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  • Une dynamo au centre de la Terre

    Le champ magnétique de notre planète se manifeste de nombreuses façons et joue un rôle parfois primordial.

    Par Sylvain Chevillard.

    Même si nous n’y prêtons guère attention au quotidien, le champ magnétique de notre planète se manifeste de nombreuses façons et joue un rôle parfois primordial. D’abord, il empêche le vent solaire de chasser notre atmosphère et protège ainsi la vie sur Terre. Il est la source des spectaculaires aurores boréales, visibles dans les pays proches du cercle polaire. Ensuite, certains animaux migrateurs sensibles au champ magnétique l’utilisent pour se repérer, sur le même principe qu’il fait fonctionner les boussoles, longtemps indispensables à la navigation.

     

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    Vue schématique du champ magnétique de la Terre.

    Mais en dépit de son importance, ce phénomène géophysique pose encore de nombreuses questions. Le champ magnétique provient de ce qu’on appelle la géo-dynamo, à savoir les mouvements turbulents du fer liquide dans le noyau terrestre. Mais on ne sait pas quand et comment ce phénomène a débuté, ni quand et comment il s’arrêtera. Le champ magnétique terrestre s’inverse régulièrement et on ne dispose pas encore d’explications pour ces variations fréquentes dans l’histoire de notre planète. A fortiori, concernant d’autres corps célestes, on en est souvent réduit à faire des hypothèses. Il semblerait que Mars ait possédé une dynamo, mais elle se serait arrêtée et la planète aurait alors perdu son atmosphère. Des observations récentes indiquent que la Lune aurait également possédé une dynamo au début de son existence, mais le mécanisme qui l’alimentait était sans doute différent de celui de la Terre, et reste encore mal compris.

    Comment savoir de quoi le passé était fait ? Les roches contiennent des particules ferromagnétiques, qui sont des sortes d’aimants microscopiques. Lorsqu’elle est très chaude la roche devient liquide : pensons par exemple à la lave qui sort d’un volcan. Les particules ferromagnétiques sont alors mobiles et s’orientent dans le sens du champ magnétique ambiant, comme une boussole. En refroidissant, la roche durcit et les particules restent figées dans cette orientation, formant ce qu’on appelle le magnétisme rémanent de la roche. L’observation de ces particules renseigne donc sur l’orientation, mais également sur l’intensité, du champ de l’époque. La mesure des alternances d’orientation du magnétisme rémanent constitue par exemple une des nombreuses méthodes de datation qu’utilisent les géologues. Or, ces micro-aimants émettent eux-mêmes un champ magnétique très faible. Des géophysiciens du MIT aux États-Unis disposent d’un instrument très sensible, appelé microscope SQUID, qui permet d’obtenir une « image » du champ magnétique engendré par un mince échantillon de roche. Chaque point de l’image correspond à la valeur (de la composante verticale) du champ magnétique mesuré en ce point, à une hauteur fixée au-dessus de l’échantillon de roche.

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    Image du champ magnétique mesuré par le microscope SQUID sur l’échantillon de pierre basaltique hawaïen.

    Ici commence le travail du mathématicien : comment remonter de l’image du champ à l’image des particules ferromagnétiques de la roche ? Les équations qui donnent le champ à partir du magnétisme rémanent sont bien connues, mais faire le chemin inverse est compliqué. Il existe en effet des configurations dites silencieuses : les effets des différentes particules s’annulent et finalement, l’échantillon n’émet aucun champ magnétique. Cela entraîne bien des problèmes. Problèmes théoriques d’abord, car cela implique qu’il existe une infinité de magnétismes différents qui produisent exactement le même champ. Comment définir la vraie solution du problème ? Il faut avoir recours à des hypothèses supplémentaires, par exemple supposer que toutes les particules sont orientées parallèlement les unes aux autres. Cette hypothèse est raisonnable pour les roches volcaniques qui n’ont plus jamais été chauffées ni altérées par la suite. Dans ce cas, on s’attend à ce que tous les micro-aimants soient approximativement orientés dans la même direction : celle du champ magnétique de l’époque. Les problèmes sont aussi de nature pratique : comment calculer concrètement la solution ? Les difficultés mathématiques sont rejointes par des considérations numériques : les algorithmes mis au point sont facilement influencés par le bruit des mesures et les erreurs d’arrondi des calculs. Concevoir des méthodes robustes pour résoudre ce problème fait l’objet de recherches actuelles, entre l’équipe APICS de l’INRIA à Sophia-Antipolis, des mathématiciens de Vanderbilt University aux États-Unis et les géophysiciens du MIT, au sein d’un projet appelé IMPINGE.

