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sciences - Page 28

  • Impensable! Le robot qui imprime des maisons

    Le robot qui imprime des maisons

    Publié  le 2 février 2014 dans Sciences et technologies

    Il est désormais possible grâce à l’impression 3D " d’imprimer " une maison en 24 heures.

    Par Nina Misuraca Ignaczak.

    Alors qu’en ce début de XXIème siècle, la technologie continue de progresser à une vitesse folle, environ un milliard de personnes continue de vivre dans des bidonvilles, et l’on estime que ce nombre pourrait atteindre les 2 milliards d’ici à 2030.

    Est-ce que la technologie de l’impression en trois dimensions sur béton pourrait fournir des abris pour loger les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète ?

    Les bidonvilles dans le monde sont majoritairement concentrés dans le " sud " : Afrique, Asie, Amérique latine ; des endroits où le processus d’urbanisation ne s’est pas accompagné d’un développement économique, et, qui sont caractérisés par des conditions sanitaires déplorables, des habitations entassées les unes sur les autres et des constructions de mauvaise qualité, le tout exposant les populations qui y vivent aux maladies et aux catastrophes naturelles.

    D’après un article de MSN Innovation, du professeur Behrokh Khoshnevis de l’université de Californie du Sud, les bidonvilles constituent " un problème de construction classique, qui est lent, laborieux et inefficace ".

    Khoshnevis a développé une technologie de " contour crafting " qui utilise une grue robotique géante pour littéralement imprimer le béton. Guidé par un plan créé par ordinateur, le système peut construire une maison de 2500 pieds carrés (soit environ 230 m²) en 24 heures, et le résultat final est bien plus robuste que les constructions traditionnelles.

     

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    D’après Contour Crafting.

     " La plupart des biens d’aujourd’hui – vêtements, voitures, appareils électroniques – sont produits grâce à des processus automatisés " poursuit Khoshnevis. La construction d’habitations sera la prochaine étape.

    Mais cette automatisation du secteur ne va-t-elle pas détruire des emplois dans ce domaine ? Environ 5.8 millions d’Américains et 110 millions de personnes dans le monde travaillent dans la construction. Dans l’article, Khoshnevis indique que cette nouvelle technologie peut potentiellement créer de nouveaux emplois, plus sûrs pour les ouvriers, ce qui permettrait d’éviter la mort de plus de 10 000 personnes chaque année sur les chantiers.

    Comme toutes les nouvelles technologies innovantes, la construction de maisons par impression en trois dimensions devrait perturber ce secteur économique. Mais, après tout, des Américains étaient fermiers au début du siècle dernier et aujourd’hui, il y en reste encore fait remarquer Khoshnevis.

    Il y a quelques inconvénients. Les chantiers doivent être méticuleusement dégagés et nivelés pour que les imprimantes 3D puissent fonctionner. Dans plusieurs bidonvilles dans le monde, telles que les favelas au Brésil, les terrains plats sont une denrée rare. Aplanir ces zones ne se fera pas automatiquement ce qui nécessitera encore l’intervention d’ouvriers pour effectuer le travail.

    Pour l’instant, aucune habitation n’a encore été construite et le système continue à être testé. Avec le développement et la distribution de cette technologie, de plus en plus d’objets sont imprimés, et on peut penser que ce n’est qu’une question de temps et d’argent pour que cela n’arrive dans le secteur du bâtiment.

     

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    Ce " contour crafting " (test de mur) présente une résistance de 10000 PSI contre 3000 simplement pour un mur traditionnel.

    Sur le web (article paru initialement sous licence CC-BY) - Traduction Xela42/Bribes N Trib/Philippe F

  • Japon: un maillot de corps qui prend le pouls ou mesure le sommeil

    un article que je met mais qui me fait crisser les dents? Pourquoi?

    allez visiter ma boutique et vous comprendrez vite pourquoi...

     

     

    Le pionnier nippon des services mobiles NTT Docomo a annoncé jeudi le lancement prochain de nouvelles prestations de suivi médical grâce à un maillot de corps "intelligent" qui mesure les signaux cardiaques ou le sommeil, un produit conçu avec son compatriote spécialiste des textiles Toray.

    Ce T-shirt, appelé "Hitoe", recueille les signaux émis par le corps et adresse ces données à un smartphone équipé d'une application spéciale, via la technologie sans fil de proximité Bluetooth.   

