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Savoir - Page 174

  • la fausse bonne idée de la SNCF pour le 8 mars

    Des chocolats pour les femmes en 1ère classe: la fausse bonne idée de la SNCF pour le 8 mars

    PAS DE 1ERE CLASSE PAS DE CHOCOLAT

    Une initiative locale de la SNCF prévoyait de distribuer des chocolats aux femmes dans les TGV Paris-Lyon, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes. L'opération a été annulée par la direction nationale, qui la juge "contraire aux valeurs de la SNCF".

    Distribuer des chocolats à ces dames... mais seulement en 1ère classe. Telle est la consigne reçue, en interne, par les salariés de la SNCF sur l'axe TGV Sud-Est, en prévision du 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

    L'initiative a été rendue publique mercredi 7 mars, par un tweet de la CGT Cheminots de Marseille. Visuel de communication à l'appui, la section locale révèle en effet qu'il était donc conseillé au personnel de bord de "participer" à la "journée internationale des femmes" en "leur offrant des chocolats dans les espaces PRO 1ère".

    https://www.lci.fr/societe/journee-des-droits-des-femmes-des-chocolats-tgv-pour-les-femmes-en-1ere-classe-la-fausse-bonne-idee-de-la-sncf-pour-le-8-mars-2081052.html

     

    Arrêtez de pleurer pour votre salaire, les filles, voilà comment on nous traitait... il n'y a pas si longtemps que cela!

    De 1970 à 1983, j'ai travaillé dans les imprimeries toulousaines. J'allais donner un coup de main à ce qu'on appelle “la photogravure“. Les potes avaient le smig multiplié par trois. Du coup, comme j'étais maman célibataire et qu'avec un enfant on n'a pas droit à de multiples allocations, que pour faire garder ma fille, la nourrice avalait la moitié de ma paye, je me suis faites embaucher dans une autre imprimerie comme photograveur offset… croyant avoir une meilleure paye.

    Ben non, j'ai eu droit a à peine le smig… j'ai été la première femme à Toulouse à être photograveur. Le quotidien local, ayant entendu cela, a décidé de former des filles pour son service de photogravure, en 73 ou 74. Il économisait deux fois le smig!

    Le chef de ce service m'avait contactée pour aller là-bas, puisque j'avais trois ans de pratique mais j'ai refusé! et pourquoi?

    parce qu'il fallait passer par un droit de cuissage, avant l'embauche….

    Non merci!

    Allez lire dans le blog de mon site exactement ce qui s'est passé, quelques années plus tard...

    http://www.josyanejoyce.com/voyances2/index.html

     

  • La seule et unique femme légionnaire!!!!

    Suzan était à Bir-Hakeim
    Seule femme parmi les combattants, elle a vécu les campagnes d’Afrique les plus dures.
    Hier, enfin, Légion d’honneur et souvenirs.

    Seule femme parmi plus de 5 000 soldats… Sous les bombardements allemands de Bir-Hakeim, ses vieux baroudeurs de compagnons légionnaires disaient d’elle avec respect : « Suzan, c’est un vrai mec ! » Miss Travers, que l’Angleterre offrit aux Forces Françaises Libres en 1940, a encore le pouvoir de faire venir au pied de son fauteuil de retraitée un ministre, plusieurs généraux, un parlementaire et de nombreux compagnons d’armes. Le 22 mai 1996, à Savigny-sur-Orge (Essonne), où elle s’est retirée, miss Suzan, 86 ans, a été décorée de la Légion d’honneur. Une médaille qui s’ajoute aux 12 qu’elle possède déjà. Héros for ever…

    À entendre la vieille dame, assise droite comme une lady, sa vie aurait vraiment commencé à l’âge de 30 ans. Rien ou presque sur sa naissance à Folkestone. Un père officier de la Royal Navy à la retraite, un frère pianiste, et c’est tout.

