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futurologie - Page 47

  • Cocorico! Une expérience prometteuse d'"invisibilité sismique"

     

    Par Tristan Vey, Service infographie du Figaro

    Des chercheurs français ont réussi à "contrôler" des ondes sismiques en créant des hétérogénéites dans le sol qui permettent de les détourner.

    Peut-on rendre des bâtiments ou des villes "invisibles" aux tremblements de terre en forçant les ondes sismiques à les contourner? Cette idée, moins saugrenue qu'il n'y paraît, s'inspire de célèbres travaux sur la lumière réalisés par le physicien anglais John Pendry. Ce dernier avait démontré en 2006 qu'il était possible de créer un matériau sur lequel les rayons lumineux "glisseraient", ce qui le rendrait invisible. Sa théorie reposait essentiellement sur le caractère ondulatoire de la lumière. Or, mathématiquement, il n'y a pas vraiment de différence entre une onde de type électromagnétique et une onde mécanique (houle, séisme, etc.).

    "Nous avons réalisé qu'en forant des trous ou en plaçant judicieusement des piliers dans le sol, il serait possible d'obtenir un effet similaire", explique Sébastien Guenneau, directeur de recherche du CNRS à l'Institut Fresnel de Marseille qui a imaginé ce concept de cape d'invisibilité sismique. "Il nous restait à vérifier que les simulations numériques et la théorie que nous proposions en 2009 tenaient la route."

    Contrôler les ondes sismiques

    Stéphane Brûlé pour sa part, sismologue de formation et ingénieur BTP chez Ménard, tombe par hasard sur les travaux de ses collègues marseillais. Enthousiasmé par l'idée, il propose de monter une expérience de terrain afin de valider le concept. Le dispositif mis en place à Grenoble est assez lourd. Plusieurs dizaines de trous de 32 cm de diamètre et 5 m de profondeur sont creusés à intervalles réguliers dans un grand rectangle (un terrain de badminton). Des dizaines de capteurs sismiques sont alors disposés sur une zone un peu plus grande. Un vibreur, qui émet 50 vibrations par seconde (50 hertz), est enfoncé dans le sol devant l'installation.

    Les résultats, publiés dans la revue Physical Review Letters, sont très encourageants: les ondes sismiques artificielles sont clairement détournées par les différents puits créant une "bande interdite". "Ce n'est qu'une preuve de concept, mais cela montre que des inhomogénéités artificielles dans le sol permettent de contrôler la propagation des ondes", se félicite Stéphane Brûlé.

     

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    Une invisibilité incomplète

    Une autre expérience, menée à Lyon en 2012 - mais dont les résultats n'ont pas encore été publiés -, serait encore plus concluante. "Cette fois-ci, les trous étaient plus larges et disposés en arcs de cercle concentriques, raconte Sébastien Guenneau. C'est une configuration plus proche de ce que nous imaginons pour protéger des bâtiments." C'est la chute d'un poids de plusieurs tonnes d'une hauteur de 20 mètres qui a simulé le séisme. "Les fréquences obtenues pour les ondes sismiques sont plus basses et plus proches de la réalité", souligne Stéphane Brûlé. La "cape antisismique" aurait parfaitement fonctionné.

    Bien sûr, cette cape ne rend pas complètement invisible. "La Terre se soulève sous l'effet des ondes les plus longues, de taille kilométrique, rappelle Stéphane Brûlé. Celles-ci ne sont pas détournées, mais ce ne sont pas les plus dangereuses. En pratique, il faudra surtout protéger les bâtiments des fréquences avec lesquelles ils entrent en résonance. Généralement ce sont les ondes comprises entre 1 et 10 Hz."

    "Les installations anti-tsunamis pour protéger les digues sont très encourageantes"

    Sébastien Guenneau, physicien

    Une troisième expérience doit être menée fin 2014 dans une configuration quasi réelle afin de vérifier l'efficacité du dispositif pour l'intégralité de cette gamme de longueurs d'onde. Si cela fonctionne, les ingénieurs prendront le relais afin de trouver des applications concrètes. "Cela pourrait permettre de protéger des centrales nucléaires, des aéroports ou des bâtiments historiques pour lesquels il est compliqué de mettre en place des fondations antisismiques", note Sébastien Guenneau.

     

    Le chercheur a réussi à se faire allouer 1,5 million d'euros sur 5 ans par le Conseil de recherche européen pour ses travaux. Il utilise une partie de cette enveloppe pour mettre au point des dispositifs antitsunamis fonctionnant sur le même principe. "Les installations de protection des digues sont déjà très encourageantes", estime-t-il.