    Pour en savoir plus :

    ◾Pour La Science n°424 – Février 2013 – Le magnétisme de la Lune, pages 34 à 41.

    ◾Page Wikipedia sur le champ magnétique terrestre

    ◾Le site du projet IMPINGE [en anglais].

     

     

  • On n'arrête pas le progrès!!!

    Un réfrigérateur et plusieurs téléviseurs auraient envoyé 750.000 spams et mails frauduleux en décembre-janvier.

    Une société de sécurité américaine a repéré ce qui pourrait être la première cyberattaque via des objets connectés. De fin décembre à début janvier, des centaines de milliers de spams et d'emails frauduleux ont été envoyés par des pirates qui se sont introduits dans des téléviseurs et au moins un réfrigérateur. Les objets connectés, de plus en plus nombreux dans notre environnement, sont très mal protégés contre les intrusions.

    Il le croyait innocent, accueillant même. Le réfrigérateur, cet ami du quotidien. Celui qui maintient au frais son soda préféré, qui veille avec zèle sur le coleslaw, qui permet de ne pas aller chercher une vache à chaque fois qu'on a envie d'un steak. Quelle n'a pas dû être la surprise, le chagrin même de cet Américain en se découvrant trahi. Un bandit informatique s'était installé dans cette cuisine, où chaque matin, il pénétrait sans méfiance en pyjama, l'esprit tout embrumé. Un frigo transformé en pirate du net, de quoi inspirer un nouveau filon aux scénaristes hollywoodiens. Pire qu'un colocataire psychopathe ou que l'hôtel qui rend fou. On imagine déjà Jack Nicholson dans le rôle.

    750.000 spams lancés par des télés

    Ce réfrigérateur cyborg a été repéré par la société californienne de sécurité Proofpoint. Elle affirme avoir mis à jour la première cyberattaque via des objets connectés de l'histoire de l'informatique et même de l'histoire tout court. Selon Proofpoint, ce sont surtout des téléviseurs qui ont été utilisés par les pirates et donc, au moins un réfrigérateur. Entre le 23 décembre et le 6 janvier, ces traitres au visage familier auraient en douce envoyé 750.000 spams à des entreprises ou des individus à travers le monde. Difficile dans ces conditions de repérer rapidement la source de la cyberattaque.

    Faible sécurité

    A vrai dire, les spécialistes de la sécurité informatiques prédisaient qu'une telle attaque aurait lieu en 2014. Les objets connectés ou intelligents, c'est en effet la grande tendance du web : des blousons, des thermostats, des réveils, des brosses à dents, des serrures, des boîtes à pilules, des voitures. La liste des objets connectés à internet ou à des smartphones promet d'être de plus en plus longue. le problème, comme souvent avec les innovations technologiques, c'est que le développement avance plus vite que la sécurité. Et celle des objets connectés a encore un très faible niveau. "Il est impossible de mettre un logiciel de sécurité sur chaque objet", prévient David Orain, du groupe informatique Cisco.

    Des mots de passe pour tout ?

    Les spécialistes appellent donc les consommateurs à ne pas oublier d'utiliser des mots de passe : "On doit être un consommateur intelligent quand on utilise un appareil intelligent", philosophe un formateur américain. Mais s'il faut un mot de passe pour chaque objet du quotidien, le frigo mutant fera peut-être figure de moindre mal le jour où son propriétaire, toujours en pyjama, se retrouvera assis en pleurs devant. Tentant désespérément depuis plusieurs heures de se souvenir du bon mot de passe pour l'ouvrir.

