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Loisirs - Page 8

  • Vols de crétins sur la France

    Les cons, ça ose tout; c'est pour cela qu'on les reconnait (M. Audiard)

    Même décédé, Louis de Funès emmerde la gauchiasse!

     

    Louis de Funès et la nouvelle bien-pensance

    Par Jean-Christophe Ferrari

    La rumeur circulait depuis quelques temps dans les milieux informés. La presse la confirme : la Cinémathèque française organisera en 2020 une grande exposition Louis de Funès. Je le confesse d'emblée : cette annonce suscite en moi malaise et inquiétude. Sentiments aussitôt suivis d'un sévère examen de conscience : ne me voilà pas pris en flagrant délit d'élitisme, moi qui ces dernières années ai tant aimé visiter les expositions Pasolini, Marker, Scorsese, Van Sant ? Quelle est la légitimité de ce " bon goût " qui me conduit à écarter ainsi tout un pan de la " culture populaire " d'une reconnaissance institutionnelle ?

    Mais je me reprends aussitôt. Je ne cèderai pas à la mauvaise conscience que l'époque, je le sais, aimerait faire naître en moi. Car je comprends trop bien ce qui se joue ici : rien de moins que l'émergence d'une nouvelle bien-pensance. Une bien-pensance selon laquelle tout, au fond, se vaut. Une bien-pensance qui promeut une approche oblique, désinvolte et décalée des œuvres d'art afin d'asseoir un nouveau snobisme. Un snobisme aussi condescendant et satisfait que celui qu'il feint de destituer et qu'il voudrait remplacer. Oui, je vois clair dans la manœuvre. D'un côté, on flagorne le " populo " en accueillant dans une institution prestigieuse l'un des symboles de la comédie grand public. De l'autre, on flatte les " élites " qui, cédant à un hédonisme régressif, finiront par se trouver cools de prendre de Funès au sérieux. A condition, bien entendu, qu'on y mette un minimum les formes. On imagine d'ici les savants rapprochements entre Pouic-Pouic et la commedia dell'arte...

    Mais il faut le dire nettement ici : la carrière de Louis de Funès ne justifie en aucun cas une exposition à la Cinémathèque française. A la différence de Marlon Brando ou de Jean Gabin par exemple, l'acteur du Corniaud n'a pas donné corps à un type de personnage qui n'existait pas auparavant, il n'a pas rendu possible des films inconcevables avant lui, il n'a pas permis de cristalliser les intuitions et les désirs secrets de grand cinéastes. Il s'est contenté d'importer sur le grand écran une figure qui existait déjà dans le théâtre de boulevard et le comique troupier : celle du Français moyen, colérique, lâche et un peu veule.

    Si nous prenons la plume aujourd'hui c'est que nous sommes très attachés au travail de la Cinémathèque française. Travail sérieux de Frédéric Bonnaud et de ses équipes. Tant au plan de la conservation des archives (l'Espace chercheurs est une mine aux trésors) que de celui de l'éducation (Le Service pédagogique propose une offre d'une grande qualité). Sans oublier la programmation (récemment des rétrospectives Max Ophuls et Samuel Fuller, en ce moment une intégrale Alberto Lattuada, bientôt un retour sur la filmographie de Michel Deville). C'est au nom de cet attachement que nous nous permettons d'interpeller ici ses administrateurs. Ne vous laissez pas séduire par la nouvelle bien-pensance creuse qui, déjà, envahit les esprits et les  médias ! En vous y prenant de la sorte pour faire venir plus de visiteurs, vous ne gagnerez sur aucun tableau ! Pensez-y ! Quoi après Louis de Funès ? Chuck Norris ?

     

  • Gj: Comment “ils“ se payent votre tête!

