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Hier - Page 13

  • Noël, Noël, monsieur le Préfet!!!

    Et un petit coup de symbole chrétien pour niq... le préfet de la zone de Béziers!

    J'ai fais toutes mes communions sans avoir la foi (pas de ma faute, j'ai eu deux deuils à cette époque de mes très proches! alors, tu parles, le petit Jésus...) mais, comme cela fait un bon bail que j'arpente les terres de France, me suis trop habituée aux symboles chrétiens pour ne plus les voir tandis que poussent sans vergognes et grâce à la conne... des politiques vendus et autres laïcards, des minarets sur les terres de la douce France, horreur, malheur!....

     

    L’Etat a sauvé Noël, la crèche de Ménard a été désamorcée

    A quelques jours de Noël, par une procédure urgente, le tribunal administratif de Montpellier a ordonné l’enlèvement de la crèche municipale de Béziers. L’État français a ainsi prévenu une dangereuse attaque terroriste avant même que ses auteurs l’aient envisagée!

    L’État français en a eu assez d’être traité de mollasson. A force de laisser les suspects fichés "S" vaquer librement à leurs occupations jusque dans la sécurité des aéroports, à force de se laisser systématiquement déborder par des individus soudain "radicalisés" bien que "suivis" depuis des années par les services compétents, l’État a décidé de prendre les choses en main et de frapper la menace au cœur. Il a ordonné le démantèlement de la crèche installée par Robert Ménard dans la mairie de Béziers! La décision précise même que l’"installation" peut bien être enlevée, "n’étant composée que de santons ordinaires".

    Voici donc le juge des référés promu critique d’art en civil, comme on disait en URSS. Mais ce n’est pas le seul précédent de l’affaire. Il y a bien mieux: L’interdiction de cette quatrième crèche biterroise ne fait pas suite à une dénonciation des "assosses" laïques outrées par la vue du bœuf et de l’âne gris, mais à une plainte du préfet de l’Hérault, autrement dit de l’État lui-même!

    À juste titre, l’État a vu dans cette crèche le ferment d’une redoutable dérive.

    La République française est laïque, une et indivisible. L’État ne tolère aucune concurrence à sa propre doctrine et interdit par conséquent toute irruption de bondieuserie sur la place publique. Il n’est qu’à voir la férocité avec laquelle il réprime les prières de rue dans les quartiers où fermente la France de demain.

    Il ne les réprime pas? Ah bon? C’est sans doute qu’il n’y voit pas malice. Des hommes prostrés à genoux, tous dans la même direction, le front sur le pavé, quoi de plus agréable aux yeux de l’État depuis qu’on a aboli la conscription générale?

    Ou alors, c’est qu’il est débordé. Il passe un temps fou à combattre l’obscurantisme religieux, jusqu’au-delà de ses frontières. Voyez avec quelle discrète efficacité il a contribué ces dernières années à l’éradication des chrétiens d’Orient!

    Mais qu’on n’aille pas crier au parti pris! L’État français fait aussi le ménage chez nos frères mahométans. Il combat avec énergie la propagation du chiisme iranien. Il n’entend goutte aux querelles de chameliers, mais il se fie à ses informateurs et clients, les princes d’Arabie. Des gens aussi profondément incrustés dans la duplicité, la cruauté et toute l’écœurante panoplie des vices que l’argent facile peut procurer ne présentent aucun risque de contamination mystique. Avec de tels jouisseurs, de vrais laïcards ne peuvent avoir que des atomes crochus.

    C’est pourquoi l’État français fait les meilleures affaires avec l’Arabie saoudite, qui coupe des têtes avec les mêmes sabres qu’elle fait virevolter aux invités de marque pour la photo et qui extermine massivement, y compris par la famine organisée, les musulmans pauvres au Yémen, avec leurs hôpitaux de misère, leurs écoles de gueux et leurs maisons de crotte, à l’aide d’équipements high-tech français.

    L’État français a des principes. Il combat toutes les religions, sauf la sienne: la religion de l’État. Comme elle est abstraite, stérile et austère, il faut bien l’imposer un peu. Un excellent moyen consiste à lui inventer des ennemis qui n’en sont pas. Ainsi l’entrepreneur multirécidiviste en crèches publiques Robert Ménard.

    Je connais un peu Robert Ménard. C’est un homme à mon goût: un chemin tortueux, non une ligne droite. Il a un passé d’engagements et de remises en question. Avant de devenir un conservateur sécuritaire, il a été marxiste-léniniste. Avant de répudier la corporation médiatique, il avait fondé Reporters sans frontières. Il a les vertus de son imprudence: il est vif, franc et drôle. Tout le contraire des holothuries d’extrême-droite avec lesquelles on l’associe. Il a compris que les "ismes" ne menaient pas très loin et que les frontières incrustées dans les têtes sont bien plus hermétiques que celles séparant les États. Son CV le prédisposait à tout, sauf à devenir un défenseur des bondieuseries catholiques. C’est ce qui le rend intéressant.

