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science - Page 11

  • Une main bionique restitue le sens du toucher

     

    Amputé, un patient retrouve la sensation du toucher grâce à une main bionique, le temps d’un essai clinique. Cela ouvre la voie vers la fabrication d'une prothèse qui redonne les fonctions et les sensations d’un membre perdu. Il faudra cependant attendre quelques années avant qu’elle n'arrive sur le marché.

    Dennis Aabo Sørensen testant la nouvelle main robotisée. Il raconte que grâce à elle, il peut ressentir la forme et la texture de différents objets.

    © École polytechnique fédérale de Lausanne

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    Dennis Aabo Sørensen testant la nouvelle main robotisée. Il raconte que grâce à elle, il peut ressentir la forme et la texture de différents objets.

     © École polytechnique fédérale de Lausanne

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    Alors qu’il réalisait un feu d’artifice dans son jardin, Dennis Aabo Sørensen, un Danois de 36 ans, se blessa très gravement la main gauche. Les conséquences furent fatales : les médecins décidèrent immédiatement de l’amputer. Depuis cet accident, il porte une prothèse capable de détecter les mouvements au niveau de son poignet ce qui lui permet d’attraper des objets. Il doit cependant observer constamment cette nouvelle main pour la contrôler car elle n’est pas reliée à son système nerveux et ne restitue donc pas la sensation du toucher.

     

    La main artificielle permet non seulement d’attraper des objets mais également de les sentir. Pour le moment le dispositif nécessite un appareillage volumineux mais les chercheurs travaillent sur la fabrication d’un système miniaturisé.

    La main artificielle permet non seulement d’attraper des objets mais également de les sentir. Pour le moment le dispositif nécessite un appareillage volumineux mais les chercheurs travaillent sur la fabrication d’un système miniaturisé. © École polytechnique fédérale de Lausanne

     

    Mais les choses pourraient bientôt changer. Dennis Aabo Sørensen sert maintenant de cobaye à une équipe de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) en Suisse. Neuf ans après son amputation, l’heureux participant a pu à nouveau sentir les choses qu’il touchait grâce à une main bionique chirurgicalement attachée à son bras. Ses avancées, publiées dans la revue Science Translational Medicine, devraient redonner de l’espoir à toutes les personnes qui ont perdu un membre. " C’était incroyable, je suis plus qu’heureux de m’être porté volontaire pour cet essai clinique, raconte-t-il. Non seulement pour moi mais aussi pour tous les autres amputés à qui cette technologie pourrait bénéficier un jour. " En réalité, ce n’est pas la première fois qu’un tel exploit est possible. Récemment, des scientifiques américains ont fabriqué un bras capable de redonner la sensation du toucher. Cependant, le domaine de la robotique médicale n’en est qu’à ses débuts et les recherches se poursuivent pour obtenir une prothèse plus proche d’un vrai membre.

     

    Des électrodes branchées sur les nerfs périphériques

    Lorsque le patient manipule un objet, des capteurs à l’intérieur de la prothèse mesurent la tension de tendons artificiels et la convertissent en impulsions électriques. Cependant, ce signal ne peut pas être interprété en tant que tel par le cerveau. Pour contourner ce problème, les auteurs ont programmé des algorithmes informatiques complexes, capables de transformer le signal en impulsions électriques utilisables par le système nerveux. Ces nouveaux signaux provenant de l’ordinateur sont transmis à la main artificielle par le biais de quatre électrodes ultrafines greffées sur les nerfs périphériques de l’avant-bras.

     

    C’est en janvier 2013 que l'intervention chirurgicale a eu lieu à l'hôpital Gemelli de Rome (Italie). Près de trois semaines de tests ont précédé le branchement final de la prothèse aux électrodes. Ces efforts ont porté leurs fruits. " Grâce à cette nouvelle main, je pouvais attraper des objets, et surtout savoir s’ils étaient mous ou durs, ronds ou carrés ! ", raconte Dennis Aabo Sørensen avec enthousiasme. Cela a cependant été de courte durée puisqu’après un mois, les chercheurs ont dû retirer les électrodes, conformément à la législation européenne régissant les essais cliniques. Mais selon eux, elles devraient pouvoir rester implantées et fonctionner plusieurs années sans endommager les nerfs périphériques.

     

    Cette étude est un pas de plus vers la fabrication d’une main robotisée ressemblant à une vraie. " Il faudra cependant encore attendre quelques années avant qu’elle ne soit commercialisée ", explique Stanisa Raspopovic, une des participantes. La prochaine étape sera de miniaturiser le système qui convertit les informations électriques en impulsions utilisables par le cerveau. Car pour qu’elle fonctionne cette main bionique doit pour le moment être connectée à un ordinateur. Alors seulement, on pourra parler d'une main artificielle.

