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Hier - Page 16

  • Australie : découverte du plus grand cratère d’impact au monde

     

    Avec ces 400 kilomètres de diamètre, le cratère découvert en Australie est le plus grand dû à un impact d’un astéroïde.

    C’est par hasard, en faisant des recherches géothermiques, que des scientifiques ont découvert un gigantesque cratère d’impact sous la surface de l’Australie. Il a une taille de 400 kilomètres de diamètre et aurait été créé par un astéroïde qui aurait percuté la Terre il y a plus de 300 millions d’années.

    Alors que l’on sait que notre planète a déjà été percutée par des astéroïdes, cette découverte est majeure vu qu’elle démontre que l’histoire de la Terre a été plus mouvementée que prévu, bien avant l’apparition de l’homme.

    C’est en Australie, dans le centre du pays, que cette découverte record a été faite. D’après les estimations, le cratère mesurerait 400 kilomètres et aurait, avec le temps, été enterré sous la surface, devenant invisible. C’est en réalisant des forages à deux kilomètres de profondeur, dans le Warburton Basin, qu’il a été mis en évidence lorsque les scientifiques sont tombés sur des morceaux de roche ayant visiblement été changés en verre, ce qui suggère des conditions extrêmes de température et de pression pour permettre cette transformation, des conditions que l’impact d’un énorme astéroïde aurait pu générer.

    Selon les chercheurs, il s’agirait en fait non pas d’un impact, mais de deux. Il y aurait deux cratères reliés, ce qui suggère que l’astéroïde s’est scindé en deux avant de frapper la surface de la Terre. "Les deux astéroïdes devaient faire au moins 10 kilomètres de large“, a expliqué Andrew Glikson, scientifique de l’Australian National University qui a dirigé la recherche.

    Il est encore difficile d’avoir une idée précise de l’impact et de l’époque exacte de ces impacts. Les chercheurs estiment qu’il a eu lieu il y a au moins 300 millions d’années et qu’il n’aurait pas été sans conséquence pour la planète : " Il a dû provoquer la disparition de nombreuses formes de vie présente sur la planète à cette époque ", ajoute Andrew Glikson.

    L’équipe qui publie son étude dans la revue Tectonophysics précise n’avoir pas été en mesure d’établir un lien entre cet impact et une extinction de masse survenue sur Terre., comme cela a été le cas pour la météorite tombée au Mexique qui a conduit à la disparition des dinosaures. Il s’agit encore d’un mystère dans le cas présent : " C’est un mystère, nous ne pouvons pas trouver d’extinction qui correspond à ces collisions. Je soupçonne que l’impact pourrait être encore plus vieux que 300 millions d’années ", a souligné Andrew Glikson.

    En fait, cette découverte pourrait aussi conduire à de nouvelles théories sur la manière dont la Terre a évolué au cours des derniers millions d’années. " Des impacts aussi conséquents que ceux-là pourraient avoir eu un rôle bien plus significatif dans l’évolution de la Terre que nous ne pensions auparavant".

    Il a à préciser que le plus grand cratère d’impact actuellement connu se trouve en Afrique du Sud. Connu sous le nom de Vredefort, il mesure environ 300 kilomètres de diamètre et remonte à environ 2,02 milliards d’années.

     

  • Découverte d'un monstre marin vivant il y a 480 millions d'années

    Un monstre marin hantait les mers il y a 480 millions d'années. Des chercheurs de Yale et d'Oxford ont découvert une créature ressemblant à un crustacé de deux mètres de long, qui se nourrissait comme le font les baleines aujourd'hui. Cet animal "aurait été l'un des plus grands à vivre à cette époque" selon la zoologiste Allison Daley, un des auteurs de l'étude, de l'université d'Oxford.

    Cette étude, menée par des scientifiques des universités d'Oxford (Grande-Bretagne) et de Yale (États-Unis), a été publiée mercredi dans le journal Nature.

    Il se nourrissait en filtrant l'eau de mer

    Le monstre marin portait sur sa tête un réseau d'épines qui filtrait les aliments et serait donc la plus ancienne représentante connue des géants aquatiques qui se nourrissent en filtrant l'eau de mer. Cette nouvelle espèce a été nommée Aegirocassis benmoulae d'après le nom du chasseur de fossile marocain Mohamed Ben Moula, qui a effectué les fouilles au Maroc.