     

  • Paralysie : des mouvements possibles grâce à la stimulation électrique

     

    Cette technique pourrait permettre aux victimes de lésion de la moelle épinière d'effectuer des mouvements volontaires, même plusieurs années après leur accident. Il doit exister "des connexions en sommeil" chez des patients pourtant totalement paralysés.

    Quatre volontaires paraplégiques peuvent désormais contracter certains de leurs muscles paralysés à la suite d'une lésion de la moelle épinière, grâce à la "stimulation épidurale". Cette technique consiste à appliquer un courant électrique à des fréquences et des intensités variables, dans la partie basse de la colonne vertébrale, la région lombo-sacrée, là où les connexions nerveuses de la moelle épinière commandent en grande partie les mouvements des membres inférieurs. Les trois cas publiés mardi dans la revue britannique Brain viennent s'ajouter à une première expérience dont le Lancet s'était fait l'écho en mai 2011.

    Tout avait commencé avec un jeune Américain, Rob Summers, qui était paralysé depuis 2006 à la suite d'un accident de voiture. Au vu des résultats obtenus, les chercheurs du Frazier Rehab Institute (KentuckyOne Health), à Louisville (Kentucky), ont poursuivi leurs travaux chez trois autres hommes, présentant une paralysie motrice totale mais encore quelques sensations. Quelques jours après le début de la stimulation électrique (au moyen du dispositif de Medtronic commercialisé pour le traitement de la douleur), ils ont été capables d'effectuer des mouvements volontaires qui nécessitent un contrôle relativement fin et de les moduler. Ils ont également pu synchroniser les mouvements de leur jambe, de leur cheville et de leurs orteils, voire modifier la force de flexion.

    Reprise de mouvements volontaires malgré une paralysie complète

    Après plusieurs mois de séances de stimulation appliquée en association avec un entraînement locomoteur à domicile, les tests ont été répétés : certains patients ont réussi à effectuer des mouvements volontaires avec plus de force et moins de stimulation tandis que d'autres avaient gagné en précision. Cette récupération rapide suggère qu'il doit exister "des connexions en sommeil" chez des patients pourtant totalement paralysés. "Quelques contacts existent, mais ne sont pas fonctionnels, et le cerveau est capable de les exploiter", commentent les chercheurs dans le communiqué des National Institutes of Health, qui ont financé ces travaux (avec la Fondation Reeve).

    "Nous avons découvert un mode d'intervention fondamentalement nouveau qui peut améliorer considérablement la reprise de mouvements volontaires chez des sujets avec une paralysie complète, même des années après l'accident", commente Susan Harkema, de l'université de Louisville, qui a participé à l'expérimentation. "La croyance qu'aucune récupération n'est possible et qu'une paralysie complète est permanente est désormais contestée", souligne-t-elle dans un communiqué.

    En plus de leur capacité à effectuer des mouvements des jambes, les patients ont vu leur état global s'améliorer avec un accroissement de leur masse musculaire, une meilleure régulation de la pression artérielle, une moindre fatigue et une sensation générale de mieux-être. Il s'agit donc d'un réel espoir pour les personnes paralysées, et pas seulement pour les nouvelles victimes d'une lésion de la moelle épinière. Chaque année, en France, leur nombre total augmente de 1 000 à 1 500. Ce sont le plus souvent des adultes jeunes.

     

  • Nez et vagin: De nouvelles avancées grâce à l'ingénierie tissulaire

     

    Des chirurgiens ont réussi à reconstruire les organes à partir de cellules prélevées sur les patients…

    Des chirurgiens ont pour la première fois réussi à reconstruire des nez et des vagins en utilisant de nouveaux tissus biologiques fabriqués à partir de cellules prélevées sur les patients eux-mêmes, selon deux études publiées vendredi dans la revue médicale britannique The Lancet.

    La technique a notamment été expérimentée en Suisse sur cinq patients atteints d'un cancer de la peau au niveau du nez. Un an après les interventions, les cinq patients étaient satisfaits de l'apparence des narines reconstruites et de leur capacité à respirer, et n'avaient signalé aucun effet indésirable notable.