    Ce n’est que très récemment qu’on a découvert tout le potentiel de nuisance des crèches de Noël. Elles étaient considérées jadis comme les manifestations les plus bénignes de la superstition chrétienne. Elles aidaient paraît-il les paysans à passer les longues semaines de l’arrière-automne: pendant qu’ils sculptaient des Jésus-Marie-Joseph dans du bois brut, ils buvaient moins. Il n’y a pas si longtemps, on en faisait même construire par les enfants des écoles. Autant leur enseigner à fumer! Moi-même, j’ai sentimentalement conservé une crèche-caverne fabriquée par ma fille avec du papier kraft et des figurines en pâte à modeler – alors que nous ne sommes mêmes pas catholiques!

    C’est bien là que réside le danger: la crèche, malgré ses airs puérils et naïfs — à cause d’eux, même! – est un puissant symbole identitaire, un signe de ralliement de fanatiques qui vont bien au-delà du camp papiste! Mais il y a pire encore. Le message occulte de la crèche n’a pas échappé à l’œil vigilant des experts de l’État, et c’est ce qui explique l’urgence de la procédure d’interdiction.

    Une crèche, l’air de rien, n’est rien d’autre qu’un manuel pour la fabrication de bombes.  Au milieu, le berceau avec le futur kamikaze. Autour, le couple de militants chargé de l’encadrer et de le radicaliser. Dans le deuxième cercle, les trois artificiers venus apporter soi-disant en guise d’offrande les composantes du gilet explosif: la charge, le gilet et le détonateur. On a même pensé à amener des animaux pour servir de cobayes lors du tir d’essai.

    Glaçant de cynisme!

    Or le territoire français est truffé de groupuscules qui, chaque année à la même période, préparent des attentats en série. Attentats contre la foi et le foie, contre l’environnement et le porte-monnaie, contre la charité et le bon goût.

    On appelle ça les "fêtes de Noël". On s’y assemble par familles entières pour célébrer la consommation. Une minorité pratiquante, entre la bûche et le digestif, trinque parfois à l’enfant Jésus dans sa paille. Les plus fanatiques forcent même leurs gosses à veiller jusqu’à la messe de minuit.

    Ils sont galvanisés par de redoutables meneurs appelés évêques. On les reconnaît à leur minuscule croix épinglée au revers, à leurs petites lunettes cerclées d’acier et à leurs yeux de lapins pris dans les phares. Leur physique d’écrevisses trahit une prédisposition très modérée au martyre, c’est pourquoi ils évitent par tous les moyens d’importuner quiconque – en particulier les mahométans – avec leurs croyances.

    Cette habitude de la dissimulation les rend furtifs et donc d’autant plus dangereux. Leurs subalternes, les curés, se montrent parfois plus expansifs: c’est qu’ils proviennent de régions encore mal éclairées comme l’Afrique ou la Pologne (la disparition des curés de l’espèce vernaculaire ayant donné lieu à un mouvement migratoire encore mal étudié).

    Coup de pub

    C’est donc avec les plus pressantes raisons du monde que l’État français a ordonné à la ville de Béziers de démonter son dispositif terroriste. Mais Ménard est un renard! A pinailleur, pinailleur et demi. La décision du juge stipulait que la crèche devait être retirée du " hall de l’Hôtel de ville ": on s’est donc contenté de déplacer la crèche de trente mètres, vers un bâtiment annexe. La simple visite des curieux s’est du coup transformée en procession balisée.

    Le maire manipulateur a eu beau jeu, dès lors, de se réclamer de l’appui populaire. Encore un peu, et il va demander un référendum national sur l’interdiction des crèches… On pourrait parier que les évêques, dans leur machiavélisme, se prononceraient pour. Mais ils risqueraient bien de se retrouver un peu esseulés, en compagnie de quelques francs-maçons à pince-nez et du dernier carré des socialistes français. Le gros de la population se fout du symbole religieux, mais trouve quand même ça joli.

    "Il est cocasse", me faisait observer l’autre jour le président Paucard, "de constater que les derniers bruyants défenseurs de la France chrétienne s’appellent Zemmour, Finkielkraut et Lévy".

    Ce n’est plus tout à fait vrai. Robert Ménard vient de se joindre, peut-être malgré lui, à ce tiercé de bons catholiques.

    Or, soit dit entre nous, Ménard n’est sans doute pas plus chrétien que vous et moi. Mais là est justement le problème! A la base, personne n’est chrétien. Les meilleurs chrétiens, au cours de l’histoire, étaient justement ceux, bien souvent, qui n’en étaient pas. Ou pas des croyants très spectaculaires. Un moine russe a publié un best-seller traitant de ces cas-là, qu’il appelle les " saints non saints".

