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Adieux nos ingénieurs et scientifiques

Les performances des élèves d’un pays en mathématiques, et plus généralement dans les sciences "dures", conditionnent l’aptitude de ce pays à former des ingénieurs et des scientifiques de haut niveau. Or depuis 20 ans, l’effondrement du niveau scolaire français dans l’ensemble des disciplines scientifiques est consternant.

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Selon la dernière étude internationale TIMSS (Trends In Mathematics and Science Studies) publiée en 2019, les résultats axés sur les élèves de niveau CM1 et 4ème sont sans appel pour notre pays:

En classe de CM1:

En mathématiques, les écoliers français obtiennent une moyenne de 485 points, nettement inférieure à la référence TIMSS (500 points) ainsi qu’à la moyenne européenne (527). Ce qui les classe en dernière position dans l’Union européenne (27e/27 donc). Au sein de l’OCDE, ils sont avant-derniers (37e/38), ne devançant que le Chili, 441 points.

Lors de la précédente étude TIMSS (2015), les écoliers français de CM1 obtenaient en mathématiques une moyenne de 488. Leurs difficultés se sont donc aggravées dans cette discipline. Autre point inquiétant: peu d’écoliers obtiennent un score élevé: ils sont seulement 3  à obtenir plus de 625 points.

Les écoliers de Singapour, le premier de la classe pour l’OCDE, font figurent de génie par rapport à leurs petits camarades français: leur score moyen est en effet de 625 et plus de 12% d’entre eux dépassent les 700 points… Notons également que les cinq premiers du classement TIMSS 2019 pour l’OCDE sont asiatiques: Singapour donc, suivi de Hong Kong, de la Corée du sud, de Taiwan et du Japon.

En 6e position, un pays eurasiatique: la Russie, avec un score moyen de 567. Tous présentent une caractéristique essentielle pour la réussite de tout système scolaire: ils sont ethniquement homogènes.

En sciences, mêmes constats qu’en mathématiques: avec un score moyen de 488 points, la France occupe la dernière place de l’UE et l’avant dernière place de l’OCDE, devançant toujours le Chili, 469 points. Singapour, la Corée du sud, la Russie, le Japon et Taiwan occupent les cinq premières places (Hong Kong "décroche" à la 15ème place, mais avec le score enviable de 531 points)

En classe de 4e, même son de glas…

En mathématiques, les collégiens de 4e obtiennent en moyenne 483 points, un score très inférieur à la référence TIMSS (500) et à la moyenne européenne (511). La France est à l’avant-dernière place des pays de l’Union européenne, devant la Roumanie. Au sein de l’OCDE, notre pays est avant-dernier, précédant le Chili (la Roumanie n’est pas membre de l’OCDE).

On retrouve évidemment le même groupe de tête que pour les mathématiques.

En sciences, le score moyen de nos collégiens de 4e est de 489 points, toujours très en dessous de la référence TIMSS (500) et de la moyenne européenne (515). La France est en bas du classement des pays de l’UE, devançant seulement Chypre et la Roumanie. Au sein de l’OCDE, elle ne devance que le Chili.

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Des résultats "beaucoup trop faibles ", convient le ministre Blanquer, lequel semble néanmoins apercevoir le début du commencement d’un "rebond" dans un proche avenir: "Ce rebond se voit parfois (sic) dans nos évaluations nationales, parce que, elles, elles sont en direct (sic). Par exemple des évaluations de début de CP ou de début de CE1 ou de début de 6ème montrent des progrès, ou pas (sic), en français et en mathématiques"

 

    .@jmblanquer: "En matière de savoirs fondamentaux, le français et les mathématiques, nous avons une pente à remonter" pic.twitter.com/0Nb4JH3IHS

 

    — BFMTV (@BFMTV) December 8, 2020

 

Le ministre, ici en mission de communication sur BFM, ne croit manifestement pas un mot de ce qu’il raconte…

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Entre 2010 et 2020, le nombre de candidats au Capes de mathématiques a chuté de 30%. Ce qui oblige le ministère de l’Education nationale à recruter des enseignants qui ne sont pas au niveau.

Le jury du Capes de mathématiques pointe ainsi "beaucoup trop de copies comportant des erreurs de logique grossières". Ce qui n’a pas empêché leurs auteurs, parfois repêchés à des moyennes de 6 ou 7 sur 20, de devenir "professeurs". Comment dès lors s’étonner des contre-performances de nos collégiens?

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Les étudiants français sont de moins en moins nombreux à se tourner vers des études supérieures en sciences. Et parmi ceux-ci, le nombre de ceux qui optent pour l’enseignement est en chute libre.

Des salaires peu attractifs (c’est un euphémisme) n’expliquent pas tout: les conditions d’exercice des professeurs se sont, en vingt ans, considérablement dégradées.

Pour ce qui est des mathématiques et des sciences, on admettra volontiers qu’il est difficile de tirer vers le haut des élèves arrivant de pays dont le QI moyen ne dépasse pas 80:

Dans cette interview de novembre 2017, Luc Ferry (qui fut ministre de l’Éducation nationale de 2002 à 2004) affirmait sans langue de bois:

"Si on supprimait les 15% de quartiers pourris qu’il y a en France, avec des établissements dans lesquels il y a 98 nationalités et dont on n’arrive pas à faire cours, nous serions numéro 1 au classement Pisa "

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Pas d’ingénieurs qualifiés  Pas de scientifiques de haut niveau?

La France pourra se rabattre sur le tourisme: comme au Maroc, ses enfants feront la manche (voire + si aff.) auprès des riches Chinois ou Coréens qui viendront prendre un bain d’exotisme en visitant les monuments témoignant encore de la grandeur passée de notre pays…

Henri Dubost

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