Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Société - Page 194

  • "Minuit, chrétiens": un Noël pas très catholique

    Voici les origines du célèbre cantique de Noël.

    Minuit, chrétiens est, sans conteste, un des plus célèbres chants de Noël. Même si son appellation devient parfois Minuit chrétien ! Il est, en effet, de tradition de chanter ou d’écouter à cette période de l’année, un certain nombre de chants évoquant Noël.

    Pourtant, en dépit des apparences, Minuit, chrétiens n’est pas un "chant traditionnel". Né dans un contexte très particulier, composé par un musicien célèbre en son temps, il a toujours été tenu, malgré son titre, en suspicion par l’église catholique.

    Une célébrité internationale

    La célébrité de ce Cantique de Noël est internationale et cette célébrité a contribué à obscurcir son originalité. En effet, dans le monde anglo-saxon, cette page est connue sous le titre Oh, Holy Night. Le texte anglais n’est pas exactement une traduction du texte français. Il est beaucoup plus suave, conformiste et lénifiant.

    L’origine étrangère de cette page est ainsi oublié. Ce Carol dispute, aux États-Unis, la palme du plus populaire Christmas song à Silent Night, anglicisation d’un chant allemand, lui traditionnel, Les Américains, si volontiers cocardiers, placent ainsi au pinacle un chant français et un chant allemand, tous deux soigneusement américanisés.

    Depuis quelques années, dans les concerts internationaux organisés en fin d’année, l’œuvre est souvent chantée sous une forme abrégée: on alterne le premier couplet en français et le texte anglais. Si la qualité de la musique d’Adolphe Adam explique le succès persistant de cette page, l’interprétation "internationale" tend à masquer son véritable caractère. Aussi convient-il de revenir sur la genèse de cette œuvre.

    Aux yeux de Debussy, le Cantique n’était qu’un "chant d’ivrogne". C’était plus précisément l’œuvre d’un négociant en vin nommé Placide Cappeau.

    Mais n’allons pas plus vite que la musique.

    La genèse d’un tube

    Tout commence à Roquemaure, sur les bords du Rhône.

    Il y avait un château, comme un peu partout, mais un pape, Clément V, y avait rendu l’âme, ce qui n’est pas rien.

    Il y avait surtout des vignes dont la qualité supérieure leur valut d’être désignées, au début du règne de Louis XV, sous l’appellation Côte du Rhône.

    Enfin il y avait une collégiale, nantie d’un bel orgue, mais dont les vitraux avaient bien besoin d’être restaurés dans les années 1840.

    Et puis, comme nous ne sommes pas loin d’Avignon, il va aussi être question d’un pont.

    Il existe, cependant, pour le moins deux versions sur la création de ce texte fameux.

    Deux récits

    La première est due à Antoine Chansroux, correspondant à l’Académie de Nîmes, qui écrivit en 1895 le récit suivant. Le 3 décembre 1843, un certain Hermann, qui avait réuni un cercle d’amis, musiciens, peintres et poètes, recevait ce soir-là. Émilie Laurey "reine de ce logis, transformé en sanctuaire de l’art" aurait prié notre Placide, qualifié "d’humble poète" honoré de l’amitié de Lamartine, de lui composer quelques strophes à l’occasion de Noël. Elle se faisait fort de les envoyer à son maître, Adolphe Adam, pour qu’il dépose des notes sous ses vers. Flatté d’une telle proposition, notre Cappeau fut pris d’inspiration subite "en retournant à son ravissant petit château". L’œuvre aurait donc été créée, sous ses auspices salonnardes, en 1843.

    L’abbé Durieux, curé de Roquemaure dans le dernier quart du XXe siècle, donne une vision bien différente. Le texte a été écrit plus prosaïquement, dans la diligence vers Paris, le 3 décembre 1847. Le voyage étant long, Placide, pour s’occuper, aurait écrit son texte d’un seul jet entre Mâcon et Dijon : décidément le vin joue un rôle à tous les étages de cette histoire. Il aurait remis le texte à Adolphe Adam dès son arrivée. On le voit ici, l’œuvre est datée de 1847 et les raisons donnés par l’abbé sont tout autres. Notre négociant en vins, poète d’occasion,  répondait ainsi à une demande formulée par le curé de Roquemaure.