     

  • La voiture volante d'un Toulousain est sur le point de décoller

     

    Un ingénieur toulousain prévoit de commercialiser une voiture volante avant la fin de la décennie. Motivé comme jamais, Michel Aguilar espère révolutionner la circulation de demain.

    La frontière entre l’imaginaire et la réalité est parfois infime. Depuis 2007, un ingénieur toulousain s’est lancé dans le pari fou de créer la première voiture volante. Grâce aux compétences acquises dans sa carrière, il peut concrétiser son rêve d’enfant.

     "Lorsque j’étais gamin j’étais abonné à Spirou et Fantasio. Très vite j’ai été captivé par la voiture du professeur Zorglub, la Zorglub Mobile, prototype de voiture volante", confie, un brin nostalgique cet ancien ingénieur du centre DGA Techniques Aéronautiques désormais à la tête de Xplorair. À la lecture de ces lignes, "la génération 80" fera certainement le parallèle avec les modèles aperçus dans la trilogie "Retour vers le futur", chef-d’œuvre cinématographique des années quatre-vingts. S’il avoue s’en être inspiré, il ne faut pas se tromper. L’aéronef du futur ressemble plus à un avion biplace qu’à ces voitures volantes qui carburaient aux déchets en tout genre. "L’aéronef s’apparente plus à un avion. Mais j’avoue que certains films m’ont inspiré.

    Un projet validé par le CNRS

    Du coup, on essaie de le faire marcher avec du méthane ou du carburant bio. Il est évident qu’il faut prendre en compte les éléments environnementaux", estime de nouveau celui qui vient tout juste de souffler ses soixante-quatre bougies.

     "À la fin de l’année 2013, le thermo-réacteur a été validé par un grand laboratoire du CNRS et un grand motoriste français", précise Michel Aguilar. Si le projet paraît incroyable, il n’en demeure pas moins réaliste. En effet cet ancien pensionnaire de la DGA a tout prévu : "Je peux déjà vous dire que ce biplace ne volera pas au-delà de 3 000 mètres d’altitude. Au sujet de l’environnement, même si je ne m’en occupe pas, je pense qu’il est possible d’imaginer une station de ravitaillement volante. Cette dernière pourrait tenir en impesanteur avec des ballons", imagine une nouvelle fois ce visionnaire. Pour lui, le fonctionnement de ce véhicule volant est simple. "Il décolle à la verticale et peut aller jusqu’à deux cents kilomètres/heure", s’enthousiasme-t-il, avant de conclure : "Concernant les pannes de carburant, elles sont interdites puisque l’on est prévenu bien avant. En plus, l’Aéronef peut se poser n’importe où. Si on arrive à le commercialiser, ce sera une grande avancée" !

    Le chiffre : 2017 - Xplorair ne se laisse que trois petites années avant de faire une démonstration au salon du Bourget. Le prix de ce drone pour particulier devrait s’échelonner entre 50 000 et 100 000 €

    La Chine en Pole

    En dehors de la machine elle-même, plusieurs facteurs doivent être pris en compte. Notamment celui de l’aménagement des routes, secteur qui engendrera beaucoup de travaux. "Pour le moment les Européens ne sont pas trop partants. En effet, ici les infrastructures sont trop avancées et ont demandé trop d’investissements pour les abandonner", confie le directeur de Xplorair. Pour cette raison, il compte se tourner vers des pays plus aptes à faire évoluer leurs voies de communication. "La Chine est intéressée. Ils ont compris l’intérêt de réduire les coûts d’infrastructures. Ils sont plus malins. Je dois avouer que ce sont eux qui me suivent le plus", conclut-il

     

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  • Hier, aujourd'hui, demain, l'homme sera-t-il?

    Stopper la montée de l’insignifiance

    IL manque la voix de Cornelius Castoriadis, ce dissident essentiel, en ces temps de" non-pensée". Il n’a pas sombré dans le renoncement esthète, ni dans le cynisme ni dans cette apathie repue qui dit :" Tout se vaut, tout est vu, tout est vain."  Il dénonce une élite politique réduite à appliquer l’intégrisme néolibéral, mais souligne aussi la responsabilité du" citoyen" que la précarité désengage de l’activité civique. Silencieusement, s’est mise en place cette formidable régression : une non-pensée produisant cette non-société, ce racisme social. Jusqu’au bout Castoriadis a recherché une radicalité :" Je suis un révolutionnaire favorable à des changements radicaux, disait-il quelques semaines avant sa mort.  Je ne pense pas que l’on puisse faire marcher d’une manière libre, égalitaire et juste le système français capitaliste tel qu’il est."

    par Cornelius Castoriadis, août 1998

    Ce qui caractérise le monde contemporain ce sont, bien sûr, les crises, les contradictions, les oppositions, les fractures, mais ce qui me frappe surtout, c’est l’insignifiance. Prenons la querelle entre la droite et la gauche. Elle a perdu son sens. Les uns et les autres disent la même chose. Depuis 1983, les socialistes français ont fait une politique, puis M. Balladur a fait la même politique ; les socialistes sont revenus, ils ont fait, avec Pierre Bérégovoy, la même politique ; M. Balladur est revenu, il a fait la même politique ; M. Chirac a gagné l’élection de 1995 en disant :" Je vais faire autre chose" et il a fait la même politique.