    Le milieu chrétien est un monde louche. Il suffit d’ouvrir l’Évangile: ce ne sont que centurions, percepteurs et putains. Comme si, de nos jours, on créait une religion avec des mercenaires de Blackwater, des banquiers de l’UBS et des journalistes du Monde. En plus, ils ne se disaient même pas chrétiens, au début, mais se prétendaient plus juifs que juifs.

    Le grand drame du christianisme, ce fut son association avec l’Empire. Il n’est même pas entièrement responsable. Est-ce la faute des chrétiens si Constantin a trouvé leurs idées à son goût? Son successeur Julien, dit l’Apostat, a pourtant bien essayé de les sauver de la compromission en restaurant les anciennes divinités. Mais ce fut une aventure sans lendemain. Comme si un rouquin, en 2017, avait essayé de rendre sa grandeur à l’Amérique. L’histoire ne repasse pas les plats, disait Céline.

    Le mobile des martyrs

    A la réflexion, l’État aurait peut-être dû montrer plus de doigté avec les santons à Ménard. Un petit détour par la psychologie du croyant n’eût pas été inutile. La lecture du Vrai croyant (The True Believer) d’Eric Hoffer en donne un aperçu assez édifiant. Mais zut: Hoffer n’est toujours pas traduit en français!

    Le croyant, l’adhérent, le disciple, ne se définit pas toujours par l’adhésion aux thèses de son gourou. Dans le cas des suppôts de Jésus, c’est même tout le contraire, bien souvent. L’adhésion est négative. On n’est pas pour le Messie, on est contre ceux qui le pourchassent, à cause de leur brutalité ou de leur bêtise.

    Personne n’y a pensé, mais le paranoïaque Hérode, lorsqu’il fit massacrer tous les bébés de Judée pour éliminer justement celui qui lui a échappé en s’exfiltrant vers l’Égypte, lui a fait une pub du tonnerre. Son travail préparatoire vaut bien, à sa manière, celui de Jean Baptiste. Trente ans plus tard, combien de simples hères se rallieront au va-nu-pieds de Nazareth à cause de cette épuration qui était certainement restée dans toutes les mémoires? Dommage que les enquêtes d’opinion n’existaient pas encore…

    Il faut lire, même si cela paraît ringard, les vies de saintsThis triggers the tooltip. Les piquer au hasard. Non par piété, mais par curiosité littéraire et psychologique. Combien, parmi ces champions de la foi, de martyrs par bravade, par ronchonnage ou par dégoût? Combien qui ne connaissaient même pas les premiers mots du Notre Père? Prenons, tout près de nous, l’histoire peut-être mythique de Saint Maurice (un migrant africain) et de ses compagnons, soldats de la légion thébaine suppliciés au champ d’Agaune pour avoir, au nom de Dieu, refusé d’honorer les dieux. Combien de " vrais chrétiens " parmi eux, et combien de simples bons camarades?

    "Non? Vous n'allez tout de même pas leur faire ça pour si peu? Sans blague, les gars? Non mais sans blaaague!… Si? Alors vous pouvez me raccourcir aussi. Je tire l’échelle. Un monde peuplé de mufles comme vous ne mérite pas ma présence“.

    Ou prenons Sophie Scholl et ses compagnons de la "Rose Blanche" face aux nazis : qu’y a-t-il de doctrinaire chez eux, quoi de plus flamboyant, de plus fanatique, que le bon goût et la simple civilité? Et quoi de plus "monstrueux" chez leurs juges et bourreaux que le réflexe pète-sec du respect aveugle des lois de l’État? Quoi que disent les lois et quel que soit l’État.

    Combien de mécréants, d’incroyants, de viveurs qui se sont associés, voire substitués aux martyrs de la foi? Comme ces moines paillards, dans le monastère le plus dépravé de Russie, qui rataient la messe plus souvent que l’apéro mais se firent fusiller jusqu’au dernier plutôt que de plier face aux bolcheviks? Ces brigands-là aussi sont entrés dans la légion des "saints de tous les jours" du père Tikhon.

    Où l’on voit que c’est un club assez différent des martyrs d’Allah. Ces derniers, on a dû leur promettre un jardin de délices que leur envieraient même les barons de la drogue: pas moins de 72 vierges, bien entendu adultes et consentantes. Les chrétiens sont plus modestes. Ils ne demandent qu’à être assis au pied du Christ. Ou plus simplement encore: à ne plus voir les gueules de maroufles d’ici-bas.