    Le curé et le libre penseur

    Pour dire les choses simplement, le curé, qui s’appelait Nicolas, voulut célébrer avec un peu d’éclat la restauration des vitraux de sa Collégiale. Quoi de mieux qu’un chant de Noël ? Roquemaure n’étant qu’une bourgade modeste, en dépit de son ancienneté, ne comptait guère de gens de plume. Le bon abbé s’adressa donc au seul homme de lettres disponible. Il avait un beau nom, Placide Cappeau.

    L’abbé Nicolas avait bien choisi son homme : républicain, franc-maçon, socialiste et libre penseur, bref d’extrême gauche. D’autant plus qu’il écrivait de la main gauche, ayant perdu l’autre dans son enfance en jouant avec une arme à feu. Ce handicap, qui l’avait empêché d’être tonnelier comme papa, lui avait du moins permis de faire son droit : le père du camarade qui l’avait involontairement blessé décidait de payer ses études secondaires.

    Monté à Paris, notre Placide, faute de faire carrière dans les lettres, fit du moins la connaissance de célébrités du temps, tel Alphonse de Lamartine.

    Et Adam vint

    Mais que vient faire Adolphe Adam dans cette galère?

    C’est là qu’intervient notre fameux pont, un pont suspendu. Il avait été conçu par Marc Seguin, l’homme du chemin de fer Saint-Étienne-Lyon, et réalisé par un ingénieur nommé Pierre Laurey.

    Laurey était marié, ce qui arrive même aux ingénieurs. Émilie, notre cantatrice distinguée, l’heureuse épouse, avait été l’interprète d’Adolphe Adam. C’est pour lui faire plaisir que le musicien composa une partition, qu’il oublia aussitôt, mais qui devait le sauver de l’oubli.

    Adolphe Adam était alors très célèbre. Cette célébrité s’est beaucoup ternie aujourd’hui. Ses opéras ne sont plus que des noms dans les Histoires de la musique, même si les couplets du Postillon de Lonjumeau appartiennent à la catégorie des " airs fameux " pour ténor. Seule Giselle, archétype du ballet romantique, n’a jamais quitté le répertoire.

    Une Marseillaise religieuse?

    Écoutons un peu les paroles "politiques" qui achèvent ce cantique, mises en valeur par l’allure martiale de la musique d’Adam :

    Le Rédempteur a brisé toute entrave,

    La Terre est libre et le Ciel est ouvert.

    Il voit un frère où n’était qu’un esclave,

    L’amour unit ceux qu’enchaînait le fer.

    (…) Peuple, debout ! Chante ta délivrance.

    Quelques mois après la création, la France se trouvait en république. Elle est bien oubliée, cette Seconde République, portée sur les fonds baptismaux par Lamartine et qui abolissait solennellement l’esclavage. 2018 en marquait pourtant le 170e anniversaire.

    Notre Cantique entrait ainsi en résonance avec l’esprit quarante-huitard, qui mêlait socialisme utopique et christianisme social, qui voyaient Lamennais et Raspail entrer à l’Assemblée nationale. Une éphémère alliance réunissait l’Église catholique, qui n’avait guère apprécié Louis-Philippe, et la jeune République, soucieuse d’éviter les errements de la Révolution française. Les curés bénissaient les arbres de la liberté.

    Cela durera ce que durent les roses.

    Mais Minuit, chrétiens, cette "Marseillaise religieuse" selon Adam, connaîtra un succès qui, lui, ne se démentira pas.

    Une célébrité douteuse

    Ce succès même explique l’odeur sulfureuse dégagée par ce Cantique aux yeux de l’Église. Les auteurs, un négociant anticlérical pris de boisson et un compositeur d’Opéra-comique aux mœurs nécessairement dissolues, incitaient à la suspicion.

    Dès 1864, on écrivait dans la Revue de musique sacrée:

    Le Noël d’Adolphe Adam a été chanté dans beaucoup d’églises à la messe de minuit… peut-être ferait-on bien de renoncer à ce morceau dont la popularité est devenue de mauvais aloi. On le chante dans les rues, dans les salons, dans les cafés-concerts. Il dégénère et ravale. Le mieux est de le laisser faire son chemin loin du temple, où l’on peut fort bien se passer de lui.

     Près d’un siècle plus tard, l’éminent musicologue Auguste Sérieyx dénonçait toujours les maîtrises, les chantres et les organistes "qui font retentir nos églises de pareilles élucubrations "et les pasteurs" qui les tolèrent ou les encouragent ". Le Dictionnaire du Foyer catholique (1956) indiquait pour sa part:

    L’allure emphatique des paroles autant que de la musique elle-même, le contraste qu’elles présentent avec la liturgie de la fête, si belle et si grande dans sa simplicité, ont fait supprimer ce chant dans plusieurs diocèses.

