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sciences - Page 8

  • La bio-impression 3D sauve des enfants malades

    L'impression en 3D a permis de sauver trois jeunes enfants atteints d'une faiblesse grave et rare des voies respiratoires. Cette première montre le vaste potentiel médical de l'imprimante en trois dimensions combinée à la biotechnologie.

    Les trois nourrissons américains souffraient tous d'une forme sévère de trachéomalacie. Il s'agit d'un ramollissement des anneaux de cartilage formant la trachée qui empêche périodiquement de respirer et engage le pronostic vital, expliquent les auteurs de ce traitement expérimental dont les résultats sont publiés mercredi dans la revue américaine Science Translational Medicine.

    Il n'existait jusqu'alors aucune thérapie pour guérir cette forme terminale de trachéomalacie. Cette maladie touche, à des degrés divers, un nouveau-né sur 2000 dans le monde, précise Glenn Green, professeur de pédiatrie à l'Hôpital des enfants de l'Université du Michigan, un des principaux auteurs de cette première médicale.

    Une percée

     "Ces cas représentent une percée car nous avons pu pour la première fois utiliser l'impression en 3D pour concevoir et fabriquer sur mesure une attelle qui a été cousue autour de la trachée défaillante et permis de restaurer la respiration normale des patients", précise-t-il. "Avant cela les jeunes enfants atteints de trachéomalacie sévère avaient peu de chance de survie".

    Le premier des trois patients avait trois mois au moment de la procédure en 2012. Aujourd'hui, il a a trois ans, "est actif, va à l'école maternelle et a un bel avenir", se félicite le Dr Green.

    La procédure a été répétée avec succès sur deux autres petits garçons, qui avaient respectivement cinq mois et seize mois au moment de l'intervention. L'attelle de la trachée "fonctionne encore mieux que nous l'avions imaginé", souligne-t-il.

    Ces résultats suggèrent qu'une intervention précoce comme celle-ci peut éviter les complications des traitements conventionnels, comme la trachéostomie (une ouverture au niveau de la gorge pour insérer un tube dans la trachée), des hospitalisations prolongées, le recours à un ventilateur, ou des arrêts cardiaques et de la respiration.

    Pas de complications

    Aucun des trois patients traités n'a eu de complications ni le besoin d'un ventilateur mécanique ou de sédatifs. Ces chercheurs ont aussi constaté une amélioration du fonctionnement de leurs organes.

    Cette attelle a été créée à partir des images scanner en 3D très détaillées des trachées et bronches des trois enfants, ce qui a permis aux chercheurs de la fabriquer sur mesure avec une imprimante laser en trois dimensions.

    Cette prothèse a été également conçue pour permettre à la trachée et aux bronches de continuer à se développer et de produire suffisamment de tissus et cartilage pour faire disparaître la faiblesse de la paroi. Fabriquée en polymère bio-dégradable, cette attelle est souple et extensible. Elle doit ainsi se dissoudre progressivement pour être absorbée et éliminée par l'organisme.

    (ats/Newsnet)

     

  • Ancien tarot de Marseille: la légende

     

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  • Du l'art(d), du cochon, poil au menton!

    Des chercheurs toulousains feront se mouvoir des arbres au rythme de leur sève lors de la Biennale de Venise 2015

    Des arbres évoluant au milieu du public, au rythme de leur physiologie et des conditions météorologiques: c’est l’étonnant projet auquel ont participé des chercheurs du CNRS et de l’université de Toulouse dans le cadre de "Révolutions", une installation de l’artiste Céleste Boursier-Mougenot. Jean-Paul Laumond, Directeur de recherche CNRS au LAAS-CNRS et spécialiste en robotique revient sur cette incroyable participation.

    Toulouse Infos: Comment a débuté cette collaboration avec l’artiste Céleste Boursier-Mougenot?

    Jean-Paul Laumond: J’ai rencontré Céleste Boursier-Mougenot à l’automne dernier lors de l’exposition qu’il a donné au musée des abattoirs, à cette occasion il avait mis en mouvement des pianos. J’ai été très sensible à son travail car le cadre de recherche en robotique sur lequel je travaille depuis des années s’intitule "le problème du déménageur de piano". J’ai été interpellé par ces pianos qui réagissaient en fonction du public et des variations atmosphériques.