    Les responsables politiques sont impuissants. La seule chose qu’ils peuvent faire, c’est suivre le courant, c’est-à-dire appliquer la politique ultralibérale à la mode. Les socialistes n’ont pas fait autre chose, une fois revenus au pouvoir. Ce ne sont pas des politiques, mais des politiciens au sens de micropoliticiens. Des gens qui chassent les suffrages par n’importe quel moyen. Ils n’ont aucun programme. Leur but est de rester au pouvoir ou de revenir au pouvoir, et pour cela ils sont capables de tout.

    Il y a un lien intrinsèque entre cette espèce de nullité de la politique, ce devenir nul de la politique et cette insignifiance dans les autres domaines, dans les arts, dans la philosophie ou dans la littérature. C’est cela l’esprit du temps. Tout conspire à étendre l’insignifiance.

    La politique est un métier bizarre. Parce qu’elle présuppose deux capacités qui n’ont aucun rapport intrinsèque. La première, c’est d’accéder au pouvoir. Si on n’accède pas au pouvoir, on peut avoir les meilleures idées du monde, cela ne sert à rien ; ce qui implique donc un art de l’accession au pouvoir. La seconde capacité, c’est, une fois qu’on est au pouvoir, de savoir gouverner.

    Rien ne garanti que quelqu’un qui sache gouverner sache pour autant accéder au pouvoir. Dans la monarchie absolue, pour accéder au pouvoir il fallait flatter le roi, être dans les bonnes grâces de Mme de Pompadour. Aujourd’hui dans notre" pseudo- démocratie", accéder au pouvoir signifie être télégénique, flairer l’opinion publique.

    Je dis" pseudo-démocratie" parce que j’ai toujours pensé que la démocratie dite représentative n’est pas une vraie démocratie. Jean-Jacques Rousseau le disait déjà : les Anglais croient qu’ils sont libres parce qu’ils élisent des représentants tous les cinq ans, mais ils sont libres un jour pendant cinq ans, le jour de l’élection, c’est tout. Non pas que l’élection soit pipée, non pas qu’on triche dans les urnes. Elle est pipée parce que les options sont définies d’avance. Personne n’a demandé au peuple sur quoi il veut voter. On lui dit :" Votez pour ou contre Maastricht". Mais qui a fait Maastricht ? Ce n’est pas le peuple qui a élaboré ce traité.

    Il y a la merveilleuse phrase d’Aristote :" Qui est citoyen ? Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné." Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.

    Dans les sociétés modernes, depuis les révolutions américaine (1776) et française (1789) jusqu’à la seconde guerre mondiale (1945) environ, il y avait un conflit social et politique vivant. Les gens s’opposaient, manifestaient pour des causes politiques. Les ouvriers faisaient grève, et pas toujours pour de petits intérêts corporatistes. Il y avait de grandes questions qui concernaient tous les salariés. Ces luttes ont marqué ces deux derniers siècles.

    On observe un recul de l’activité des gens. C’est un cercle vicieux. Plus les gens se retirent de l’activité, plus quelques bureaucrates, politiciens, soi-disant responsables, prennent le pas. Ils ont une bonne justification :" Je prends l’initiative parce que les gens ne font rien."  Et plus ils dominent, plus les gens se disent :" C’est pas la peine de s’en mêler, il y en a assez qui s’en occupent, et puis, de toute façon, on n’y peut rien."

    La seconde raison, liée à la première, c’est la dissolution des grandes idéologies politiques, soit révolutionnaires, soit réformistes, qui voulaient vraiment changer des choses dans la société. Pour mille et une raisons, ces idéologies ont été déconsidérées, ont cessé de correspondre aux aspirations, à la situation de la société, à l’expérience historique. Il y a eu cet énorme événement qu’est l’effondrement de l’URSS en 1991 et du communisme. Une seule personne, parmi les politiciens - pour ne pas dire les politicards - de gauche, a-t-elle vraiment réfléchi sur ce qui s’est passé ? Pourquoi cela s’est- il passé et qui en a, comme on dit bêtement, tiré des leçons ? Alors qu’une évolution de ce type, d’abord dans sa première phase - l’accession à la monstruosité, le totalitarisme, le Goulag, etc. - et ensuite dans l’effondrement, méritait une réflexion très approfondie et une conclusion sur ce qu’un mouvement qui veut changer la société peut faire, doit faire, ne doit pas faire, ne peut pas faire. Rien !