    Quand la guerre éclate en 1939, elle se trouve en France auprès d’amis de sa famille. En un tournemain, sa décision est prise : elle sera infirmière bénévole. « Parce qu’elle s’ennuyait », prétend le général Geoffrey, compagnon d’armes et compatriote. Nantie d’un diplôme de la Croix Rouge, voici Suzan Travers expédiée en Finlande. L’avancée des troupes allemandes à travers la Norvège la pousse peu à peu à retrouver le fog londonien. Avec une adresse en poche, Covent Garden, et un but : rejoindre ce général de Gaulle qui n’abdique pas. "Quelqu’un m’avait dit qu’il existait des Français Libres. J’ai été voir quelle tête ils avaient"», confie-t-elle avec l’accent adéquat.

    "Elle ne voulait pas faire comme ces filles de bonne famille, les Spearettes, ambulancières à Londres. Elle voulait combattre", explique le général Geoffrey. Ce sera l’Afrique, en long et en large, et une fidélité sans faille à la 13e Demi-Brigade de Légion Étrangère. Suzan s’engage le 28 août 1940, et embarque trois jours plus tard direction Dakar. Sur le navire elle croise de Gaulle. Ce qui n’est pas peu fait pour l’impressionner.

    Le Sénégal, le Congo, le Soudan, l’Éthiopie: pas de répit pour la jeune infirmière, nommée chauffeur de médecin. Prémonition? Cette place la conduit droit au volant de la Ford du général Kœnig, leader charismatique des Français Libres. En route pour les sables du désert libyen. "Chez nous elle était mieux gardée par les légionnaires qu’une jeune fille dans un couvent. Tous voulaient briller à ses yeux. Elle se comportait comme n’importe quel homme. Elle était gonflée ! » soutient le général Geoffrey".»

    Impact

    Courage qu’elle va montrer à Bir-Hakeim face à l’armée italienne et l’Afrika Korps de Rommel. Ici, du 27 mai au 19 juin 1942, encerclés par un ennemi plus nombreux, les Français tiennent. Leur sacrifice permet aux Britanniques de se regrouper et de barrer la route du Caire. Arc-boutés derrière leurs canons, crevant de soif, du sable plein la bouche, les yeux rouges mais le doigt sur la détente. Submergés, les hommes reçoivent enfin l’ordre de repli : il faut passer de nuit à travers un champ d’un demi-million de mines.

    Suzan entasse des sacs de sable dans la voiture de Kœnig, lui ordonne : "Couche-toi derrière, Mon Général".  Les mitrailleuses tirent en tous sens, les grenades pleuvent. La voiture qui précède saute sur une mine: elle descend, récupère les corps, repart. Plus tard, Kœnig se relève et constate, ahuri, que sa voiture collectionne les impacts.

    1943, l’au-revoir à l’Afrique. Direction la campagne d’Italie. Elle y conduit une ambulance. "Nous étions sur les hauteurs de Nice quand la guerre s’est finie", confie miss Suzan, qui rempile aussitôt pour l’Indochine et la Tunisie. Adjudant-chef, elle y épouse l’adjudant-chef Schlegelmich. Dans ce monde d’hommes, l’annonce du mariage de deux adjudants-chefs fait sensation pour qui ignore l’ex-miss Travers. 1947, l’aventure est bien finie. Madame la légionnaire s’est trouvé un autre combat: élever ses deux enfants.

    La croix de chevalier de la Légion d’honneur a été remise à Suzan par son camarade de combat le général H. Geoffrey, qui a prononcé le discours d’usage.

    Copyright "France-Soir/Press-Alliance" 1996.

    Extrait de la Revue de la France Libre, n°295, 3e trimestre 1996.

  • A ceux qui dorment (Victor Hugo) …

    Réveillez-vous, assez de honte !

    Bravez boulets et biscayens.

    Il est temps qu’enfin le flot monte.

    Assez de honte, citoyens !

    Troussez les manches de la blouse.

    Les hommes de quatre-vingt-douze

    Affrontaient vingt rois combattants.