    TI: En quoi consiste votre projet pour la Biennale 2015?

    JPL: Nous sommes partis sur le projet de faire évoluer 3 arbres au gré de leur métabolisme au sein du pavillon français. C’est une très belle ambition avec une connotation poétique dont la réalisation passait par la possibilité d’établir un lien entre des informations sensorielles propres à l’arbre et comment les faire se déplacer au milieu du public.

    TI: Ces arbres vont se mouvoir au rythme de la montée de leur sève, avec qui l’artiste a-t-il collaboré dans ce domaine?

    JPL: Pour quantifier la physiologie des arbres, l’artiste a collaboré avec Jérôme Chave du laboratoire Évolution et diversité biologique (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) et Valérie Le Dantec du Centre d’études spatiales de la biosphère (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier/IRD/CNES). En fonction de la journée, un passage de nuages qui va masquer le soleil par exemple va avoir une influence sur la vitesse de la montée de la sève, grâce à des sondes placées sur les arbres ces chercheurs en biodiversité restituent le rythme de la nature on va dire.

    TI: Quelles ont été les contraintes techniques pour motoriser ces 3 arbres?

    JPL: Les arbres sont de vrais pins qui mesurent 4 mètres de haut et ils sont dans un grand pot qui fait 4 mètres de diamètre, donc pour trouver un système mécanique capable de transporter ces pots il fallait concevoir un robot approprié. Pour trouver l’entreprise capable de concevoir un tel robot, avec mon collègue Michel Taix nous avons organisé un appel d’offres qui a permis de toucher plusieurs industriels de la robotique. C’est une entreprise Rennaise qui a été choisi pour concevoir ces 3 robots capables de porter des charges de plusieurs tonnes.

    TI: A quoi ressemblera l’installation au final?

    JPL: Au sein du pavillon France de la Biennale de Venise qui date du 19 e siècle, les spectateurs pourront voir 1 arbre motorisé dans l’espace central et à l’extérieur du pavillon dans les jardins du pavillon il y aura les 2 autres arbres qui seront en mouvement. Ce sont ces 2 derniers qui vont transmettre des informations et des commandes à celui qui est à l’intérieur pour que lui aussi soit en mouvement.

     

    www.toulouseinfos.fr

  • Un petit pas vers la compréhension de la matière noire

    Un des amas globulaires de la galaxie naine du Fourneau, très semblable à ceux que l'on retrouve dans la Voie lactée.

    Un des amas globulaires de la galaxie naine du Fourneau, très semblable à ceux que l'on retrouve dans la Voie lactée. NASA, ESA, S. Larsen (Radboud University, Pays-Bas)

     "La matière noire pourrait avoir plus d'un tour dans son sac". Richard Massey est enthousiaste. L'astrophysicien à l'Institut de cosmologie computationnelle de l'université de Durham, au Royaume-Uni, fait partie de l'équipe qui a publié, mardi 14 avril, une étude qui lève une partie du mystère de la matière noire.

    Cette dernière, qui composerait 85 % de notre Univers, pourrait interagir avec d'autres forces que la gravité, selon l'étude, publiée dans la revue britannique Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.

     "Nous avons découvert pour la première fois (…) qu'elle pourrait affecter les choses autour d'elle d'une autre manière, à travers d'autres forces".

     

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    Une avancée majeure ? Un premier pas, du moins. Car la matière noire reste mystérieuse. Théorisée par des physiciens dans les années 1930, elle est invisible, et son existence n'est déduite qu'indirectement, à travers ses effets gravitationnels sur la matière visible.

    "C'est embarrassant, le peu de choses que nous savons à propos "d'elle, confesse Richard Massey, qui résume l'état des connaissances sur la matière noire : "Jusqu'à présent, nous ne savions presque rien. Nous avons désormais ajouté un tout petit élément de compréhension".