    Ce sous-vêtement a pour particularité de pouvoir être lavé comme un autre, grâce à l'emploi pour la partie de recueil et transmission de signaux de nanofibres (un matériau léger et flexible) et d'une sorte de vernis pour protéger les fils, le tout ne se détériorant pas au contact de l'eau. Il suffit que deux morceaux (de la taille d'une carte bancaire) du matériau de Toray soient intégrés dans le vêtement pour qu'ils agissent comme une anode et une électrode afin de capter les signaux corporels. La batterie nécessaire pour alimenter les composants de transmission vers le mobile, elle, est amovible.

    Si le premier produit est un maillot, d'autres suivront, comme un pyjama (pour contrôler le sommeil) ou une sorte de bonnet.

    NTT Docomo propose déjà des services de suivi médical s'appuyant sur les mobiles et des objets communicants autres (comme un bracelet-capteur, un thermomètre, un tensiomètre, un podomètre ou un pèse-personne), mais il prévoit d'ajouter d'autres options avec ce maillot de corps. Une offre devrait être proposée dans le courant de l'année.

    Le prix de ce sous-vêtement n'a pas été indiqué.

  • Drones: pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes?

     

    Le religieux n’est jamais loin lorsqu’il est question de ces robots volants

    Par Stéphane Stapinsky - Historien et essayiste. Il prépare un fascicule sur les drones pour une série que va lancer l’Encyclopédie de l’Agora l’an prochain.

     

    Dans notre dossier Télé-réalité, il y a quelques années, nous constations une hypertrophie actuelle du regard : « Trois mots de même famille résument les effets de l’actuelle du regard : prospection, inspection, introspection. Prospection : voici l’ingénieur qui scrute les entrailles de la Terre, de la Lune et de Mars, avec l’espoir d’y trouver matière à exploiter. Il fonde ainsi ce que René Dubos appelait la civilisation de l’extraction. Inspection : Voici l’État et ses serviteurs qui nous font entrer dans l’ère du contrôle et voici, au terme de ce processus, Big Brother, à qui la télé-réalité permet, avec la complicité des victimes, de pousser son inspection jusqu’à la sphère la plus intime de la vie privée. Introspection : Voici l’inspecté qui, suivant les maîtres de la psychologie des profondeurs, prospecte et inspecte ses abîmes intérieurs. »

    À cet œil, que l’on pourra bientôt qualifier de préhistorique, il manquait une lentille volante qui allait lui permettre de devenir omniprésent et donc omniscient. Cette lentille c’est le drone, si l’on veut bien entendre par ce mot tout véhicule volant sans pilote.

    Dans La République, Platon raconte l’histoire d’un tyran, Gygès, qui tire son pouvoir d’un anneau magique : selon le sens où on le tourne, il rend visible ou invisible celui qui le porte. Ainsi armé, on peut tuer et régner par la terreur impunément. Ce mythe sur l’art de régner en voyant sans être vu a failli devenir une réalité à la fin du XVIIIe siècle quand Jeremy Bentham a lancé son idée de Panopticon, la machine ou plutôt l’édifice à tout voir, idéal pour les prisons où un seul surveillant placé au milieu de la place pourrait observer ce qui se passe dans chaque cellule sans être vu lui-même. Dans Surveiller et punir, Foucault a développé l’idée de Bentham en l’appliquant à la société tout entière : « [L]’effet majeur du panoptique[est d’]induire chez le détenu un état conscient et permanent de visibilité qui assure le fonctionnement automatique du pouvoir. Faire que la surveillance soit permanente dans ses effets, même si elle est discontinue dans son action ; que la perfection du pouvoir tende à rendre inutile l’actualité de son exercice. » On peut assurément soutenir, comme l’a dit un jour le député-maire français Noël Mamère, que le drone, « c’est l’application modernisée du panoptique à la ville entière, c’est un système de surveillance disciplinaire généralisé ».

    Le religieux

    Le religieux n’est par ailleurs jamais loin lorsqu’il est question des drones. Adam Rothstein, fondateur de Murmuration (« A Festival of Drone Culture », organisé en juin sur Internet) les compare à des anges « en orbite au-dessus de nos têtes, les nouveaux nomades astrologiques de nos destins mortels ». Selon Claire L. Evans, les drones nous troublent parce qu’ils « sont les agents d’une omniscience toute humaine qui se compare aux pouvoirs des dieux » (« Big Smart Objects : Drone Culture and Elysium, » Grantland, 14 août 2013).