    Epilogue

    Le réflexe chrétien est une mauvaise herbe. Plus on l’arrache, et plus il repousse. Le mieux, disent les botanistes experts, est de le laisser s’étouffer par lui-même. Mais l’État français n’a pas cette patience. N’est-il pas l’héritier fébrile et irrepenti des massacreurs de la Vendée, auteurs du premier autogénocide de l’histoire? N’est-il pas l’inspirateur de tous les bolcheviks et khmers rouges de la planète? Noblesse oblige! Il n’est pas question de fléchir devant quelques santons.

    Il est d’autant plus urgent d’agir que le réflexe honni se réveille partout. Le chef de l’État lui-même se serait retenu au dernier moment de faire un signe de croix (hhissssss!) devant le cercueil de Johnny. L’État français ira donc au bout de la logique qui le fait exister depuis 1789. Il accélère le mouvement d’effacement-reformatage des disques durs mentaux. Le voici maintenant qui retire de l’enseignement le passé simple, temps de l’action témoignée, la forme sur laquelle tout l’Évangile est construit. On n’y verra aucune causalité, mais il est clair que le texte biblique deviendra peu accessible pour nos petits-enfants. Bon, tous les autres textes aussi…

    Le problème, c’est que l’autre camp ne dormira pas lui non plus. A en juger par l’expérience du XXe siècle, les faucheurs se fatiguent plus vite que la mauvaise herbe. Et l’on verra sans doute un jour la France sortir du cauchemar totalitaire en se frottant les yeux comme après une énorme cuite. Comme le fait la Russie depuis une vingtaine d’années…

    PS: Le christianisme exigerait une bonne séance de rebranding. L’appellation limite et rebute, comme tous les "ismes". C. S. Lewis déjà, dans son Abolition de l’Homme, avait contourné le problème en le rebaptisant Tao sans aucune perte de sens. On pourrait l’appeler tout bêtement l’assemblée (ecclesia) des gens normaux. C’est accueillant et détendu. L’opposé exact des cellules de solitude, de voyeurisme et de masturbation où la modernité enferme les individus.

    https://www.causeur.fr/creche-noel-beziers-robert-menard-148602

     

    Bon, au fait, aujourd'hui, 28 décembre, c'est la saints Innocents: alors faut avoir pitié de ces pauvres bougres: ils sont innocents! pas dans leurs pratiques, dans leurs cervelles… CQFD (note de la Rédactrice)

     

     

  • Moi, une yéyé

     

    La source du yé-yé: Lire Edgar Morin pour mieux comprendre le phénomène Hallyday

    Il y aura donc un "hommage national". Déjà, sur les ondes, on fait le parallèle entre ce que furent les obsèques, grandioses, de Victor Hugo (1er juin 1885) et celles, à venir, de Johnny Hallyday. Le Palais de l’Elysée décidera. On évoque un parcours sur les Champs Elysées. Au lendemain du décès la presse est toujours à l’unisson, qui prolonge et entretient l’émotion.

    Reste et restera à comprendre les raisons et l’ampleur d’un tel phénomène suscité par la mort d’un chanteur. Comment, à l’étranger, observe-t-on une telle ferveur, unanime et nationale? Dans quel terreau cet inconscient collectif prend-il racine? Le Monde peut fort heureusement nous aider.

    Après avoir puisé dans ses archives en quête des premiers papiers parlant de Johnny Hallyday le quotidien né en 1944 poursuit son travail de mémoire en offrant à relire une série de deux tribunes remarquables: deux textes signés du sociologue Edgar Morin. Nous sommes alors en juillet 1963 et le sociologue baptise alors, dans ces colonnes, la jeune génération de génération " yé-yé ".  C’était au lendemain de la grand-messe organisée le 22 juin 1963 par Daniel Filipacci à la Nation pour fêter l’anniversaire du magazine Salut les copains". Dans deux tribunes, le sociologue donnait un sens à cette " nouvelle classe d’âge ", attirée par " un message d’extase sans religion, sans idéologie " véhiculé notamment par un ‘’très viril’’ Johnny " explique aujourd’hui Le Monde.

    Le premier texte est intitulé " Une nouvelle classe d’âge ".

    Edgar Morin y analyse notamment le cadre socio-économique dans lequel émerge et se développe alors un phénomène dont il pressent la nouveauté et l’importance. Extraits :

    " La vague de rock’n roll qui, avec les disques d’Elvis Presley, arriva en France ne suscita pas immédiatement un rock français. Il n’y eut qu’une tentative parodique, effectuée par Henri Salvador, du type Va te faire cuire un œuf, Mac. La vague sembla totalement refluer: mais en profondeur elle avait pénétré dans les faubourgs et les banlieues, régnant dans les juke-boxes des cafés fréquentés par les jeunes. Des petits ensembles sauvages de guitares électriques se formèrent. Ils émergèrent à la surface du golf Drouot, où la compétition sélectionna quelques formations. Celles-ci, comme Les Chats sauvages, Les Chaussettes noires, furent happées par les maisons de disques. Johnny Halliday (sic) monta au zénith. Il fut nommé " l’idole des jeunes ".