    Le CNC divise par 3 ses aides pour la restauration des films anciens: aides du fonds "images de la diversité": +65% en 2018)

    Rififi et embrouillamini dans la restauration cinématographique. Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) (NDR: financé par le Ministère de la Culture) se voit contraint, pour des raisons budgétaires, de réduire drastiquement les aides qu’il accordait, depuis 2012, à la numérisation des films de "patrimoine", ceux dont la sortie en salle est antérieure à dix ans. L’établissement public espérait que sa solution pour atténuer ce manque à gagner – un recours au mécénat avec la bénédiction de Bercy – allait séduire. Or, il n’en n’est rien. (…)

    Dans toute la filière, chacun se désole évidemment du tarissement de la manne des 64,5 millions d’euros qui a permis de numériser 1123 films. Les aides, qui étaient de 9 millions d’euros en 2018, vont tomber à 2,8 millions par an jusqu’en 2021.

    Mis en place en 2007, la Commission Images de la diversité a été créée auprès de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances et du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC).

    Le Fonds Images de la diversité a pour objectif de soutenir la création et la diffusion des œuvres cinématographiques, audiovisuelles, multimédia ou de jeux vidéo contribuant à donner une représentation plus fidèle de la réalité française et de ses composantes et à écrire une histoire commune de l’ensemble de la population française autour des valeurs de la République, et favorisant l’émergence de nouvelles formes d’écritures et de nouveaux talents, issus notamment des quartiers prioritaires de la politique de la ville.

    Pour répondre à ces objectifs, la commission images de la diversité soutient la création, la production et la diffusion d’œuvres cinématographiques, audiovisuelles, multimédias et de jeux vidéo dont l’action se situe principalement en France et qui:

    Représentent l’ensemble des populations immigrées, issues de l’immigration et ultramarines qui composent la société française, et notamment celles qui résident dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville ;

    Représentent les réalités actuelles, l’histoire et la mémoire, en France, des populations immigrées ou issues de l’immigration, ainsi que des populations ultramarines et des quartiers prioritaires de la politique de la ville situés en territoire urbain ;

    Concourent à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la politique d’intégration et à la lutte  contre les discriminations dont sont victimes les habitants des quartiers défavorisés, notamment celles liées au lieu de résidence et à l’origine réelle ou supposée ;

    Contribuent à la reconnaissance et à la valorisation de l’histoire, du patrimoine et de la mémoire des quartiers de la politique de la ville.

    Les subventions versées dans le cadre de ce fonds " images de la diversité " sont passées de 666000 € en 2017 à 1086000€ en 2018 (+63%)

    Composition de la commission

    Président: M. Reda Kateb, acteur

    1ER COLLÈGE

    Vice-Président: Chad Chenouga, comédien, scénariste et réalisateur

    Titulaires:

    Xiaoxing Cheng, réalisateur

    Alice Diop, réalisatrice

    Alexandre Gavras, producteur (KG Production)

    Isabella Pisani, directrice des achats et coproductions documentaires (LCP- AN)

    Mathilde Le Ricque, directrice de l’association Mille Visages

    2ÈME COLLÈGE

    Vice-Présidente: France Zobda, productrice (Eloa Prod)

    Titulaires:

    Pascal Blanchard, historien et documentariste

    Pierre Cattan, producteur (Studio Small Bang)

    Hakim Jemili, humoriste, auteur, comédien

    Olivier Wotling, directeur fiction (ARTE)

    Edouard Zambeaux, journaliste et réalisateur

    Liste des "œuvres" ayant reçu une subvention de la part du CNC dans le cadre du fonds "images de la diversité" depuis 3 ans:

    Le Monde - 22/01/2019

     

     

  • Amusant!

    L’esprit de Noël peut s'observer dans le cerveau!

    Stimulées par des images caractéristiques de l'esprit de Noël, les personnes qui célèbrent cette fête voient leur cerveau accroître son activité émotionnelle.

    Des musiques aux films, en passant par les décorations lumineuses, sans oublier le mélange d'odeurs de vin chaud, de biscuits, de cannelle et d’orange propre à la période de Noël, les semaines précédant Noël sont sensiblement différentes du reste de l'année. Mais est-ce que cette période spéciale imprime en nous sa marque ?

    Pour le savoir, des scientifiques danois ont réalisé une expérience afin d'observer si ce qu’on appelle communément "l’esprit de noël" se matérialisait réellement dans notre cerveau.

