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Santé - Page 50

  • Toxiques pour votre santé

    Plus de 20% de la population mondiale souffre d’allergie ou d’intolérance alimentaires. Une origine environnementale à ces réactions alimentaires secondaires est fortement suspectée. Dans ce contexte et pour la première fois, une équipe de chercheurs de l’Inra à Toulouse vient de montrer qu'une exposition périnatale à de faibles doses de Bisphénol A (BPA), considérées sans risque pour l'Homme, pouvait augmenter le risque de développer une intolérance alimentaire à l’âge adulte. Ces résultats appuient la décision des pouvoirs publics français qui ont interdit l'utilisation du BPA dans les contenants alimentaires destinés aux nourrissons dès 2013, et pour tous les emballages alimentaires en 2015.

    L’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens, en particulier celle au bisphénol A, est omniprésente dans notre quotidien. Les risques potentiels pour le consommateur de ce contaminant chimique issu majoritairement des emballages alimentaires ont fait l'objet de plusieurs rapports, parfois contradictoires, des agences sanitaires françaises et internationales au cours des cinq dernières années. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a publié en avril 2013 un avis sur le bisphénol A recommandant de limiter l'exposition à cette substance et de revoir à la baisse les seuils toxicologiques sur lesquels est basée l'évaluation du risque. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a d'ailleurs, quelques mois plus tard, proposé d'appliquer au bisphénol A une valeur limite dix fois plus faible que celle jusque-là en vigueur, soit 5µg/kg poids corporel/jour.

    Les chercheurs de l’unité de Toxicologie alimentaire (TOXALIM) de l’Inra à Toulouse ont démontré chez des rats qu’une exposition périnatale (in utero et pendant l’allaitement) au bisphénol A (BPA), à de faibles doses, a des conséquences sur le développement du système immunitaire et prédispose leur descendance à une intolérance alimentaire à l’âge adulte.

    Dans leur étude, les chercheurs de l’Inra ont utilisé deux groupes de rates gestantes. Un groupe a reçu par voie orale une dose quotidienne de BPA, à 5 μg/kg de poids corporel, depuis la gestation jusqu’au sevrage des nouveau-nés à 21 jours. L’autre groupe (témoin) n’a pas reçu de BPA. Ce sont ensuite les nouveau-nés issus de ces deux groupes qui ont été étudiés. A l’âge adulte, soit à 45 jours, ces animaux ont été nourris avec de l’ovalbumine, une protéine du blanc d’œuf, qui ne figurait pas précédemment dans leur régime alimentaire. Les scientifiques ont alors observé une réaction immunitaire dirigée contre l'ovalbumine chez les animaux qui avaient été exposés au BPA au cours de leur développement. Les rats descendant du groupe témoin ont quant à eux développé une tolérance alimentaire vis-à-vis de l'ovalbumine, qui se traduit par une absence de réponse immunitaire. De plus, l’administration orale répétée de l’ovalbumine chez les rats exposés par leur mère au BPA a induit une inflammation du côlon de ces animaux, attestant d’une intolérance alimentaire.

    Dans l’étude réalisée à l’Inra les chercheurs ont testé différentes doses (0,5, 5 et 50μg/kg poids corporel/ jour) et mis en évidence une relation non linéaire entre les doses de BPA et les effets indésirables observés. En particulier les perturbations les plus importantes ont été observées à la dose de 5μg/kg poids corporel/jour, c'est-à-dire à la dose considérée sans risque pour l'Homme par l'EFSA. Ces nouvelles données soulèvent la difficulté de fixer une dose journalière tolérable sûre pour le BPA.

    Ces nouveaux résultats contribuent à caractériser les effets délétères du BPA sur le système immunitaire, à de faibles niveaux d'exposition, et à des âges auxquels l'individu est particulièrement vulnérable car immature : le fœtus et le nourrisson.

    Ces résultats appuient la décision des pouvoirs publics français qui ont interdit l'utilisation du BPA dans les contenants alimentaires destinés aux nourrissons dès 2013, et pour tous les emballages alimentaires en 2015. Les approches mises en place pour étudier les effets du BPA sur le système immunitaire pourront être appliquées à d'autres perturbateurs endocriniens, en particulier aux substances candidates au remplacement du BPA pour les emballages alimentaires de nouvelle génération.