    Et que font beaucoup d’intellectuels ? Ils ont ressorti le libéralisme pur et dur du début du XIXe siècle, qu’on avait combattu pendant cent cinquante ans, et qui aurait conduit la société à la catastrophe. Parce que, finalement, le vieux Marx n’avait pas entièrement tort. Si le capitalisme avait été laissé à lui-même, il se serait effondré cent fois. Il y aurait eu une crise de surproduction tous les ans. Pourquoi ne s’est-il pas effondré ? Parce que les travailleurs ont lutté, ont imposé des augmentations de salaire, ont créé d’énormes marchés de consommation interne. Ils ont imposé des réductions du temps de travail, ce qui a absorbé tout le chômage technologique. On s’étonne maintenant qu’il y ait du chômage. Mais depuis 1940 le temps de travail n’a pas diminué.

    Les libéraux nous disent :" Il faut faire confiance au marché." Mais les économistes académiques eux-mêmes ont réfuté cela dès les années 30. Ces économistes n’étaient pas des révolutionnaires, ni des marxistes ! Ils ont montré que tout ce que racontent les libéraux sur les vertus du marché, qui garantirait la meilleure allocation possible des ressources, la distribution des revenus la plus équitable, ce sont des aberrations ! Tout cela a été démontré. Mais il y a cette grande offensive économico- politique des couches gouvernantes et dominantes qu’on peut symboliser par les noms de M. Reagan et de Mme Thatcher, et même de François Mitterrand ! Il a dit :" Bon, vous avez assez rigolé. Maintenant, on va vous licencier", on va éliminer la" mauvaise graisse", comme avait dit M. Juppé !" Et puis vous verrez que le marché, à la longue, vous garantit le bien-être." A la longue. En attendant, il y a 12,5 % de chômage officiel en France !

    La crise n’est pas une fatalité

    ON a parlé d’une sorte de terrorisme de la pensée unique, c’est-à-dire une non-pensée. Elle est unique en ce sens qu’elle est la première pensée qui soit une non-pensée intégrale. Pensée unique libérale à laquelle nul n’ose s’opposer. Qu’était l’idéologie libérale à sa grande époque ? Vers 1850, c’était une grande idéologie parce qu’on croyait au progrès. Ces libéraux-là pensaient qu’avec le progrès il y aurait élévation du bien-être économique. Même quand on ne s’enrichissait pas, dans les classes exploitées, on allait vers moins de travail, vers des travaux moins pénibles : c’était le grand thème de l’époque. Benjamin Constant le dit :" Les ouvriers ne peuvent pas voter parce qu’ils sont abrutis par l’industrie [il le dit carrément, les gens étaient honnêtes à l’époque !],  donc il faut un suffrage censitaire."

    Par la suite, le temps de travail a diminué, il y a eu l’alphabétisation, l’éducation, des espèces de Lumières qui ne sont plus les Lumières subversives du XVIIIe siècle mais des Lumières qui se diffusent tout de même dans la société. La science se développe, l’humanité s’humanise, les sociétés se civilisent et petit à petit on arrivera à une société où il n’y aura pratiquement plus d’exploitation, où cette démocratie représentative tendra à devenir une vraie démocratie.

    Mais cela n’a pas marché ! Donc les gens ne croient plus à cette idée. Aujourd’hui ce qui domine, c’est la résignation ; même chez les représentants du libéralisme. Quel est le grand argument, en ce moment ?" C’est peut-être mauvais mais l’autre terme de l’alternative était pire." Et c’est vrai que cela a glacé pas mal les gens. Ils se disent :" Si on bouge trop, on va vers un nouveau Goulag." Voilà ce qu’il y a derrière cet épuisement idéologique et on n’en sortira que si vraiment il y a une résurgence d’une critique puissante du système. Et une renaissance de l’activité des gens, d’une participation des gens.

    Çà et là, on commence quand même à comprendre que la" crise" n’est pas une fatalité de la modernité à laquelle il faudrait se soumettre," s’adapter" sous peine d’archaïsme. On sent frémir un regain d’activité civique. Alors se pose le problème du rôle des citoyens et de la compétence de chacun pour exercer les droits et les devoirs démocratiques dans le but - douce et belle utopie - de sortir du conformisme généralisé.

    Pour en sortir, faut-il s’inspirer de la démocratie athénienne ? Qui élisait-on à Athènes ? On n’élisait pas les magistrats. Ils étaient désignés par tirage au sort ou par rotation. Pour Aristote, souvenez-vous, un citoyen, c’est celui qui est capable de gouverner et d’être gouverné. Tout le monde est capable de gouverner, donc on tire au sort. La politique n’est pas une affaire de spécialiste. Il n’y a pas de science de la politique. Il y a une opinion, la  doxa des Grecs, il n’y a pas d’épistémè (1).