    Prélèvements de cartilage

    Pour y parvenir, une équipe dirigée par le Pr Ivan Martin, de l'Université de Bâle, a prélevé de minuscules fragments de cellules de cartilage provenant de la cloison nasale des patients et les a fait se multiplier en laboratoire en les exposant notamment à des facteurs de croissance. Au bout de quatre semaines, les chercheurs avaient fabriqué 40 fois plus de cartilage que la quantité prélevée au départ, ce qui leur a permis de reconstruire le nez au niveau des narines des cinq patients, âgés de 76 à 88 ans, sans avoir recours aux greffes classiques de cartilage. Pour ces greffes, le cartilage est généralement prélevé sur la cloison nasale, l'oreille ou les côtes, mais ces prélèvements nécessitent une opération chirurgicale et peuvent s'avérer douloureux pour le patient.

    Selon le Pr Martin, le cartilage produit par ingénierie tissulaire a non seulement «des résultats cliniques comparables» aux greffes de cartilage, mais il est «mieux accepté» par le système immunitaire de la personne qui le reçoit et il «améliore la stabilité et le fonctionnement des narines».

    Dans une étude séparée, la revue britannique a fait état d'une autre prouesse de l'ingénierie tissulaire qui a consisté à implanter des vagins fabriqués à partir de tissus biologiques sur quatre jeunes filles. Agées de 13 à 18 ans, elles étaient atteintes d'une anomalie congénitale se traduisant par l'absence totale ou partielle de vagin et d'utérus, lorsqu'elles ont été traités il y a huit ans par une équipe américano-mexicaine dirigée par le Pr Anthony Atala.

    A partir de tissus prélevés au niveau de la vulve, l'équipe a réussi à produire des cellules musculaires et des cellules vaginales en laboratoire qui ont été placées pendant 7 jours sur un moule biodégradable ayant la forme d'un vagin. Huit ans après les implantations, les vagins fonctionnent normalement et les quatre jeunes-filles déclarent avoir des rapports sexuels satisfaisants, relève l'étude.

    Grâce aux progrès de l'ingénierie tissulaire, des substituts de peau et de cartilage ont déjà été greffés à des milliers de personnes dans le monde. Mais les spécialistes s'efforcent désormais d'élaborer de véritables organes fonctionnels à partir de tissus artificiels. Outre le nez et le vagin, des essais cliniques sont en cours sur des vessies, des cornées, des bronches et des vaisseaux sanguins.

     

  • Il s'appelle Solar

    L'avion solaire qui veut faire le tour du monde sans kérosène

    L'avion expérimental Solar Impulse 2, dont l'aile fait 72 mètres d'envergure, a été présenté mercredi à Payerne (Suisse).

    Le premier appareil lancé en 2010 avait prouvé la faisabilité d'un avion propulsé par la seule énergie solaire. L'équipe suisse Solar Impulse a dévoilé mercredi à Payerne son nouvel avion destiné cette fois à boucler le premier tour du monde sans combustible fossile. Mais il est bien difficile de cacher un engin dont l'aile fait 72 mètres d'envergure (soit plus longue que celle d'un Boeing 747). Cette dernière dépassait largement du grand rideau noir censé cacher l'appareil.

    "Voici le seul avion au monde qui peut voler sans jamais s'arrêter, qui peut voler jour et nuit sans brûler la moindre goutte de kérosène ", a présenté fièrement André Borschberg, le pilote professionnel suisse qui a fondé le défi Solar Impulse avec l'aventurier Bertrand Piccard.

    Avec son immense envergure, ses ailes toutes droites et sa structure ultralégère, le Solar Impulse 2 n'est pas bâti pour battre des records de vitesse, mais bien pour voler des heures d'affilée à très haute altitude. Sa seule source d'énergie provient des panneaux solaires qui recouvrent chaque centimètre carré de ses ailes et du haut du fuselage. Ils alimentent en courant quatre petits moteurs électriques, qui font tourner lentement de grandes hélices. La puissance de chaque moteur ne fait que 17,5 ch, l'équivalent de celle d'un scooter, mais l'avion est tellement léger que cela suffit à le faire décoller et grimper jusqu'à 9 000 mètres d'altitude. La nuit, des batteries au lithium prennent le relais en attendant le prochain lever de soleil.

     "La réduction du poids est l'obsession permanente du programme, et nous a obligés à développer des solutions nouvelles pour réussir à faire voler cet avion ", explique avec enthousiasme Claude Michel, responsable du programme Solar Impulse chez Solvay, l'un des principaux partenaires technologiques du projet suisse. "Nous avons notamment développé un polymère qui remplace l'aluminium du vérin du train d'atterrissage et qui permet de faire un gain de masse de 80 % sur cet élément."