    Brisez vos fers, forcez vos geôles !

    Quoi ! vous avez peur de ces drôles !

    Vos pères bravaient les titans !

     

    Levez-vous ! foudroyez et la horde et le maître !

    Vous avez Dieu pour vous et contre vous le prêtre

    Dieu seul est souverain.

    Devant lui nul n’est fort et tous sont périssables.

    Il chasse comme un chien le grand tigre des sables

    Et le dragon marin ;

    Rien qu’en soufflant dessus, comme un oiseau d’un arbre,

    Il peut faire envoler de leur temple de marbre

    Les idoles d’airain.

     

    Vous n’êtes pas armés ? qu’importe !

    Prends ta fourche, prends ton marteau !

    Arrache le gond de ta porte,

    Emplis de pierres ton manteau !

    Et poussez le cri d’espérance !

    Redevenez la grande France !

    Redevenez le grand Paris !

    Délivrez, frémissants de rage,

    Votre pays de l’esclavage,

    Votre mémoire du mépris !

     

    Quoi ! faut-il vous citer les royalistes même ?

    On était grand aux jours de la lutte suprême.

    Alors, que voyait-on ?

    La bravoure, ajoutant à l’homme une coudée,

    Etait dans les deux camps. N’est-il pas vrai, Vendée,

    Ô dur pays breton ?

    Pour vaincre un bastion, pour rompre une muraille,

    Pour prendre cent canons vomissant la mitraille.

    Il suffit d’un bâton !

     

    Si dans ce cloaque ou demeure,

    Si cela dure encore un jour,

    Si cela dure encore une heure,

    Je brise clairon et tambour,

    Je flétris ces pusillanimes,

    Ô vieux peuple des jours sublimes,

    Géants à qui nous les mêlions,

    Je les laisse trembler leurs fièvres,

    Et je déclare que ces lièvres

    Ne sont pas vos fils, ô lions !

     

    Jersey, le 15 janvier 1853.

  • Comment manipuler des jeunes français pour leur enfoncer la religion dans la tête?

    Argenteuil: un forum des métiers et de l’orientation à la mosquée

    Le forum, ouvert à tous, croyants ou non, a pour objectif de " sensibiliser les jeunes sur l’importance du choix de leur orientation scolaire"

    Ben voyons!

  • Agriculture : dérapages présidentiels sur le glyphosate

    Toutes les agences sanitaires française (ANSES), européennes (EFSA, ECHA) et internationales, y compris l’OMS maison-mère du CIRC, confirment régulièrement que le glyphosate n’est pas cancérigène.

    Le Président Macron a été vivement interpellé par des agriculteurs lors de sa visite au Salon de l’Agriculture à propos du glyphosate. Ses réponses véhémentes ont de quoi surprendre.

    Le Président a justifié son choix du glyphosate en le comparant à l’affaire de l’amiante.

    Non !

    Le glyphosate a été évalué par les agences sanitaires avant sa mise en marché puis réévalué tous les 10 ans. Il est utilisé dans le monde entier depuis 43 ans sans susciter de problème sanitaire et il est l’un des produits chimiques le plus étudié.

    L’amalgame avec l’affaire de l’amiante, utilisé habituellement  par les écologistes radicaux, n’est pas crédible.

    Le Président a déclaré lors d’un échange avec un céréalier :

    Le glyphosate, il n’y a aucun rapport qui dit que c’est innocent. Il y en a qui disent que c’est très dangereux, d’autres que c’est moyennement dangereux.

    Faux !

    Seul le CIRC classe le glyphosate "cancérogène probable", comme la viande rouge (!), sans prendre en compte l’exposition au désherbant, agence dont l’évaluation du glyphosate est très contestée.

    Toutes les agences sanitaires française (ANSES), européennes (EFSA, ECHA) et internationales, y compris l’OMS maison-mère du CIRC, confirment régulièrement que le glyphosate n’est pas cancérigène.