    L’idée selon laquelle il n’y a pas de spécialiste de la politique et que les opinions se valent est la seule justification raisonnable du principe majoritaire. Donc, chez les Grecs, le peuple décide et les magistrats sont tirés au sort ou désignés par rotation. Pour les activités spécialisées - construction des chantiers navals, des temples, conduite de la guerre -, il faut des spécialistes. Ceux-là, on les élit. C’est cela, l’élection. Election veut dire" choix des meilleurs". Là intervient l’éducation du peuple. On fait une première élection, on se trompe, on constate que, par exemple, Périclès est un déplorable stratège, eh bien on ne le réélit pas ou on le révoque.

    Mais il faut que la doxa soit cultivée. Et comment une doxa concernant le gouvernement peut-elle être cultivée ? En gouvernant. Donc la démocratie - c’est important - est une affaire d’éducation des citoyens, ce qui n’existe pas du tout aujourd’hui.

    « Se reposer ou être libre"

    RÉCEMMENT, un magazine a publié une statistique indiquant que 60 % des députés, en France, avouent ne rien comprendre à l’économie. Des députés qui décident tout le temps ! En vérité, ces députés, comme les ministres, sont asservis à leurs techniciens. Ils ont leurs experts, mais ils ont aussi des préjugés ou des préférences. Si vous suivez de près le fonctionnement d’un gouvernement, d’une grande bureaucratie, vous voyez que ceux qui dirigent se fient aux experts, mais choisissent parmi eux ceux qui partagent leurs opinions. C’est un jeu complètement stupide et c’est ainsi que nous sommes gouvernés.

    Les institutions actuelles repoussent, éloignent, dissuadent les gens de participer aux affaires. Alors que la meilleure éducation en politique, c’est la participation active, ce qui implique une transformation des institutions qui permette et incite à cette participation.

    L’éducation devrait être beaucoup plus axée vers la chose commune. Il faudrait comprendre les mécanismes de l’économie, de la société, de la politique, etc. Les enfants s’ennuient en apprenant l’histoire alors que c’est passionnant. Il faudrait enseigner une véritable anatomie de la société contemporaine, comment elle est, comment elle fonctionne. Apprendre à se défendre des croyances, des idéologies.

     

    Aristote a dit :" L’homme est un animal qui désire le savoir." C’est faux. L’homme est un animal qui désire la croyance, qui désire la certitude d’une croyance, d’où l’emprise des religions, des idéologies politiques. Dans le mouvement ouvrier, au départ, il y avait une attitude très critique. Prenez le deuxième couplet de  L’Internationale, le chant de la Commune :" Il n’est pas de Sauveur suprême, ni Dieu - exit la religion -  ni César, ni tribun" - exit Lénine !

    Aujourd’hui, même si une frange cherche toujours la foi, les gens sont devenus beaucoup plus critiques. C’est très important. La scientologie, les sectes, ou le fondamentalisme, c’est dans d’autres pays, pas chez nous, pas tellement. Les gens sont devenus beaucoup plus sceptiques. Ce qui les inhibe aussi pour agir.

    Périclès dans le discours aux Athéniens dit :" Nous sommes les seuls chez qui la réflexion n’inhibe pas l’action." C’est admirable ! Il ajoute :" Les autres, ou bien ils ne réfléchissent pas et ils sont téméraires, ils commettent des absurdités, ou bien, en réfléchissant, ils arrivent à ne rien faire parce qu’ils se disent, il y a le discours et il y a le discours contraire." Actuellement, on traverse une phase d’inhibition, c’est sûr. Chat échaudé craint l’eau froide. Il ne faut pas de grands discours, il faut des discours vrais.

    De toute façon il y a un irréductible désir. Si vous prenez les sociétés archaïques ou les sociétés traditionnelles, il n’y a pas un irréductible désir, un désir tel qu’il est transformé par la socialisation. Ces sociétés sont des sociétés de répétition. On dit par exemple :" Tu prendras une femme dans tel clan ou dans telle famille. Tu auras une femme dans ta vie. Si tu en as deux, ou deux hommes, ce sera en cachette, ce sera une transgression. Tu auras un statut social, ce sera ça et pas autre chose."

    Or, aujourd’hui, il y a une libération dans tous les sens du terme par rapport aux contraintes de la socialisation des individus. On est entré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines, et c’est en cela que nous avons le désir d’infini. Cette libération est en un sens une grande conquête. Il n’est pas question de revenir aux sociétés de répétition. Mais il faut aussi - et c’est un très grand thème - apprendre à s’autolimiter, individuellement et collectivement. La société capitaliste est une société qui court à l’abîme, à tous points de vue, car elle ne sait pas s’autolimiter. Et une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir s’autolimiter, savoir qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire ou qu’il ne faut même pas essayer de faire ou qu’il ne faut pas désirer.