    Certaines peurs ancestrales revivent, car l’utilisation qui en est faite nous rappelle que, oui, « le ciel peut nous tomber sur la tête » et qu’il est possible d’être foudroyé par Zeus. « Les drones créent en moi de nouvelles formes de paranoïa : dans tous mes cauchemars adolescents les plus lucides à propos de l’avenir, jamais je n’ai été amenée à craindre une mort […] qui me viendrait du ciel. Maintenant, j’y songe régulièrement » (C. L. Evans). Les marines américains présents au sol lors d’une attaque de drone désignent d’ailleurs le faisceau laser envoyé par celui-ci sur sa cible avant l’instant fatidique comme « la Lumière de Dieu ».

    Outil de destruction

    Le drone est outil de destruction en même temps qu’outil d’inspection, un regard qui tue. Mille drones avec une minuscule tête nucléaire, lancés en même temps sur Hiroshima auraient pu avoir le même effet dissuasif que la bombe A. Mais personne à ma connaissance n’aurait eu l’idée de faire de la bombe A un objet esthétique, tandis que la chose semble aller de soi dans le cas du drone.

    Un drone militaire comme le Predator — qui a l’air d’un gros oiseau tranquille — est un bel objet, tout en finesse, avec des courbes gracieuses. La conception de ce type d’aéronef procède assurément de la volonté d’imposer sa puissance par le biais de l’esthétique. C’est d’ailleurs une qualité des objets high tech : xontrairement à la technologie moderne, la haute technologie ne peut plus être définie uniquement en termes d’instrumentalité ou de fonction […]. Dans la haute technologie, la technologie devient davantage une question de représentation, d’esthétique, de style » (R. L. Rutsky, High Techne: Art and Technology from the Machine Aesthetic to the Posthuman, 1999).

    Cette instrumentalisation de la beauté, même ceux qui critiquent le drone y succombent. C’est le cas d’artistes et d’intellectuels appartenant à une certaine avant-garde, largement anglo-saxonne, qui le prennent comme objet de leur travail. Plusieurs gravitent autour du festival Murmuration, créé par Rothstein.

    Tout cela baigne dans un fond de technophilie, de festivisme et de transhumanisme qui me laisse perplexe. Dans cette appropriation du drone par un certain milieu culturel, on retrouve les contradictions de notre époque face à ce genre de technologie. D’un côté, on en stigmatise à juste titre certains excès ; de l’autre, ébloui, on se soumet sans rechigner au diktat de la société technicienne.

     

  • La révolution de l’impression 3D et la seconde mort de Descartes

     

    Ce que l’impression 3D, l’open source et Internet combinés rendent possible, c’est la conception et la fabrication en petite série rentables.

    Par Philippe Silberzahn.

    L’impression 3D et la révolution qu’elle représente n’en finissent pas de susciter des réflexions – Même Le Monde en parle, c’est dire. Mais si on a tendance en général à se focaliser sur « la fabrication à la portée de tous » – qui a indéniablement une portée révolutionnaire, il y a un aspect également très important qui a trait au travail et à sa place dans la société. La révolution de l’impression 3D est la seconde mort de Descartes, voici pourquoi.

    Je fais ici référence au dernier ouvrage de mon collègue et ami Pierre-Yves Gomez, Le travail invisible. Selon lui, la création de valeur due au travail se fait au travers de trois dimensions : la dimension subjective (la réalisation de soi dans le travail), la dimension objective (ce qui est produit par le travail) et la dimension collective (aucun travailleur n’existe et ne crée seul). La tendance de ces dernières années a été de nier de plus en plus des dimensions subjectives et collectives, pour ne plus se concentrer que sur la seule dimension objective, que l’on essaie de mesurer de plus en plus scientifiquement, avec des travers qu’évoque longuement Pierre-Yves. On est bien dans une conception cartésienne du travail avec d’un côté des penseurs (le management), et de l’autre ceux qui mettent en œuvre et fabriquent, avec plus rien entre les deux, une conception très cartésienne et séparation entre l’esprit (supérieur) et le corps (inférieur), dans laquelle l’action n’est nullement source de création, simplement d’exécution. J’ai évoqué dans un billet précédent d’où venait, selon moi, cette tendance. Mais comment la modifier ? C’est ici qu’intervient l’impression 3D.

