " En réalité, ce n’est pas la première fois qu’un tel exploit est possible. Récemment, des scientifiques américains ont fabriqué un bras capable de redonner la sensation du toucher. Cependant, le domaine de la robotique médicale n’en est qu’à ses débuts et les recherches se poursuivent pour obtenir une prothèse plus proche d’un vrai membre.

     

    Des électrodes branchées sur les nerfs périphériques

    Lorsque le patient manipule un objet, des capteurs à l’intérieur de la prothèse mesurent la tension de tendons artificiels et la convertissent en impulsions électriques. Cependant, ce signal ne peut pas être interprété en tant que tel par le cerveau. Pour contourner ce problème, les auteurs ont programmé des algorithmes informatiques complexes, capables de transformer le signal en impulsions électriques utilisables par le système nerveux. Ces nouveaux signaux provenant de l’ordinateur sont transmis à la main artificielle par le biais de quatre électrodes ultrafines greffées sur les nerfs périphériques de l’avant-bras.

     

    C’est en janvier 2013 que l'intervention chirurgicale a eu lieu à l'hôpital Gemelli de Rome (Italie). Près de trois semaines de tests ont précédé le branchement final de la prothèse aux électrodes. Ces efforts ont porté leurs fruits. " Grâce à cette nouvelle main, je pouvais attraper des objets, et surtout savoir s’ils étaient mous ou durs, ronds ou carrés ! ", raconte Dennis Aabo Sørensen avec enthousiasme. Cela a cependant été de courte durée puisqu’après un mois, les chercheurs ont dû retirer les électrodes, conformément à la législation européenne régissant les essais cliniques. Mais selon eux, elles devraient pouvoir rester implantées et fonctionner plusieurs années sans endommager les nerfs périphériques.

     

    Cette étude est un pas de plus vers la fabrication d’une main robotisée ressemblant à une vraie. " Il faudra cependant encore attendre quelques années avant qu’elle ne soit commercialisée ", explique Stanisa Raspopovic, une des participantes. La prochaine étape sera de miniaturiser le système qui convertit les informations électriques en impulsions utilisables par le cerveau. Car pour qu’elle fonctionne cette main bionique doit pour le moment être connectée à un ordinateur. Alors seulement, on pourra parler d'une main artificielle.

     

  • La voiture volante d'un Toulousain est sur le point de décoller

     

    Un ingénieur toulousain prévoit de commercialiser une voiture volante avant la fin de la décennie. Motivé comme jamais, Michel Aguilar espère révolutionner la circulation de demain.

    La frontière entre l’imaginaire et la réalité est parfois infime. Depuis 2007, un ingénieur toulousain s’est lancé dans le pari fou de créer la première voiture volante. Grâce aux compétences acquises dans sa carrière, il peut concrétiser son rêve d’enfant.

     "Lorsque j’étais gamin j’étais abonné à Spirou et Fantasio. Très vite j’ai été captivé par la voiture du professeur Zorglub, la Zorglub Mobile, prototype de voiture volante", confie, un brin nostalgique cet ancien ingénieur du centre DGA Techniques Aéronautiques désormais à la tête de Xplorair. À la lecture de ces lignes, "la génération 80" fera certainement le parallèle avec les modèles aperçus dans la trilogie "Retour vers le futur", chef-d’œuvre cinématographique des années quatre-vingts. S’il avoue s’en être inspiré, il ne faut pas se tromper. L’aéronef du futur ressemble plus à un avion biplace qu’à ces voitures volantes qui carburaient aux déchets en tout genre. "L’aéronef s’apparente plus à un avion. Mais j’avoue que certains films m’ont inspiré.

    Un projet validé par le CNRS

    Du coup, on essaie de le faire marcher avec du méthane ou du carburant bio. Il est évident qu’il faut prendre en compte les éléments environnementaux", estime de nouveau celui qui vient tout juste de souffler ses soixante-quatre bougies.