    Aegirocassis benmoulae fait partie de la famille disparue des anomalocaridides, des animaux marins apparus il y a 520 millions d'année. Cependant, jusqu'ici la plupart des anomalocaridides découverts étaient des prédateurs qui se trouvaient au sommet de la chaîne alimentaire, plus proches de nos requins actuels.

    Cette nouvelle espèce d'anomalocaridide ressemble plus à nos baleines qui elles aussi filtrent l'eau de mer à travers leurs fanons pour recueillir le plancton, mais qui sont elles de la famille des mammifères.

    Des nageoires de chaque côté de son corps

    Peter Van Roy, un des autres auteurs de l'étude de l'Université de Yale, a utilisé une nouvelle méthode d'analyse des fossiles qui a permis d'avoir une vision en 3D de l'animal, tel qu'il devait être quand il régnait sur les océans, sur des fossiles trouvés au Maroc et venant des collections du Musée Peabody de Yale, du Musée royal de l'Ontario et du Smithsonian à Washington.

    L'étude des fossiles, qui sont plats comme des fleurs séchées dans un livre, ne donne habituellement pas tant de détails.

    Cette étude a ainsi pu montrer que l'Aegirocassis benmoulae avait également des sortes de nageoires de chaque côté de son corps.

    Ces nageoires seraient les ancêtres de la double rangée de pattes caractéristique des arthropodes, invertébrés recouverts d'une carapace comme les crustacés, les araignées et les insectes. Ce qui fait des arthropodes les plus proches cousins du désormais disparu Aegirocassis.

     

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  • La copulation, une invention des poissons vieille de 400 millions d'années

    Des poissons cuirassés très archaïques, apparus peu après les premiers vertébrés, pratiquaient déjà la fécondation interne.

    Les vertébrés ont découvert très tôt les joies de la pénétration. D'après une étude parue cette semaine dans Nature , ce sont les placodermes, une classe de poissons cuirassés primitifs à mâchoire apparus il y a environ 430 millions d'années, au Silurien, qui ont "inventé" puis massivement "utilisé" la fécondation interne pour se reproduire. Pour le plaisir? Peu probable. Par intérêt évolutif? Peut-être. Par hasard? Très certainement.

    Les premiers indices de l'existence de ce mode de reproduction chez ces poissons très archaïques, apparus 100 millions d'années seulement après les premiers vertébrés, remontent à 1967. "Le paléontologue Roger Miles découvre cette année chez une espèce particulière des différences morphologiques majeures entre le mâle et la femelle qui suggèrent la présence d'appareils génitaux adaptés à une fécondation interne", rappelle Daniel Goujet, professeur émérite au Muséum national d'histoire naturelle, spécialiste des placodermes. "Cela restera pendant des années une curiosité."

    Un fossile portant un embryon

    La communauté scientifique n'est pas vraiment prête à accepter l'idée que la fécondation interne, jugée plus sophistiquée par anthropocentrisme, puisse réellement exister à une époque aussi reculée. En 2008, le paléontologue australien John Long présente un fossile qui va changer la donne: un spécimen remarquable de placoderme portant plusieurs embryons dans sa cavité abdominale. Cette découverte prouve non seulement qu'il y a eu fécondation interne, mais que le développement embryonnaire s'est prolongé jusqu'à un stade avancé dans le ventre de la mère. Un.

    Les découvertes de John Long ont conduit les membres de la communauté à reprendre leurs fossiles pour trouver la trace d'attributs sexuels caractéristiques d'une fécondation interne. En l'occurrence, chez les placodermes, un double pénis en forme de T inversé situé juste sous les nageoires postérieures (ou pelviennes). Les chercheurs retrouvent effectivement la trace de ces organes reproducteurs dans plusieurs sous-groupes. Notamment chez une espèce d'antiarche, parmi les plus anciens représentants des placodermes.

    Un coït de profil

    Dans ce nouvel article, les chercheurs décrivent notamment comment ce spécimen, Microbrachius, procédait à son accouplement. Les carapaces articulées rendent a priori impossible la position du missionnaire (que l'on retrouve chez la raie ou le requin actuels). La pénétration se fait côte à côte, de profil, les deux partenaires s'inclinant pour permettre la pénétration du pénis horizontal dans l'orifice de la femelle. Les nageoires pectorales, sortes d'appendices ossifiés évoquant des pattes de crabes, leur servaient probablement à rester accrochés ensemble pendant l'acte sexuel.

     "La diversité des sous-groupes de placodermes se reproduisant de manière analogue suggère que la reproduction interne était déjà très répandue à cette époque reculée", analyse Philippe Janvier, paléontologue spécialiste des premiers vertébrés au Muséum national d'histoire naturelle. "C'est étonnant car ce mode de reproduction est assez peu présent dans le monde aquatique aujourd'hui."