  • Prendre son pied (de mouche)

    D’où vient le pied-de-mouche ?

    L’origine du symbole ¶, que l’on nomme « pied de mouche », est bien plus ancienne qu’on ne le croit. Par Guillaume Nicoulaud.

    Vous avez sans doute remarqué qu’à la fin de chaque paragraphe, votre logiciel de traitement de texte affiche – pour peu que vous n’ayez pas désactivé l’option idoine – le symbole : ¶

    On l’appelle pied-de-mouche et, comme nous allons le voir ci-après, son origine est bien plus ancienne qu’on ne le croit. Voici ce à quoi ressemblait la transcription d’un discours prononcé par l’empereur Claude devant le Sénat romain en 48 (i.e. Table claudienne) :

    TOT.ECCE.INSIGNES.IVVENES.QVOT.INTVEOR.NON.MAGIS.SVNT.PAENITENDI.

    SENATORES.QVAM.PAENITET.PERSICVM.NOBILISSIMVM.VIRVM.AMICVM.MEVM.INTER.IMAGINES.

    MAIORVM.SVORVM.ALLOBROGICI.NOMEN.LEGERE.QVOD.SI.HAEC.ITA.ESSE.CONSENTITIS.QVID.

    VLTRA.DESIDERATIS.QVAM.VT.VOBIS.DIGITO.DEMONSTREM.SOLVM.IPSVM.VLTRA.FINES.

    PROVINCIAE.NARBONENSIS.IAM.VOBIS.SENATORES.MITTERE.QVANDO.EX.LVGVDVNO.HABERE.

    NOS.NOSTRI.ORDINIS.VIROS.NON.PAENITET.TIMIDE.QVIDEM.P.C.EGRESSVS.ADSVETOS.

    FAMILIARESQVE.VOBIS.PROVINCIARVM.TERMINOS.SVM.SED.DESTRICTE.IAM.COMATAE.

    GALLIAE.CAVSA.AGENDA.EST.IN.QVA.SI.QVIS.HOC.INTVETVR.QVOD.BELLO.PER.DECEM.

    ANNOS.EXERCVERVNT.DIVOM.IVLIVM.IDEM.OPPONAT.CENTVM.ANNORVM.IMMOBILEM.

    FIDEM.OBSEQVIVMQVE.MVLTIS.TREPIDIS.REBVS.NOSTRIS.PLVS.QVAM.EXPERTVM.

    Bref, il était grand temps d’inventer la ponctuation, d’insérer des espaces entre les mots, de clore les phrases par des points, de les rythmer à coup de virgules et de trouver un moyen de signaler au lecteur qu’à partir d’un point donné du texte, on change d’idée.

    Découper un texte par idée, justement, c’est la fonction de ce que nous appelons aujourd’hui un paragraphe, du grec paragraphos (παράγραφος), un signe en marge du texte dont l’utilisation est attestée dès le IVe siècle avant J.-C. et qui servait principalement à signaler un changement de sujet.

    De nos jours, nous matérialisons le passage d’un paragraphe à un autre par un saut de ligne. Seulement, pour nos ancêtres qui vivaient à une époque où le papier ou ce qui en tenait lieu (papyrus, parchemin &c.) coûtait fort cher, cette méthode n’était pas sans inconvénients ; raison pour laquelle les scribes, copistes et autres imprimeurs couchaient généralement leurs textes en pavés aussi serrés qu’ils étaient indigestes. Typiquement, la deuxième page du Pantagruel de François Rabelais (édition Claude Nourry, c.1530), ressemblait à ceci :

    pantagruel

    C’est à Rome que va commencer l’histoire de notre pied-de-mouche ; lorsque certains auteurs – Cicéron par exemple – vont prendre l’habitude d’inscrire un K pour signaler au lecteur qu’ils changent d’idée ; K pour kaput, la tête, et son diminutif capitulum, la « petite tête » ou, plus communément, le chapitre qui sera identifié par un C. Petit à petit, la préférence des latinistes pour le C romain par rapport au K étrusque va faire son œuvre et, vers le XIIe siècle, le premier l’emportera définitivement sur le second.