     "À la fin de l’année 2013, le thermo-réacteur a été validé par un grand laboratoire du CNRS et un grand motoriste français", précise Michel Aguilar. Si le projet paraît incroyable, il n’en demeure pas moins réaliste. En effet cet ancien pensionnaire de la DGA a tout prévu : "Je peux déjà vous dire que ce biplace ne volera pas au-delà de 3 000 mètres d’altitude. Au sujet de l’environnement, même si je ne m’en occupe pas, je pense qu’il est possible d’imaginer une station de ravitaillement volante. Cette dernière pourrait tenir en impesanteur avec des ballons", imagine une nouvelle fois ce visionnaire. Pour lui, le fonctionnement de ce véhicule volant est simple. "Il décolle à la verticale et peut aller jusqu’à deux cents kilomètres/heure", s’enthousiasme-t-il, avant de conclure : "Concernant les pannes de carburant, elles sont interdites puisque l’on est prévenu bien avant. En plus, l’Aéronef peut se poser n’importe où. Si on arrive à le commercialiser, ce sera une grande avancée" !

    Le chiffre : 2017 - Xplorair ne se laisse que trois petites années avant de faire une démonstration au salon du Bourget. Le prix de ce drone pour particulier devrait s’échelonner entre 50 000 et 100 000 €

    La Chine en Pole

    En dehors de la machine elle-même, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Notamment celui de l’aménagement des routes, secteur qui engendrera beaucoup de travaux. "Pour le moment les Européens ne sont pas trop partants. En effet, ici les infrastructures sont trop avancées et ont demandé trop d’investissements pour les abandonner", confie le directeur de Xplorair. Pour cette raison, il compte se tourner vers des pays plus aptes à faire évoluer leurs voies de communication. "La Chine est intéressée. Ils ont compris l’intérêt de réduire les coûts d’infrastructures. Ils sont plus malins. Je dois avouer que ce sont eux qui me suivent le plus", conclut-il

     

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  • Impensable! Le robot qui imprime des maisons

    Le robot qui imprime des maisons

    Publié  le 2 février 2014 dans Sciences et technologies

    Il est désormais possible grâce à l’impression 3D " d’imprimer " une maison en 24 heures.

    Par Nina Misuraca Ignaczak.

    Alors qu’en ce début de XXIème siècle, la technologie continue de progresser à une vitesse folle, environ un milliard de personnes continue de vivre dans des bidonvilles, et l’on estime que ce nombre pourrait atteindre les 2 milliards d’ici à 2030.

    Est-ce que la technologie de l’impression en trois dimensions sur béton pourrait fournir des abris pour loger les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète ?

    Les bidonvilles dans le monde sont majoritairement concentrés dans le " sud " : Afrique, Asie, Amérique latine ; des endroits où le processus d’urbanisation ne s’est pas accompagné d’un développement économique, et, qui sont caractérisés par des conditions sanitaires déplorables, des habitations entassées les unes sur les autres et des constructions de mauvaise qualité, le tout exposant les populations qui y vivent aux maladies et aux catastrophes naturelles.

    D’après un article de MSN Innovation, du professeur Behrokh Khoshnevis de l’université de Californie du Sud, les bidonvilles constituent " un problème de construction classique, qui est lent, laborieux et inefficace ".

    Khoshnevis a développé une technologie de " contour crafting " qui utilise une grue robotique géante pour littéralement imprimer le béton. Guidé par un plan créé par ordinateur, le système peut construire une maison de 2500 pieds carrés (soit environ 230 m²) en 24 heures, et le résultat final est bien plus robuste que les constructions traditionnelles.

     

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    D’après Contour Crafting.

     " La plupart des biens d’aujourd’hui – vêtements, voitures, appareils électroniques – sont produits grâce à des processus automatisés " poursuit Khoshnevis. La construction d’habitations sera la prochaine étape.

    Mais cette automatisation du secteur ne va-t-elle pas détruire des emplois dans ce domaine ? Environ 5.8 millions d’Américains et 110 millions de personnes dans le monde travaillent dans la construction. Dans l’article, Khoshnevis indique que cette nouvelle technologie peut potentiellement créer de nouveaux emplois, plus sûrs pour les ouvriers, ce qui permettrait d’éviter la mort de plus de 10 000 personnes chaque année sur les chantiers.

    Comme toutes les nouvelles technologies innovantes, la construction de maisons par impression en trois dimensions devrait perturber ce secteur économique. Mais, après tout, des Américains étaient fermiers au début du siècle dernier et aujourd’hui, il y en reste encore fait remarquer Khoshnevis.

    Il y a quelques inconvénients. Les chantiers doivent être méticuleusement dégagés et nivelés pour que les imprimantes 3D puissent fonctionner. Dans plusieurs bidonvilles dans le monde, telles que les favelas au Brésil, les terrains plats sont une denrée rare. Aplanir ces zones ne se fera pas automatiquement ce qui nécessitera encore l’intervention d’ouvriers pour effectuer le travail.