    Pour ceux qui auraient vécu sur Mars ces derniers mois, l’impression 3D (ou plus exactement fabrication additive) est une technique permettant de fabriquer des objets par déposition d’une couche de matière, un peu comme une imprimante à jet d’encre (d’où le nom). Le développement accéléré de cette technologie fait qu’il est possible de fabriquer un nombre croissant d’objets en un nombre croissant de matières, et l’abaissement du coût des imprimantes les met à disposition du plus grand nombre (certaines sont disponibles à partir de 400$). De là naît un mouvement, aux États-Unis d’abord mais qui se développe désormais dans le reste du monde, celui des « Makers », littéralement des fabriqueurs, qui voit des amateurs se consacrer à la conception et à la fabrication d’objets comme hobby. Certains le font tellement sérieusement qu’ils finissent par commercialiser ce qu’ils fabriquent, et l’on voit désormais se recréer des sites industriels dans des domaines depuis longtemps abandonnés aux États-Unis, contribuant ainsi à sa réindustrialisation (ce qui faisait récemment dire à l’un de mes amis qu’Arnaud Montebourg ferait plus pour la réindustrialisation française en subventionnant des imprimantes 3D qu’en nationalisant Florange, mais ceci est sans doute une autre histoire, quoique).

    Naturellement, tout ceci est étroitement connecté avec Internet : des communautés de makers émergent sur le Web et co-créent (en open source) des objets aussi divers que des tasses de café ou des drones. Se développent également des « makers Faire », sortes de foires où les makers se rencontrent, échangent et, bien sûr, fabriquent. En aval, Internet sert également à vendre ces objets dans le monde entier. Ce que l’impression 3D, l’open source et Internet combinés rendent possible, c’est la conception et la fabrication en petite série rentables.

    On le voit, le mouvement des makers remet en avant deux des dimensions du travail : la dimension subjective – le plaisir de faire – et la dimension collective – le plaisir de faire ensemble. C’est bien la seconde mort de Descartes, la pensée et l’action, individuelle et collective, se rejoignent, et l’action est à nouveau source de nouveauté et de création (le lien avec l’entrepreneuriat est ici évident). Que cela reste ensuite au niveau du hobby, ou que cela se traduise ensuite par une activité commerciale, c’est sans doute là le véritable aspect révolutionnaire du mouvement des makers et la technologie d’impression 3D sur laquelle il s’appuie. Pour revenir à l’ouvrage de Pierre-Yves, la grande entreprise, par son obsession de la performance et de la mesure, a étouffé les deux dimensions subjective et collective du travail. Plutôt que de se demander comment elle pourra les rétablir, peut-être suffit-il d’observer que d’autres formes de production et de création de valeur sont déjà en train de le faire sans elles. L’impact prévisible de cette substitution est difficile à anticiper, mais il semble assez évident que si un nouveau monde se construit sans ces grandes entreprises, elles ne tarderont pas à en sentir les effets.

    https://www.contrepoints.org/2014/01/17/153591-la-revolution-de-limpression-3d-et-la-seconde-mort-de-descartes

  • J'ai été 15 ans photograveur offset... donc, je m'intéresse... N. de la rédactrice

    D’où vient le signe @ ? l’épopée de l’arobase.

    Par Guillaume Nicoulaud.

    Une adresse e-mail est composée de trois éléments essentiels. Le premier est l’identifiant de l’utilisateur, le troisième est le nom de domaine et le second, celui qui fait la jointure entre les deux, c’est le désormais omniprésent signe @.

    Pourquoi donc ce signe et d’où peut-il bien venir ?

    Pour le savoir, il va nous falloir suivre sa trace en commençant par ce beau jour de 1971 où Ray Tomlinson, l’ingénieur américain qui a inventé et envoyé le premier message électronique de l’histoire, va décider d’utiliser ce symbole plutôt qu’un autre. Quand on lui demande la raison de ce choix, la réponse de Tomlinson est d’une désarmante logique : le symbole @ présentait le double avantage de ne pas être ambiguë (on ne risquait pas de le confondre avec le nom de l’utilisateur ou celui du domaine) et de " faire sens " puisque, chez nos amis anglo-saxons, il était déjà largement compris comme signifiant at (à) de telle sorte que user@domain se lit intuitivement " user at domain " ; ce qui, vous en conviendrez, tombe assez bien.