    "Cela montre qu'il n'y a pas de hiérarchie des modes de reproduction"

    Daniel Goujet, spécialiste des placodermes au Muséum national d'histoire naturelle.

    La plupart des poissons osseux actuels pratiquent en effet la fécondation externe: la femelle dépose ses œufs à un endroit avant que le mâle ne vienne les recouvrir de son sperme pour les féconder. Cette technique permet de multiplier les embryons pour contrebalancer le fort taux de mortalité lié au développement en pleine eau, un milieu très hostile. A l'inverse, la fécondation interne génère moins d'embryons, mais à l'abri des prédateurs au tout début de leur développement ce qui peut constituer un avantage fondamental.

    "On ne pensait pas que la fécondation interne puisse disparaître après son apparition", note Philippe Janvier. "Cela montre qu'il n'y a pas vraiment de hiérarchie des modes de reproduction", appuie son collègue Daniel Goujet. Plutôt qu'une lente progression vers la fécondation interne, la Nature a exploré toutes les pistes qui s'offraient à elles très rapidement. Certains modes se sont simplement avérés plus adaptés que d'autres à certaines situations particulières. Quant à savoir comment se reproduisaient les tous premiers vertébrés, cela reste un mystère complet. Mais il n'est pas impossible que les modes de reproduction aient là encore été bien plus variés qu'on ne l'imaginait.

     

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  • Dans la série: no futur.....

    L'homme est aussi dévastateur que l'astéroïde qui a mis fin aux dinosaures»

    INTERVIEW - La Terre serait en passe de subir une sixième extinction massive de la biodiversité, selon une étude publiée par Science. L'historien Jean-Baptiste Fressoz, co-auteur de L'Événement anthropocène, explique comment l'homme, à l'origine du désastre, marque son environnement pour des millénaires.

    Selon des chercheurs américains, notre planète serait au commencement d'une nouvelle phase d'extinction massive, la première depuis 65 millions d'années et la disparition des dinosaures. L'étude de ces membres de l'université de Stanford, publiée dans la revue Science et relayée par le magazine Time, délivre quelques données alarmantes. La totalité des espèces vivant sur Terre aurait ainsi connu un recul de 25% ces 500 dernières années, avec des disparités selon les cas: 45% des espèces d'invertébrés sont considérées comme menacées, et quasiment 100% des orthoptères (crickets, sauterelles…)

    Si la dernière extinction massive recensée sur Terre, celle du Crétacé-Tertiaire, a été causée par un astéroïde, celle qui se profile serait entièrement de notre fait. En chassant, pêchant, braconnant, polluant, ou encore en détruisant les forêts tropicales et autres habitats naturels, l'être humain se retrouve directement à l'origine du dérèglement du climat et de la disparition progressive de centaines d'espèces.

    Le concept d'anthropocène désigne un nouvel âge géologique dont le marqueur est l'influence de l'Homme sur le système terrestre. L'historien Jean-Baptiste Fressoz, chercheur au CNRS et enseignant à l'EHESS est le co-auteur du livre L'Evénement anthropocène, publié en octobre dernier aux éditions du Seuil. iI éclaire, pour Le Figaro, cette notion théorisée au début des années 2000 par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen,

    LE FIGARO - À quand peut-on dater le début de l'anthropocène et jusqu'à quand peut-il se prolonger?

    Jean-Baptiste FRESSOZ - Un débat divise les scientifiques sur le début de l'anthropocène. On dégage toutefois trois grandes hypothèses: un commencement daté vers -5000 avec l'apparition de la riziculture en Asie du sud-est (augmentation des teneurs en méthane), un commencement daté après la Seconde Guerre Mondiale et ce qu'on a appelé «la grande accélération» (forte hausse du rejet de CO2 et de phosphates), et un commencement daté du début de la Révolution industrielle de la fin du XVIIIe siècle, hypothèse semblant la plus logique. Cette ère va sans doute encore durer des dizaines de milliers d'années, et peut survivre à l'homme, car le CO2 rejeté persiste dans l'air durant des millénaires. L'action de l'Homme a des effets à très long terme: la temporalité courte de l'histoire rencontre la temporalité longue de la géologie.

    Que pensez-vous des hypothèses des chercheurs de l'université de Stanford, qui prédisent une sixième extinction massive?

