Malgré une affaire de 402 000€, le parquet ne veut pas enquêter sur les montages immobiliers de Richard Ferrand
" Richard Ferrand piégé par une affaire immobilière et familiale " très lucrative dont a bénéficié sa femme.
C’est ainsi que Le Canard enchaîné annonçait, mardi soir, les révélations concernant les combines et arrangements du ministre de Macron. Mais rien à craindre, le PNF, parquet national financier, ne fera aucune enquête. Pourquoi ? Réponse : " parce que ".
Le gouvernement s’apprête à mettre sur la table sa loi sur la moralisation de la vie politique.
- François Bayrou est plombé par une affaire d’emplois fictifs et un renvoi en correctionnelle.
- Ferrand, selon le Canard, est embourbé dans une " saga de locations familiales " qui remonte au temps où il était directeur général des Mutuelles de Bretagne.
La bonne affaire à 402 000 euros
L’affaire remonte à 2011. Richard Ferrand, alors directeur général des Mutuelles de Bretagne, un organisme à but non lucratif, recherche des locaux. Selon Le Canard enchaîné, le bureau du conseil d’administration choisit à l’unanimité de louer les locaux d’une SCI (société civile immobilière), nommée Saca, pour un loyer annuel de 42 000 euros.
- Premier problème : ladite SCI n’existe pas.
- Second problème : " elle n’est même pas encore propriétaire des surfaces qu’elle propose à la location ", dit le Canard.
- Troisième problème, et non des moindres, sa future gérante s’appelle Sandrine Doucen, l’épouse de Richard Ferrand.
On récapitule :
Le conseil d’administration choisit à l’unanimité de louer à une société qu’elle ne connaît pas puisqu’elle n’existe pas, des locaux qu’elle ne connaît pas puisque la SCI n’en est pas propriétaire, pour un loyer annuel de 42 000 euros qui tomberont dans la poche de Madame et Monsieur Richard Ferrand, directeur général et donc membre clé du conseil d’administration qui a pris la décision.
Et l’affaire n’intéresse pas le PNF, alors qu’il a enquêté, en plein pendant la campagne électorale, sur un costume offert par un ami à François Fillon.
Lorsqu’un pays s’accommode de sa propre corruption, et de la collusion entre le judiciaire qui se met au service du politique, voilà à quoi cela ressemble.
" Fort de [cet] accord financier, Sandrine Doucen peut passer la vitesse supérieure ", c’est à dire, créer la SCI et acheter le bien.
- Elle crée la SCI au capital de 100 euros avec un ami de Richard Ferrand (une SCI doit compter au moins deux associés) qui investit " un euro pour acheter une action, pendant que Sandrine Doucen s’offre les 99 autres ".
- Quelques mois plus tard, elle achète les locaux brestois et obtient un prêt " d’un peu plus de 402 000 euros ", soit 100% du prix d’achat ainsi que les frais de notaire.
- " La décision des Mutuelles va permettre à la compagne du directeur général de rembourser, à terme, la totalité de son emprunt bancaire " explique le Canard.
- Cerise sur le gâteau, " les lieux seront entièrement rénovés – et sans contrepartie – aux frais des Mutuelles, pour un montant de 184 000 euros ".
Grâce à ce tour de passe-passe, la famille Ferrand a dépensé 100 euros et a reçu en toute légalité, 402 000 euros. Pas mal non ? Les Ferrand se sont fait payer par la Mutuelle un patrimoine de 402 000 euros.
L’opération, légalement, est sans faille. Moralement, c’est une autre paire de manches, surtout dans le cadre de la " moralisation " de la vie publique.
Sollicité par Le Canard enchaîné, Ferrand, hypocrite mais sûr de son bon droit ne dément pas les faits. " C’était la solution la moins chère. Le prix était conforme au marché, et rien n’a été caché : tout le monde savait que cette SCI était la propriété de ma compagne. "
Mais Ferrand étant le directeur des Mutuelles, on imagine les liens de subordination psychologique avec les autres membres du Conseil d’administration – qui resteront, on s’en doute, silencieux.
Dans un communiqué, le ministère de la Cohésion des territoires – dont dépend Ferrand qui est ferré, explique : " Cette polémique … poursuit Monsieur Ferrand depuis de longues années… il est au contraire unanimement reconnu qu’il a su redresser les Mutuelles de Bretagne, sauver 120 emplois et en créer plus de 200″.
Est-ce à dire qu’il a en quelque sorte " mérité " cette gratification déguisée ?
Les Mutuelles de Bretagne se désolidarisent de Ferrand
Le président des Mutuelles de Bretagne de l’époque, Michel Buriens assure n’avoir " aucun souvenir " que le conseil d’administration savait que la SCI appartenait à la femme de Ferrand.
A droite, les rêveurs demandent l’ouverture d’une enquête, comme le président (LR) des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, qui sait pourtant très bien que la justice est tenue en laisse.
Pareil à gauche, où le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a demandé " solennellement " au Premier ministre, Edouard Philippe, et au ministre de la Justice, François Bayrou, de s’exprimer au sujet des révélations du Canard enchaîné concernant Richard Ferrand. Naïf ?
Itou chez Marine Le Pen, présidente du Front national, qui dénonce un " enrichissement personnel parfaitement immoral " et estime que le ministre devrait " poser sa démission ".
Benjamin Griveaux, porte-parole de La République en marche, a déclaré : “Est-il mis en cause par un juge ? Non ! Une démission ? Vous plaisantez ! C’est un non-événement !”
Circulez, il n’y a rien à voir, la France au 23e rang des pays les plus corrompus au monde, ça se mérite (Source : http://www.tradingeconomics.com/france/corruption-rank)
Et les médias censurent toujours l’affaire des emplois fictifs de Bayrou…
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