    Ce sont les moines copistes qui vont terminer le travail en rajoutant une ou deux barres verticales à ce C afin de le distinguer du reste du texte et qui vont en colorier l’intérieur pour qu’on le repère plus facilement. Le résultat, vous le trouverez notamment dans la Somme théologique de Saint Thomas d’Aquin (1477) :

     

    summa

    Ou, pour ne pas être injuste avec le typographe de l’œuvre pantagruélique de Rabelais :

    rabelais

    À partir du XVIe siècle, avec la généralisation de l’imprimerie, le pied-de-mouche va progressivement tomber en désuétude et être remplacé par retours à la ligne et autres alinéa. En 1825, Henri Fourier note dans son Traité de typographie que « le pied-de-mouche se plaçait en tête d’une remarque qu’on voulait détacher du corps de l’ouvrage » et qu’on « s’en servait plus particulièrement pour les livres de droit. » Il est probable qu’au cours de ces deux siècles qui sont aussi ceux où les langues vulgaires ont supplanté le latin, le C de capitulum ait subit sa dernière transformation en devenant une sorte de P (pour paragraphe) que l’on plaçait plutôt en fin de texte, comme pour justifier qu’il soit inversé.

    Eric Gill, un sculpteur britannique par ailleurs créateur de plusieurs polices de caractère (Perpetua par exemple), a bien tenté de remettre le pied-de-mouche au goût du jour dans An Essay on Typography (1931) mais sans succès et ce sont finalement les concepteurs de nos logiciels de traitement de texte moderne qui lui ont donné une nouvelle vie en faisant de lui ce fantôme, ce caractère invisible qui marque la fin de nos paragraphes mais n’est plus imprimé.

    gill

    Eric Gill, An Essay on Typography (1931)

    Sur le web.

    Notes :

    En anglais, le pied-de-mouche se nomme pilcrow ; selon Keith Houston, ce serait-là une déformation du moyen anglais pylcrafte qui serait lui-même une déformation de notre paragraphe.

    Si vous lisez l’anglais, Shady Character a publié une série de trois articles très fouillés sur le sujet (le premier, le le second et le troisième).

  • Course à l'innovation technologique chez les constructeurs automobiles

     

    Des voitures qui se garent toutes seules, des capteurs d'aide au pilotage, des systèmes d'information et divertissement connectés... les constructeurs font la course à l'innovation technologique pour séduire des clients. Le rythme auquel les nouvelles fonctionnalités s'accélère, car les constructeurs veulent attirer l'attention des acheteurs dans un marché toujours plus dense.

     

    Les nouvelles technologies dans les voitures sont les fonctions “voix-vers-texte“ qui lisent les emails ou textos du conducteur au fur et à mesure qu'ils arrivent et lui permettent de dicter une réponse sans quitter la route des yeux; De plus en plus, les tableaux de bord et panneaux d'affichage se transforment en smartphone géant.

     

    D'autre part, les systèmes de navigation ont été améliorés pour intégrer des critiques touristiques et guider les conducteurs dans leur recherche de petits commerces le long de leur  route. Des écrans tactiles rappelant les tablettes électroniques ont été ajoutés aux tableaux de bord et équipés d'applications comme la radio en flux Pandora.

     

    Tout un tas de gadgets permettent également de résoudre nombre de petits casse-tête quotidiens dans le véhicule, par exemple, touchez un bouton sur votre téléphone et votre voiture (dont vous avez oublié l'emplacement sur le parking) apparaît sur un plan.