    Nous vivons sur cette planète que nous sommes en train de détruire, et quand je prononce cette phrase je songe aux merveilles, je pense à la mer Egée, je pense aux montagnes enneigées, je pense à la vue du Pacifique depuis un coin d’Australie, je pense à Bali, aux Indes, à la campagne française qu’on est en train de désertifier. Autant de merveilles en voie de démolition. Je pense que nous devrions être les jardiniers de cette planète. Il faudrait la cultiver. La cultiver comme elle est et pour elle-même. Et trouver notre vie, notre place relativement à cela. Voilà une énorme tâche. Et cela pourrait absorber une grande partie des loisirs des gens, libérés d’un travail stupide, productif, répétitif, etc. Or cela est très loin non seulement du système actuel mais de l’imagination dominante actuelle. L’imaginaire de notre époque, c’est celui de l’expansion illimitée, c’est l’accumulation de la camelote - une télé dans chaque chambre, un micro-ordinateur dans chaque chambre -, c’est cela qu’il faut détruire. Le système s’appuie sur cet imaginaire- là.

    La liberté, c’est très difficile. Parce qu’il est très facile de se laisser aller. L’homme est un animal paresseux. Il y a une phrase merveilleuse de Thucydide :" Il faut choisir : se reposer ou être libre." Et Périclès dit aux Athéniens :" Si vous voulez être libres, il faut travailler." Vous ne pouvez pas vous reposer. Vous ne pouvez pas vous asseoir devant la télé. Vous n’êtes pas libres quand vous êtes devant la télé. Vous croyez être libres en zappant comme un imbécile, vous n’êtes pas libres, c’est une fausse liberté. La liberté, c’est l’activité. Et la liberté, c’est une activité qui en même temps s’autolimite, c’est- à-dire sait qu’elle peut tout faire mais qu’elle ne doit pas tout faire. C’est cela le grand problème de la démocratie et de l’individualisme.

    ( Propos recueillis par Daniel Mermet.Le texte intégral de cet entretien est disponible à : France-Inter, émission" Là-bas si j’y suis", pièce 5463, 116, avenue du Président-Kennedy, 75220 Paris Cedex 16. Sous le titre  Post-scriptum sur l’insignifiance, il sera publié fin 1998 aux Editions de l’Aube, 84240 La Tour-d’Aigues.)

    http://www.monde-diplomatique.fr/1998/08/CASTORIADIS/10826

    Cornelius Castoriadis

    Philosophe, sociologue, historien, Cornelius Castoriadis fut aussi économiste et psychanalyste." Un titan de la pensée, énorme, hors norme", a dit de lui Edgar Morin. Il est mort le 26 décembre 1997. Né en 1922 en Grèce, il s’installe à Paris en 1945, où il crée la revue  Socialisme ou barbarie. En 1968, avec Edgar Morin et Claude Lefort, il publie  Mai 68 : la brèche (Fayard, Paris). En 1975 paraît  L’Institution imaginaire de la société (Seuil, Paris), sans doute son ouvrage le plus important. En 1978, il entreprend la série  Les Carrefours du labyrinthe. C’est à la suite de la publication de  La Montée de l’insignifiance (Seuil, Paris, 1996) qu’il accorda un entretien, en novembre 1996, à Daniel Mermet, producteur de l’émission" Là-bas si j’y suis" sur France-Inter, d’où est tiré ce texte.

  • Peau foncée et yeux bleus, le portrait-robot d'un homme du Mésolithique révélé

    Peau foncée et yeux bleus, le portrait-robot d'un homme du Mésolithique révélé

    Le portrait-robot d'un homme du Mésolithique, vivant il y a 7 000 ans en Espagne, révèle des caractéristiques physiques étonnantes, à commencer par une peau foncée et des yeux bleus.

    Le portrait-robot de La Brana 1 a été réalisé à partir de l'ADN particulièrement bien conservé des deux squelettes découverts par hasard dans la province de Leon, au nord-ouest de l'Espagne, en 2006. Photo : CSIC

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    Plutôt bel homme, un brun hipster. Le portrait-robot d'un homme du Mésolithique, vivant en Espagne il y a 7.000 ans, est assez éloigné de la représentation habituellement faite de nos ancêtres préhistoriques. Publié par la revue Nature, ce portrait a été établi par une équipe de chercheurs de l'Institut de Biologie évolutive de Barcelone, menée par Carles Lalueza-Fox, qui a séquencé pour la première fois le génome complet d'un chasseur-cueilleur européen.

    Une performance scientifique réalisée à partir d'une dent trouvée sur l'un des deux squelettes découverts dans la grotte de La Brana-Arintero, dans la province de Leon (nord-ouest de l'Espagne), en 2006. Contre toute attente, l'ADN de cet homme révèle des caractéristiques originales. Ainsi, il aurait eu la peau foncée, les cheveux bruns et des yeux bleus.