    Le signe-at (@), donc, était déjà en usage chez les anglo-saxons bien avant que le premier e-mail ne soit envoyé et, plus précisément, il était fréquemment utilisé par les commerçants pour désigner le prix unitaire d’un produit : bien avant 1971, " 10 chickens @ $5″ signifiait déjà et très précisément 10 poulets à 5 dollars l’un. Mais avant que l’informatique ne lui offre son heure de gloire, le at commercial restait tout de même d’un usage relativement confidentiel ; on trouve bien quelques polices de caractères et machines à écrire (dès les années 1880 aux États-Unis) qui l’avaient prévu mais, pour l’essentiel, il semble que le @ ait surtout été longtemps manuscrit.

     

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    Pendant très longtemps à vrai dire. Parce que notre at commercial, voyez-vous, ne date ni d’hier, ni du XIXe siècle : on en trouve la trace jusqu’au XVIe siècle ! Où ça ? Eh bien toujours chez les marchands mais les italiens cette fois-ci. James Mosley, dans son excellent papier consacré au sujet, en propose quelques exemples ; je publie ici sa reproduction d’un document daté de 1569 où l’on peut lire " … la valuta di libre centouinticinque di seta calabrese presa da noi @ Ragion di [scudi] tre la libra per pagar a tempo dj xviij mesi proximi @ venire " ; c’est-à-dire " la valeur de cent vingt-cinq livres de soie calabraise, obtenue de nous @ raison de trois scudi par livre, à payer dans les dix-huit mois prochains @ venir. "

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    Reproduction d’un document italien de 1569 (Cresci, Il perfetto scrittore, H.T. James Mosley).

    Le @, signifiant " à " (ou at en anglais) existait donc déjà au XVIe siècle, c’est une certitude, et il semble bien qu’il ait été utilisé avec à peu près la même signification un peu partout en Europe. De là, on est en droit de se demander comment ce symbole s’est diffusé de Venise à Londres. Bien sûr, le fait qu’il soit utilisé par des marchands peut porter une part d’explication mais il existe aussi une autre possibilité : le latin.

    Eh oui, le latin, véhiculé par les moines copistes reste, encore à cette époque, la langue qui unit toute l’Europe et il se trouve qu’en latin, notre @ se serait dit ad. Jetez un coup d’œil sur la graphie onciale et vous admettrez que la ligature du a et du d a quelques solides chances de donner un @ – surtout quand on se souvient que celle du e et du t nous a donné l’esperluette (&). Ce n’est, bien sûr, que pure conjecture mais il n’en reste pas moins que les moines utilisaient bel et bien le @ dès le XIIe siècle :

     

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    Traduction des Chroniques de Constantin Manassès (Codex Vaticano Slavo 2, c. 1345).

     Quand au mot arobase, il nous vient du castillan arroba, unité de poids et de capacité en vigueur dans la péninsule ibérique depuis au moins 1088 ; l’arroba (pluriel : arrobas), dont le nom est lui-même tiré de l’arabe الربع (" le quart "), valait un quart de quintal de 100 livres – soit 10,4 kilos en Catalogne, 11,5 en Castille et 12,5 en Aragon – ou, en certaines occasions, de 12,5 à 16 litres en fonction du liquide. D’ailleurs, le Dictionnaire de l’Académie Françoise dans sa version de 1798 :

    " ARROBE. s. mas. Mesure de poids, usitée dans les possessions d’Espagne et de Portugal, et qui varie suivant les différens lieux. Vingt arrobes de sucre. "

    Mais alors, me direz-vous, par quel miracle en sommes-nous venus à nommer arobase (ou arrobe si ça vous amuse) ce signe @ qui, de toute évidence, signifiait ordinairement ad, a, à ou at ?

    Eh bien c’est fort simple : il se trouve que l’arroba castillane était, elle-aussi, symbolisée par un @ tout comme le symbole du réal était un r également enveloppé. Lorsque, à partir de 1971, les Espagnols ont redécouvert le symbole @, il lui ont tout naturellement redonné son ancien nom, arroba, et nous-autres Français, avons fait de même avec notre arrobase.

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    Document espagnol écrit en 1775 (H.T. Peter Gabor).

    C’est de là d’ailleurs que vient toute la confusion qu’a jeté la fameuse lettre de Francesco Lapi ; laquelle, écrite le 4 mai 1536, est réputée contenir la plus ancienne trace non monacale de notre @. Le castillan, en effet, utilise deux fois le symbole : une première fois en tant que ad dans la date (" @ 4 di maggio 1536″) et une seconde fois comme symbole de l’anfora (je vous laisse deviner l’étymologie), une unité de mesure italienne plus ou moins équivalente à l’arroba. D’où la confusion.