    Avis confirmé récemment par la plus vaste étude de cohorte (Agricultural Heath Study) publiée en novembre 2017 portant sur 54000 agriculteurs suivis pendant plus de 20 ans qui conclue à l’absence de lien entre exposition au glyphosate et cancer. Pourquoi le Président préfère-t-il s’appuyer sur une agence marginalisée que sur ses propres agences, française et européennes?

    Comment interpréter les étonnants propos du chef de l’État ? Alignement sur les positions de l’écologie politique la plus radicalisée pour répondre aux exigences du ministre d’État Nicolas Hulot ? Ignorance des questions agricoles et scientifiques ? Mauvais usage du principe de précaution, au détriment de l’innovation technologique ? Instrumentalisation de la peur à des fins politiques?

    Une chose est sûre: cette décision politique déconnectée des faits et des avis scientifiques va coûter cher à l’agriculture française.

    Gérard Kafadaroff est ingénieur agronome, ancien cadre de l’agro-industrie, fondateur de l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales), auteur de plusieurs livres dont le dernier OGM : la peur française de l’innovation, préfacé par M.Tubiana, ancien Président Académie de Médecine – Éditions Baudelaire (version numérisée et actualisée fin 2015).

    https://www.contrepoints.org/2018/02/27/310618-agriculture-derapages-presidentiels-glyphosate

  • Les Crises

    Nos cris d’indignation à propos du siège de Ghouta sonnent creux car nous ne ferons rien pour sauver les civils. Par Robert Fisk

    Comment pouvons-nous protester alors que nous ne faisons rien contre l’opposition islamiste armée à Assad (je ne parle pas ici de l’EI) ou que nous n’essayons même pas d’organiser notre propre cessez-le-feu, même avec l’aide de la Russie ? Après tout, cela fait des années que nous armons ces gens-là.

    Voilà, ci-dessous quelques cruelles réalités à propos du siège de la Ghouta qui ont été enterrées sous de vrais décombres couverts de vrai sang, ainsi que sous d’hypocrites manifestations apocalyptiques d’horreur occidentales. C’est Sergey Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, qui a énoncé la première et la plus importante de ces réalités en déclarant lundi que Moscou et le gouvernement syrien " pourraient faire bénéficier [la Ghouta] de l’expérience acquise lors de la libération d’Alep ". Cette simple phrase – qu’on peut traduire par " il faut tirer les leçons d’Alep " – a été considérée par les rares personnes qui y ont prêté attention, comme un avertissement que la Ghouta allait être détruite.

    Mais pendant de nombreux mois, les Russes et les Syriens, ont tout tenté pour faire sortir les civils syriensde d’Alep-Est avant de la reprendre; après que les troupes syriennes ont énormément progressé dans la banlieue, il y a eu, en effet, un exode des innocents et des opposants armés au régime ont aussi pu partir. Beaucoup ont été escortés par des policiers militaires russes armés et en uniforme jusqu’à la frontière turque. D’autres ont préféré – sans doute sans avoir bien réfléchi – partir sous escorte, avec leurs familles, pour Idlib, le grand " dépotoir " de combattants islamistes qui est maintenant évidemment assiégé à son tour.

    Ce dont Lavrov voulait parler, c’est d’un accord similaire avec les rebelles armés de la Ghouta. Les Russes et les Syriens ont des contacts directs avec ceux qu’ils considèrent comme des " terroristes " – un mot cher à l’Occident lorsqu’ils attaquent les mêmes groupes islamistes de Nusrah (al-Qaida) que les Russes; C’est pourquoi, lorsque le siège du dernier district rebelle de Homs a pris fin l’année dernière, des soldats russes en uniforme ont escorté les islamistes armés et souvent encagoulés qui étaient autorisés à partir pour Idlib. J’ai vu ça de mes propres yeux.