    Collision de galaxies

    Pour parvenir à ses conclusions, l'équipe de scientifiques internationale s'est penchée sur la collision de quatre galaxies au centre d'un amas de galaxies situé à 1,3 milliard d'années-lumière de la Terre. A partir d'observations faites à l'aide du télescope Hubble et du Télescope géant européen de l'Observatoire européen austral, ils ont alors remarqué qu'un agglomérat de matière noire se trouvait loin derrière une des galaxies qu'il entourait, accusant un retard estimé à 5 000 années-lumière.

     "Si [la matière noire] a été ralentie durant la collision, cela pourrait être le premier indice d'un dynamisme ", selon Richard Massey, qui explique que ce retard trouverait son origine dans une sorte de "brouillard "de matière noire et d'atomes d'hydrogène.

     "C'est comme si vous marchiez dans un brouillard tellement épais que vous entreriez en friction avec lui et qu'il vous empêcherait d'avancer".

    Selon les chercheurs, des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si d'autres effets potentiels pourraient aussi produire le retard pris par la matière noire. Patience, donc.

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sciences

  • Convergence et singularité du monde vivant

    Le mot " vivant " est à la fois un concept, un principe, l’ensemble des êtres, une chose et un Monde.

    L’univers est fractal, c’est un ensemble répétitif de motifs, qui se combinent. Un chat, un chien, un humain, un arbre, un poulpe, toutes ces créatures sont construites sur des formes qui se répètent d’une échelle sur l’autre. Au plus bas, la cellule est une combinaison d’atomes, qui s’assemblent en organes, puis en organismes. Tout entier, du fait que ces édifices de configurations s’appuient sur des lois fondatrices au nombre limité, l’être le plus complexe peut se résumer à un code élémentaire.

    La répartition des étoiles dans la galaxie, la forme des montagnes, des flocons de neige, des nuages, la structure des reins ou même l’architecture des fibres osseuses : toutes ces choses sont basées sur ces règles mathématisables, dont une unique variable va déterminer l’aspect, pouvant faire toute la différence entre une brique de chair et un singe. La vie, plus que toute autre chose dans l’univers, personnifie cette réalité : elle est capable de concevoir des variations, structurées à ses fins [1].

    Le mot " vivant " est à la fois un concept, un principe, l’ensemble des êtres, une chose et un Monde. Bien qu’elle soit ultimement composée de choses élémentaires, les atomes, elle forme un concept bien à part. Elle est compétente non seulement à soutenir sa propre existence mais aussi à l’altérer, à la moduler afin de s’extraire d’une condition pour se déplacer vers une autre : la vie contrôle sa propre relativité face au Monde. Cela sans pour autant être un tout uni. Par-là, elle forme un Cosmos bien à part.

    Cette telle variété de définitions implique que l’on ne peut faire autrement, dans certains langages, que d’en converser comme d’une personne morale. Cependant que la vie n’est pas une créature à part, c’est un ensemble disparate maintenu en cohésion par une série de lois : les " natures " des créatures vivantes. S’il nous est encore impossible d’affirmer que tout être est vivant, il est en revanche tout à fait juste d’affirmer que tout ce qui vie est obligatoirement un être.

    Trop souvent, l’on voit dans les médias des tas d’experts se demander ce que le " génie humain " pourra encore inventer, pour se surpasser demain. Comme si l’humanité dominait l’univers de son immense gloire. Qui n’a pas lu ou entendu des gens expliquer à quel point nos machines et nos techniques surpassent " la nature " et plus spécifiquement le monde vivant ? Que notre pouvoir de destruction le dépasse, qu’il est à nos côtés comme une sorte d’enfant qu’il nous faudrait protéger ?