    Un Père plein de courroux

    Comment commence donc ce chant suspect?

    Minuit, chrétiens, c’est l’heure solennelle

    Où l’Homme-Dieu descendit jusqu’à nous,

    Pour effacer la tache originelle,

    Et de son Père arrêter le courroux.

    Ces paroles ont toujours troublé un certain nombre de fidèles: ce Père plein de courroux ressemble davantage à l’Éternel de la Genèse qu’au Dieu catholique empli d’amour. Pour le clergé, point de doute, Minuit, Chrétiens n’a rien de catholique. Son " souffle fétide " l’assimile plutôt à quelque carmagnole. Le Clergé, en France comme au Québec, dans le second quart du XXe siècle, mènera de vigoureuses campagnes pour le chasser des églises.

    Nos pieux catholiques n’épargnent pas davantage la musique d’Adolphe Adam. N’évoque-t-on pas une " musiquette, d’une banalité affligeante " ? D’aucuns crurent même trouver en lui un " Juif ", ce qui ne pouvait que renforcer l’hostilité à l’égard de l’œuvre elle-même.

    Et pourtant…

    Et pourtant, l’œuvre a survécu à toutes ces polémiques.

    Il faut vraiment être insensible pour ne pas frémir à l’écoute de Minuit, chrétiens… même sous sa forme anglo-saxonne.

    Chanté par Tino Rossi comme par Roberto Alagna, par Mireille Mathieu avec son papa, ou en anglais par le chœur angélique du Kings College, ce chant touche toutes les générations et bien au-delà du monde catholique.

    Faut-il le regretter?

     

    Par Gérard-Michel Thermeau. Contrepoints.org

  • Smicards? les privilèges des autres...

    Nouveau privilège pour les parlementaires: le casier judiciaire

    Quand les députes enterrent eux-mêmes la condition d’un casier judiciaire vierge pour être éligibles.

    Par Pierre Farge*.

    Tandis que la France connait sa quatrième semaine de manifestations sans précédent depuis cinquante ans, les députés enterrent eux-mêmes la condition d’un casier judiciaire vierge pour être éligibles. Soulignant un peu plus les problèmes de légitimité́ et de représentativité́ du pouvoir, le Parlement secoue une fois encore la démocratie de ses contradictions.

    Pierre Farge, avocat à la Cour, démontre en professionnel du droit l’aberration d’une telle initiative parlementaire.

    Après l’allocution du président de la République en réponse au mouvement des Gilets jaunes, exactement au moment où le Sénat votait l’allègement des taxes contre les exilés, une nouvelle contradiction accablait le pouvoir en place.

    Se présenter aux élections avec un casier

    Alors que la récente loi de moralisation de la vie publique disposait de " l’interdiction pour tous les détenteurs d’un casier judiciaire (niveau B2) de se présenter à une élection ", le Parlement a en effet trouvé la parade juridique selon laquelle l’interdiction de se présenter à une élection si le casier n’est plus vierge peut être interprétée comme " une peine automatique ", contrevenant au " principe d’individualisation des peines garanti par la Constitution ".

    Quoi que cet argument n’ait gêné personne des décennies durant, voilà que nos députés y font droit.

    Ainsi, sans polémiquer sur les membres du parlement, objets de procédure judiciaire en cours, et donc passibles de peines qui les empêcheraient de renouveler leur mandat, la question de fond qui se pose est de savoir pourquoi les parlementaires votent eux-mêmes leur immunité par une loi les exemptant de casier judiciaire vierge pour se présenter, plutôt que de laisser, comme tout le monde, en vertu de l’article 755-1 du Code de procédure pénale, le soin de formuler une demande d’effacement de la condamnation mentionnée au casier judiciaire, à l’appréciation d’un magistrat le soin de juger, ou non, de cette désinscription?

    En effet, tous les citoyens condamnés à une peine – ferme ou avec sursis – peuvent formuler ab initio, à l’audience, en vue de la condamnation encore probable, une demande de non inscription au casier judiciaire de la peine éventuellement à venir; A défaut, dans les cas en général les plus graves, formuler a posteriori à la condamnation une requête aux fins de désinscription au B2 devant la Chambre correctionnelle ayant prononcé leur jugement (c’est ce qui est dans la pratique privilégié afin de donner au condamné la mesure de sa peine, et l’obligation de son amendement pour obtenir le retrait de sa mention).

