L’impression 3D promet beaucoup et quiconque s’y intéresse se rend compte de l’énorme potentiel de cette technologie.
Par Yoan de Hautcastel.
Selon l’analyse Wohlers, le marché de l’impression 3D semble marquer le pas après trois ans de croissance exponentielle. 2014 confirme cette tendance mais nous éclaire sur une évolution surprenante : contrairement à l’attente des analystes, c’est l’entrée de gamme, qui subit cette désaffection.
Or l’industrie, américaine et chinoise essentiellement, a investi massivement dans le lowcost en 2014 afin de proposer du makerbot mais moins cher. Des machines carrossées et plus simples à utiliser. Ainsi, A4 technologie, gros revendeur français mise beaucoup sur sa 3D UP BOX, vendue tout de même presque 1800€ (prix de lancement).
Les freins à l’adoption massive de l’impression 3D dans les foyers sont la complexité et le prix. C’est ce que toutes les études successives martelaient. Alors que l’industrie semble répondre aux attentes des consommateurs, quelles sont les raisons de ce repli ? Pourquoi ce marché potentiellement énorme marque-t-il le pas ?
Selon Henri Queuille, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. L’impression 3D promet beaucoup et quiconque s’y intéresse se rend compte de l’énorme potentiel de cette technologie. Cependant il faut se rendre à l’évidence : malgré d’indéniables progrès, les machines d’entrée de gammes restent onéreuses et totalement inefficaces. Tout au plus, le particulier qui cède à la tentation pourra reproduire sans trop de peine, la crotte que le geek têtu aura eu tant de mal à imprimer avec son modèle d’imprimante Open Source.
Avec de l’entrée de gamme, il faut s’accrocher pour imprimer un objet…
Avec un brin de mauvaise volonté, un journaliste du Temps, quotidien Suisse, témoigne des difficultés pour un débutant, d’imprimer en 3D avec une imprimante 3D vendue en grande surface. L’article relate une bonne partie des difficultés que rencontre tout débutant. Il n’y a rien de faux hormis la concentration des problèmes réunis au sein d’une seule expérience. Un brin exagéré certes mais pas délirant. Que d’effort, de temps et d’argent pour un buste de Yoda ou, en l’occurrence d’une figurine d’hippopotame…
Les différentes études omettent toutes d’interroger les primo acheteurs ; pas les curieux qui suivent les tendances mais ceux qui ont pris conscience du potentiel et des contraintes techniques nécessaires pour le réaliser. En d’autres termes pour réaliser des impressions 3D satisfaisantes et utiles, il faut démultiplier son budget. L’impression 3D n’est pas prête à partir à l’assaut des particuliers mais elle débarque en force dans l’entreprise.
Une fois de plus, l’innovation de vient pas des leaders mais de startups et aujourd’hui, les deux machines qui sortent largement du lot sont l’ECV-One de chez E-Crew Vis, jeune entreprise française dont les ventes explosent et la 3NTR A2 de chez 3NTR dont le site pourri ne reflète en aucune façon la qualité de leurs produits…
L’imprimante 3D 3NTR A2 de chez 3NTR
l’ECV One dispose de deux extrudeurs et la 3NTR A2 en aligne trois. Indépendamment de celle qui a la plus grosse, notre choix se positionne en faveur de la machine de chez E-Crew Vis pour la passion et la compétence des jeunes français mais aussi pour certains détails qui font la différence comme le filtre à particules, bien utile quand on extrude de l’ABS, la facilité d’intervention et l’écran tactile, très intuitif. Cela dit, les deux imprimantes vous donneront entière satisfaction. Difficile, sinon impossible de rater une impression avec ces modèles.
Bien entendu, le ticket d’entrée, bien que très raisonnable pour cette gamme de matériel, commence à 4500 euros hors taxe. Le prix, le poids et la taille rendent rédhibitoire leur accès au salon du particulier ou même dans un bureau. Cependant, si vous comptez créer votre entreprise ou étendre vos activités professionnelles à l’impression 3D, ces deux modèles sont incontournables.
Cependant, n’existe-t’il pas malgré tout, une imprimante 3D de salon ou de bureau que je puisse m’offrir à Noël sans regretter mon achat ? Vais-je pouvoir imprimer autre chose qu’une crotte ayant vaguement l’aspect d’un buste de Yoda ?
Nous avions testé l’imprimante 3D Creatr de chez LeapFrog. Cette imprimante présente la caractéristique d’être très robuste et est présentée comme une imprimante 3D semi-professionnelle. Son tarif très raisonnable, surtout compte tenu de la qualité des matériaux et de sa finition irréprochable en font une championne potentielle. Néanmoins, la technologie de son lit d’impression est dépassée et l’adhérence du filament au plateau, fut-il du PLA, laisse à désirer.
Comme en 2014, la reine de l’entrée de gamme, reste l’Ultimaker 2, outre une bonne précision, cette imprimante offre tout ce que l’on est en droit d’attendre d’une telle machine
consommable (filament) ouvert. Bannir toute technologie propriétaire
logiciel ouvert
connecteur réseau et/ou wifi
précision
fonctionnement silencieux
robustesse
vaste plateau d’impression
réglages par défaut
Si la précision est votre priorité, alors la championne est la spiderbot dont l’originalité réside dans la liaison des bras articulés soutenant l’extrudeur: les rotules sont magnétiques. Elle évite ainsi les courroies ou les vis sans fin qui nécessitent parfois quelques réglages. C’est également cette particularité qui lui permet d’atteindre une précision hors du commun pour une machine de cette gamme.
Si, malgré toutes mes mises en garde, vous persistez dans votre désir d’apprendre et que votre choix se porte sur de l’Open Source, alors je ne saurais trop vous conseiller d’investir tant dans la machine que dans le service après vente. Tobeca, dont j’avais interviewé le dirigeant il y a quelque temps, s’impose: bonne machine couplé à un SAV qui ne vous laissera pas tomber.
https://www.contrepoints.org/2014/10/30/186439-quelle-imprimante-3d-choisir-en-2015