    Pourtant, s’il y a bien une chose certaine concernant la technologie et la science de notre espèce, c’est qu’elles sont particulièrement primitives, par rapport à la maîtrise dont fait preuve le reste de la vie, en tous domaines. Certes, nous avons appris à nous élever au-dessus des nuages, à nous déplacer sous les océans profonds. Mais là où le plus frustre moineau pourra voler plusieurs heures, sans besoin de réparer ni ses os ni ses tendons, nos avions nécessitent une lourde maintenance et sont alimentés de combustibles rares. Tandis que certaines baleines atteignent et demeurent aisément dans des profondeurs que les meilleurs sous-mariniers craignent. Une simple feuille, du plus insignifiant arbre au coin d’une rue, est un plus puissant panneau solaire que le plus haut sommet de notre industrie.

    Pour tout cela, la singularité " technologique " n’est pas pour demain : la vie affiche toujours plusieurs générations d’avance sur notre compréhension des lois de la physique. Elle est composée presque entièrement de créatures intelligentes et s’appuie sur une architecture si efficiente qu’un seul de ses représentants pourrait soutenir sa propre existence durant plusieurs millénaires [2]. Quant à sa puissance de calcul, sa maîtrise de la chaleur ou même son contrôle quant aux communications des informations : tout, chez-elle, nous est bien supérieur.

    La vie est en état permanent d’ubiquité, sur notre planète. Il n’y a pas un centimètre carré de terre, d’eau, de montagne ou de désert, qui ne soit pas recouvert de biomasse. Imaginez, un instant, l’organisme unicellulaire le plus simple. Visualisez-le en train de se mouvoir, de traiter les informations, de réagir et de prospérer dans les environnements les plus hostiles à l’Homme. Chaque atome y est positionné pour une raison précise, chaque partie de la cellule y a une fonction déterminée : c’est un organisme atomique. Malgré cette suprématie, qui reste aujourd’hui largement hors de portée de nos robots les plus avancés, encore incapables d’une telle précision, la cellule ne fait qu’un micron de large. Elle s’avère plus petite que la plus fine puce conçue par l’Homme, tout en étant capable de mouvement, de synthétiser les molécules nécessaires à son existence et même de se cloner par elle-même.

    Combien faudrait-il de processeurs pour égaler la capacité de calcul du seul matériel génétique ? Alors, si un simple hamster en compte des milliards, qu’est-ce que nous nous imaginons dépasser, avec notre technologie ? L’idée qu’une machine construite de main humaine pourrait supplanter totalement " l’intelligence " biologique est une illusion, qui prospère sur une idée reçue quant à la définition même de l’intelligence, ainsi que par notre mépris quant au monde vivant. Sa gloire brille plus fort que la nôtre.

    Notre capacité à concevoir des outils façonnés pour notre service, nous la tirons de notre nature, elle n’est rendue possible que parce que la façon dont nous sommes fait le permet. Nous ignorons toujours, à notre époque, pourquoi de toutes les espèces qui faisaient partie de notre branche, nous seuls avons survécus. Sans frères semblables, voici comment est née l’humanité, mais forte d’un pouvoir sans équivalents : elle est apparue avec un marteau dans la main et l’entendement nécessaire pour en tirer le plein profit.

    Bien plus qu’une espèce sociale, qu’elle n’est devenue que parce que certaines conditions furent réunies, l’humanité est faite d’artisans. C’est la force de ces derniers qui ont porté sa gloire : ils ont bâtis ses armes, élevés ses monuments, fabriqués ses livres, nourrit ses enfants. La maîtrise du feu jusqu’à la conception de la première roue, en passant par la construction de maisons et de murailles, tout, nous le devons à celui qui sait façonner de ses mains. S’il est bien une vérité que, dans notre arrogance, nous n’arrivons pas à assimiler justement, c’est que l’être humain primitif est un organisme optimal. Il est fort d’un esprit de conception et d’une capacité à se nourrir depuis toutes sources.

    Le fait que nous soyons aujourd’hui entourés de luxe et de confort nous fait oublier que nos ancêtres les plus lointains ne vivaient peut-être que quelques décennies, mais ils mirent à genoux l’ensemble des prédateurs de la planète, avant même d’avoir découvert la métallurgie. Si nous ne sommes pas la seule espèce à afficher un tel optimum de compétences, nos qualités ont cela de fascinant qu’elles n’ont pas été observées ailleurs, dans le monde vivant. Si d’autres créatures se servent d’outils, ils ne les fabriquent que rarement et restent cloisonné à un univers bâtit sur des normes infranchissables.

