Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Savoir - Page 248

  • Cocorico! Une expérience prometteuse d'"invisibilité sismique"

     

    Par Tristan Vey, Service infographie du Figaro

    Des chercheurs français ont réussi à "contrôler" des ondes sismiques en créant des hétérogénéites dans le sol qui permettent de les détourner.

    Peut-on rendre des bâtiments ou des villes "invisibles" aux tremblements de terre en forçant les ondes sismiques à les contourner? Cette idée, moins saugrenue qu'il n'y paraît, s'inspire de célèbres travaux sur la lumière réalisés par le physicien anglais John Pendry. Ce dernier avait démontré en 2006 qu'il était possible de créer un matériau sur lequel les rayons lumineux "glisseraient", ce qui le rendrait invisible. Sa théorie reposait essentiellement sur le caractère ondulatoire de la lumière. Or, mathématiquement, il n'y a pas vraiment de différence entre une onde de type électromagnétique et une onde mécanique (houle, séisme, etc.).

    "Nous avons réalisé qu'en forant des trous ou en plaçant judicieusement des piliers dans le sol, il serait possible d'obtenir un effet similaire", explique Sébastien Guenneau, directeur de recherche du CNRS à l'Institut Fresnel de Marseille qui a imaginé ce concept de cape d'invisibilité sismique. "Il nous restait à vérifier que les simulations numériques et la théorie que nous proposions en 2009 tenaient la route."

    Contrôler les ondes sismiques

    Stéphane Brûlé pour sa part, sismologue de formation et ingénieur BTP chez Ménard, tombe par hasard sur les travaux de ses collègues marseillais. Enthousiasmé par l'idée, il propose de monter une expérience de terrain afin de valider le concept. Le dispositif mis en place à Grenoble est assez lourd. Plusieurs dizaines de trous de 32 cm de diamètre et 5 m de profondeur sont creusés à intervalles réguliers dans un grand rectangle (un terrain de badminton). Des dizaines de capteurs sismiques sont alors disposés sur une zone un peu plus grande. Un vibreur, qui émet 50 vibrations par seconde (50 hertz), est enfoncé dans le sol devant l'installation.

    Les résultats, publiés dans la revue Physical Review Letters, sont très encourageants: les ondes sismiques artificielles sont clairement détournées par les différents puits créant une "bande interdite". "Ce n'est qu'une preuve de concept, mais cela montre que des inhomogénéités artificielles dans le sol permettent de contrôler la propagation des ondes", se félicite Stéphane Brûlé.

     

    aaaa.jpg

     

     

     

     

     

     

    Une invisibilité incomplète

    Une autre expérience, menée à Lyon en 2012 - mais dont les résultats n'ont pas encore été publiés -, serait encore plus concluante. "Cette fois-ci, les trous étaient plus larges et disposés en arcs de cercle concentriques, raconte Sébastien Guenneau. C'est une configuration plus proche de ce que nous imaginons pour protéger des bâtiments." C'est la chute d'un poids de plusieurs tonnes d'une hauteur de 20 mètres qui a simulé le séisme. "Les fréquences obtenues pour les ondes sismiques sont plus basses et plus proches de la réalité", souligne Stéphane Brûlé. La "cape antisismique" aurait parfaitement fonctionné.

    Bien sûr, cette cape ne rend pas complètement invisible. "La Terre se soulève sous l'effet des ondes les plus longues, de taille kilométrique, rappelle Stéphane Brûlé. Celles-ci ne sont pas détournées, mais ce ne sont pas les plus dangereuses. En pratique, il faudra surtout protéger les bâtiments des fréquences avec lesquelles ils entrent en résonance. Généralement ce sont les ondes comprises entre 1 et 10 Hz."

    "Les installations anti-tsunamis pour protéger les digues sont très encourageantes"

    Sébastien Guenneau, physicien

    Une troisième expérience doit être menée fin 2014 dans une configuration quasi réelle afin de vérifier l'efficacité du dispositif pour l'intégralité de cette gamme de longueurs d'onde. Si cela fonctionne, les ingénieurs prendront le relais afin de trouver des applications concrètes. "Cela pourrait permettre de protéger des centrales nucléaires, des aéroports ou des bâtiments historiques pour lesquels il est compliqué de mettre en place des fondations antisismiques", note Sébastien Guenneau.

     

    Le chercheur a réussi à se faire allouer 1,5 million d'euros sur 5 ans par le Conseil de recherche européen pour ses travaux. Il utilise une partie de cette enveloppe pour mettre au point des dispositifs antitsunamis fonctionnant sur le même principe. "Les installations de protection des digues sont déjà très encourageantes", estime-t-il.

     

  • Les biotechnologies comme source de croissance à l’avenir

     

    Publié  le 12 avril 2014 dans Sciences et technologies

    Que sont les biotechnologies ? En quoi représentent-elles une opportunité de croissance ? Quels sont les obstacles à leur développement ?

    Par Sylvain Fontan.