    Pour l’instant, aucune habitation n’a encore été construite et le système continue à être testé. Avec le développement et la distribution de cette technologie, de plus en plus d’objets sont imprimés, et on peut penser que ce n’est qu’une question de temps et d’argent pour que cela n’arrive dans le secteur du bâtiment.

     

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    Ce " contour crafting " (test de mur) présente une résistance de 10000 PSI contre 3000 simplement pour un mur traditionnel.

    Sur le web (article paru initialement sous licence CC-BY) - Traduction Xela42/Bribes N Trib/Philippe F

  • Japon: un maillot de corps qui prend le pouls ou mesure le sommeil

    un article que je met mais qui me fait crisser les dents? Pourquoi?

    allez visiter ma boutique et vous comprendrez vite pourquoi...

     

     

    Le pionnier nippon des services mobiles NTT Docomo a annoncé jeudi le lancement prochain de nouvelles prestations de suivi médical grâce à un maillot de corps "intelligent" qui mesure les signaux cardiaques ou le sommeil, un produit conçu avec son compatriote spécialiste des textiles Toray.

    Ce T-shirt, appelé "Hitoe", recueille les signaux émis par le corps et adresse ces données à un smartphone équipé d'une application spéciale, via la technologie sans fil de proximité Bluetooth.   

    Ce sous-vêtement a pour particularité de pouvoir être lavé comme un autre, grâce à l'emploi pour la partie de recueil et transmission de signaux de nanofibres (un matériau léger et flexible) et d'une sorte de vernis pour protéger les fils, le tout ne se détériorant pas au contact de l'eau. Il suffit que deux morceaux (de la taille d'une carte bancaire) du matériau de Toray soient intégrés dans le vêtement pour qu'ils agissent comme une anode et une électrode afin de capter les signaux corporels. La batterie nécessaire pour alimenter les composants de transmission vers le mobile, elle, est amovible.

    Si le premier produit est un maillot, d'autres suivront, comme un pyjama (pour contrôler le sommeil) ou une sorte de bonnet.

    NTT Docomo propose déjà des services de suivi médical s'appuyant sur les mobiles et des objets communicants autres (comme un bracelet-capteur, un thermomètre, un tensiomètre, un podomètre ou un pèse-personne), mais il prévoit d'ajouter d'autres options avec ce maillot de corps. Une offre devrait être proposée dans le courant de l'année.

    Le prix de ce sous-vêtement n'a pas été indiqué.

  • Drones: pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes?

     

    Le religieux n’est jamais loin lorsqu’il est question de ces robots volants

    Par Stéphane Stapinsky - Historien et essayiste. Il prépare un fascicule sur les drones pour une série que va lancer l’Encyclopédie de l’Agora l’an prochain.

     

    Dans notre dossier Télé-réalité, il y a quelques années, nous constations une hypertrophie actuelle du regard : « Trois mots de même famille résument les effets de l’actuelle du regard : prospection, inspection, introspection. Prospection : voici l’ingénieur qui scrute les entrailles de la Terre, de la Lune et de Mars, avec l’espoir d’y trouver matière à exploiter. Il fonde ainsi ce que René Dubos appelait la civilisation de l’extraction. Inspection : Voici l’État et ses serviteurs qui nous font entrer dans l’ère du contrôle et voici, au terme de ce processus, Big Brother, à qui la télé-réalité permet, avec la complicité des victimes, de pousser son inspection jusqu’à la sphère la plus intime de la vie privée. Introspection : Voici l’inspecté qui, suivant les maîtres de la psychologie des profondeurs, prospecte et inspecte ses abîmes intérieurs. »

    À cet œil, que l’on pourra bientôt qualifier de préhistorique, il manquait une lentille volante qui allait lui permettre de devenir omniprésent et donc omniscient. Cette lentille c’est le drone, si l’on veut bien entendre par ce mot tout véhicule volant sans pilote.