    L’étude

    Les chercheurs à l’origine de cette étude ont recruté 20 personnes en bonne santé, la moitié ayant pour tradition de fêter Noël, l'autre non. Ils ont fait passer un IRM aux participants en faisant défiler des flots d’images représentant l'esprit de Noël entrecoupés d'images de la vie quotidienne. Du côté des mesures, les investigateurs ont prêté attention au niveau d’oxygène dans les régions du cerveau qui ont été associées précédemment à la spiritualité, aux 5 sens et à la reconnaissance des émotions faciales.

    Résultats : c’est seulement chez les personnes qui fêtent Noël qu’une augmentation du niveau d’oxygène dans ces régions spécifiques a été observée. Les auteurs concluent qu’il existe un " réseau neuronal de l’esprit de Noël " dans le cerveau humain. Cependant, ils précisent que même si ces résultats sont joyeux et intriguants, ils doivent être interprétés avec précaution.

    Matérialisé ou non dans le cerveau, l'esprit de Noël, c'est avant tout du partage, en famille, entre amis, avec des personnes que l'on aime. Autour d'une table, on se retrouve, on échange, on savoure la nourriture comme le moment. On décore, on plaisante, on se déguise, on offre des cadeaux... Bref, on profite de l'instant présent, sauf les plus petits qui, le 24 au soir, commenceront à attendre impatiemment le passage du Père Noël.

     

  • Sécheresse et canicule en 2019

    J'ai cru longtemps qu'il pleuvrait et ferait froid longtemps, cette année comme en 2018 mais, le “truc“ des paysans que je réalise depuis 35 ans m'informe que nous aurons plutôt une très grande sécheresse et des températures hors norme dans la journée, toute l'année!

    Donc, prenez vos précautions si la météo est une phase importante de votre travail!

    Pour les autres, il est temps d'installer la climatisation chez vous!

  • "Minuit, chrétiens": un Noël pas très catholique

    Voici les origines du célèbre cantique de Noël.

    Minuit, chrétiens est, sans conteste, un des plus célèbres chants de Noël. Même si son appellation devient parfois Minuit chrétien ! Il est, en effet, de tradition de chanter ou d’écouter à cette période de l’année, un certain nombre de chants évoquant Noël.

    Pourtant, en dépit des apparences, Minuit, chrétiens n’est pas un "chant traditionnel". Né dans un contexte très particulier, composé par un musicien célèbre en son temps, il a toujours été tenu, malgré son titre, en suspicion par l’église catholique.

    Une célébrité internationale

    La célébrité de ce Cantique de Noël est internationale et cette célébrité a contribué à obscurcir son originalité. En effet, dans le monde anglo-saxon, cette page est connue sous le titre Oh, Holy Night. Le texte anglais n’est pas exactement une traduction du texte français. Il est beaucoup plus suave, conformiste et lénifiant.

    L’origine étrangère de cette page est ainsi oublié. Ce Carol dispute, aux États-Unis, la palme du plus populaire Christmas song à Silent Night, anglicisation d’un chant allemand, lui traditionnel, Les Américains, si volontiers cocardiers, placent ainsi au pinacle un chant français et un chant allemand, tous deux soigneusement américanisés.

    Depuis quelques années, dans les concerts internationaux organisés en fin d’année, l’œuvre est souvent chantée sous une forme abrégée: on alterne le premier couplet en français et le texte anglais. Si la qualité de la musique d’Adolphe Adam explique le succès persistant de cette page, l’interprétation "internationale" tend à masquer son véritable caractère. Aussi convient-il de revenir sur la genèse de cette œuvre.

    Aux yeux de Debussy, le Cantique n’était qu’un "chant d’ivrogne". C’était plus précisément l’œuvre d’un négociant en vin nommé Placide Cappeau.

    Mais n’allons pas plus vite que la musique.

    La genèse d’un tube

    Tout commence à Roquemaure, sur les bords du Rhône.

    Il y avait un château, comme un peu partout, mais un pape, Clément V, y avait rendu l’âme, ce qui n’est pas rien.

    Il y avait surtout des vignes dont la qualité supérieure leur valut d’être désignées, au début du règne de Louis XV, sous l’appellation Côte du Rhône.