    Le groupe chimique belge a aussi contribué à la composition des éléments des batteries lithium-ion, afin d'augmenter la quantité d'énergie stockée tout en réduisant la masse. Malgré son envergure géante, l'avion ne pèse qu'un peu plus de 2 tonnes, l'équivalent d'un gros 4 × 4, dont 600 kg de batteries. Cette masse réduite n'a été possible que grâce à l'utilisation de composites de carbone assemblés à Lausanne par le chantier naval Décision, l'un des meilleurs spécialistes dans le monde des voiliers de course ultralégers. Les bandes de carbones utilisées pour construire la structure de l'avion pèsent seulement 25 g/m2, trois fois moins qu'une feuille de papier d'imprimante, grâce à une technologie utilisée au départ sur les catamarans de course de l'équipe suisse Hydros.

    Le premier Solar Impulse pouvait déjà en théorie voler indéfiniment, puisqu'il était capable de rester en l'air une nuit entière après avoir rechargé ses batteries au soleil pendant la journée. Mais en pratique, l'engin était limité par l'endurance de son pilote et sa capacité à maintenir la fragile structure en l'air en l'absence de tout système de pilotage automatique. Le plus long vol de Solar Impulse 1 avait ainsi duré 26 heures en juillet 2012, et sa plus longue distance parcourue d'une traite dépassait 1.000 km, à 50 km/h de moyenne. "Avec le premier avion nous avions l'équivalent d'un siège de classe économique, et avec le deuxième, nous avons un bon siège de classe affaires, dans lequel on peut être assis pour piloter, s'allonger pour dormir et même bouger pour faire de l'exercice ", raconte André Borschberg.

    Après des premiers vols d'essais prévus cette année, l'avion tentera en 2015 de faire un tour du monde en 5 étapes, dont la plus longue, au-dessus du Pacifique, entre la Chine et les États-Unis, prendra au moins 5 jours et 5 nuits.

     

  • Danger pour l'avenir de l'umanité!

    Cette gogo danseuse est en fait… un robot

    Les gogo danseuses ont du souci à se faire : elles pourront bientôt être remplacées par des robots. Bootylicious robot chante et bouge en rythme… Mais fait peut-être un peu plus peur que les vraies.

    Mini jupe, déhanché incroyable, Bootylicious robot ressemble à s’y méprendre à une vraie gogo-danseuse, en plus métallique peut-être. Ce robot inventé par l’artiste Jordan Wolfon danse en rythme et de manière lascive, bouge les lèvres et fixe même les clients du regard.

    Cette pièce ne sera pas commercialisée, mais bien exposée au David Zwirner Gallery à New York. On n’hésite un peu entre « c’est beau la technologie » et… ça fait peur !

    Vidéo plus bas

     

    J'ai déjà tenté d'avertir l'humanité…

    et, bien sûr, il y aura des robots sexuels…. et, un beau jour, quelques débiles exigeront de pouvoir se marier avec leur robote!

    et c'est partit pour plus de 200 ans de destruction de l'humanité dans ce qu'elle a, justement, d'humain.

    c'est ici

    http://www.legende-des-siecles.com/futur/index.html

     

    Apparemment, la vidéo a été retirée. Désolée.

     

  • Futurologie bien expliquée.... aux USA

    Singularity University : le pari osé du futur

    Immortalité, robots sexuels, fin de la pauvreté, plantes lumineuses... Le campus de la Nasa, au sud de San Francisco, ne s'interdit aucun tabou.

    Ray Kurzweil, cofondateur de la Singularity University", prévoit qu'il vivra 800 ans.

    De notre envoyé spécial en Californie, Guillaume Grallet - Point.fr

    Ne s'est-on pas trompé d'adresse ? Le doute saisit face à l'immense ossature de métal qui se dresse dans le ciel. Cette architecture a servi auparavant de base pour l'atterrissage de l'USS Macon, un dirigeable exploité par la marine des États-Unis pour le renseignement. C'était en 1933. Depuis, l'Ames Research Center, à Moffett Field, une demi-heure au sud de San Francisco, est resté à l'avant-garde de la technologie. La Nasa y abrite un morceau de Lune, prépare un vol aller pour Mars en 2023 et une parcelle a été louée par Larry Page et Sergey Brin, les deux cofondateurs de Google, pour y faire décoller leur Gulfstream V.