    " Car ce public rock, comme aux États-Unis quelques années plus tôt, était constitué par les garçons et filles de douze à vingt ans. L’industrie du disque, des appareils radio, comprit aux premiers succès que s’ouvrait à la consommation en France un public de sept millions de jeunes: les jeunes effectivement, poussés par le rock à la citoyenneté économique, s’équipèrent en tourne-disques, en radio, transistors, se fournirent régulièrement et massivement en 45 tours".

    " Le succès de Salut les copains ! est immense chez les décagénaires (comment traduire teenagers?). Les communications de masse s’emparent des idoles-copains. Elles triomphent à la T.V. (…)  Le music-hall exsangue renaît sous l’affluence des copains: les tournées se multiplient en province, sillonnées par les deux groupes leaders, le groupe Johnny-Sylvie et le groupe Richard-Françoise. Paris-Match consacre chez les " croulants " le triomphe des copains puisqu’il accorde aux amours supposées de Johnny et Sylvie la place d’honneur réservée aux Soraya et Margaret".

    " De quoi s’agit-il? " demande Edgar Morin. Il répond : de la promotion de nouveaux artistes de la chanson: de  l’irruption puis de la diffusion du rock et du twist français: d’un épisode important dans le développement du marché du transistor et du 45 tours: d’un épisode important dans l’extension du marché de consommation à un secteur jusqu’alors hors de circuit, celui des décagénaires". Ce phénomène, qui s’inscrit dans un développement économique, ne peut être dilué dans ce développement même, poursuit-il. La promotion économique des décagénaires s’inscrit elle-même dans la formation d’une nouvelle classe d’âge, que l’on peut appeler à son gré (les mots ne se recouvrent pas, mais la réalité est trop fluide pour pouvoir être saisie dans un concept précis) : le teen-âge, ou l’adolescence. J’opte pour ce dernier terme".

    "À la précocité sociologique et psychologique s’associe une précocité amoureuse et sexuelle (accentuée par l’intensification des " stimuli " érotiques apportés par la culture de masse et l’affaiblissement continu des interdits) Ainsi le teen-age n’est pas la gaminerie constituée en classe d’âge, c’est la gaminerie se muant en adolescence précoce. Et cette adolescence est en mesure de consommer non seulement du rythme pur, mais de l’amour, valeur marchande numéro 1 et valeur suprême de l’individualisme moderne, comme elle est en mesure de consommer l’acte amoureux".

    Le titre du deuxième texte fera date: " Le yé-yé "

    " (…) Il y a une frénésie à vide, que déclenche le chant rythmé, le " yé-yé " du twist. Mais regardons de plus près. En fait, à travers le rythme, cette musique scandée, syncopée, ces cris de yé-yé, il y a une participation à quelque chose d’élémentaire, de biologique. Cela n’est-il pas l’expression, un peu plus forte seulement chez les adolescents, du retour de toute une civilisation vers un rapport plus primitif, plus essentiel avec la vie, afin de compenser l’accroissement continu du secteur abstrait et artificiel?

    "D’autre part les séances twisteuses, les rassemblements twistés sont des cérémonies de communion où le twist apparaît comme le médium de l’inter-communication: le rite qui permet aux jeunes d’exalter et adorer leur propre jeunesse. Une des significations du yé-yé est " nous sommes jeunes".

    " Par ailleurs, si l’on considère le texte des chansons, on y retrouvera les thèmes essentiels de la culture de masse. Ainsi le "yé-yé " s’accouple avec l’amour: "Avec toi je suis bien, Oh yé-yé" chante Petula Clark et Dany Logan: " Oh ! oui chéries on vous aime malgré tout, Oh ! yé-yé Oh ! Oh ! yé-yé " (Vous les filles).

    "Le yé-yé immerge dans les contenus de la culture de masse pour adultes, certes, mais nous ne devons pas dissoudre son caractère propre. Celui-ci nous introduit dans un jeu pur, dans une structure de vie qui se justifie essentiellement dans le sentiment du jeu et dans le plaisir du spectacle. Cette structure peut être dite nihiliste dans le sens où la valeur suprême est dans le jeu lui-même. (…)"

    Au final Edgar Morin suggère un ouvrage aux lecteurs du Monde : celui de  Georges Lapassade: " L’entrée dans la vie" (Coll. Arguments: Éditions de Minuit, 1963).

    https://jeanyvesnau.com/2017/12/07/a-la-source-du-ye-ye-lire-edgar-morin-pour-comprendre-le-phenomene-hallyday/

     

     

  • La Toussaint

    Photo: Sainte Jeanne d'Arc

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  • Après le plat de nouilles d'hier.....