    Au même titre que la machine à vapeur, l’électricité ou encore l’informatique ont constitué des ruptures technologiques majeures. Les biotechnologies pourraient également s’inscrire dans cette histoire. En effet, encore méconnues du grand public, elles constituent pourtant potentiellement des relais de croissance dans plusieurs secteurs d’activités, même si les obstacles à leur développement sont encore nombreux.

    Origines des biotechnologies

    Les biotechnologies sont le résultat des avancées technologiques antérieures. Les biotechnologies se définissent comme l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, de même qu’à leurs composantes, produits et modélisations, pour modifier les matériaux vivants ou non vivants, à des fins de production de connaissance, de biens et de services. Elles sont le résultat d’une part, de l’accumulation des avancées diverses et variées de la seconde partie du XXème siècle, notamment dans les domaines de la biologie et de la biochimie, et d’autre part, des avancées scientifiques des deux dernières décennies. Parmi les diverses avancées les plus connues à l’origine des biotechnologies il convient de citer notamment l’ADN, le décodage et l’analyse du génome humain, les avancées en pharmacologie et les cellules souches.

    L’intérêt pour les biotechnologies est récent. En effet, en plus de découvertes scientifiques et technologiques récentes, l’accroissement des préoccupations en faveur de l’environnement, l’importance accrue des aspects de compétitivité et le fait que certains gouvernements et agents privés anticipent la prochaine révolution industrielle font que ces technologies se sont développées.

     

     biotechnologie-660x297.png

    Applications pratiques des biotechnologies

     

     

    Les trois domaines dans lesquels les biotechnologies ont les applications pratiques les plus importantes sont l’agriculture, la santé et l’industrie :

    ◾Dans le domaine de l’agriculture, les biotechnologies sont utilisées à des fins de production (animale et végétale). Pratiquement, ces technologies servent à sélectionner les variétés pour améliorer les produits thérapeutiques, les vaccins et la prévention des maladies, tant végétales qu’animales. Les plantes génétiquement modifiées (OGM) constituent l’application la plus connue du grand public même si cette dernière ne recouvre en réalité qu’un nombre restreint de cultures (coton, soja, maïs). Moins connue mais plus importante en matière d’espèces végétales et animales concernées, la Sélection Assistée par Marqueurs (SAM) permet de sélectionner les variétés afin d’effectuer des croisements génétiques naturels permettant d’obtenir les caractéristiques voulues.

    En ce qui concerne la santé, les applications visent à résoudre des problèmes de (1) thérapeutique (production de produits biopharmaceutiques du type vaccins, anticorps, hormones… et les biothérapies du type thérapies géniques, cellules souches…), de (2) diagnostic (utilisation de tests et notamment les tests génétiques) et de (3) pharmacogénétique (interactions entre gènes et médicaments pour personnaliser la médecine).

    L’industrie bénéficie des biotechnologies via la production de produits chimiques et de biomatériaux, se substituant ainsi aux procédés traditionnels. Les biocarburants (principalement l’éthanol) sont un exemple type de ce à quoi les biotechnologies peuvent servir dans l’industrie chimique. Les bioplastiques, ou autres matières, touchent aux biomatériaux. Tous ces marchés sont encore restreints mais en forte augmentation.

    Potentiel pour la croissance économique

     

    Agriculture

    Les défis sont liés d’une part, à la nécessité de nourrir une population mondiale en constante augmentation, et d’autre part, aux changements d’habitudes alimentaires, notamment des populations des pays en développement (Chine, Inde, Brésil…). Parallèlement, les terres cultivables sont très largement utilisées et sont le réceptacle de dégradations environnementales dues entre autres à l’agriculture intensive et au changement climatique. Dans ce contexte, il est nécessaire d’augmenter les rendements agricoles tout en prenant en considération la préservation de l’environnement.

    Santé

    La santé est le premier secteur d’investissement des biotechnologies, ne serait-ce qu’en raison de la forte valeur ajoutée des produits concernés. De plus, si à moyen ou long terme tous les produits ne sont pas totalement basés sur les biotechnologies, une large partie sera concernée de près ou de loin, augmentant ainsi les enjeux. Enfin, la perspective de vieillissement de la population et la demande accrue adressée aux professionnels de santé (notamment dans les pays développés) va mécaniquement augmenter l’offre de produits issus de ces technologies.

    Industrie

    Plusieurs éléments sont ici à prendre en compte : la hausse des préoccupations environnementales, ainsi que celles liées à la durabilité et à la réduction de la dépendance des activités industrielles aux ressources non-renouvelables (typiquement les produits issus de la pétrochimie).

    Obstacles à leur développement

    Difficultés pratiques : travailler sur le « vivant » induit de nombreuses difficultés scientifiques et technologiques qui se traduisent par un grand volume de temps nécessaire pour la moindre avancée.