    L'étude a été menée par des équipes de l’unité Toxicologie alimentaire (Toxalim) au centre Inra de Toulouse Midi-Pyrénées, et financée par le département " Alimentation humaine " de l’Inra et par l'Agence Nationale pour la Recherche, dans le cadre du projet PERINATOX coordonné par Eric Houdeau depuis 2010.

    Référence

    Menard, S., Guzylack-Piriou, L., Leveque, M., Braniste, V., Lencina,C., Naturel, M., Moussa, L., Sekkal, S., Harkat, C.,Gaultier, E., Theodorou, V., Houdeau, E. Food intolerance at adulthood after perinatal exposure to the endocrine disruptor bisphenol A. The FASEB Journal, August 2014. doi:10.1096/fj.14-255380

     

    Toutes les informations des poisons toxiques en cuisine ici:

     

     

     

  • Les Coca-Cola Papers: comment l’argent des sodas arrose la nutrition et le sport français

    La liste des organismes français arrosés par Coca-Cola, que publie ce mois-ci l’ONG Foodwatch, laisse pantois.

    Après plusieurs mois, l'ONG allemande Foodwatch a obtenu de Coca-Cola que la société donne le détail des sommes qu'elle a versées à des organismes, associations et sociétés entre 2010 et 2015.

    On y trouve en bonne place l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN). Cet organisme qui se présente comme une "association référente de la profession", a empoché entre 2010 et 2015 pas moins de 117 764 euros de Coca-Cola au titre de "partenariat". On se demande quel type de partenariat une association qui a pour vocation de dire aux patients, au public, aux médecins ce que c’est que bien manger, peut conclure avec Coca-Cola. Quelle crédibilité lui accorder" ? Quels autres "sponsors" la gratifient de leurs largesses ?

    Et la plongée dans l’absurde ne s’arrête pas là. Après l’AFDN, on se frotte les yeux en découvrant que la Fédération française des diabétiques a reçu 232 582 euros de Coca-Cola, c’est-à-dire l’un des moteurs de l’épidémie mondiale d’obésité et… de diabète !

    L’Institut Pasteur de Lille, qui, par l’intermédiaire du directeur de son département nutrition, ne manque pas une occasion de donner dans la presse des leçons d’orthodoxie nutritionnelle, a reçu 33 500 euros de Coca-Cola. Auxquels il faut bien sûr ajouter les sommes versées par les autres « partenaires ».

    L’université de Poitiers a encaissé un chèque de 228 104 euros pour – ne riez pas – "le développement d’un programme de promotion d’un mode de vie sain et actif auprès d’étudiants".

    On est moins surpris d’apprendre que Dietecom, une manifestation annuelle tout entière livrée à l’agrobusiness (mais qui se présente pourtant comme "le 1er salon dédié à la nutrition destiné aux professionnels de santé") a aussi bénéficié des largesses de Coca: 124 450 euros.

    Coca-Cola, c’est bien connu, rime avec équilibre nutritionnel chez les sportifs. Voilà pourquoi, probablement, le Centre National pour le Développement du Sport, un organisme public qui dépend du Ministre chargé des sports, s’est vu gratifier la coquette somme de 1 118 926 euros pour lutter contre... l'obésité des jeunes. Le Comité National Olympique et Sportif Français s’est montré un peu moins convaincant : 300 000 euros quand même ! Suivent la Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport ou encore l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance.

    Et encore n’a-t-on là que les "Coca-Cola Papers". Quid des Danone Papers, des Pepsi Papers, des Nestlé Papers, des Kellogg’s Papers, des Unilever Papers, des Kraft Papers, des Monsanto Papers? C’est alors qu’on réalisera, comme nous l’avons hélas souvent dit, que l’influence de l’agrobusiness sur l’information nutritionnelle, largement ignorée du public et des médias, est pourtant sans commune mesure avec celle qu’exerce l’industrie pharmaceutique sur les leaders d’opinion.

    http://www.lanutrition.fr/

  • Médicaments non utilisés: le palmarès des régions qui recyclent le plus

    Selon Cyclamed, 8 Français sur 10 participent au recyclage des médicaments en rapportant ceux qu'ils n'utilisent pas en pharmacie. Les Limousins sont les plus vertueux. 