     

    Pourtant, vous ne la trouvez toujours pas dans le parking? Appuyez à nouveau et elle va se mettre à klaxonner. Madame a les bras chargés? Un autre bouton ouvre automatiquement la porte... Et si vos ados sortent le soir, une autre application envoie un texto s'ils conduisent trop vite ou s'ils s'aventurent dans un quartier un peu trop chaud.

     

    Bien évidement, le défi posé aux constructeurs est de faire en sorte que toute cette technologie ne devienne pas une distraction dangereuse. Les constructeurs ont également investi dans des systèmes de sécurité qui peuvent compenser les erreurs de conducteurs assoupis. Ces systèmes nouveaux ont d'abord été offerts dans les voitures de luxe, mais,les systèmes anti-collision arrivent de plus en plus dans des véhicules grand public.

     

    De plus en plus, -des caméras vidéo montées sur le pare-brise- détectent le marquage au sol pour voir si le conducteur s'écarte de sa file; dans ce cas, un système électronique active les roues pour que la voiture se remette dans la bonne direction.

     

    Des radars montés sous la calandre évaluent par temps brumeux la distance jusqu'au prochain véhicule; ils vous ralentissent voire, arrêtent, la voiture si vous n'avez pas vu les lumières de freins du véhicule précédent s'allumer.

     

    Merveille pour les conducteurs toujours pressés: un capteur va  détecter les clignotants ignorés dans l'angle mort et sonner une alarme si la voiture amorce un dépassement alors qu'un autre véhicule approche par derrière. Quant aux caméras installées à l'arrière pour aider les manœuvres, déjà bien connnues, elles deviennent la norme dans des modèles d"'entrée de gamme.

     

    Vous ne pourrez plus jamais rater vos créneaux: beaucoup de véhicules de luxe sont désormais équipés de fonctions qui contrôlent les roues pour aider à manoeuvrer serré.

     

    BMW va encore plus loin:non seulement cette fonction aide à rechercher les places pour se garer mais elle va aussi –quasiment- faire la manoeuvre automatiquement pour vous!

     

    Vous pouvez, en outre, trouver des fonctionnalités plus simples comme un aspirateur à bord du minivan Honda Odissey ou encore des capteurs qui ouvrent le coffre tout seul chez Mercedes, Ford ou Cadillac.

     

     

  • De l’homme augmenté au transhumanisme

    Publié  le 12 janvier 2014 dans Sciences et technologies

    smartphone.pngL"augmentation de l’homme "par l’informatique et la techno-médecine seront bientôt des réalités. Grandes et petites questions éthiques se posent devant un phénomène qui ne relève plus seulement de la science-fiction.

    Comment, parmi les technologies de rupture qui font parler d’elles aujourd’hui, identifier celles qui changeront vraiment le monde en profondeur? Le cabinet de conseil en stratégie McKinsey s’est livré à l’exercice courant 2013 en privilégiant dans un rapport les technologies dont l’impact économique est le plus facilement mesurable. Les douze technologies retenues pourraient, si elles sont bien diffusées, créer chaque année, dès 2025, une valeur mondiale combinée de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars. Au sein de ce hit parade, trois retiennent plus particulièrement l’attention.

    Les technologies de l’homme augmenté

    analyse étendues, des jugements subtils et des solutions innovantes pour répondre aux problèmes posés par les utilisateurs, ce qui fera de la machine "apprenante "un interlocuteur à haute valeur ajoutée, capable de répondre à des requêtes d’information effectuées en langage ordinaire ("non structuré“). Ultimement, cela devrait permettre à la fois une hausse de la productivité des travailleurs les plus qualifiés, une fiabilisation de la prise de décision et l’automation des emplois intellectuels de base.


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  • Les rayons X révèlent la vraie nature des supervolcans

    Le synchrotron grenoblois a permis de valider une théorie sur les mécanismes à l'origine des super-éruptions : c'est l'accumulation d'un magma de moindre densité qui ferait "exploser" la croûte terrestre en cherchant à remonter à la surface.