    Durée de découverte : la durée moyenne entre une découverte et son application pratique sur un marché se compte en plusieurs années (entre cinq et quinze ans en moyenne). Dès lors, cela implique de lourds investissements qui ne pourront s’avérer rentables que potentiellement et dans un horizon temporel lointain. Ainsi, ce sont essentiellement les investisseurs privés dans le domaine de la santé qui peuvent se permettre plus facilement ce type d’investissements.

    Produits concurrents : Il existe de nombreux produits concurrents avec lesquels les produits issus des biotechnologies sont et seront en concurrence. De plus, la capacité des produits issus des biotechnologies à se substituer aux produits traditionnels n’est pas partout évidente. Enfin, ils devront faire face à des lobbys implantés de longue date contre lesquels il n’est pas simple de s’imposer.

    Environnement fiscal et règlementaire : le développement des biotechnologies est largement tributaire de l’environnement fiscal et règlementaire. Également, ces contraintes peuvent fortement varier d’un pays à l’autre et dans le temps. Ainsi, tous ces aspects peuvent considérablement amplifier les contraintes de temps, de mise sur le marché et de rentabilité.

    Aspects sociaux, sociétaux et religieux : L’acceptabilité des biotechnologies n’est pas forcément ni évidente ni aisée dans des sociétés où les questions touchant à l’environnement, à l’éthique et à la sécurité ne font pas nécessairement consensus.

     

  • Futurologie bien expliquée.... aux USA

    Singularity University : le pari osé du futur

    Immortalité, robots sexuels, fin de la pauvreté, plantes lumineuses... Le campus de la Nasa, au sud de San Francisco, ne s'interdit aucun tabou.

    Ray Kurzweil, cofondateur de la Singularity University", prévoit qu'il vivra 800 ans.

    De notre envoyé spécial en Californie, Guillaume Grallet - Point.fr

    Ne s'est-on pas trompé d'adresse ? Le doute saisit face à l'immense ossature de métal qui se dresse dans le ciel. Cette architecture a servi auparavant de base pour l'atterrissage de l'USS Macon, un dirigeable exploité par la marine des États-Unis pour le renseignement. C'était en 1933. Depuis, l'Ames Research Center, à Moffett Field, une demi-heure au sud de San Francisco, est resté à l'avant-garde de la technologie. La Nasa y abrite un morceau de Lune, prépare un vol aller pour Mars en 2023 et une parcelle a été louée par Larry Page et Sergey Brin, les deux cofondateurs de Google, pour y faire décoller leur Gulfstream V.

    Pour arriver ici, on doit montrer patte blanche auprès de deux marshals, puis slalomer entre une myriade de centres de recherche pour atteindre le 20, Akron Road, bâtiment d'un seul tenant qui abrite la Singularity University, l'université de tous les nouveaux savoirs. Un campus sept fois plus petit que celui de Stanford, mais où bat désormais le nouveau coeur de la Silicon Valley. On y parle de robots, de biotechs, de nanotechnologies, d'intelligence artificielle, autant de technologies qui pourront changer la vie de milliards de personnes. Sur place, le code du Wi-Fi est 1.2.4.16.256, une suite numérique exponentielle...

    Dans la salle, stars et P-DG

    Depuis que cette faculté un peu spéciale a ouvert ses portes, il y a cinq ans, l'astronaute Buzz Aldrin, l'acteur Ashton Kutcher, qui a joué Steve Jobs au cinéma, ou encore Jim Gianopulos, le grand manitou de la Fox, ont (re)pris le chemin de l'école. Également inconditionnels, Reid Hoffman, cocréateur de LinkedIn, Nolan Bushnell, inventeur d'Atari, ou encore... le rappeur will.i.am. "Si j'étais étudiant, c'est là que j'aimerais étudier", a lancé Larry Page le jour de l'ouverture de l'école. Depuis, les plus grandes entreprises mondiales y envoient leur état-major. "Dans la salle, il n'y a que des C +, c'est-à-dire des CEO, CTO ou encore CFO du Forbes 500", souligne la professeur de biologie Robin Farmanfarmaian. Autrement dit, des P-DG, des directeurs techniques et des directeurs financiers.

    "Je suis là pour vous annoncer la fin de la pauvreté en 2035 !" lance le créateur de l'école, Peter Diamandis, 52 ans, auteur de L'Ère de l'abondance, le futur est meilleur que ce que vous croyez. Les Chinois ne sont-ils pas dix fois plus riches qu'en 1960 ? Diamandis a aussi son idée pour résoudre les problèmes d'énergie. "Le biologiste Craig Venter étudie la mise au point de carburants à partir de microalgues. Un hectare pourrait produire 25 000 litres d'huile par an, contre 45 pour le maïs." Insensé ? "Exxon est prêt à injecter 300 millions de dollars dans le projet." Diamandis est aussi convaincu par la conquête des astéroïdes pour y récupérer des métaux précieux...