    Enfin il y avait une collégiale, nantie d’un bel orgue, mais dont les vitraux avaient bien besoin d’être restaurés dans les années 1840.

    Et puis, comme nous ne sommes pas loin d’Avignon, il va aussi être question d’un pont.

    Il existe, cependant, pour le moins deux versions sur la création de ce texte fameux.

    Deux récits

    La première est due à Antoine Chansroux, correspondant à l’Académie de Nîmes, qui écrivit en 1895 le récit suivant. Le 3 décembre 1843, un certain Hermann, qui avait réuni un cercle d’amis, musiciens, peintres et poètes, recevait ce soir-là. Émilie Laurey "reine de ce logis, transformé en sanctuaire de l’art" aurait prié notre Placide, qualifié "d’humble poète" honoré de l’amitié de Lamartine, de lui composer quelques strophes à l’occasion de Noël. Elle se faisait fort de les envoyer à son maître, Adolphe Adam, pour qu’il dépose des notes sous ses vers. Flatté d’une telle proposition, notre Cappeau fut pris d’inspiration subite "en retournant à son ravissant petit château". L’œuvre aurait donc été créée, sous ses auspices salonnardes, en 1843.

    L’abbé Durieux, curé de Roquemaure dans le dernier quart du XXe siècle, donne une vision bien différente. Le texte a été écrit plus prosaïquement, dans la diligence vers Paris, le 3 décembre 1847. Le voyage étant long, Placide, pour s’occuper, aurait écrit son texte d’un seul jet entre Mâcon et Dijon : décidément le vin joue un rôle à tous les étages de cette histoire. Il aurait remis le texte à Adolphe Adam dès son arrivée. On le voit ici, l’œuvre est datée de 1847 et les raisons donnés par l’abbé sont tout autres. Notre négociant en vins, poète d’occasion,  répondait ainsi à une demande formulée par le curé de Roquemaure.

    Le curé et le libre penseur

    Pour dire les choses simplement, le curé, qui s’appelait Nicolas, voulut célébrer avec un peu d’éclat la restauration des vitraux de sa Collégiale. Quoi de mieux qu’un chant de Noël ? Roquemaure n’étant qu’une bourgade modeste, en dépit de son ancienneté, ne comptait guère de gens de plume. Le bon abbé s’adressa donc au seul homme de lettres disponible. Il avait un beau nom, Placide Cappeau.

    L’abbé Nicolas avait bien choisi son homme : républicain, franc-maçon, socialiste et libre penseur, bref d’extrême gauche. D’autant plus qu’il écrivait de la main gauche, ayant perdu l’autre dans son enfance en jouant avec une arme à feu. Ce handicap, qui l’avait empêché d’être tonnelier comme papa, lui avait du moins permis de faire son droit : le père du camarade qui l’avait involontairement blessé décidait de payer ses études secondaires.

    Monté à Paris, notre Placide, faute de faire carrière dans les lettres, fit du moins la connaissance de célébrités du temps, tel Alphonse de Lamartine.

    Et Adam vint

    Mais que vient faire Adolphe Adam dans cette galère?

    C’est là qu’intervient notre fameux pont, un pont suspendu. Il avait été conçu par Marc Seguin, l’homme du chemin de fer Saint-Étienne-Lyon, et réalisé par un ingénieur nommé Pierre Laurey.

    Laurey était marié, ce qui arrive même aux ingénieurs. Émilie, notre cantatrice distinguée, l’heureuse épouse, avait été l’interprète d’Adolphe Adam. C’est pour lui faire plaisir que le musicien composa une partition, qu’il oublia aussitôt, mais qui devait le sauver de l’oubli.

    Adolphe Adam était alors très célèbre. Cette célébrité s’est beaucoup ternie aujourd’hui. Ses opéras ne sont plus que des noms dans les Histoires de la musique, même si les couplets du Postillon de Lonjumeau appartiennent à la catégorie des " airs fameux " pour ténor. Seule Giselle, archétype du ballet romantique, n’a jamais quitté le répertoire.

    Une Marseillaise religieuse?