     Les Hommes d’esprit ont ce grand défaut qu’ils ont bien trop tendance à mépriser ce qui vient de la culture du sol ou de l’ouvrage des mains. Ils aiment à se hisser sur les dix millénaires d’Histoire que leur offre l’écriture. Par elle, ils se disent porteur de la civilisation, sans laquelle ils n’imaginent rien de possible. Cependant, ils oublient bien vite que du côté des gens de l’artisanat, le premier boulanger pétrissait déjà de la pâte il y a une trentaine de millénaires et le tailleur de pierre, lui, faisait déjà son ouvrage cent mille ans avant notre ère. Les métiers de l’esprit sont les derniers nés de la civilisation et non les premiers. Les philosophes, médecins, ingénieurs et autres artistes se hissent sur une légende bien jeune, face à celle des métiers les plus anciens.

    Avec cette jeunesse vient l’inexpérience, qui se ressent mais s’efface face aux bienfaits inestimables qu’un tel renouveau assure à ceux qui s’y essayent. L’intellectuel est plus efficace parce qu’il pense ce qu’il fait, mais n’en demeure pas moins hautement primitif, par rapport à l’optimal de sa propre activité [3].

    Chaque fois que l’on entend les disciples de tel ou tel penseur venir nous vanter sa grandeur, sa gloire éclatante, il nous convient de nous souvenir que l’on avait déjà construit le premier arc, des millénaires avant la fondation de Babylone et que sa renommée est, depuis longtemps, tombée dans l’oubli. Notre espèce se complet dans la mésestimation de ses talents, soit que nous nous imaginions au sommet soit que nous nous pensions au pied. Mais l’évolution est inévitable. Notre compréhension du vivant, du fonctionnement intime de la matière, des lois de la réalité, nous conduit sur un chemin qu’il n’est pas si difficile de prévoir.

    Une cellule, fondamentalement, fonctionne comme une sorte de " robot " : elle applique des instructions, qu’il nous est alors possible d’altérer, de commander, de modifier. Elle traite l’information puis réagit aux stimulations en conséquence. Si, aujourd’hui, notre faible compréhension de son fonctionnement nous permet à peine d’interagir avec elle, il n’est pas irréaliste d’imaginer que d’ici un siècle, notre science nous autorisera à concevoir des constructions artificielles entièrement basées sur des cellules vivantes. Un être humain, un arbre centenaire ou une baleine, sont eux-mêmes construits sur la base de milliards de cellules, prouvant qu’un assemblage immense de complexité peut émerger spontanément d’un constituant infiniment petit.

    Cette époque venue, notre société connaîtra un développement comme nous n’en avons jamais expérimenté, qui ira bien au-delà de tout ce que nous pourrions observer aujourd’hui. Il en sera fini de l’ère où nous devions construire à la chaine nos machines, depuis un assemblage de matière, dont une partie finie gâchée dans la procédure. Il deviendra, petit à petit, bien plus rentable de faire " naître " nos outils dans des matrices, imprimantes volumétriques d’organismes vivants. Par ce moyen, notre contrôle sur la chaleur, l’usage des ressources nécessaires à l’entretient ou la consommation d’énergie seraient autant de choses aisément maîtrisées, puisque optimales. La construction d’ordinateurs biologiques ou de véhicules de toute taille et de toute forme, structurés autour de cellules vivantes, en viendrait à devenir si aisément productible que la robotique ne serait plus nécessaire à l’industrie manufacturière.

    Nos villes basées sur une " graine " artificielle, s’étendraient alors en infrastructures mobiles et biodégradables, au fonctionnement semblable à un immense arbre synthétique. L’opération humaine, désormais inutile à sa conservation. Une structure pourrait s’élever aussi haut que l’autorise la physique, sur une surface aussi étendue qu’il est nécessaire. Les travaux les plus ordinaires en viendraient à être délégués à des drones vivants, sortes d’animaux artificiels sans volonté propre, à la pensée asservie à la préservation de l’écosystème formé.