    Le pari de l'immortalité

    Le fondateur de l'université de la singularité a la tête dans les étoiles depuis toujours et des fourmis dans les jambes - difficile de le garder immobile plus d'une minute pour la séance de photos ! À 12 ans, il gagne un concours pour avoir conçu un système capable de lancer trois fusées en même temps. Né dans le Bronx, New-Yorkais de parents immigrés grecs, ce diplômé du MIT et de Harvard en médecine met au point, en 1994, Zero-G, une entreprise qui propose des vols en apesanteur à bord d'un Boeing 727. Proche de Richard Branson, Diamandis est par ailleurs à l'origine de la fondation XPrize, où siègent Ratan Tata, Arianna Huffington et Elon Musk, et qui, il y a 10 ans, a récompensé le cofondateur de Microsoft, Paul Allen, pour avoir mis au point SpaceShipOne , un hybride avion-fusée.

    Admirateur de Charles Lindbergh, Peter Diamandis aurait pu en rester à ses rêveries dans l'espace si, au cours d'un de ses voyages au Chili, il n'était pas tombé sur un ouvrage, "La `Singularité est proche" de Ray Kurzweil. Ce futurologue, qui avait annoncé la fin de l'URSS ou l'avènement d'Internet, y décrit un monde où la machine, dotée d'intelligence artificielle, croise le destin de l'homme. Ce "moment", qu'il nomme "singularité", en reprenant un terme de l'auteur de science-fiction Vernor Vinge, se situe aux alentours de 2045. Kurzweil fait aussi le pari de l'immortalité de l'homme. "Il y a 1 000 ans, l'espérance de vie était de 20 ans, il y a 200 ans, elle est passée à 37 ans. Et, en 2029, un bébé aura une chance sur deux de devenir immortel", explique Ray Kurzweil, qui ingurgite 150 vitamines par jour et pense qu'il pourra vivre 800 ans. Pour lui, notre corps est semblable à un logiciel qu'il sera possible de reprogrammer et d'augmenter grâce à des clones d'organes vivants. Plus tard, il sera aussi possible de télécharger des applications dans notre cerveau. Ce culot bluffe Diamandis et c'est avec Kurzweil qu'il crée en 2008 cette faculté du futur fréquentée depuis par 2 500 élèves. En 2012, Kurzweil a été nommé directeur de la prospective de Google.

    12 000 euros la semaine de cours

    "Vous êtes déjà un cyborg." À la récréation qui suit le déjeuner de tofu bio, certains se ruent sur le court de tennis, équipés d'une raquette imprimée en 3D, tandis que d'autres essaient l'Oculus Rift, un masque d'immersion totale qui promet de révolutionner les jeux vidéo. Les plus appliqués planchent, un Coca à la main, en petits groupes, sur la manière de réduire le réchauffement climatique. Les candidats ont déboursé au choix 29 500 euros pour dix semaines de cours ou 12 000 euros pour sept jours intensifs.

    À peine le temps d'avaler un café organique, voilà Raymond McCauley. Pour celui qui a installé un "biohacker space" en plein San Francisco, une seule chose compte : les individus vont pouvoir enfin prendre en main leur destin. "Il y a encore dix ans, décoder son génome coûtait 300 millions de dollars, aujourd'hui 1 000 dollars, et dans dix ans pas plus de 10 cents." Lui-même s'est diagnostiqué un risque de dégénérescence maculaire liée à l'âge, il croit dans la "do it yourself medicine", la capacité de mettre au point ses propres médicaments. Pas très naturel ? "Vous êtes vacciné ? Alors, vous êtes déjà un cyborg", répond en riant McCauley.

    Suit un défilé d'experts tous plus passionnants les uns que les autres. L'ancien astronaute Dan Barry promet l'arrivée d'ici dix ans de robots sexuels. Le Canadien Brad Templeton évoque la généralisation des véhicules sans conducteur, qu'il a contribué à créer, et décrit la manière de systématiser les flux tendus dans l'industrie. Du côté de Moffett Field, on pense aussi que l'agriculture va changer, grâce au projet maison, baptisé Glowing Plant, qui consiste à modifier génétiquement les plantes pour les rendre lumineuses. La vision transhumaniste du monde véhiculée par Ray Kurzweil, qui a tout du gourou, soulève dans l'amphithéâtre des questions inédites. En cas de vie éternelle, le mariage va-t-il se transformer en contrat de dix ans ? Quel avenir pour les religions qui parient sur l'au-delà? Et quid de notre carrière si celle-ci prend un nouveau tournant à 75 ans ?

    Un bras imprimé en 3D

    Doux rêves ? Mais faut-il encore considérer l'homme bionique comme de la science-fiction, quand le californien Not Impossible Labs met au point un bras imprimé en 3D, à 75 dollars pièce, qui est utilisé au Soudan du Sud pour les victimes d'amputation ? Salim Ismail, qui représente l'université en dehors des États-Unis, fait tout pour la faire connaître dans le monde entier. En novembre 2013, à Budapest, 550 personnes ont ainsi pu voir une jolie blonde, paraplégique après un accident de ski, remarcher grâce à un exosquelette.