    Écoutons un peu les paroles "politiques" qui achèvent ce cantique, mises en valeur par l’allure martiale de la musique d’Adam :

    Le Rédempteur a brisé toute entrave,

    La Terre est libre et le Ciel est ouvert.

    Il voit un frère où n’était qu’un esclave,

    L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer.

    (…) Peuple, debout ! Chante ta délivrance.

    Quelques mois après la création, la France se trouvait en république. Elle est bien oubliée, cette Seconde République, portée sur les fonds baptismaux par Lamartine et qui abolissait solennellement l’esclavage. 2018 en marquait pourtant le 170e anniversaire.

    Notre Cantique entrait ainsi en résonance avec l’esprit quarante-huitard, qui mêlait socialisme utopique et christianisme social, qui voyaient Lamennais et Raspail entrer à l’Assemblée nationale. Une éphémère alliance réunissait l’Église catholique, qui n’avait guère apprécié Louis-Philippe, et la jeune République, soucieuse d’éviter les errements de la Révolution française. Les curés bénissaient les arbres de la liberté.

    Cela durera ce que durent les roses.

    Mais Minuit, chrétiens, cette "Marseillaise religieuse" selon Adam, connaîtra un succès qui, lui, ne se démentira pas.

    Une célébrité douteuse

    Ce succès même explique l’odeur sulfureuse dégagée par ce Cantique aux yeux de l’Église. Les auteurs, un négociant anticlérical pris de boisson et un compositeur d’Opéra-comique aux mœurs nécessairement dissolues, incitaient à la suspicion.

    Dès 1864, on écrivait dans la Revue de musique sacrée:

    Le Noël d’Adolphe Adam a été chanté dans beaucoup d’églises à la messe de minuit… peut-être ferait-on bien de renoncer à ce morceau dont la popularité est devenue de mauvais aloi. On le chante dans les rues, dans les salons, dans les cafés-concerts. Il dégénère et ravale. Le mieux est de le laisser faire son chemin loin du temple, où l’on peut fort bien se passer de lui.

     Près d’un siècle plus tard, l’éminent musicologue Auguste Sérieyx dénonçait toujours les maîtrises, les chantres et les organistes "qui font retentir nos églises de pareilles élucubrations "et les pasteurs" qui les tolèrent ou les encouragent ". Le Dictionnaire du Foyer catholique (1956) indiquait pour sa part:

    L’allure emphatique des paroles autant que de la musique elle-même, le contraste qu’elles présentent avec la liturgie de la fête, si belle et si grande dans sa simplicité, ont fait supprimer ce chant dans plusieurs diocèses.

    Un Père plein de courroux

    Comment commence donc ce chant suspect?

    Minuit, chrétiens, c’est l’heure solennelle

    Où l’Homme-Dieu descendit jusqu’à nous,

    Pour effacer la tache originelle,

    Et de son Père arrêter le courroux.

    Ces paroles ont toujours troublé un certain nombre de fidèles: ce Père plein de courroux ressemble davantage à l’Éternel de la Genèse qu’au Dieu catholique empli d’amour. Pour le clergé, point de doute, Minuit, Chrétiens n’a rien de catholique. Son " souffle fétide " l’assimile plutôt à quelque carmagnole. Le Clergé, en France comme au Québec, dans le second quart du XXe siècle, mènera de vigoureuses campagnes pour le chasser des églises.

    Nos pieux catholiques n’épargnent pas davantage la musique d’Adolphe Adam. N’évoque-t-on pas une " musiquette, d’une banalité affligeante " ? D’aucuns crurent même trouver en lui un " Juif ", ce qui ne pouvait que renforcer l’hostilité à l’égard de l’œuvre elle-même.

    Et pourtant…

    Et pourtant, l’œuvre a survécu à toutes ces polémiques.

    Il faut vraiment être insensible pour ne pas frémir à l’écoute de Minuit, chrétiens… même sous sa forme anglo-saxonne.

    Chanté par Tino Rossi comme par Roberto Alagna, par Mireille Mathieu avec son papa, ou en anglais par le chœur angélique du Kings College, ce chant touche toutes les générations et bien au-delà du monde catholique.

    Faut-il le regretter?

     

    Par Gérard-Michel Thermeau. Contrepoints.org