    Dans La République, Platon raconte l’histoire d’un tyran, Gygès, qui tire son pouvoir d’un anneau magique : selon le sens où on le tourne, il rend visible ou invisible celui qui le porte. Ainsi armé, on peut tuer et régner par la terreur impunément. Ce mythe sur l’art de régner en voyant sans être vu a failli devenir une réalité à la fin du XVIIIe siècle quand Jeremy Bentham a lancé son idée de Panopticon, la machine ou plutôt l’édifice à tout voir, idéal pour les prisons où un seul surveillant placé au milieu de la place pourrait observer ce qui se passe dans chaque cellule sans être vu lui-même. Dans Surveiller et punir, Foucault a développé l’idée de Bentham en l’appliquant à la société tout entière : « [L]’effet majeur du panoptique[est d’]induire chez le détenu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir. Faire que la surveillance soit permanente dans ses effets, même si elle est discontinue dans son action ; que la perfection du pouvoir tende à rendre inutile l’actualité de son exercice. » On peut assurément soutenir, comme l’a dit un jour le député-maire français Noël Mamère, que le drone, « c’est l’application modernisée du panoptique à la ville entière, c’est un système de surveillance disciplinaire généralisé ».

    Le religieux

    Le religieux n’est par ailleurs jamais loin lorsqu’il est question des drones. Adam Rothstein, fondateur de Murmuration (« A Festival of Drone Culture », organisé en juin sur Internet) les compare à des anges « en orbite au-dessus de nos têtes, les nouveaux nomades astrologiques de nos destins mortels ». Selon Claire L. Evans, les drones nous troublent parce qu’ils « sont les agents d’une omniscience toute humaine qui se compare aux pouvoirs des dieux » (« Big Smart Objects : Drone Culture and Elysium, » Grantland, 14 août 2013).

    Certaines peurs ancestrales revivent, car l’utilisation qui en est faite nous rappelle que, oui, « le ciel peut nous tomber sur la tête » et qu’il est possible d’être foudroyé par Zeus. « Les drones créent en moi de nouvelles formes de paranoïa : dans tous mes cauchemars adolescents les plus lucides à propos de l’avenir, jamais je n’ai été amenée à craindre une mort […] qui me viendrait du ciel. Maintenant, j’y songe régulièrement » (C. L. Evans). Les marines américains présents au sol lors d’une attaque de drone désignent d’ailleurs le faisceau laser envoyé par celui-ci sur sa cible avant l’instant fatidique comme « la Lumière de Dieu ».

    Outil de destruction

    Le drone est outil de destruction en même temps qu’outil d’inspection, un regard qui tue. Mille drones avec une minuscule tête nucléaire, lancés en même temps sur Hiroshima auraient pu avoir le même effet dissuasif que la bombe A. Mais personne à ma connaissance n’aurait eu l’idée de faire de la bombe A un objet esthétique, tandis que la chose semble aller de soi dans le cas du drone.

    Un drone militaire comme le Predator — qui a l’air d’un gros oiseau tranquille — est un bel objet, tout en finesse, avec des courbes gracieuses. La conception de ce type d’aéronef procède assurément de la volonté d’imposer sa puissance par le biais de l’esthétique. C’est d’ailleurs une qualité des objets high tech : xontrairement à la technologie moderne, la haute technologie ne peut plus être définie uniquement en termes d’instrumentalité ou de fonction […]. Dans la haute technologie, la technologie devient davantage une question de représentation, d’esthétique, de style » (R. L. Rutsky, High Techne: Art and Technology from the Machine Aesthetic to the Posthuman, 1999).

    Cette instrumentalisation de la beauté, même ceux qui critiquent le drone y succombent. C’est le cas d’artistes et d’intellectuels appartenant à une certaine avant-garde, largement anglo-saxonne, qui le prennent comme objet de leur travail. Plusieurs gravitent autour du festival Murmuration, créé par Rothstein.

    Tout cela baigne dans un fond de technophilie, de festivisme et de transhumanisme qui me laisse perplexe. Dans cette appropriation du drone par un certain milieu culturel, on retrouve les contradictions de notre époque face à ce genre de technologie. D’un côté, on en stigmatise à juste titre certains excès ; de l’autre, ébloui, on se soumet sans rechigner au diktat de la société technicienne.

     

  • La révolution de l’impression 3D et la seconde mort de Descartes

     

    Ce que l’impression 3D, l’open source et Internet combinés rendent possible, c’est la conception et la fabrication en petite série rentables.

    Par Philippe Silberzahn.

    L’impression 3D et la révolution qu’elle représente n’en finissent pas de susciter des réflexions – Même Le Monde en parle, c’est dire. Mais si on a tendance en général à se focaliser sur « la fabrication à la portée de tous » – qui a indéniablement une portée révolutionnaire, il y a un aspect également très important qui a trait au travail et à sa place dans la société. La révolution de l’impression 3D est la seconde mort de Descartes, voici pourquoi.