    "Pour appréhender le futur, il ne suffit pas de calquer le modèle du passé", indique Didier Renard, premier diplômé français de l'université, agacé du manque d'ambitions de la France et de l'incapacité de nos élites à intégrer cette accélération technologique. En janvier, l'équipe dirigeante de l'université s'est déplacée en Espagne, où elle a promis 30 000 dollars de bourse à des entrepreneurs : "Ce sont eux qui vaincront le chômage." La fac vient aussi de lever 50 millions de dollars pour booster les 50 start-up qu'elle héberge. Parmi elles, Getaround, un système de location de voitures entre particuliers, qui permettra de se passer d'agences de location, Made in Space, une solution d'impression 3D dans l'espace, ou encore Modern Meadow, qui promet de fabriquer des steaks sans avoir besoin d'élever des animaux. Lowe's, Coca-Cola ou encore l'Unicef parrainent ces jeunes pousses prometteuses.

    C'est donc gonflé à bloc qu'on se rend aux dernières heures de cours. Sauf qu'une femme de ménage nous arrête : le plafond de la salle de conférences vient de s'effondrer, le cours est délocalisé dans une annexe prêtée pour l'occasion... "Il a plu toute la nuit, nous sommes désolés." L'espace d'un instant, le quotidien se rappelle à l'université qui ne veut penser qu'au futur.

     

    et, si l'avenir de la planète vous intéresse....

    http://www.dailymotion.com/toulousejoyce

     

     

  • Quand les Romains enterraient la foudre…

    Quand les Romains enterraient la foudre…

    Les restes d'un curieux rituel romain viennent d'être fouillés à Pompéi.

    Vous venez d'achever la fouille d'un lieu très particulier à Pompéi. De quoi s'agit-il ?

    C'est un lieu où les Romains ont "enterré" la foudre. Pour eux, en effet, la foudre est un prodige, un signe saisissant de l'intervention des dieux − et non des moindres, en l'occurrence Jupiter (et d’autres dieux) si elle tombe de jour, ou Summanus, le dieu qui envoie des éclairs nocturnes, si c'est la nuit. À ce phénomène surnaturel, les hommes devaient répondre, en exécutant un rituel destiné à apaiser la colère divine. C'est le fulgum conditum, l'enterrement de la foudre.

    Comment se déroulait ce rituel?

    Les participants récoltaient les débris de ce qui avait été frappé par la foudre − arbre, édifice, corps humain, etc. Puis ils les mettaient dans une fosse et recouvraient cette dernière d'un petit monticule − un tertre. Ils chantaient, à un moment ou à un autre, des chants funèbres. Le tout se faisait sous la supervision des haruspices ou d’un pontife. Ces prêtres étaient requis dès qu'il fallait interpréter un signe des dieux. Mais c'est à peu près tout ce que nous savions sur le rituel lui-même.

    D'où venaient les informations sur ce rituel?

    De quelques mentions, et non de descriptions complètes, par des auteurs latins. Elles relatent que pour interpréter les prodiges, les Romains faisaient appel à la science étrusque, consignée dans des livres particuliers, les Livres Fulguraux, aujourd'hui malheureusement disparus. Ils pouvaient y consulter des formules qui les aidaient à interpréter ce signe particulier qu'était la foudre. En fait, la foudre est la marque d'une appropriation par la divinité. Le lieu acquiert un statut juridique spécial : il devient un "lieu religieux". Mais que se passe-t-il exactement quand la foudre tombe sur un édifice par exemple? Quels sont les rites qui sont exécutés? Quel aspect prend alors ce " lieu religieux"? Il fallait un peu d’archéologie pour l'éclaircir.

    Quelle est la particularité du site que vous avez fouillé à Pompéi?

    Il est unique car dans le monde romain, c'est à ma connaissance la seule fosse abritant des vestiges touchés par la foudre qui soit parfaitement intacte. Certes, des archéologues ont étudié par le passé d’autres sites similaires. Mais ces fouilles n'étaient pas suffisamment détaillées pour permettre de restituer les gestes et le rituel.

    fig_-1-fulgur-1024x682.jpg

    Quand le site a-t-il été découvert?

    En 1938, dans le jardin de la maison des Quatre Styles à Pompéi. Nous avons eu de la chance, car le découvreur, Amedeo Maiuri, le grand Surintendant de Pompéi au XXe siècle, n’a jamais fouillé la fosse. Esprit un peu mystique et curieux, il a demandé à ses ouvriers de creuser les alentours immédiats de la fosse, mais pas plus loin. Il a préféré n’examiner cette dernière que de l’extérieur ! Lorsque nous avons repris la fouille, nous avons donc retrouvé le tertre intact, entouré de ses tranchées, comblées. Il ne manquait que la tuile où était inscrit le mot FULGUR (foudre), insérée à l’origine dans le mortier du tertre. Vu le caractère exceptionnel de ces vestiges, nous avons décidé de ne fouiller qu’une moitié de la fosse. De cette façon, nous laissons la possibilité aux archéologues du futur de reprendre l'étude avec de nouvelles méthodes.

