EXTRAITS
Des propos narcissiques et de mauvaise foi?
Vous avez dit lors de votre conférence de presse pour répondre à la critique:
"En France, on a le droit de s’aimer, comme on veut, avec qui on veut, en France on a le droit de croire et de ne pas croire. En France, on a beaucoup de droits".
Vous avez ajouté ne pas vouloir: "être subversif, me moquer ou choquer".
Vous avez osé dire: "C’étaient des idées républicaines, d’inclusion, de bienveillance, de générosité et de solidarité".
Comment expliquez-vous alors que des chaînes de télévision – et non des moindres, que des pays aient décidé de ne pas diffuser certains passages?
Comment expliquez-vous la réprobation de très nombreux évêques partout dans le monde, et même la timide conférence des évêques de France qui vous a reproché cette scène de la Cène?
Comment expliquez-vous cette critique forte exprimée par tant d’intellectuels tout aussi respectables que d’autres, en France et à l’étranger?
Les idées républicaines sont, me semble-t-il: liberté, égalité, fraternité. Au nom de la liberté, je me réfrène pour ne pas atteindre celle des autres nous dit Rousseau. Il me semble aussi que les valeurs de l’Olympisme invitent à la laïcité sage et prudente, au respect des croyances de chacun, sans exhiber un esprit partisan.
Or, cette Marie-Antoinette décapitée est-elle pour vous le symbole de votre République, celle qui a commis des crimes que la raison réprouve depuis, celle de ces excès de la Terreur que l’histoire enregistre mais que l’homme raisonnable ne peut cautionner, sauf à faire l’apologie du ferment des totalitarismes?
Avez-vous oublié que de nombreux pays de l’Union européenne sont dirigés par des rois et des reines: Angleterre, Espagne, Belgique, Danemark, Suède, Hollande, Luxembourg, etc.? Avez-vous oublié que de nombreux autres pays ont des monarchies parlementaires où l’on respecte ces personnes? Ne les avez-vous pas méchamment insultés, provoqués, choqués?
Est-ce bien fraternel d’exhiber une femme innocente décapitée, en des temps ou tant de femmes sont battues, humiliées, maltraitées dans le plus grand silence?
Est-ce bien fraternel de laisser planer l’équivocité douteuse et sournoise qu’il y a un droit à la décapitation révolutionnaire alors que des fonctionnaires enseignants ont été récemment décapités sur notre sol, dans des gestes barbares d’un autre temps?
Avez-vous bien réfléchi au sens de ce symbole, aujourd’hui, ici et ailleurs quand certains se battent pour éviter les décapitations et les pendaisons des hommes de Daech? D’ailleurs, comment poursuivre madame Le Pen pour apologie du terrorisme lorsqu’elle diffuse les images des décapitations de Daech et ne pas vous poursuivre, vous, pour apologie du terrorisme et de la violence séculaire subie par les femmes?
Que vouliez-vous vraiment dire à l’assemblée universelle des spectateurs?
Votre message est troublant, équivoque, insultant pour les femmes et les innocentes victimes des mouvements révolutionnaires, islamistes ou réactionnaires qui détruisent des vies sans vergogne.
Vous en avez fait, au fond, l’apologie. C’est simplement, au 3e millénaire, une faute morale, un geste artistique réactionnaire, violent, patriarcal même, car cette femme fut la victime et le bouc-émissaire d’hommes sanguinaires et vous l’approuvez.
L’exclusion permanente de tout ce que vous haïssez
Vous parlez d’inclusion. Savez-vous ce qu’est l’inclusion? C’est une fonction de la théorie des ensembles qui s’appuie sur une propriété commune pour décider que des éléments appartiennent ou non à un ensemble. Les objets verts, les fleurs, etc. Or, pour inclure il faut exclure, et toute inclusion exclut.
L’auriez-vous oublié? En incluant vos drag-queens, dont personne n’ignore qu’elles sont la figure de subversion théorisée par Judith Butler, votre papesse, sans doute, de la théorie du genre qui est visiblement votre idéologie affichée avec agressivité à la face du monde, en dépit de l’esprit olympique, vous insultez les hommes et les femmes du monde.
Là encore, avez-vous pensé au milliard de musulmans, aux milliards d’Africains et aux autres pour qui votre inclusion les exclut, eux, de votre monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas? Cette figure serait-elle un symbole d’unité ou de division?