    En 1814, au congrès de Vienne Talleyrand avait gagné une grande bataille diplomatique grâce à la langue française et à l’esprit qu’elle aiguisait en lui.

    "Le 8 octobre 1814, les ambassadeurs des grandes puissances étaient réunis chez Metternich. Il s'agissait d'annoncer à l'Europe l'ouverture du Congrès. On délibérait sur une déclaration portant qu'elle aurait lieu le 1er novembre. Talleyrand demanda qu'on y ajoutât ces mots: Elle sera faite conformément aux principes du droit public. Cette proposition souleva une tempête.

    " Non, monsieur! disait Hardenberg, debout, les poings fermés, presque menaçant. Non, monsieur! Le droit public, c'est inutile. " M. de Humboldt criait: "Que fait ici le droit public?

    -Il fait que vous y êtes", répliqua Talleyrand. Les deux envoyés prussiens se calmèrent. Tout le monde parut décontenancé. " Pourquoi dire que nous agirons selon le droit public? fit observer Hardenberg. Cela va sans dire. — Si cela va bien sans le dire, répondit encore Talleyrand, cela ira encore mieux en le disant“.  [2]

    Hurler est l’affaire des loups. C’est le propre des langues que de dire le monde et les choses; le langage est la maison de l’être. Il y a trop de sans-abris.

    La langue française n’est certes pas seule à dire l’être, mais dans certains registres, celui du sentiment amoureux, de la lucidité, de la diplomatie, elle est bonne candidate aux premiers prix et elle dépasse d’un infini le basic English dans lequel les plus grandes langues du monde tendent à se dissoudre comme dans un liquide corrosif.

    [1] http://www.newyorker.com/culture/culture-desk/the-construction-of-a-twitter-aesthetic

    [2] http://agora.qc.ca/documents/talleyrand_au_congres_de_vienne

  • L’antifascisme, le vrai.

    […]

    Histoire de remettre les idées en place, le 18 juin, j’ai relu cette page des Mémoire de guerre ou de Gaulle décrit son arrivée à Londres: "je m’apparaissais à moi-même, seul et démuni de tout, comme un homme au bord d’un océan qu’il prétendrait franchir à la nage“.

    Pour faire bonne mesure, je me suis repassé plusieurs documentaires, surtout ceux d’Antoine Casubolo intitulés "les derniers compagnons". Ensemble de témoignages de ces Français libres distingués par le titre de "Compagnons de la Libération" qui leur fut décerné par de Gaulle. Au-delà de l’émotion et de l’admiration que l’on éprouve à entendre tous ces héros s’expliquer avec tant de simplicité, on ne peut s’empêcher de se poser, lancinante, la question: comment quelques garçons de 20 ans, de toutes origines sociales, géographiques et politiques, ont pu faire le choix, alors que tout était perdu, la nation effondrée, les élites légitimes appelant à la soumission, de partir sans armes, sans bagages, sans même savoir où aller, simplement pour continuer le combat? Je dis quelques, car ils furent peu nombreux. Comme l’a dit Elizabeth de Miribel qui fut la secrétaire de Charles de Gaulle, Londres n’était pas une ville où on arrivait, c’était une ville dont on partait… André Maurois, Raymond Aron, Jean Monnet, Alexis Léger, tous les notables fuyaient pour le confort et la sécurité des États-Unis. Alors, chacun de ceux qui étaient à l’époque, de très jeunes hommes donne son explication. Tous, quelle que soit leur origine ou leur parcours, parlent à leur façon, de la France, du caractère inacceptable de la défaite. Et de la nature de l’ennemi. Et ils racontent le combat, la victoire, le difficile retour à la vie civile.

    Maurice Halna du Fretay a été tué aux commandes de son avion lors du raid canadien sur Dieppe en août 42. Il avait rejoint l’Angleterre en novembre 40 après avoir, remonté pièce à pièce un vieil avion qu’il avait réussi à faire à atterrir en terre anglaise. Interrogé, après cet exploit, sur ses motivations il avait répondu simplement: " Je suis pauvre comme Job, je suis libre comme l’air. Je ne suis plus vaincu".Dans la sociologie particulière de ce groupe étrange, les aristocrates étaient les plus nombreux. En général les cadets de famille. Ils eurent le taux de pertes le plus élevé. Normal.

    Il y avait, beaucoup de bretons, de ces marins têtus qui payèrent un si lourd tribut à la bataille de l’Atlantique. Des intellectuels, des enseignants, des étudiants. Peu de paysans et d’ouvriers, catégories assommées par la défaite et la destruction du Parti Communiste. Ils se rattraperont.