    Comment s'est déroulée la fouille?

    Nous avons fait le choix d'une fouille très fine, afin de restituer les gestes du rituel. Nous avons donc numéroté et localisé dans l'espace les mille cinq cents fragments de la moitié de la fosse. Le but était de déterminer, par exemple, dans quel ordre et de quelle manière les vestiges ont été déposés.

    Qu'a montré la fouille sur le déroulement du rituel?

    L'analyse est toujours en cours, mais elle nous montre d'ores et déjà que ceux qui ont exécuté le rite n'ont pas versé en vrac les débris ramassés par les haruspices. Ils ont d'abord trié les matériaux. Et ils les ont fait alterner en remplissant la fosse.

    Par ailleurs, ils semblent avoir versé dans cette dernière du mortier. Le "lieu religieux" en question n’est donc pas qu’une fosse: il s'apparente à une structure bâtie. Celle-ci a été installée dans un coin du jardin, à l’écart des passages. Ce lieu, sacré, devait en effet être protégé des piétinements.

    Enfin, nous avons également retrouvé au fond de la fosse les restes d’une crémation. Ceux qui ont exécuté le rituel l'ont donc déposé en premier, avant tout le reste. Qu’a-t-on brûlé ? Là encore, une analyse fine de ces restes cendreux nous donnera sans doute quelques renseignements sur le sacrifice célébré.

    Quand la foudre a-t-elle frappé?

    Entre 40 et 79 apr. J.-C., date de l'éruption du Vésuve. Quelques éléments dans la fosse nous suggèrent même que l'événement pourrait s'être produit après le terrible séisme de 62 apr. J.-C. Or, nous savons que c'était alors une période très troublée pour la colonie, à cause des secousses qui annonçaient l’éruption.

    Qu'est-ce qui a été touché par la foudre?

    La foudre a touché le toit de la maison. Nous avons en effet retrouvé dans la fosse un nombre important de tuiles plus ou moins brisées. Visiblement, les haruspices en avaient soigneusement récolté les fragments. Certains vont d’ailleurs être expertisés pour détecter d’éventuelles traces de foudre. L'éclair a peut-être également touché l'arête des murs ou un étage de la maison, car il y a également quelques moellons dans la fosse. Mais nous n'avons pas encore retrouvé l'endroit de la maison qui a été foudroyé.

    Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce rituel?

    Parce qu'il aborde plusieurs questions qui me paraissent fondamentales. Et notamment celle de la transmission des connaissances religieuses dans l’Empire romain. Par exemple, comment les différentes populations savaient-elles ce qu'il fallait faire quand la foudre tombait? Les Pompéiens connaissaient-ils vraiment les Livres Fulguraux conservés à Rome?

    Plus généralement, le rituel d'enterrement de la foudre se rattache à un autre, fréquent à l’époque romaine. Il s'agit la mise en terre de vestiges considérés comme appartenant aux dieux : restes de repas, offrandes, etc. Or les textes n’abordent jamais ces phénomènes. Grâce à l’archéologie, nous pouvons les décrire de manière bien plus précise. C'est l'une des raisons qui font de Pompéi un formidable laboratoire de la société romaine et son fonctionnement.

    Propos recueillis par Nicolas Constans

    Ces recherches n'ont pas encore été publiées et sont donc encore préliminaires

    La fouille est effectuée dans le cadre d'un programme de l'École française de Rome en collaboration avec l'université de Lille III

    Sites archéologiques et textes liés à ce rituel

    William van Andringa et al., Pompéi: Le fulgur conditum de la maison des Quatre Styles, I, 8, 17 (campagne 2008), 2010.

    Un interview de William van Andringa sur ses recherches à Pompéi, en mai 2013 dans le Salon noir, l'émission de France Culture de Vincent Charpentier.

    Un de ses livres récemment paru

  • Du rejet de la science et de ses conséquences

     

    Publié dans Sciences et technologies

    Le rejet de la science a des conséquences concrètes, tous les jours. En 2011, 15 000 cas de rougeole ont été recensés, en bonne part à cause du rejet de la vaccination.

    Par Th. Levent.

    Laboratoire à l'université de Cologne (Crédits Magnus Manske Licence Creative Commons)Comme chacun sait, la science et ses applications sont les pires ennemis du genre humain, ne parlons même pas des bêtes. Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple de la médecine.

    Le vaccin papillomavirus humain (HPV), particulièrement le Gardasil®, serait un horrible poison si l’on en croit la presse après la plainte d’une jeune fille l’accusant d’être à l’origine d’une maladie neurologique dont elle est victime.

    Bien entendu, personne ne s’intéresse à l’avis de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue française qui rappelle que : " Les données australiennes démontrent que la vaccination HPV des jeunes filles est efficace pour la prévention des lésions précancéreuses de l’utérus et des cancers de l’utérus. L’analyse de risque effectuée par l’European Center for Diseases Control démontre le bénéfice de cette vaccination en termes de santé publique et ne fait pas apparaître de sur-risque de complication neurologique inflammatoire par rapport à la population non-vaccinée, information confirmée par la Food and Drug Agency. Dans l’état actuel des connaissances, aucun lien de causalité n’a été établi entre une vaccination contre le virus HPV et la manifestation d’une maladie neurologique inflammatoire chronique ".