    Des caractéristiques proches des Européens du Nord

    "Ce phénotype rare n'existe pas dans les populations européennes contemporaines", a précisé Carles Lalueza-Fox. L'étude des caractéristiques de l'individu de La Brana a montré qu'il était génétiquement éloigné des populations européennes actuelles, mais pouvait être rapproché des caractéristiques génétiques des Européens du Nord d'aujourd'hui, tels que les Suédois ou les Finlandais.

    "Jusqu'à maintenant, on considérait que la couleur de peau claire avait évolué assez tôt en Europe, au Paléolithique supérieur, en lien avec les faibles rayonnements UV à haute latitude", a expliqué le directeur de recherches. "Mais ce n'est clairement pas le cas. Cette évolution est intervenue beaucoup plus tard, probablement au Néolithique (il y a entre 11 000 et 5000 ans, ndlr)", selon lui.

    Une évolution qui peut être liée au changement de régime alimentaire. L'individu de La Brana était ainsi porteur d'une variation génétique ancestrale produisant une intolérance au lactose. Pas de lait, donc, contrairement aux éleveurs qui apparaissent progressivement, et sans doute peu de céréales en raison d'une inadaptation génétique à un régime riche en amidon, selon les chercheurs. Une hypothèse à modérer néanmoins, puisque l'étude de l'ADN de cet homme a révélé qu'il possédait déjà des caractéristiques génétiques, lui offrant une certaine forme de résistance, présentes chez les Européens modernes.

  • Une dynamo au centre de la Terre

    Le champ magnétique de notre planète se manifeste de nombreuses façons et joue un rôle parfois primordial.

    Par Sylvain Chevillard.

    Même si nous n’y prêtons guère attention au quotidien, le champ magnétique de notre planète se manifeste de nombreuses façons et joue un rôle parfois primordial. D’abord, il empêche le vent solaire de chasser notre atmosphère et protège ainsi la vie sur Terre. Il est la source des spectaculaires aurores boréales, visibles dans les pays proches du cercle polaire. Ensuite, certains animaux migrateurs sensibles au champ magnétique l’utilisent pour se repérer, sur le même principe qu’il fait fonctionner les boussoles, longtemps indispensables à la navigation.

     

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    Vue schématique du champ magnétique de la Terre.

    Mais en dépit de son importance, ce phénomène géophysique pose encore de nombreuses questions. Le champ magnétique provient de ce qu’on appelle la géo-dynamo, à savoir les mouvements turbulents du fer liquide dans le noyau terrestre. Mais on ne sait pas quand et comment ce phénomène a débuté, ni quand et comment il s’arrêtera. Le champ magnétique terrestre s’inverse régulièrement et on ne dispose pas encore d’explications pour ces variations fréquentes dans l’histoire de notre planète. A fortiori, concernant d’autres corps célestes, on en est souvent réduit à faire des hypothèses. Il semblerait que Mars ait possédé une dynamo, mais elle se serait arrêtée et la planète aurait alors perdu son atmosphère. Des observations récentes indiquent que la Lune aurait également possédé une dynamo au début de son existence, mais le mécanisme qui l’alimentait était sans doute différent de celui de la Terre, et reste encore mal compris.

    Comment savoir de quoi le passé était fait ? Les roches contiennent des particules ferromagnétiques, qui sont des sortes d’aimants microscopiques. Lorsqu’elle est très chaude la roche devient liquide : pensons par exemple à la lave qui sort d’un volcan. Les particules ferromagnétiques sont alors mobiles et s’orientent dans le sens du champ magnétique ambiant, comme une boussole. En refroidissant, la roche durcit et les particules restent figées dans cette orientation, formant ce qu’on appelle le magnétisme rémanent de la roche. L’observation de ces particules renseigne donc sur l’orientation, mais également sur l’intensité, du champ de l’époque. La mesure des alternances d’orientation du magnétisme rémanent constitue par exemple une des nombreuses méthodes de datation qu’utilisent les géologues. Or, ces micro-aimants émettent eux-mêmes un champ magnétique très faible. Des géophysiciens du MIT aux États-Unis disposent d’un instrument très sensible, appelé microscope SQUID, qui permet d’obtenir une « image » du champ magnétique engendré par un mince échantillon de roche. Chaque point de l’image correspond à la valeur (de la composante verticale) du champ magnétique mesuré en ce point, à une hauteur fixée au-dessus de l’échantillon de roche.

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    Image du champ magnétique mesuré par le microscope SQUID sur l’échantillon de pierre basaltique hawaïen.