    Les " rebelles " / " terroristes " / " islamistes " / " opposition armée " – choisissez le mantra qui vous plaît – sont, bien sûr, l’autre " réalité " du bain de sang de Ghouta que nous devons ignorer, passer sous silence, cacher, nier. Car les combattants de Nusrah à Ghouta – qu’ils aient ou non exercé des pressions sur les civils de la banlieue pour qu’ils leur servent de " boucliers humains " – font partie du mouvement initial d’Al-Qaïda qui a commis des crimes contre l’humanité aux Etats-Unis en 2001 et qui a souvent coopéré en Syrie avec l’EI, la secte diabolique que les Etats-Unis, l’UE, l’OTAN et la Russie (ajouter ici tous les autres défenseurs habituels de la civilisation) ont promis de détruire. Les alliés de Nusrah sont Jaish al-Islam, un autre groupe islamiste.

    C’est une situation très étrange. Personne ne doit douter de l’ampleur du massacre à la Ghouta. Ni de la souffrance des civils. Certes, on ne peut pas s’indigner quand les Israéliens attaquent Gaza (en utilisant le même argument de " boucliers humains " que les Russes d’aujourd’hui) et en même temps excuser le bain de sang à la Ghouta sous prétexte que les " terroristes " assiégés sont des islamistes d’Al-Qaïda proches de l’EI.

    Mais ces groupes armés sont curieusement oubliés lorsque nous exprimons notre indignation sur le carnage de la Ghouta. Il n’y a pas de journalistes occidentaux pour les interviewer – parce que ces défenseurs de la Ghouta nous couperaient la tête (un fait que nous préférons aussi passer sous silence) si nous avions l’audace d’essayer d’entrer dans la banlieue assiégée. Et – fait incroyable – sur les images que nous recevons, il n’y a pas un seul homme armé. Cela ne veut pas dire que les enfants blessés, les enfants morts ou les cadavres ensanglantés – dont les visages sont dûment " floutés " par les sensibles chefs de rédaction de nos télévisions – ne sont pas réels ou que les films sont faux. Cela veut dire que les images ne montrent pas toute la vérité. Ces films – et ceux qui les font – se gardent bien de nous montrer les combattants d’al-Nusrah qui sont à la Ghouta. Et il n’y a aucune chance qu’ils nous les montrent jamais.

    Sur les films archivés de sièges passés – Varsovie en 1944, Beyrouth en 1982, Sarajevo en 1992 – on voit les combattants qui défendaient ces villes, et on voit leurs armes. Mais quand on regarde les images de la Ghouta – où la quasi-totalité des films en provenance d’Alep-Est – on dirait qu’il n’y a là aucun combattant armé. Je n’en ai pas non plus trouvé la moindre mention dans nos réactions sur les souffrances des civils dans les médias américains et européens, à part la mention que la Ghouta est " tenue par les rebelles ". Qui donc a tiré au mortier sur le centre de Damas et tué six civils – et blessé 28 autres – il y a 24 heures ? C’est peu de monde au regard de tous les morts de la Ghouta, c’est sûr. Mais ont-ils été tués par des fantômes ?

    Il s’agit là d’une omission d’importance, car pour en finir avec ce massacre de civils – il vient encore d’y avoir 250 morts de plus -, il faut pouvoir établir de toute urgence un contact entre les assiégeants armés et les attaquants armés. Les déclarations de Lavrov des deux derniers jours suggèrent que les Russes avaient accepté de revenir au statut de " déconfliction " de la Ghouta, une manière bizarre de nommer un cessez-le-feu permettant d’envoyer de l’aide humanitaire à la Ghouta et de faire sortir les blessés. Mais – selon Lavrov, bien sûr – al-Nusrah a rompu l’accord.

    Vrai ou pas, comment pouvons-nous nous plaindre alors que nous ne voulons pas nous occuper nous-mêmes de l’opposition islamiste armée à Assad (je ne parle pas ici de l’EI), ou que nous n’avons aucune intention d’organiser notre propre cessez-le-feu, même avec l’aide de la Russie ? Après tout, on les arme depuis des années ! Mais nous ne ferons rien de tout ça. Alors nous nous tordons les mains avec toujours plus d’hyperboles hypocrites.