    Il faut dire que ces remarques émanent d’une société savante, autrement dit d’un groupe d’idiots utiles forcément à la solde des grands groupes pharmaceutiques… Cela rappelle furieusement l’analyse d’autre sociétés savantes vis-à-vis de la célèbre non-étude de Séralini, totalement infirmée dans un silence médiatique assourdissant.

    La défiance savamment entretenue envers la vaccination peut avoir un impact très concret. En 2011, 15 000 cas de rougeole ont été notifiés en 2011, 1 000 cas ont présenté une pneumopathie grave, 31 une complication neurologique et 10 sont décédés.
 Ceci est directement lié à une diminution de la couverture vaccinale.

    Dans l’affaire qui n’en est pas une du Gardasil®, les notions de biais, de facteurs confondants, de limites d’interprétation épidémiologiques… etc., sont largement effacées des écrans radar. Trop compliqué nous dit-on. Sauf que ces informations sont fondamentales pour ne pas gober n’importe quoi.

    C’est donc sur l’ignorance et l’absence de culture scientifique, que jouent nombre de nostalgiques du " c’était mieux avant, la science c’est dangereux, on nous ment, le livre noir du scientisme est ouvert… ". Dézinguons avec application notre savoir-faire en biotechnologie, nanotechnologie et autres recherches sur la manière d’extraire au mieux les gaz de schiste par exemple. Jetons dans les poubelles de l’histoire les vaccins et antibiotiques, la chimie, les ondes hertziennes et les électrons qui ne sont pas verts au motif que tout ceci n’est pas très naturel et peut-être dangereux. La pusillanimité générale inhérente au principe de précaution constitutionnalisé défendu bec et ongle par nos visionnaires Verts tout particulièrement, commence à faire des ravages en gélifiant toute velléité de la moindre prise de risque. La sclérose administrative et psychologique est telle que de plus en plus de nos jeunes très bien formés en France en grande partie sur fonds publics, migrent vers des cieux plus riants, dynamiques et moins pleurnichards. Cela nous coûte la bagatelle de 10 milliards d’euros par an. Encore bravo s’exclament les pays accueillants qui finalement adorent la France.

    Il faut dire que rien n’est fait pour nous faire aimer et comprendre la science et son intérêt, à commencer par la formation scientifique de nos élites dirigeantes toutes ou presque sorties de l’ENA (des administrateurs) ou de HEC Paris (des commerciaux). Bref, tout sauf des créateurs et des chercheurs. Le Japon, l’Allemagne où la Chine n’hésitent pas à promouvoir des scientifiques au gouvernement. La France quant à elle, n’a pas de pétrole, mais possède des scientifiques de haut niveau qu’elle n’écoute pas, même en leur commandant des rapports tous plus instructifs et pragmatiques les uns que les autres (rapports Gallois, Lauvergeon… ) qui finissent tous dans les tiroirs. Un suicide à répétition.

    Deux rayons de soleil éclairent néanmoins cette fin d’année 2013 morose.

    Gilles-Éric Séralini va peut-être devoir passer à la caisse et rembourser les sponsors de la grande distribution qui avaient soutenus " en toute indépendance " l’inoubliable étude qui avait fait la Une du Nouvel Observateur (toujours en toute indépendance) sur la toxicité des OGM (tumeurs à tous les étages). La revue Food and Chemical Toxicology a retiré de sa publication cette étude, qui n’existe donc plus, après réexamen par un comité d’experts qui, de nouveau, confirme la nullité méthodologique des analyses statistiques[1]. Un minimum de recul, de connaissance et d’analyse scientifique journalistique n’aurait certainement pas nui au débat et à l’intelligence des lecteurs. Corinne Lepage, la Brigitte Bardot des chromosomes torturés, reste étrangement silencieuse pour une fois. Seul l’hebdomadaire Marianne a relayé cette information écolo-incompatible.

    Michel Serres, philosophe au savoir immense, persiste à s’émerveiller devant les mutations technologiques, celles de l’information en particulier[2]. Cela nous change du discours catastrophiste habituel des rabougris de l’innovation.

    Tout n’est peut-être pas perdu.

    1.Marianne, n°868 du 7 au 13 décembre 2013.

    2.Serres Michel, Petite poucette, Éditions Manifestes Le Pommier, 2013.