    Ici commence le travail du mathématicien : comment remonter de l’image du champ à l’image des particules ferromagnétiques de la roche ? Les équations qui donnent le champ à partir du magnétisme rémanent sont bien connues, mais faire le chemin inverse est compliqué. Il existe en effet des configurations dites silencieuses : les effets des différentes particules s’annulent et finalement, l’échantillon n’émet aucun champ magnétique. Cela entraîne bien des problèmes. Problèmes théoriques d’abord, car cela implique qu’il existe une infinité de magnétismes différents qui produisent exactement le même champ. Comment définir la vraie solution du problème ? Il faut avoir recours à des hypothèses supplémentaires, par exemple supposer que toutes les particules sont orientées parallèlement les unes aux autres. Cette hypothèse est raisonnable pour les roches volcaniques qui n’ont plus jamais été chauffées ni altérées par la suite. Dans ce cas, on s’attend à ce que tous les micro-aimants soient approximativement orientés dans la même direction : celle du champ magnétique de l’époque. Les problèmes sont aussi de nature pratique : comment calculer concrètement la solution ? Les difficultés mathématiques sont rejointes par des considérations numériques : les algorithmes mis au point sont facilement influencés par le bruit des mesures et les erreurs d’arrondi des calculs. Concevoir des méthodes robustes pour résoudre ce problème fait l’objet de recherches actuelles, entre l’équipe APICS de l’INRIA à Sophia-Antipolis, des mathématiciens de Vanderbilt University aux États-Unis et les géophysiciens du MIT, au sein d’un projet appelé IMPINGE.

    Pour en savoir plus :

    ◾Pour La Science n°424 – Février 2013 – Le magnétisme de la Lune, pages 34 à 41.

    ◾Page Wikipedia sur le champ magnétique terrestre

    ◾Le site du projet IMPINGE [en anglais].

     

     

  • On n'arrête pas le progrès!!!

    Un réfrigérateur et plusieurs téléviseurs auraient envoyé 750.000 spams et mails frauduleux en décembre-janvier.

    Une société de sécurité américaine a repéré ce qui pourrait être la première cyberattaque via des objets connectés. De fin décembre à début janvier, des centaines de milliers de spams et d'emails frauduleux ont été envoyés par des pirates qui se sont introduits dans des téléviseurs et au moins un réfrigérateur. Les objets connectés, de plus en plus nombreux dans notre environnement, sont très mal protégés contre les intrusions.

    Il le croyait innocent, accueillant même. Le réfrigérateur, cet ami du quotidien. Celui qui maintient au frais son soda préféré, qui veille avec zèle sur le coleslaw, qui permet de ne pas aller chercher une vache à chaque fois qu'on a envie d'un steak. Quelle n'a pas dû être la surprise, le chagrin même de cet Américain en se découvrant trahi. Un bandit informatique s'était installé dans cette cuisine, où chaque matin, il pénétrait sans méfiance en pyjama, l'esprit tout embrumé. Un frigo transformé en pirate du net, de quoi inspirer un nouveau filon aux scénaristes hollywoodiens. Pire qu'un colocataire psychopathe ou que l'hôtel qui rend fou. On imagine déjà Jack Nicholson dans le rôle.

    750.000 spams lancés par des télés

    Ce réfrigérateur cyborg a été repéré par la société californienne de sécurité Proofpoint. Elle affirme avoir mis à jour la première cyberattaque via des objets connectés de l'histoire de l'informatique et même de l'histoire tout court. Selon Proofpoint, ce sont surtout des téléviseurs qui ont été utilisés par les pirates et donc, au moins un réfrigérateur. Entre le 23 décembre et le 6 janvier, ces traitres au visage familier auraient en douce envoyé 750.000 spams à des entreprises ou des individus à travers le monde. Difficile dans ces conditions de repérer rapidement la source de la cyberattaque.

    Faible sécurité

    A vrai dire, les spécialistes de la sécurité informatiques prédisaient qu'une telle attaque aurait lieu en 2014. Les objets connectés ou intelligents, c'est en effet la grande tendance du web : des blousons, des thermostats, des réveils, des brosses à dents, des serrures, des boîtes à pilules, des voitures. La liste des objets connectés à internet ou à des smartphones promet d'être de plus en plus longue. le problème, comme souvent avec les innovations technologiques, c'est que le développement avance plus vite que la sécurité. Et celle des objets connectés a encore un très faible niveau. "Il est impossible de mettre un logiciel de sécurité sur chaque objet", prévient David Orain, du groupe informatique Cisco.

    Des mots de passe pour tout ?

    Les spécialistes appellent donc les consommateurs à ne pas oublier d'utiliser des mots de passe : "On doit être un consommateur intelligent quand on utilise un appareil intelligent", philosophe un formateur américain. Mais s'il faut un mot de passe pour chaque objet du quotidien, le frigo mutant fera peut-être figure de moindre mal le jour où son propriétaire, toujours en pyjama, se retrouvera assis en pleurs devant. Tentant désespérément depuis plusieurs heures de se souvenir du bon mot de passe pour l'ouvrir.