    La biodiversité est bien plus difficile à quantifier que le rejet de CO2, par exemple. La biodiversité océanique est par exemple encore assez méconnue. Si mon travail d'historien n'est pas de juger les résultats de cette étude, elle donne une bonne échelle de l'ampleur de ce que l'homme a réalisé. Cela veut dire que l'impact de l'être humain est aussi dévastateur que celui de l'astéroïde qui a mis fin aux dinosaures il y a 65 millions d'années. Nous faisons donc face à une temporalité immense, et à un événement tout à fait majeur.

    Jusqu'à quel point l'homme est-il capable d'influer sur le fonctionnement du système Terre?

    Nous n'allons pas vers une décroissance forcée, car les énergies fossiles ne sont pas encore entièrement exploitées. Étant donné qu'il ne semble pas y avoir de volonté concrète de mettre fin à cette situation, nous nous dirigeons donc vers des années et des années de croissance sur le même modèle, et vers un dérèglement climatique peut-être plus important encore. L'ouvrage que j'ai co-écrit avec Christophe Bonneuil (ndlr: L'Evénement anthropocène, Seuil, 2013) adopte une perspective historique pour comprendre l'influence de l'homme sur la géologie, par le biais de quelques grands marqueurs temporels, qui constituent des causes profondes de la situation actuelle. Par exemple, la stimulation de la consommation de masse ou encore l'apparition de l'automobile. Il est aujourd'hui clair que l'homme et son action sont au centre de notre époque géologique.

     

  • Quand les Romains enterraient la foudre…

    Quand les Romains enterraient la foudre…

    Les restes d'un curieux rituel romain viennent d'être fouillés à Pompéi.

    Vous venez d'achever la fouille d'un lieu très particulier à Pompéi. De quoi s'agit-il ?

    C'est un lieu où les Romains ont "enterré" la foudre. Pour eux, en effet, la foudre est un prodige, un signe saisissant de l'intervention des dieux − et non des moindres, en l'occurrence Jupiter (et d’autres dieux) si elle tombe de jour, ou Summanus, le dieu qui envoie des éclairs nocturnes, si c'est la nuit. À ce phénomène surnaturel, les hommes devaient répondre, en exécutant un rituel destiné à apaiser la colère divine. C'est le fulgum conditum, l'enterrement de la foudre.

    Comment se déroulait ce rituel?

    Les participants récoltaient les débris de ce qui avait été frappé par la foudre − arbre, édifice, corps humain, etc. Puis ils les mettaient dans une fosse et recouvraient cette dernière d'un petit monticule − un tertre. Ils chantaient, à un moment ou à un autre, des chants funèbres. Le tout se faisait sous la supervision des haruspices ou d’un pontife. Ces prêtres étaient requis dès qu'il fallait interpréter un signe des dieux. Mais c'est à peu près tout ce que nous savions sur le rituel lui-même.

    D'où venaient les informations sur ce rituel?

    De quelques mentions, et non de descriptions complètes, par des auteurs latins. Elles relatent que pour interpréter les prodiges, les Romains faisaient appel à la science étrusque, consignée dans des livres particuliers, les Livres Fulguraux, aujourd'hui malheureusement disparus. Ils pouvaient y consulter des formules qui les aidaient à interpréter ce signe particulier qu'était la foudre. En fait, la foudre est la marque d'une appropriation par la divinité. Le lieu acquiert un statut juridique spécial : il devient un "lieu religieux". Mais que se passe-t-il exactement quand la foudre tombe sur un édifice par exemple? Quels sont les rites qui sont exécutés? Quel aspect prend alors ce " lieu religieux"? Il fallait un peu d’archéologie pour l'éclaircir.

    Quelle est la particularité du site que vous avez fouillé à Pompéi?

    Il est unique car dans le monde romain, c'est à ma connaissance la seule fosse abritant des vestiges touchés par la foudre qui soit parfaitement intacte. Certes, des archéologues ont étudié par le passé d’autres sites similaires. Mais ces fouilles n'étaient pas suffisamment détaillées pour permettre de restituer les gestes et le rituel.

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    Quand le site a-t-il été découvert?