    Le moindre objet du quotidien, la chose la plus insignifiante comme la plus exceptionnelle : tout se trouverait dès lors basé sur la structure du vivant. Libre à nous d’en disposer pour des millénaires ou même d’en changer tous les jours, s’il nous plaît de le faire, car ce qui n’est plus utilisé retourne automatiquement à la biomasse. Chaque arme, chaque machine, serait pour nous comme une extension de notre corps, une propriété de notre organisme auquel elle contribue tel un nouvel organe.

    L’idée que nos technologies puissent converger vers le vivant n’est pas si éloigné: c’est même une réalité inévitable. Nos machines sont primitives, nos véhicules sont très simples face à certaines créatures qui demandent pourtant d’être observées au microscope, alors que nos usines n’effectuent pas le millième de ce qu’une algue parvient à accomplir couramment. Rien n’est plus simple que le principe d’une société aux infrastructures biologiques. La vie est notre principale arme, dans notre galaxie : elle a résolu la plupart des problèmes majeurs qui se poseront à nous dans le futur. C’est pourquoi il ne nous est plus nécessaire de tous les démêler à nouveau, ni même de reconstruire ce qui existe déjà.

    Nous pouvons l’utiliser, la modifier à notre service afin de nous permettre de nous étendre au-delà de l’atmosphère terrestre. Tout comme nous pouvons nous concentrer sur sa nécessité première: l’extension, en l’usant comme outil pour ce faire. Elle ne nous empêchera pas d’accomplir ce pourquoi elle est faite, pourvu que nous le fassions. Car ce que nous emporterons d’elle, nous l’amènerons là où elle le veut.

    Le jour où une "singularité" adviendra, elle ne sera pas technologique au sens où nous l’entendons habituellement, mais biologique: c’est lorsque l’humanité aura maîtrisé et contrôlé le vivant lui-même, à l’échelle atomique. Qu’il sera en mesure de faire fusionner sa propre conscience avec une grande partie de la biomasse terrestre, remodelée à ses besoins, équilibrée selon les nécessités d’une extension dans le cosmos. Nos machines ne seront plus, dès lors, de simples matériaux assemblés en mécanismes, mais des structures fractales de carbone, d’hydrogène, de fer, de bore… Elles seront faites d’organismes complexes, de cellules vivantes artificielles comme naturelles, combinées.

    La compréhension que nous avons du monde, notre capacité à l’utiliser pour nous élever et accéder à tous les pouvoirs, est un don précieux. Une faculté que la vie nous a donnée. Nous ne sommes pas et ne serons jamais des dieux mais, notre place dans l’univers est pourtant garantie, en tant que vecteur messager du vivant. Cependant, il convient de ne pas se leurrer sur la façon dont fonctionne le Cosmos. Si la vie le pouvait, elle convertirait l’ensemble de la masse terrestre en biomasse à son usage. Il n’y pas de respect, pas d’harmonie, pas d’équilibre pour ce qui se trouve en dehors du vivant: toute l’énergie disponible, toute la matière, est utilisée à son profit pour lui permettre de s’étendre. Elle grandit, se diversifie, s’adapte et s’insinue jusqu’à contrôler chaque lieu, chaque source de puissance.

    S’il se fait une concordance, elle n’est pas issue d’une volonté consciente, mais due au chaos intrinsèque d’un tel système : le vivant obéit aux mêmes règles que le reste du monde réel. Si nous imaginons que ne lui devons rien, que nous pouvons l’utiliser sans rien offrir en retour pour sa survie, ce serait oublier que ce qui ne s’étend pas finit par s’éteindre là où il se trouve. Si nous refusons de payer le prix, nous vivrons certes une vie d’oisiveté, mais nous nous éteindrons sans plus de peine. L’humanité disparaitra de la surface de la terre et la vie donnera naissance à une autre espèce qui, elle, fera ce qui est nécessaire pour la survie de l’écosphère.