    Pour arriver ici, on doit montrer patte blanche auprès de deux marshals, puis slalomer entre une myriade de centres de recherche pour atteindre le 20, Akron Road, bâtiment d'un seul tenant qui abrite la Singularity University, l'université de tous les nouveaux savoirs. Un campus sept fois plus petit que celui de Stanford, mais où bat désormais le nouveau coeur de la Silicon Valley. On y parle de robots, de biotechs, de nanotechnologies, d'intelligence artificielle, autant de technologies qui pourront changer la vie de milliards de personnes. Sur place, le code du Wi-Fi est 1.2.4.16.256, une suite numérique exponentielle...

    Dans la salle, stars et P-DG

    Depuis que cette faculté un peu spéciale a ouvert ses portes, il y a cinq ans, l'astronaute Buzz Aldrin, l'acteur Ashton Kutcher, qui a joué Steve Jobs au cinéma, ou encore Jim Gianopulos, le grand manitou de la Fox, ont (re)pris le chemin de l'école. Également inconditionnels, Reid Hoffman, cocréateur de LinkedIn, Nolan Bushnell, inventeur d'Atari, ou encore... le rappeur will.i.am. "Si j'étais étudiant, c'est là que j'aimerais étudier", a lancé Larry Page le jour de l'ouverture de l'école. Depuis, les plus grandes entreprises mondiales y envoient leur état-major. "Dans la salle, il n'y a que des C +, c'est-à-dire des CEO, CTO ou encore CFO du Forbes 500", souligne la professeur de biologie Robin Farmanfarmaian. Autrement dit, des P-DG, des directeurs techniques et des directeurs financiers.

    "Je suis là pour vous annoncer la fin de la pauvreté en 2035 !" lance le créateur de l'école, Peter Diamandis, 52 ans, auteur de L'Ère de l'abondance, le futur est meilleur que ce que vous croyez. Les Chinois ne sont-ils pas dix fois plus riches qu'en 1960 ? Diamandis a aussi son idée pour résoudre les problèmes d'énergie. "Le biologiste Craig Venter étudie la mise au point de carburants à partir de microalgues. Un hectare pourrait produire 25 000 litres d'huile par an, contre 45 pour le maïs." Insensé ? "Exxon est prêt à injecter 300 millions de dollars dans le projet." Diamandis est aussi convaincu par la conquête des astéroïdes pour y récupérer des métaux précieux...

    Le pari de l'immortalité

    Le fondateur de l'université de la singularité a la tête dans les étoiles depuis toujours et des fourmis dans les jambes - difficile de le garder immobile plus d'une minute pour la séance de photos ! À 12 ans, il gagne un concours pour avoir conçu un système capable de lancer trois fusées en même temps. Né dans le Bronx, New-Yorkais de parents immigrés grecs, ce diplômé du MIT et de Harvard en médecine met au point, en 1994, Zero-G, une entreprise qui propose des vols en apesanteur à bord d'un Boeing 727. Proche de Richard Branson, Diamandis est par ailleurs à l'origine de la fondation XPrize, où siègent Ratan Tata, Arianna Huffington et Elon Musk, et qui, il y a 10 ans, a récompensé le cofondateur de Microsoft, Paul Allen, pour avoir mis au point SpaceShipOne , un hybride avion-fusée.

    Admirateur de Charles Lindbergh, Peter Diamandis aurait pu en rester à ses rêveries dans l'espace si, au cours d'un de ses voyages au Chili, il n'était pas tombé sur un ouvrage, "La `Singularité est proche" de Ray Kurzweil. Ce futurologue, qui avait annoncé la fin de l'URSS ou l'avènement d'Internet, y décrit un monde où la machine, dotée d'intelligence artificielle, croise le destin de l'homme. Ce "moment", qu'il nomme "singularité", en reprenant un terme de l'auteur de science-fiction Vernor Vinge, se situe aux alentours de 2045. Kurzweil fait aussi le pari de l'immortalité de l'homme. "Il y a 1 000 ans, l'espérance de vie était de 20 ans, il y a 200 ans, elle est passée à 37 ans. Et, en 2029, un bébé aura une chance sur deux de devenir immortel", explique Ray Kurzweil, qui ingurgite 150 vitamines par jour et pense qu'il pourra vivre 800 ans. Pour lui, notre corps est semblable à un logiciel qu'il sera possible de reprogrammer et d'augmenter grâce à des clones d'organes vivants. Plus tard, il sera aussi possible de télécharger des applications dans notre cerveau. Ce culot bluffe Diamandis et c'est avec Kurzweil qu'il crée en 2008 cette faculté du futur fréquentée depuis par 2 500 élèves. En 2012, Kurzweil a été nommé directeur de la prospective de Google.