    En 1938, dans le jardin de la maison des Quatre Styles à Pompéi. Nous avons eu de la chance, car le découvreur, Amedeo Maiuri, le grand Surintendant de Pompéi au XXe siècle, n’a jamais fouillé la fosse. Esprit un peu mystique et curieux, il a demandé à ses ouvriers de creuser les alentours immédiats de la fosse, mais pas plus loin. Il a préféré n’examiner cette dernière que de l’extérieur ! Lorsque nous avons repris la fouille, nous avons donc retrouvé le tertre intact, entouré de ses tranchées, comblées. Il ne manquait que la tuile où était inscrit le mot FULGUR (foudre), insérée à l’origine dans le mortier du tertre. Vu le caractère exceptionnel de ces vestiges, nous avons décidé de ne fouiller qu’une moitié de la fosse. De cette façon, nous laissons la possibilité aux archéologues du futur de reprendre l'étude avec de nouvelles méthodes.

    Comment s'est déroulée la fouille?

    Nous avons fait le choix d'une fouille très fine, afin de restituer les gestes du rituel. Nous avons donc numéroté et localisé dans l'espace les mille cinq cents fragments de la moitié de la fosse. Le but était de déterminer, par exemple, dans quel ordre et de quelle manière les vestiges ont été déposés.

    Qu'a montré la fouille sur le déroulement du rituel?

    L'analyse est toujours en cours, mais elle nous montre d'ores et déjà que ceux qui ont exécuté le rite n'ont pas versé en vrac les débris ramassés par les haruspices. Ils ont d'abord trié les matériaux. Et ils les ont fait alterner en remplissant la fosse.

    Par ailleurs, ils semblent avoir versé dans cette dernière du mortier. Le "lieu religieux" en question n’est donc pas qu’une fosse: il s'apparente à une structure bâtie. Celle-ci a été installée dans un coin du jardin, à l’écart des passages. Ce lieu, sacré, devait en effet être protégé des piétinements.

    Enfin, nous avons également retrouvé au fond de la fosse les restes d’une crémation. Ceux qui ont exécuté le rituel l'ont donc déposé en premier, avant tout le reste. Qu’a-t-on brûlé ? Là encore, une analyse fine de ces restes cendreux nous donnera sans doute quelques renseignements sur le sacrifice célébré.

    Quand la foudre a-t-elle frappé?

    Entre 40 et 79 apr. J.-C., date de l'éruption du Vésuve. Quelques éléments dans la fosse nous suggèrent même que l'événement pourrait s'être produit après le terrible séisme de 62 apr. J.-C. Or, nous savons que c'était alors une période très troublée pour la colonie, à cause des secousses qui annonçaient l’éruption.

    Qu'est-ce qui a été touché par la foudre?

    La foudre a touché le toit de la maison. Nous avons en effet retrouvé dans la fosse un nombre important de tuiles plus ou moins brisées. Visiblement, les haruspices en avaient soigneusement récolté les fragments. Certains vont d’ailleurs être expertisés pour détecter d’éventuelles traces de foudre. L'éclair a peut-être également touché l'arête des murs ou un étage de la maison, car il y a également quelques moellons dans la fosse. Mais nous n'avons pas encore retrouvé l'endroit de la maison qui a été foudroyé.

    Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce rituel?

    Parce qu'il aborde plusieurs questions qui me paraissent fondamentales. Et notamment celle de la transmission des connaissances religieuses dans l’Empire romain. Par exemple, comment les différentes populations savaient-elles ce qu'il fallait faire quand la foudre tombait? Les Pompéiens connaissaient-ils vraiment les Livres Fulguraux conservés à Rome?

    Plus généralement, le rituel d'enterrement de la foudre se rattache à un autre, fréquent à l’époque romaine. Il s'agit la mise en terre de vestiges considérés comme appartenant aux dieux : restes de repas, offrandes, etc. Or les textes n’abordent jamais ces phénomènes. Grâce à l’archéologie, nous pouvons les décrire de manière bien plus précise. C'est l'une des raisons qui font de Pompéi un formidable laboratoire de la société romaine et son fonctionnement.

    Propos recueillis par Nicolas Constans

    Ces recherches n'ont pas encore été publiées et sont donc encore préliminaires

    La fouille est effectuée dans le cadre d'un programme de l'École française de Rome en collaboration avec l'université de Lille III

    Sites archéologiques et textes liés à ce rituel

    William van Andringa et al., Pompéi: Le fulgur conditum de la maison des Quatre Styles, I, 8, 17 (campagne 2008), 2010.

    Un interview de William van Andringa sur ses recherches à Pompéi, en mai 2013 dans le Salon noir, l'émission de France Culture de Vincent Charpentier.

    Un de ses livres récemment paru

  • Découverte d'un étrange dinosaure à plumes aux allures de poulet géant

     

    Haut de 1,5 mètre aux hanches et long de 3,5 mètres pour un poids de 200 à 300 kilos, ce dinosaure baptisé Anzu Wyliei avait un cou très allongé, un bec sans dent et une crête ronde sur la tête...