    Il y avait des juifs, aussi comme André Zirnheld jeune professeur de philosophie alsacien, premier officier parachutiste français tué à l’ennemi en juillet 1942 et auteur de la fameuse prière du para. Lazare Pytkowicz, "Petit Louis" qui commença la résistance en novembre 40 à l’âge de 12 ans! Il s’enfuit du Vel’ d’Hiv’ en juillet 42. Devint agent de liaison. Arrêté trois fois par la Gestapo. Évadé trois fois. Il aura affaire à Klaus Barbie. Torturé, on lui demande s’il aurait parlé. Il répond non en souriant, jamais! Puis se reprend et dit, confondant de modestie: "Mais, attention, je n’ai pas subi le supplice de la baignoire. Seulement les coups". Il attendra en vain au Lutétia, ses parents et ses sœurs restés à l’intérieur du Vél d’Hiv. Sa Croix de la Libération lui sera remise dans le bureau du proviseur où il a été convoqué pendant la classe qu’il a reprise à la Libération.… Il a 16 ans.

    Le communiste Jean Devé chef de district à la gare de Villedieu les Poêles rejoint Londres en juin 40. Il organise la sortie de Bir Hakeim en juin 42, s’élance  le premier sur son Bren Carriers, pour ouvrir la voie aux ambulances chargées des blessés transportables, "hurlant à la bataille", arrêté par un obus antichar en pleine poitrine.

    "Une mère, ça ne doute de rien". Madame Moore habite à Louvigné-du-Désert, à quelques kilomètres de Villedieu les Poêles. Ses deux fils, Fred et Gaston, sont partis en Angleterre, en bateau à voile le 19 juin 1940. Depuis, aucune nouvelle. Au soir du 3 août 1944, la grand-rue de Louvigné résonne du passage incessant des troupes alliées qui viennent de s’engouffrer dans le sillage de la percée de Patton." Mme Moore, Mme Moore, il y a des français, c’est l’armée Leclerc! " C’est pourtant vrai! Madame Moore avise un gaillard dans son half track:

    "-Dites moi, vous n’auriez pas connu les frères Moore?

    -Fred et Gaston? Ils sont justes derrière. Mon lieutenant, on vous demande! "

    "Ce furent les retrouvailles" nous dit sobrement Fred d’une voix qu’il essaie d’affermir.

    Des ecclésiastiques aussi, comme le truculent abbé de Naurois, antinazi farouche, Compagnon de la Libération et Juste parmi les nations, qui débarqua le 6 juin 1944 avec le commando Kieffer armé de son seul missel. Daniel Cordier, bien sûr, personnage extraordinaire. Dont la voix se brise lorsqu’il raconte son arrivée à l’Olympia Hall, lieu de rassemblement de la poignée de français " qui ne s’étaient pas couchés devant l’ennemi " au début du mois de juillet 1940. Arrivée de nuit, toutes les fenêtres éteintes. Qui s’allument les unes après les autres et des voix qui se répondent parlant du pays d’où elles viennent: Brest! Concarneau! Bayonne! Rouen! Paris! Et la marseillaise qui éclate. "La plus belle que j’ai jamais entendue". On veut bien vous croire, Monsieur.

    Des militaires, finalement pas mal. Égaux à eux-mêmes. Leclerc, Koenig,  Amilakvari, le prince géorgien, tant d’autres. J’ai une prédilection particulière pour Edgar de Larminat. Que de gaulle gratifiait d’une amitié " circonspecte".  Dont je recommande la lecture des " chroniques irrévérencieuses " particulièrement savoureuses. Sa définition de Leclerc en 1943: "“ c’est le gaillard qui vient vous regarder sous le nez d’un air méchant, vous écrase le pied en vous bousculant et vous chipe votre mouchoir. Au moment où vous allez-vous rebiffer, vous vous apercevez qu’avec ce mouchoir il a fait un service de table complet alors vous ne dites rien et donnez votre chemise“. “

    Tous antifascistes. Tous. Mention particulière pour ce juif tunisien qui n’avait jamais mis les pieds en France et a débarqué, un des 177 du commando Kieffer le 6 juin 44. Qui décrit cette journée, avec son accent pied-noir à couper au couteau et une mine rigolarde. Les Anglais qui s’effacent quand la barge, touche le sable,  en leur disant: " Messieurs les Français rentrez chez vous les premiers". La prise du Casino d’Ouistreham. Les camarades tombés.  Sa voix qui change et se brise dans un sanglot  lorsqu’il raconte l’honneur retrouvé. Comment, au soir du combat, le colonel anglais,  commandant le régiment, blessé à la tête, se redresse pour les saluer et les pointant du doigt, leur dit: " vous, les Français, vous avez fait du bon travail. "

    On terminera avec ceux pour qui le "no pasaran" veut vraiment dire quelque chose. Ces Espagnols de la retirada qui ont rejoint la France libre et formé une compagnie célèbre: "la Nueve " celle qui rentrera la première dans Paris en août 44 commandé par le capitaine Dronne à qui Leclerc avait dit:" Je vous donne le commandement des Espagnols. Ils font peur à tout le monde. Ils ne sont pas vraiment faciles. Vous devriez vous en sortir…. " Antifascistes ceux là aussi, des vrais, des rudes. Qui à leur grand désespoir, après neuf ans de combat, ne pourront pas rentrer dans leur patrie.