Vous les avez choqués, et leur regard vaut plus que votre propos encore plus obscène et pervers, digne du tortionnaire feignant de nous dire qu’il ne voulait ni choquer, ni moquer. Leur perception et souffrance n’aurait donc pas de réalité?
La lâcheté du blasphème sélectif
Vous parlez de bienveillance quand vous singez la Cène, le moment le plus important de la religion chrétienne. Êtes-vous bienveillant?
Serait-il bienveillant de faire un spectacle caricaturant les homosexuels? Serait-il bienveillant de singer et caricaturer des dignitaires religieux et politiques? Serait-il bienveillant de moquer d’autres religions?
Que votre propos consiste à dire: je n’ai pas voulu, est une défense de petite frappe et de lâche ; car la vérité n’est pas ce que vous dites de votre œuvre, mais ce qu’en perçoivent des milliards de personne dont l’avis compte au moins autant que le vôtre jusqu’à pouvoir vous imposer de les respecter, au nom même de la République dont vous vous dites le propagandiste ; car votre liberté n’est pas indéfinie.
Et vos commanditaires partagent avec vous ce goût malsain de l’insulte au nom du règne autoritaire de votre bien-pensance: artiste digne du petit clergé diffusant la propagande du temps avec servilité; là est votre nature sans aucun doute: ni courage, ni grandeur, mais artiste pompier, artiste convenu dont aucune des mises en scène n’a été spectaculaire, inventive, inédite et même artistique.
Vous parlez enfin de générosité et de solidarité. En quoi avez-vous été généreux? Avez-vous fait la place à des jeunes artistes plein de promesse comme Zaho de Sagazan par exemple? Non, vous avez été dans la convenance de personnalités installées à la renommée mondialement établie. Auriez-vous été généreux que vous auriez fait place à d’autres artistes représentatifs des mondes que vous ignorez, en provenance d’Afrique, d’Amérique ou d’Asie. Personne!
Votre monde nous est apparu étriqué, petit, convenu, réduit à l’espace des poncifs idéologiques qui vous animent; au service du Régime, comme les artistes de cours de cet Ancien Régime que vous prétendez dépasser.
Et la solidarité semble très loin de votre spectacle. Vous avez mis le public dans une position de grande passivité, spectateur de votre ego, mais en rien participant et actif comme il le fut à Londres où il fut festif, heureux, solidaire, joyeux, bruyant, chantant, acteur de sa fête. Non, votre spectacle petit-bourgeois sent le spectacle narcissique et rance qui impose sa vue, excluant le premier des humains: le spectateur rabaissé au rang de faire-valoir inactif.
La discorde plutôt que la concorde pour une fête de la paix: étrange perversité de l’esprit
Pour conclure, vous avez été un homme de l’exclusion totale ; celle des spectateurs, celles de milliards de personnes humiliées, choquées, dérangées dans leurs valeurs, leurs fois et leurs convictions; dont vous ne seriez être le juge sans devenir un Robespierre refusant d’entendre la plainte, la souffrance et le désaccord profond qu’a suscité votre prétendu spectacle.
Vous avez oublié une valeur chère à la République: la concorde civile. Celle-là, vous l’avez piétinée, balayée, écrasée sous le poids de votre dogmatisme et de votre intolérance. Personne ne vous souhaite de vivre ce que nous avons vécu en subissant votre méchanceté, votre agressivité et votre haine de ce qui n’est pas vous et votre petit monde.
En refusant de considérer l’altérité sacrée d’autrui, vous nous avez montré le vrai visage d’une certaine France progressiste: haineuse, destructrice, vulgaire, pleine de morgue et excluante de tout ce qu’elle n’est pas. Être femme, être homme pour commencer, sans vouloir devenir drag-queen.
N’oubliez pas cette terrible vérité romaine: la roche Tarpéienne est proche du Capitole. Votre succès éphémère n’augure peut-être de rien de bon; si les milliards que vous avez insultés décident de ne plus vous honorer, voire de sanctionner ceux qui vous solliciteraient de nouveau. Les peuples du monde auront peut-être raison de votre médiocrité.
La France universelle que vous prétendiez incarner a disparu derrière une insulte au monde et une profanation des civilisations, comme Macron a insulté tant de chefs d’État.
Il faut vite vous oublier, vous et lui.
Pierre-Antoine Pontoizeau