Le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh était en visite officielle en France du 3 au 5 novembre 2021.
Pourquoi le gouvernement a-t-il fait le black-out sur cette visite?
Le Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh était en visite officielle en France du 3 au 5 novembre 2021 sur l’invitation de son homologue Jean Castex. Il est fort probable que vous n’en avez pas entendu parler, car il était impossible de le savoir! La presse française n’a pratiquement pas écrit une ligne sur cette visite. Pas une information n’a filtré sur les chaînes de télévision et de radios. Même pas une ligne dans les journaux indépendants, sauf Causeur.fr. Quelques titres spécialisés ont rédigé des articles sur les accords de coopération et contrats signés lors de cette visite… mais rien sur son déroulement.
Pour voir des photos de cette visite, il faut se rendre sur les sites vietnamiens!
En revanche, il en était tout autrement lors de la visite du Premier ministre indien Narandra Modi en 2015 sous la présidence de M. Hollande. Depuis trois ans un contrat est en négociation entre les deux pays, portant sur la vente de 126 avions de combat du groupe Dassault Aviation, dont 108 seraient fabriqués sur des chaînes de montage indiennes selon un transfert de technologie inédit. Un jackpot pour la France. Le Premier ministre a été même convié à un dîner d’État franco-indien.
Rien de tout cela pour le Premier ministre vietnamien! Monsieur Pham Minh Chinh n’était pas venu en France pour passer de tels contrats mirifiques. Sa visite officielle en France avait surtout pour but de renforcer les liens entre le Vietnam et la France qui est d’ailleurs l’un des premiers partenaires commerciaux du Vietnam dans l’UE.
Après son arrivée, le chef du gouvernement vietnamien est allé déposer une gerbe de fleurs devant le buste du Président Hô Chi Minh au parc Montreau et a visité l’espace Hô Chi Minh à Montreuil. Ce buste offert par le musée d’Hanoï est l’unique sculpture de cette personnalité en France.
Entrevue avec le président Emmanuel MacronPuis durant son séjour en France, le Premier ministre Pham Minh Chinh s’est entretenu avec le Premier ministre Jean Castex. Il a ensuite eu une entrevue avec le Président Emmanuel Macron (aucune photo officielle sur le site de l’Élysée). Par la suite, il a également rencontré le président du Sénat Gérard Larcher, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, la directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay, la directrice générale du programme Covax Aurélia Nguyên et la secrétaire générale de la francophonie, Louise Mushikiwabo. Il s’est aussi rendu à l’Institut Pasteur de Paris qui entretient de très bons liens avec le Vietnam.
Il a participé au Forum d’affaires Vietnam-France et a assisté à la cérémonie de signature de 29 accords de coopération entre des ministères, secteurs, organisations et entreprises du Vietnam et des partenaires de France et de certains pays européens. Il a donc été parfaitement visible dans l’espace politique et médiatique.
Signature des accords de coopération.
Pourquoi un tel silence dans l’ensemble des médias et des politiques? C’est peut-être parce que les Vietnamiens ne posent pas de problème en France et qu’ils n’ont jamais eu d’exigences de repentance. Il est vrai que les Vietnamiens ont battu l’armée française, ce qui leur donne de l’assurance et leur évite de mariner dans la rancœur pour finalement revendiquer des excuses et des réparations comme le font régulièrement les Algériens qui, eux, n’ont pas vaincu militairement la France. C’est à l’Algérie de prendre ses affaires en main et de cesser enfin d’accuser éternellement la France de tous ses problèmes actuels.
Les populations qui ont fui le Cambodge ou le Vietnam sont venues en tant que réfugiées et se sont installées en France dans les années 1950-60. La situation catastrophique dans leurs pays leur a coupé toute possibilité de retour, ils ont donc fait leur vie en France.
Les immigrés vietnamiens sont restés invisibles en France. Invisibles pour la plupart des services sociaux parce que peu demandeurs d’aide sociale. Invisibles pour l’homme de la rue, parce que généralement perçus comme "des gens discrets", "sans histoires".
Invisibles parce que "assimilés".
Ceux qui se sont établis en France, non seulement s’intègrent parfaitement, mais encore s’assimilent et parviennent à utiliser sans problème l’ascenseur social. Cette communauté s’approprie les valeurs de notre République, par l’école, par le travail. Le taux de chômage, autre indicateur de l’intégration, semble peu concerner cette population. Leurs enfants ont souvent de meilleurs résultats à l’école que les jeunes Français d’origine. Pour ne pas stigmatiser les descendants d’immigrés subsahariens et turcs… je ne vais pas en parler… mais il suffit de regarder le classement PISA [1] .
Ils ne se victimisent pas en permanence et n’exigent pas que la France s’adapte à leur culture. Pas de demande spécifique dans les cantines scolaires, dans les entreprises ou dans les piscines. Personne n’a encore été égorgé par l’un d’entre eux au cri de " Bouddha est le plus grand "… je laisse aux lecteurs le soin de compléter la liste des demandes faites régulièrement par les adeptes de la religion de paix, d’amour et de tolérance…
La France a connu plusieurs vagues d’immigrations européennes (polonaise, portugaise, espagnole, italienne…), juive, asiatique. Toutes ont connu la réussite économique, se sont intégrées sans problème et ont peu à peu fusionné avec la société d’accueil sans avoir recours durablement aux aides de l’État. Les enfants des immigrés non musulmans parlent parfaitement le français après une ou deux générations, mais c’est malheureusement loin d’être le cas pour une partie des musulmans qui refuseront toujours toute assimilation ou intégration. Peut-être tout simplement parce que leur religion l’interdit! Mon sentiment est que les jeunes Vietnamiens se sentent français à part entière, alors que certains musulmans fantasment toujours après leur " bled " où tout est plus merveilleux qu’en France… mais où ils ne veulent surtout pas rester.
Les Vietnamiens considèrent qu’ils ont une dette envers le peuple français, envers la France qui les a accueillis, qui leur a donné la chance de s’y installer, d’y travailler et d’y vivre dignement.
Johan Zweitakter
[1] Pisa 2018 : les pays asiatiques occupent les premières places du tête du classement. La France est classée 23eme sur 79 pays évalués. Turquie : 40eme – Émirats arabes unis : 46eme – Jordanie : 55eme – Qatar : 60eme – Albanie : 61eme – Bosnie-Herzégovine : 62eme – Arabie Saoudite : 65eme – Maroc : 73eme – Liban : 74eme – Kosovo : 75eme. Lors du PISA précédent l’Algérie était classée 70eme.