    Notre volonté de subsister, coûte que coûte, est une assurance que le monde biologique a placé en nous, une part de sa propre nature gravé tel un commandement divin: notre perpétuelle quête d’extension, notre besoin de ressources, sont des moteurs que nous lui devons et qui lui servent en retour pour se renforcer.

    Les outils, dont elle nous a offert l’usage, a permis à notre conscience de s’exprimer sur la matière. Nous autorisant une chose impossible aux autres créatures ayant un haut niveau de conscience : la capacité d’enfreindre les règles, de contrôler l’environnement. Tout d’abord, nous apprîmes à tailler les étoffes, puis à entretenir les feux, à modeler les matériaux, à modifier les terrains. Aujourd’hui, nous contrôlons les champs magnétiques, la mécanique des fluides, les forces atomiques. Demain, nous maîtriserons la vie à l’échelle cellulaire. Puis un jour, très longtemps dans l’avenir, nous aurons permis à chaque étoile de devenir un organisme vivant.

    Mais pour sa gloire seule, car nous sommes son outil, nous faisons partie d’elle.

    1. Pour illustrer ces propos, prenons un logiciel de génération de fractales, tel qu’Apophysis et Chaotica, en 2D ou Mandelbuster, en 3D. Quelques minutes seulement à s’essayer aux variables suffisent à générer des flocons de neige, des chambres à bulle, des arbres, des montagnes, des nuages, et une infinité d’autres structures du Monde. Tout cela, en altérant un principe élémentaire ne représentant pas plus de quelques octets de données.

    2. Il est amusant de voir comme toutes les œuvres de science-fiction pointent la fragilité du biologique, sachant qu’aucune machine construite de main humaine n’a jamais dépassé deux siècles de durée de vie, là où il se fait des milliers d’espèces qui y parviennent.

    3. Tous les Russell, les Wittgenstein, les Einstein, sont semblables aux premiers tailleurs, boulangers et potiers: qui se souvient encore du nom de ces grands inventeurs, aujourd’hui ? Où sont donc les paragraphes dédiés dans nos livres à la vie de ceux qui ont, pourtant, transfiguré nos cités au-delà de ce que tous les rois à venir ne pourront jamais faire ? Perdus, oubliés, disparus ! Il n’y a plus un nom dont nous pourrions nous souvenir. La grandeur de l’humanité est décidément bien fragile, pour qu’il ne suffise que d’une centaine de millénaire pour en venir totalement à bout. Alors celle de la France, pensez donc…

    Par Emmanuel Brunet Bommert.

    https://www.contrepoints.org

  • Voiture connectée

    Pierre Gandel met l'électromagnétisme au service la voiture connectée

    Pierre Gandel, actuel PDG du groupe Sonceboz a récemment reçu le prix Marius Lavet récompensant l'ingénieur-inventeur pour ses travaux dans l'électromagnétisme et la mécatronique.

    Un innovateur?

    Le baccalauréat en poche, Pierre Gandel entame un parcours scientifique orienté micromécanique et microtechniques. Il entre en effet à l'ENSMM de Besançon, entreprend une Maîtrise de Mécanique Appliquée puis un DEA avant de clore ses études par une thèse. L'histoire d'amour entre Pierre Gandel et l'électromagnétisme, cette science basée sur la résolution des équations de Maxwell, appliquée à des circuits magnétiques très spécifiques, est née ensuite, dès sa rencontre avec un grand scientifique du domaine :" J'ai eu la chance de faire la connaissance du Dr Claude Oudet, qui m'a appris mon métier. Dès lors, je suis devenue créateur de nouveaux types de circuits électriques basés sur l'électromagnétisme ". Plus concrètement, Pierre Gandel définit cette science ainsi :" Tout ce qui transforme un signal électrique en un mouvement mécanique, c'est cela le cœur de la science de l'électromagnétisme". En 1990, après un début de carrière dans la société suisse de microtechnologie pour moteur, Portescap, il figure parmi les co-fondateurs de Moving Magnet Technologies (MMT), une entreprise de recherche dans le domaine de l'électromagnétisme, acquis en 1995 par le groupe Sonceboz dont il est l'actuel PDG. Mais Pierre Gandel se démarque par sa vision particulière de l'innovation :" L'innovation, c'est une invention qui a réussi, qui a percé sur le marché ; c'est une solution technologique à un problème rencontré par un client". Autrement dit l'innovation ne dort pas dans un placard, c'est bel et bien une idée commercialisable qui répond à un besoin réel du marché.