    Ce vieil homme retiré dans sa maison de retraite en Bretagne, qui a combattu au Tchad, en Libye, libéré Paris avec la Nueve, qui n’a jamais voulu retourner en Espagne et reçoit dans sa chambre aux murs de laquelle est accroché le drapeau de la République espagnole au côté  de la photo de son chef, Philippe Leclerc de Hautecloque,  est-il le Miralles, dont parle Javier Cercas dans son magnifique roman, "Les soldats de Salamine"?

    "Il pense à un homme fini qui eu du courage et l’instinct de la vertu et pour cela ne se trompa jamais ou ne s’est pas trompé au moment où il fut vraiment important de ne pas se tromper….à un soldat seul dans un interminable désert ardent, brandissant le drapeau d’un pays qui n’est pas le sien, d’un pays qui est tous les pays à la fois et qui n’existe que parce que ce soldat brandit son drapeau renié". Antifascisme…

    Il y a probablement plusieurs façons d’être antifasciste. Mais c’est une chose sérieuse. Ceux que l’on vient de saluer l’ont été dans des circonstances particulières, celles où l’on payait le prix dans sa chair. C’est la raison pour laquelle il faut traiter tout cela avec précaution et ne pas galvauder. Le ventre serait encore fécond…?  Certainement, certainement, mais il ne faut pas manier les symboles et la mémoire n’importe comment. Et puis écouter, et réfléchir à ce que nous disent ces gens-là.

    Que pour être antifasciste il faut d’abord être patriote.

    Source: Vu du droit, Régis de Castelnau, 09-07-2013

    http://www.les-crises.fr/2013-lantifascisme-le-vrai-par-regis-de-castelnau

     

     

  • Stephen Hawking: "Nous sommes au moment le plus dangereux de l'histoire de l'humanité"

    Selon le célèbre scientifique, l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et la sortie imminente du Royaume-Uni de l'UE vient à un moment qui serait le plus dangereux pour la race humaine.

    Selon le professeur de Cambridge, le changement général de politique dans le monde montre que la majorité des humains se sentent complètement abandonnés par les dirigeants et ne leur vouent plus aucune confiance.

     "Nous vivons un moment où les oubliés ont pris la parole pour rejeter unanimement les élites qui les dirigent", explique Stephen Hawking, ajoutant que "l'aspect le plus préoccupant de cette situation est que désormais, plus qu'à n'importe quel moment de notre histoire, notre espèce a besoin de cohésion".

    Le scientifique affirme que le monde est confronté à des défis immenses, dont le changement climatique, la production alimentaire, la surpopulation, la disparition d'espèces, les maladies épidémiques et l'acidification des océans.

     "Tous ces facteurs nous rappellent que nous nous situons bien au moment le plus dangereux du développement de l'humanité", déclare-t-il.

     "Nous pouvons surmonter ces défis. Je dis cela car j'ai toujours été optimiste. Mais il faudra pour cela que les élites, qu'elles soient à Londres ou à Harvard, à Cambridge ou à Hollywood, tirent les leçons de l'année qui vient de s'écouler et apprennent à retrouver une once d'humanité", fait savoir Stephen Hawking.

    Pour l'éminent professeur, l'humanité a atteint un stade d'avancée technologie où elle peut s'autodétruire en réduisant à néant la planète Terre, tout en n'ayant toujours pas développé les possibilités de se réfugier ailleurs.

     "Il est possible que dans quelques centaines d'années, nous aurons établi des colonies humaines dans le cosmos ou sur d'autres planètes. Mais pour le moment, nous n'avons qu'une seule et même planète et nous nous devons de nous serrer les coudes pour la préserver". Le chercheur britannique a également averti que l'intelligence artificielle et l'automatisation croissante de la société qui progresse à une vitesse fulgurante allaient finir par anéantir les emplois de la classe moyenne et aggraver les inégalités, ce qui risque de créer un bouleversement politique significatif partout dans le monde.

     "Les emplois disparaissent, mais aussi les industries. Nous devons aider les gens à se reprendre pour créer un monde nouveau et à les soutenir financièrement dans leur démarche", a ajouté Stephen Hawking.

    Ce n'est pas la première fois que le professeur fait part de son opinion à propos notamment de l'élection de Donald Trump. Dans une interview au réseau télévisé britannique ITV plus tôt dans l'année, il avait qualifié le président élu de "démagogue qui fait appel au plus petit dénominateur commun".