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LA VÉRITÉ SUR LA COLONISATION

Par un ancien "colonisé" qui a plus de deux neurones dans la cervelle

Entretien choc de driss ghali sur la colonisation française

Dans ce Grand entretien, Driss Ghali, auteur d’Une contre-Histoire de la colonisation française, explique  sa position en tant qu’écrivain et spécialiste des relations internationales sur l’immigration, l’identité nationale, le destin de la France et les causes de son déclin.

"On vous parle à longueur de journée de la guerre d’Algérie pour vous faire oublier la colonisation en cours du territoire français par l’immigration de masse. Nous vivons une véritable situation coloniale en 2023 avec deux peuples face à face et une concurrence territoriale évidente. Je vous rappelle que nous avons plus de 700 zones urbaines sensibles selon le ministère de l’Intérieur, c’est-à-dire 700 zones où la France est mise entre parenthèses. Des zones où des populations étrangères supplantent les Français, où des gangs étrangers ou d’origine étrangères évincent la police français et la pègre française elle-même !"

"L’histoire de la colonisation est la " propriété privée " de lobbies, français et étrangers, qui n’ont aucun intérêt à ce que la vérité soit connue des Français, des Maghrébins et des Africains".

"Si vous croyez que la France s’est enrichie aux colonies, vous vous trompez, car la colonisation a été une très mauvaise affaire du point de vue économique et financier. Si vous croyez que les quelques milliers de kilomètres de route et de canaux d’irrigation légués par la France avaient de quoi assurer le décollage économique des colonies, vous vous trompez aussi, car la France a très peu investi dans son empire, par manque d’argent et de volonté politique".

"En réalité, la colonisation est le fruit d’un processus largement habité par l’émotion voire par la déraison. Tout s’est joué en deux dates majeures. En 1815, la France a été confinée dans ses frontières naturelles et empêché de créer des alliances avec d’autres pays européens, en vertu du Congrès de Vienne. En 1870, la France perd l’Alsace-Lorraine au profit des Prussiens. Quand on "somme" ces deux dates, on obtient un pays puissant, industriel, dynamique mais qui est empêché d’exercer son influence en Europe et qui est humilié aux yeux de ses voisins. Cette douleur, cette frustration sont saisies par la Troisième République, la gauche donc, qui propose l’outre-mer comme un horizon au peuple français. Ça s’est passé autour de 1880-1885. L’indigène n’a jamais été au centre de l’équation. L’on a décidé de coloniser pour soigner une "maladie" franco-française et non pour piller les uns ou pour civiliser les autres.

"La colonisation française n’a pas pu toucher l’essentiel à savoir les mœurs, les mentalités et les valeurs. Elle a changé certains paysages (comme la plaine de la Mitidja en Algérie), mais elle n’a pas changé la civilisation. Or, c’est la civilisation qui détermine le développement. Soit on a le bon "programme mental et moral" pour devenir un pays développé, soit on ne l’a pas.

"La civilisation en place en Algérie n’est pas du tout compatible avec le développement économique. Elle ne fomente pas le Sérieux, or sans rigueur, discipline et sens du sacrifice on ne s’arrache pas au sous-développement.Tout le pétrole du monde ne peut rien contre une civilisation qui a tiré le frein à main !

“Il en va de même au Maroc et en Tunisie, en dépit des apparences et de la propagande de quelques journalistes français qui confondent les ronds-points flambant neufs avec le développement. Sauf qu’au Maroc et en Tunisie, les régimes en place ont eu la sagesse de ne pas empêcher les forces vives de s’enrichir et d’investir. Cela a rendu la vie des Marocains et des Tunisiens moins intolérable que celles des Algériens".

"La colonisation a été une idée tordue qui a eu des résultats inespérés. Certains sont de véritables bienfaits qu’il faut célébrer et dont les Français peuvent être fiers. Vos aïeux qui nous ont colonisés nous ont libérés de l’esclavage, des razzias, de la loi des seigneurs et des chefs de guerre, de la peste et de la maladie du sommeil. En dépit du manque de moyens mis à disposition des colonies, des hommes exceptionnels, civils et militaires, laïcs ou religieux, ont inventé des solutions ingénieuses pour alléger le fardeau de l’existence des indigènes. Ainsi, le vaccin contre la peste a été inventé à Madagascar en 1932.

Plus important encore peut-être est le réveil de nos civilisations suite à l’électrochoc colonial. Vous avez démontré aux Algériens qu’il est possible de tirer quelque chose de la Mitidja, réputée insalubre à cause des marais ; aux Marocains qu’il est possible de vaincre les obstacles naturels posés par l’Atlas, aux Ivoiriens qu’il est possible d’obtenir d’énormes rendements agricoles en dépit des parasites et des insectes. Vous nous avez redonné confiance en nous-mêmes. Et puis, j’allais l’oublier : vous avez contribué à libérer les femmes de leur servitude et fait émerger le statut de l’enfant qui bien souvent n’existaient pas outre-mer. Les juifs d’Afrique du Nord ont eu dans la colonisation une chance historique d’échapper à la servitude millénaire qui leur était imposée par les musulmans".

" La décolonisation, on l’oublie souvent, a été plus une formalité qu’autre chose. A part l’Indochine, le Cameroun et l’Algérie, la France a "donné" l’indépendance à ses colonies. D’ailleurs, une grande partie des pays africains ne voulaient pas de l’indépendance, en tout cas pas tout de suite. Ils voulaient une relation plus équilibrée et non la séparation (je pense à Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire ou à Senghor du Sénégal notamment). Ce petit détail a échappé à nos "amis" indigénistes et décoloniaux".

"Une fois l’indépendance acquise, les civilisations locales ont repris la vedette. D’où le naufrage de la plupart des anciennes colonies françaises, plus ou moins total, plus ou moins absolu. D’ailleurs, les colonies britanniques n’ont pas eu un sort meilleur, voyez les catastrophes en chaîne survenues au Libéria, en Sierra Leone ou même au Nigéria après la libération: guerres civiles, présidents assassinés, destruction des infrastructures. Je ne vois pas pourquoi on dit que les anciennes colonies britanniques se portent mieux que les anciennes colonies françaises".

Mitrophane Crapoussin

 

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