    Je fais ici référence au dernier ouvrage de mon collègue et ami Pierre-Yves Gomez, Le travail invisible. Selon lui, la création de valeur due au travail se fait au travers de trois dimensions : la dimension subjective (la réalisation de soi dans le travail), la dimension objective (ce qui est produit par le travail) et la dimension collective (aucun travailleur n’existe et ne crée seul). La tendance de ces dernières années a été de nier de plus en plus des dimensions subjectives et collectives, pour ne plus se concentrer que sur la seule dimension objective, que l’on essaie de mesurer de plus en plus scientifiquement, avec des travers qu’évoque longuement Pierre-Yves. On est bien dans une conception cartésienne du travail avec d’un côté des penseurs (le management), et de l’autre ceux qui mettent en œuvre et fabriquent, avec plus rien entre les deux, une conception très cartésienne et séparation entre l’esprit (supérieur) et le corps (inférieur), dans laquelle l’action n’est nullement source de création, simplement d’exécution. J’ai évoqué dans un billet précédent d’où venait, selon moi, cette tendance. Mais comment la modifier ? C’est ici qu’intervient l’impression 3D.

    Pour ceux qui auraient vécu sur Mars ces derniers mois, l’impression 3D (ou plus exactement fabrication additive) est une technique permettant de fabriquer des objets par déposition d’une couche de matière, un peu comme une imprimante à jet d’encre (d’où le nom). Le développement accéléré de cette technologie fait qu’il est possible de fabriquer un nombre croissant d’objets en un nombre croissant de matières, et l’abaissement du coût des imprimantes les met à disposition du plus grand nombre (certaines sont disponibles à partir de 400$). De là naît un mouvement, aux États-Unis d’abord mais qui se développe désormais dans le reste du monde, celui des « Makers », littéralement des fabriqueurs, qui voit des amateurs se consacrer à la conception et à la fabrication d’objets comme hobby. Certains le font tellement sérieusement qu’ils finissent par commercialiser ce qu’ils fabriquent, et l’on voit désormais se recréer des sites industriels dans des domaines depuis longtemps abandonnés aux États-Unis, contribuant ainsi à sa réindustrialisation (ce qui faisait récemment dire à l’un de mes amis qu’Arnaud Montebourg ferait plus pour la réindustrialisation française en subventionnant des imprimantes 3D qu’en nationalisant Florange, mais ceci est sans doute une autre histoire, quoique).

    Naturellement, tout ceci est étroitement connecté avec Internet : des communautés de makers émergent sur le Web et co-créent (en open source) des objets aussi divers que des tasses de café ou des drones. Se développent également des « makers Faire », sortes de foires où les makers se rencontrent, échangent et, bien sûr, fabriquent. En aval, Internet sert également à vendre ces objets dans le monde entier. Ce que l’impression 3D, l’open source et Internet combinés rendent possible, c’est la conception et la fabrication en petite série rentables.

    On le voit, le mouvement des makers remet en avant deux des dimensions du travail : la dimension subjective – le plaisir de faire – et la dimension collective – le plaisir de faire ensemble. C’est bien la seconde mort de Descartes, la pensée et l’action, individuelle et collective, se rejoignent, et l’action est à nouveau source de nouveauté et de création (le lien avec l’entrepreneuriat est ici évident). Que cela reste ensuite au niveau du hobby, ou que cela se traduise ensuite par une activité commerciale, c’est sans doute là le véritable aspect révolutionnaire du mouvement des makers et la technologie d’impression 3D sur laquelle il s’appuie. Pour revenir à l’ouvrage de Pierre-Yves, la grande entreprise, par son obsession de la performance et de la mesure, a étouffé les deux dimensions subjective et collective du travail. Plutôt que de se demander comment elle pourra les rétablir, peut-être suffit-il d’observer que d’autres formes de production et de création de valeur sont déjà en train de le faire sans elles. L’impact prévisible de cette substitution est difficile à anticiper, mais il semble assez évident que si un nouveau monde se construit sans ces grandes entreprises, elles ne tarderont pas à en sentir les effets.

    https://www.contrepoints.org/2014/01/17/153591-la-revolution-de-limpression-3d-et-la-seconde-mort-de-descartes