    Bref, ni arobase, ni arrobe ne sont appropriés : le véritable nom du @ en français, c’est le signe à.

    MERCI à la personne qui a écrit cet article; du temps où je travaillais en imprimerie (à Toulouse) j'avais demandé à un typographe très âgé ce qu'était cet arobase... Il me l'avait expliqué en disant que c'était un très vieux signe français... mais, que c'était pas facile en typographie pour le représenter.

    Lorsque je donne mon adresse courriel, j'utilise le mot at et la majorité des gens me disent: c'est quoi ça? mais, c'est ainsi qu'il faut dire lorsque l'on a "quelques lettres".

    N'oubliez pas, de toutes façon, que pour les ouvriers typographes de l'imprimerie d'autrefois, ils se devaient d'avoir un bon caractère pour faire bonne impression! :-)

     

  • Réseaux mobiles

    La Corée s'attèle à la 5G et investit plus d'un milliard d'euros

    La Corée du Sud, qui est déjà un des pays les plus "connectés", a annoncé mercredi un projet de 1,1 milliard d'euros pour la mise en place d'un réseau de cinquième génération (5G) permettant le téléchargement d'un film en une seconde.

    La Corée du Sud, qui est déjà un des pays les plus "connectés", a annoncé mercredi un projet de 1,1 milliard d'euros pour la mise en place d'un réseau de cinquième génération (5G) permettant le téléchargement d'un film en une seconde.

    Le ministère de la Science s'est fixé une échéance à six ans pour ce projet évalué à 1.600 milliards de wons (1,1 milliard d'euros).

    "Nous avons aidé à la croissance du pays avec la 2G dans les années 90, avec la 3G dans les années 2000 et la 4G aux alentours de 2010.

    Il est temps à présent de se mettre en mouvement pour développer la 5G", a indiqué le ministère dans un communiqué.

    "Des pays en Europe, la Chine et les Etats-Unis ont redoublé d'efforts pour développer la technologie de la 5G (...) et nous pensons qu'il y aura une énorme concurrence sur ce secteur dans quelques années", a-t-il ajouté.

    Les connexions internet de cinquième génération sont un millier de fois plus rapides que les services de 4G et permettront par exemple de télécharger un film en haute définition en une seconde.

    Avec la 5G, les passagers de trains à très grande vitesse (500 km/h) pourront aussi accéder à internet, une niche à creuser pour les groupes sud-coréens.

    Selon le projet du gouvernement, un service test sera mis en place en 2017, avant d'être commercialisé en décembre 2020. Le ministère estime que l'installation du réseau génèrera 331 milliards de wons de chiffre d'affaires pour le secteur des équipements télécoms.

    Le ministère souhaite la participation des opérateurs --tels que SK Telecom et Korea Telecom-- et des fabricants d'appareils de téléphonie mobile --Samsung ou encore LG.

    Il veut aussi renforcer le secteur des équipementiers en infrastructures télécoms, plus faible dans ce pays que celui des fabricants de mobiles.

    Les fabricants sud-coréens occupent 30% de part de marché mondiale pour les appareils mobiles (téléphones portables, smartphones, tablettes...), grâce notamment à Samsung, numéro un mondial sur ce secteur.

    Les équipementiers sud-coréens n'ont en revanche qu'une part de marché mondiale de 4,4%, avec des exportations très limitées. Les chinois, dont Huawei, sont passés de 12% en 2007 à 26% en 2012. Séoul vise 20% d'ici 2020.

    Huawei avait annoncé en novembre prévoir un lancement commercial de la 5G pour 2020, avec un investissement de départ de 600 millions de dollars US (442,5 millions d'euros).

    En Europe, le projet Metis regroupe vingt-neuf acteurs du monde des télécoms --surtout des européens, mais avec aussi Huawei et le japonais Docomo-- travaillant au développement de la 5G.

    Il est doté de 27 millions d'euros de budget, dont une partie provient de la Commission européenne qui a consacré un total de 50 millions d'euros en 2013 à la 5G via des subventions.

    Les Européens ont aussi comme échéance 2020 pour la commercialisation.

    En mai 2013, Samsung avait indiqué avoir testé avec succès la 5G, qui permet la transmission de données de plus d'une gigabit par second sur une distance de 2 km (contre un débit de 150 mégabits/seconde au mieux actuellement). Mais lui aussi avait prévenu que la commercialisation n'interviendrait pas avant la fin de la décennie.