    12 000 euros la semaine de cours

    "Vous êtes déjà un cyborg." À la récréation qui suit le déjeuner de tofu bio, certains se ruent sur le court de tennis, équipés d'une raquette imprimée en 3D, tandis que d'autres essaient l'Oculus Rift, un masque d'immersion totale qui promet de révolutionner les jeux vidéo. Les plus appliqués planchent, un Coca à la main, en petits groupes, sur la manière de réduire le réchauffement climatique. Les candidats ont déboursé au choix 29 500 euros pour dix semaines de cours ou 12 000 euros pour sept jours intensifs.

    À peine le temps d'avaler un café organique, voilà Raymond McCauley. Pour celui qui a installé un "biohacker space" en plein San Francisco, une seule chose compte : les individus vont pouvoir enfin prendre en main leur destin. "Il y a encore dix ans, décoder son génome coûtait 300 millions de dollars, aujourd'hui 1 000 dollars, et dans dix ans pas plus de 10 cents." Lui-même s'est diagnostiqué un risque de dégénérescence maculaire liée à l'âge, il croit dans la "do it yourself medicine", la capacité de mettre au point ses propres médicaments. Pas très naturel ? "Vous êtes vacciné ? Alors, vous êtes déjà un cyborg", répond en riant McCauley.

    Suit un défilé d'experts tous plus passionnants les uns que les autres. L'ancien astronaute Dan Barry promet l'arrivée d'ici dix ans de robots sexuels. Le Canadien Brad Templeton évoque la généralisation des véhicules sans conducteur, qu'il a contribué à créer, et décrit la manière de systématiser les flux tendus dans l'industrie. Du côté de Moffett Field, on pense aussi que l'agriculture va changer, grâce au projet maison, baptisé Glowing Plant, qui consiste à modifier génétiquement les plantes pour les rendre lumineuses. La vision transhumaniste du monde véhiculée par Ray Kurzweil, qui a tout du gourou, soulève dans l'amphithéâtre des questions inédites. En cas de vie éternelle, le mariage va-t-il se transformer en contrat de dix ans ? Quel avenir pour les religions qui parient sur l'au-delà? Et quid de notre carrière si celle-ci prend un nouveau tournant à 75 ans ?

    Un bras imprimé en 3D

    Doux rêves ? Mais faut-il encore considérer l'homme bionique comme de la science-fiction, quand le californien Not Impossible Labs met au point un bras imprimé en 3D, à 75 dollars pièce, qui est utilisé au Soudan du Sud pour les victimes d'amputation ? Salim Ismail, qui représente l'université en dehors des États-Unis, fait tout pour la faire connaître dans le monde entier. En novembre 2013, à Budapest, 550 personnes ont ainsi pu voir une jolie blonde, paraplégique après un accident de ski, remarcher grâce à un exosquelette.

    "Pour appréhender le futur, il ne suffit pas de calquer le modèle du passé", indique Didier Renard, premier diplômé français de l'université, agacé du manque d'ambitions de la France et de l'incapacité de nos élites à intégrer cette accélération technologique. En janvier, l'équipe dirigeante de l'université s'est déplacée en Espagne, où elle a promis 30 000 dollars de bourse à des entrepreneurs : "Ce sont eux qui vaincront le chômage." La fac vient aussi de lever 50 millions de dollars pour booster les 50 start-up qu'elle héberge. Parmi elles, Getaround, un système de location de voitures entre particuliers, qui permettra de se passer d'agences de location, Made in Space, une solution d'impression 3D dans l'espace, ou encore Modern Meadow, qui promet de fabriquer des steaks sans avoir besoin d'élever des animaux. Lowe's, Coca-Cola ou encore l'Unicef parrainent ces jeunes pousses prometteuses.

    C'est donc gonflé à bloc qu'on se rend aux dernières heures de cours. Sauf qu'une femme de ménage nous arrête : le plafond de la salle de conférences vient de s'effondrer, le cours est délocalisé dans une annexe prêtée pour l'occasion... "Il a plu toute la nuit, nous sommes désolés." L'espace d'un instant, le quotidien se rappelle à l'université qui ne veut penser qu'au futur.

     

    et, si l'avenir de la planète vous intéresse....

    http://www.dailymotion.com/toulousejoyce