    L'idée disruptive?

    Avant d'entrer dans le cœur de son innovation, Pierre Gandel, dont le nom est cité dans 34 familles de brevets, tient à insister sur le collectif". Personne n'invente réellement seul, il existe toujours une équipe à la base d'une innovation". Alors en quoi consiste l'innovation apportée par Pierre Gandel et ses collaborateurs à MMT? Il s'agit d'un capteur de couples pour colonnes de direction," notre plus grand standard mondial", commente l’innovateur. Le capteur de couple est à l’origine de la gestion du système de direction assistée. En effet, il mesure la force de direction appliquée par l’automobiliste et la répercute sur la commande de sensibilité de l’assistance de direction électrique. 

    Voiture connectée

    Aujourd'hui, tout véhicule est doté d'une assistance électrique et c'est là que les capteurs de couples entrent en jeu. Sans capteurs, pas d'assistance car ceux-ci entraînent une réaction proportionnelle par un moteur électrique. Jusqu'alors, les capteurs de couples étaient" résistifs, avec contact". Pierre Gandel et son équipe ont développé" un capteur de couples sans contact, magnétique, multipolaire, avec une durée de vie et une fiabilité très importante" dont l'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

    Il rappelle l'aspect sécuritaire lié aux colonnes de direction". Il est nécessaire d'être sûr de son signal car l'assistance électrique en dépend. Le conducteur souhaite bien sûr être certain que son véhicule soit assisté de manière fiable. Sentir un à-coup au moment de la manipulation du volant serait directement lié à une mauvaise précision de ce capteur".

    En quoi cela nous impacte?

    L'innovation de Pierre Gandel se cache derrière de nombreux appareils électriques et de pièces. Actionneurs, moteurs et capteurs électromagnétiques peuplent en effet l'industrie, notamment automobile, mais pas que. Les rasoirs électriques de Panasonic par exemple fonctionnent grâce un actionneur produit par MMT. Aujourd'hui, Pierre Gandel revendique l'utilisation de ses produits innovants au service de la réduction des émissions de CO2 dans le domaine automobile "Dans tous les véhicules, la plupart des fonctions qui sont 'sous capot', soit les fonctions-moteur, sont en train de s’électrifier. On retrouve des actionneurs, des petits moteurs ainsi que des capteurs sous le capot, qui viennent dépolluer et réduire la consommation". L'inventeur cite notamment un produit développé pour la marque de voitures BMW: un actionneur de levée de soupapes électromagnétique, qui permettrait de sauver" 3 à 5% de la consommation des véhicules", par voie de conséquence, réduirait leurs émissions de CO2.

    Et à l'avenir?

    Évidemment, la voiture connectée ou" la voiture autonome" comme la nomme Pierre Gandel, constitue un grand terrain de jeu pour ses innovations". La prochaine grande révolution dans le domaine des capteurs et des moteurs aura lieu dans le monde automobile avec l'avènement dans 10 ou 15 ans des véhicules autonomes, les voitures du futur et c'est dans ce secteur que nous travaillons aujourd'hui". Équipées de nombreux capteurs, moteurs, actionneurs, les voitures de demain seront de plus en plus automatisées". Ce qui paraît déplacer d'envisager aujourd'hui sera possible dans un futur proche Quand on voudra téléphoner ou répondre à ses emails au volant de sa voiture pris dans un embouteillage, le véhicule se prendra en charge lui même grâce à tous les capteurs, moteurs et actionneurs. On pourra alors tranquillement vaquer à nos occupations".

    http://www.atelier.net/trends/articles/portrait-innovateur-pierre-gandel-met-electromagnetisme-service-voiture-connectee_434885