    Des paléontologues américains sont parvenus à reconstituer une espèce de dinosaure à plumes aux allures de poulet géant qui vivait en Amérique du Nord il y a 66 millions d'années, grâce à trois squelettes fossilisés.

    Haut de 1,5 mètre aux hanches et long de 3,5 mètres pour un poids de 200 à 300 kilos, ce dinosaure baptisé Anzu Wyliei avait un cou très allongé, un bec sans dent et une crête ronde sur la tête comme celle des casoars, un oiseau d'Australie de la famille des autruches. Sa queue était relativement courte et épaisse et il avait de puissantes griffes au bout de longues pattes fines.

    La découverte des trois squelettes, annoncée mercredi, lève le voile qui entourait ce groupe de dinosaures depuis près d'un siècle. Les scientifiques n'avaient en effet en leur possession que quelques fragments. Les fossiles ont été trouvés à la fin des années 90 dans la formation rocheuse de Hell Creek dans le Dakota du Nord et le Dakota du Sud, deux Etats du nord des Etats-Unis. Dès lors, les scientifiques se sont attelés à reconstituer le dinosaure.

    De l'espèce des caenagnathidae

    Cette nouvelle espèce appelée caenagnathidae appartient à la famille des dinosaures oviraptorosaures, connus grâce aux fossiles souvent bien préservés trouvés en Mongolie et en Chine. Il a été baptisé Anzu Wyliei. Anzu pour sa ressemblance à une divinité sumérienne démoniaque à l'apparence d'un aigle léontocéphale et Wyliei, d'après le nom du petit-fils d'un administrateur du musée d'Histoire naturelle Carnegie de Pittsburgh (Pennsylvanie), où se trouvent les trois squelettes fossilisés.

     "Anzu est de très loin le caenagnathidae le mieux préservé jamais découvert. Après presqu'un siècle de recherches, nous avons finalement trouvé des fossiles qui montrent à quoi ressemblaient ces créatures de la tête au pied", explique Matthew Lamanna, paléontologue au musée Carnegie qui a mené ces travaux publiés dans la revue américaine PLOS ONE.

    La description détaillée de Anzu, qui était probablement omnivore, a pu être réalisée à partir des trois spécimens fossilisés qui, ensemble, ont permis de reconstituer un squelette presque complet. Les scientifiques ont pu étudier son anatomie et ses relations dans l'évolution par rapport aux autres caenagnathidae, ce groupe longtemps mystérieux de dinosaures théropodes auquel il appartient.

     "Il devait être terrifiant"

     "Anzu était une sorte de raptor géant avec une tête de poulet probablement doté de plumes. Il devait être terrifiant", explique Emma Schachner de l'Université d'Utah, co-auteur. "Cette découverte est emballante, car Anzu est le plus grand oviraptorosaure trouvé en Amérique du Nord", souligne-t-elle. "Ce groupe de dinosaures est très étroitement apparenté aux oiseaux", précise la paléontologue.

    Elle relève aussi que Anzu "est l'un des plus récents oviraptorosaures, à savoir qu'il vivait à une époque très proche de l'extinction des dinosaures" attribuée à la chute d'un astéroïde il y a 65 millions d'années. La découverte d'oviraptorosaures en Asie et en Amérique du Nord n'est pas surprenante car ces continents ont été fréquemment reliés à l'ère Mésozoïque (-251 millions à -65,5 millions d'années), expliquent les scientifiques.

     "Toutefois, vu le peu de fossiles de caenagnathidae découverts jusqu'alors, cette espèce était de loin la plus énigmatique des oviraptorosaures, et en réalité l'un des principaux groupes de dinosaures les moins connus", explique à l'AFP Hans-Dieter Sues, conservateur du département de paléontologie des vertébrés au musée national Smithsonian d'Histoire naturelle à Washington.

    L'analyse de Anzu réaffirme que les caenagnathidaes forment bien un groupe à l'intérieur des oviraptorosaures. De plus, les analyses de ces paléontologues ont confirmé la récente hypothèse selon laquelle le gigantoraptore, découvert en Mongolie en 2005, le plus grand oviraptorosaure connu pesant au moins 1,5 tonne, appartenait aussi aux caenagnathidae. Cela montre que les caenagnathidaes étaient très divers, allant de la taille d'une dinde au gigantoraptore en passant par le Anzu, soulignent-ils.

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