     

  • Innorobo 2014: robots en agriculture

     

    L’édition 2014 d’Innorobo, le rendez-vous européen de l’innovation robotique,  vient de s’achever à Lyon. Les robots s’infiltrent dans tous les domaines des activités agricoles. Depuis toujours, les agriculteurs cherchent à mécaniser leurs tâches, à la fois pour permettre des travaux pénibles et pour augmenter la productivité. Submergés par des obligations réglementaires de plus en plus nombreuses (documentation, traçabilité…), ils trouvent aujourd’hui dans la robotique un moyen d’accélérer la modernisation de leur outil de production grâce à des robots simples d’utilisation et d’entretien, capables non seulement de les soulager, mais aussi de les aider à prendre des décisions dans une logique de développement durable.

    Premier exemple: la traite. Tâche répétitive par excellence, dévoreuse de temps et de main-d’oeuvre, elle fut pionnière dans le domaine de l’automatisation, qui remonte aux années 1980. Elle connaît de nombreux développements effectués par les grands du secteur, qu’il s’agisse de Lely (Pays-Bas), de GEA Farm Technologies (Allemagne), DeLaval (Suède) ou, plus récemment, de Sac Christensen (Danemark). La difficulté principale concerne le repérage de la disposition des tétines de la vache, très variable d’un animal à l’autre, mais aussi pour la même vache en fonction de la période. Sac Christensen a ainsi mis au point un bras robotisé industriel qui repère les trayons grâce à son système de vision doté d’un laser et d’une caméra, et assure le branchement des vaches dans deux stalles parallèles. Le système, baptisé Rds FutureLine, permet la traite de 120 vaches laitières à raison de trois traites par jour.

    Ces constructeurs ont enrichi leur offre avec des robots mobiles, aussi appelés drones terrestres, tels que Robagro, développé par BA Systèmes, capable de se déplacer librement dans l’étable pour rechercher du fourrage et des céréales dans des conteneurs dédiés et de les acheminer au pied des vaches laitières. Le robot Jeantil Automatic Feeding, proposé par la PME bretonne du même nom, embarque, lui, un mélangeur qui prépare automatiquement les rations à l’aide d’un logiciel dédié et les distribue dans la journée au rythme prévu par l’éleveur. À l’aide d’un collier présent sur la vache, certains drones peuvent même réaliser une portion personnalisée en fonction de l’animal et des paramètres saisis par l’exploitant.

    Avec le Lely Juno, la corvée de raclage du sol et de repousse du fourrage le long des couloirs d’alimentation est éliminée. Juno se repère à l’aide de capteurs à ultrasons et d’une bande métallique qu’il peut suivre pour retourner automatiquement à sa station de recharge. Le nettoyage des bâtiments, tâche ingrate et chronophage, a aussi trouvé sa solution : le robot mis au point par Dussau Distribution en Aquitaine parcourt la stabulation et nettoie quasiment en temps réel les déjections animales. Son bras articulé portant la buse de nettoyage comprend une tête sensitive qui lui permet de contourner les obstacles.

    Dans le domaine de la céréaliculture ou du maraîchage, l’automatisation à l’aide de drones terrestres n’est pas encore aussi présente que dans le domaine de l’élevage. Des PME innovantes commencent néanmoins à investir le marché. La société française Naïo Technologies a lancé, en 2013, son premier robot autonome, baptisé Oz. Équipé d’un capteur laser, il identifie les rangées de légumes et les suit pour effectuer un désherbage mécanique. Outre le gain de temps — d’après le constructeur, cinq minutes suffisent pour désherber mécaniquement une rangée de 100 mètres, contre quatre heures pour un humain —, le robot évite l’épandage de produits chimiques. Pourvu d’une autonomie de quatre heures, il se recharge simplement sur une prise électrique…

    Plus innovant encore, l’entomologiste américain David Dorhout s’est inspiré de la communication chimique chez les fourmis pour mettre au point des engins autonomes capables d’améliorer le rendement des terres agricoles en optimisant les techniques d’ensemencement. Nommés Prospero, ces robots communiquent entre eux par infrarouge et se déplacent en “horde” — jusqu’à une centaine d’unités selon la taille de la parcelle — pour disperser les graines de façon optimale. Chaque robot marque la position de ses graines par un point blanc, puis enregistre précisément cette position afin de pouvoir lui appliquer par la suite différents engrais et insecticides et éviter que d’autres machines plantent au même endroit.

    Les fruits bénéficient aussi de la robotisation, pour en réduire le coût d’exploitation mais aussi pour les mettre à disposition sans stockage et sans conservateurs, en étant cueillis à la demande : le Citrus Robot ou le projet Vision Robotics permettent ainsi de repérer et de récolter les agrumes. L’espagnol Agrobot et le japonais Shibuya Seiki ont conçu des modèles capables de ramasser les fraises à maturité. Leurs caméras reconnaissent les fruits parmi les feuilles et jugent s’ils sont mûrs en fonction de leur couleur. Ils calculent leur emplacement et avancent leurs pinces pour les cueillir délicatement. Ces robots peuvent travailler la nuit (avec des lampes) et fournir des fraises vraiment fraîches pour le marché du lendemain. Des recherches sont en cours pour étendre leur utilisation à d’autres fruits et légumes, tels que le raisin ou la tomate, où la couleur joue un rôle important.