    Les éruptions massives de "gros" volcans, tel que celle du Pinatubo philippin en 1991, sont si violentes qu'elles peuvent dégager des dizaines de kilomètres cubes de cendre, capables d'obscurcir durablement le ciel. Mais ces événements ne sont rien en comparaison des super-éruptions comme celle survenue il y a 600 000 ans à Yellowstone, aux États-Unis. Ce sont des milliers de kilomètres cubes de cendres qui furent alors émises dans l'atmosphère, recouvrant probablement toute l'Amérique du Nord d'une couche de plusieurs centimètres. L'effondrement de la chambre magmatique laissa un cratère, appelé caldeira, de 45 km de large sur 85 km de long.

    Deux études parues lundi dans Nature Geoscience expliquent les mécanismes probables à l'origine de ce type de super-éruptions. Une équipe emmenée par Wim Malfait, de l'université de Zurich, a mesuré la densité d'un magma fabriqué en laboratoire. "C'est un mélange de silicium et d'oxygène avec un peu d'aluminium chauffé à plus de 1 700 °C et comprimé à plus de 36 000 bars, des conditions que l'on retrouve typiquement à une dizaine de kilomètres de profondeur, explique Jean-Philippe Périllat, chercheur au Laboratoire de géologie de Lyon (CNRS UMR 5276) et coauteur de l'étude. Pour passer à travers le dispositif de confinement de ce magma artificiel, nous avons utilisé la puissante source de rayons X du synchrotron européen de Grenoble."

    Un mécanisme très différent des éruptions classiques

    Ils ont ainsi trouvé que la densité de cette sorte de granit liquéfié était inférieure à celle des roches de la croûte terrestre. Or "quand on essaie de maintenir un ballon rempli d'air sous l'eau, celui-ci va inévitablement chercher à remonter à la surface", rappelle Jean-Philippe Périllat. "Il va se passer exactement la même chose avec le magma emprisonné dans la roche." Lorsqu'une poche suffisamment grande parvient à se former, la pression qui s'exerce sur les parois qui l'emprisonnent devient si forte qu'elle provoque leur destruction. L'éruption associée est considérable.

    Les mécanismes d'une éruption classique n'ont rien à voir. "C'est l'injection d'une petite quantité de magma supplémentaire dans une chambre magmatique de dimensions bien plus modestes qui provoque la surpression critique", rappelle Virginie Pinel, chercheuse à l'Institut des sciences de la Terre de l'université de Savoie et coauteur de la seconde étude. Dans cet article, les scientifiques ont modélisé les phénomènes thermomécaniques permettant de distinguer éruptions et super-éruptions à partir de paramètres simples.

    "Le magma cherche à remonter comme un ballon rempli d'air plongé dans l'eau", Jean-Philippe Périllat, chercheur au Laboratoire de géologie de Lyon.

     "Pour qu'un supervolcan se forme, il faut que le flux moyen de magma qui alimente la chambre soit relativement faible", explique-t-elle. Cela laisse le temps à la chambre de se déformer sans craquer. Les hautes températures vont favoriser le phénomène en "ramollissant" les parois. Le risque de surpression lié à un afflux de magma diminue au fur et à mesure que la chambre grossit: plus un ballon est gros, plus la contrainte supplémentaire liée à un petit apport d'air est faible. "En revanche, si le flux de magma est trop faible, la chambre va peu à peu se refroidir: le magma va cristalliser en profondeur pour former ce qu'on appelle un pluton," précise Virginie Pinel. Il n'y a alors pas d'éruption, la formation du supervolcan a échoué.

    Une "poche" de supervolcan mettrait plusieurs centaines de milliers d'années à se former selon ces modèles. À l'heure actuelle, il n'existerait aucun supervolcan en formation. "Mais nous ne savons pas précisément par quels signaux cela se traduirait", souligne Virginie Pinel. Aux vues des conséquences catastrophiques qu'aurait une super-éruption, la plus grande vigilance reste de mise.