    Au cours des dernières 48 heures, par exemple – et j’attire votre attention là-dessus – nous avons entendu les États-Unis, des ONG et des médecins en contact avec les hôpitaux de Ghouta dire que la banlieue est le théâtre de " flagrants crimes de guerre de dimension épique ", parler de " jugement dernier ", de " massacre du XXIe siècle ", de " violence hystérique " – qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire d’ailleurs ? – et, même la pauvre ONU, elle-même, dire que cela " dépassait l’imagination " et que " les mots leur manquaient ".

    Encore une fois, oui, ce sont les Russes et les Syriens qui sont la cause des souffrances inhumaines, abominables et aberrantes des habitants de la Ghouta pour la seule bonne raison qu’ils se trouvent dans cet endroit de la Syrie pendant cette guerre. Mais les petits saints ridicules de la bureaucratie onusienne – qui, hélas, ne manqueront jamais de mots – et ceux qui décrivent le siège de la Ghouta comme " le jugement dernier " savent-ils au moins de quoi ils parlent ? Gardons le sens des proportions, malgré les atrocités. Auschwitz et l’holocauste juif et le génocide rwandais et l’holocauste arménien et les innombrables massacres du XXe siècle (on peut aussi ici rappeler discrètement les pertes de la Russie aux mains des hordes hitlériennes) étaient beaucoup plus proches du " jugement dernier " que la Ghouta. Comparer ce terrible siège aux crimes contre l’humanité du siècle dernier, c’est déshonorer les millions de victimes innocentes de crimes bien pires.

    La vérité est que ces expressions d’horreur de " notre " camp sont des substituts. Pourquoi l’ONU n’a-t-elle pas été " à court de mots " la première année de la guerre ? De nombreuses victimes syriennes étaient à court de mots dès 2012, notamment parce qu’un grand nombre d’entre elles étaient mortes. Selon les statistiques que nous établissons 400 000 civils sont piégés à la Ghouta. On peut se demander si c’est bien leur nombre réel. On nous avait dit, en 2016, que 250 000 personnes étaient piégées dans Alep mais on a appris ensuite qu’il y en avait plutôt environ 92 000. Mais c’était encore assez pour qu’on puisse parler de crime de guerre. Et si seulement 200 000 personnes étaient piégées à la Ghouta ? Bien sûr, cela serait aussi une catastrophe épouvantable.

    La réalité est que le siège de la Ghouta continuera jusqu’ à la reddition et l’évacuation. Aucune des paroles que nous prononçons n’empêchera ce sombre scénario de se dérouler jusqu’au bout, et nous le savons tous – ou du moins les gardiens de nos plus hautes valeurs morales le savent. Rien sur le terrain ne changera. Et quand la Ghouta " tombera " – ou sera " libérée ", comme ses assiégeants nous le diront sans doute – alors la destruction de la ville d’Idlib commencera. Et une fois de plus, ce sera le jugement dernier, une " violence hystérique " et le " massacre du XXIe siècle " (probablement pire que les sièges d’Alep et de la Ghouta). Aucune condamnation occidentale n’empêchera l’inéluctable. Nous sommes en faillite, nous crions notre indignation sans le moindre espoir – ni la moindre intention – de sauver des innocents. C’est cela, j’en ai peur, la triste histoire de la Ghouta telle qu’elle sera relatée par les historiens. Et le pire, c’est qu’ils auront raison.

    Robert Fisk est le correspondant du journal The Independent pour le Moyen Orient. Il a écrit de nombreux livres sur cette région dont: La grande guerre pour la civilisation: L’Occident à la conquête du Moyen-Orient.

    Traduction: Chronique de Palestine – Dominique Muselet

    https://www.les-crises.fr/nos-cris-dindignation-a-propos-du-siege-de-ghouta-sonnent-creux-car-nous-ne-ferons-rien-pour-sauver-les-civils-par-robert-fisk/