    Dans ces deux cas, il convient de justifier: de raisons légitimes en apportant la garantie, ou la preuve, de l’amendement de l’intéressé depuis les faits, d’une distance avec l’infraction, voire d’une guérison dans le cas par exemple d’une pathologie de kleptomanie ou autre problème psychiatrique;

    et surtout de témoigner que la mention d’une telle condamnation au B2 constitue un véritable obstacle à la réussite d’un objectif (comme rejoindre un emploi dans la fonction publique, une charge assermentée, ou une élection au Parlement).

    Laisser à l’appréciation de la justice indépendante

    Par conséquent, si les parlementaires tiennent absolument à être éligibles malgré un casier judiciaire, il revient non pas de décider, entre eux, et de façon générale, leur immunité par une loi les exemptant, mais plutôt de laisser à l’appréciation d’une justice indépendante, le soin de juger s’ils justifient, au cas par cas, de la désinscription de toute mention, et in fine d’être en capacité d’être éligible.

    Cette seconde solution placerait les représentants du peuple sur un pied d’égalité avec ceux qui sont censés les représenter, comme autant de témoignages d’un pays respectueux de l’équilibre des pouvoirs, sans parler de donner une image exemplaire de l’État, sinon plus vivifiante de la démocratie en pareille contestation populaire placardant par milliers de manifestants des demandes de Référendum d’initiative citoyenne (RIC).

    Ce qui fait finalement penser au bon mot d’Alain Juppé, certes dans d’autres circonstances, mais toujours philosophe: "En matière judiciaire, il vaut mieux avoir un passé qu’un avenir".

     

    *Pierre Farge est avocat au barreau de Paris en contentieux et pénal des affaires. Engagé, il défend notamment la cause des lanceurs d’alerte.

  • Jean-Baptiste Lemoyne, le “traître” de Marrakech

    Aussi ambitieux que discret, Jean-Baptiste Lemoyne a beaucoup trahi avant de devenir cet “obscur secrétaire d’Etat”, signataire par défaut du pacte de Marrakech.

    C’est comme s’ils s’étaient tous passé le mot. Aux Républicains, pas question de faire de la publicité à Jean-Baptiste Lemoyne. Au mieux, lorsqu’ils évoquent le signataire du pacte de Marrakech, dépêché au débotté par Emmanuel Macron pour le représenter au Maroc le 10 décembre, alors que le chef de l’Etat recevait à tour de bras à l’Elysée pour tenter d’apporter une réponse forte à la colère des gilets jaunes, les députés LR parlent de lui, lors de leurs questions au gouvernement, comme d’“un obscur secrétaire d’Etat” (Éric Ciotti), “ce je ne sais quel secrétaire d’Etat” (Constance Le Grip), comme pour mieux le renvoyer à son anonymat. Pas une seule fois, au sein de l’hémicycle, les parlementaires de droite ne s’aventurent à prononcer son nom. Ce serait faire trop d’honneur à celui que beaucoup considèrent encore comme un “traître professionnel”.

    Un portrait de Jean-Baptiste Lemoyne? “Vous perdez votre temps. Il ne mérite même pas qu’on s’intéresse à lui”, prévient d’emblée l’un de nos interlocuteurs. Christian Jacob, le président du groupe LR au parlement, qui a peu gouté la réponse politicienne que le secrétaire d’Etat a faite à Claude Goasguen mardi dernier alors que le député demandait au premier ministre qu’un vrai débat sur l’immigration ait lieu et rappelait les conséquences que ne manqueraient pas d’avoir "ce pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières", est cependant sortie de son silence pour railler celui qui fut pendant quelques années, le secrétaire adjoint du groupe UMP à l’Assemblée nationale. “Il ajoute l’incompétence à la médiocrité”, lâche Christian Jacob.

    Guillaume Larrivé, qui n’a pas oublié que l’ancien sénateur de l’Yonne a soutenu un ancien socialiste recyclé LREM aux dernières législatives dans l’Yonne pour tenter de le faire battre, n’est guère plus amène et se fait un malin plaisir de l’habiller pour l’hiver: “Il correspond parfaitement à ce que de Gaulle appelait “les politichiens”: ne pensant rien sur rien, il va à la gamelle. ”Non sans un certain flair“.

    (…)

    Valeurs Actuelles

    Une vraie tronche de gamellivore, bien lâche, cupide, consistant comme un mollusque, obéissant comme un esclave, le parfait Rien, qui sert tout le monde, même les moules comme Macron. Un vomitoire personnifié.