    Rien que pour l'année 2015, ce sont 15 477 tonnes de déchets issus de médicaments qui ont été collectées par les pharmacies françaises et regroupées par les grossistes répartiteurs avant leur valorisation à des fins énergétiques. C'est le bilan de l’association Cyclamed qui a pour mission de collecter et de valoriser les Médicaments Non Utilisés (MNU) à usage humain, périmés ou non, rapportés par les patients dans les officines.

    Plus exactement, le tonnage réel des MNU, avec le poids des cartons et des produits de parapharmacie soustraits, atteint 12 108 tonnes, en progression de + 0,4 % par rapport à 2014. La moyenne nationale s'établit donc à 185 grammes par habitant. Et pour savoir à quoi sert ce comportement civique, Cyclamed explique que " la valorisation énergétique de ces MNU permet d’éclairer et de chauffer l’équivalent de 7 000 logements ". Un acte utile donc que les Français s'approprient de plus en plus.

    80% des Français recyclent les médicaments 

    L’étude menée par l’institut BVA en février 2016 révèle que 80 % de nos concitoyens déclarent rapporter leurs MNU chez le pharmacien, dont 74 % d’entre eux le font " toujours " (contre 69 % en 2015). " Cela montre une forte fidélisation de ce réflexe auprès d’une grande partie de la population ", se félicite l'association. Ce sont surtout les plus de 50 ans (86 %), les femmes (85 %), et les personnes habitant des communes rurales qui ont adopté ce geste éco-citoyen.

    Parmi ces gens, 24 % séparent déjà les boîtes en carton et les notices en papier des médicaments. Chez ces Français, la protection de l’environnement est très bien perçue (93 %), eux qui n'ignorent pas que le dispositif permet d’éviter les rejets médicamenteux dans la nature (décharge, eaux de surface et souterraines).

    Par ailleurs, l’adhésion à la valeur de la sécurité sanitaire est en croissance cette année (90 %). Elle permet de prévenir les risques d’intoxications ou de confusions médicamenteuses au sein du foyer.

    C'est donc logiquement que pour la troisième année consécutive, le poids des MNU baisse dans chaque foyer français de manière importante (-8 % en 2012, -18 % en 2014 et -10 % en 2016), "ce qui confirme la prise de conscience des citoyens sur la nécessité de préserver son environnement et sa sécurité sanitaire domestique", écrit l'association. Le gisement en masse annuel des MNU reste tout de même de 19 000 tonnes, soit 323 grammes par foyer et par an en 2016.

    Les Limousins meilleurs recycleurs

    Et face à cet enjeu, certaines régions se distinguent plus que d'autres. Les plus vertueuses sont, comme en 2014, le Limousin (340 g de médicaments non utilisés rapportés par personne) devant la Bourgogne (243 g) et le Picardie (242).

    Les meilleures progressions sont à mettre au crédit des D.O.M (+10 %), de la Bourgogne (+6 %), et enfin de la Corse (+3 %).

    Tant de pays dans le monde dont les gens meurent parce qu'il n'y a pas de médicament dans le pays!

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  • Résultats de l’enquête : votre MDPH respecte-t-elle la loi ?

    Notre enquête (« Votre MDPH respecte-t-elle la loi ? »), menée en partenariat avec Autisme France, Egalited et Dys nos Droits, auprès des usagers des MDPH, a eu un immense succès, avec plus de 1800 réponses. Merci à tous ceux d’entre vous qui y ont contribué ! Vous pouvez consulter notre rapport ici.

    Il en ressort que :

    * Les MDPH respectent très peu le délai de 4 mois prévu pour statuer (délai déjà très long car le droit commun est de 2 mois)

    * Les MDPH respectent très peu les procédures prévues pour assurer le dialogue avec l’usager : par exemple, 70% des usagers indiquent que la proposition de plan personnalisé de compensation n’est jamais transmise à l’usager 15 jours avant la commission décisionnaire

    De plus, ces résultats nous inquiètent quant à la mise en œuvre du nouveau « dispositif d’orientation permanent » instauré par la loi de modernisation du système de santé (article 21bis), dispositif qui consiste en l’élaboration d’un plan d’accompagnement global (PAG) lorsque la personne handicapée se trouve sans solution. Ce PAG est censé être élaboré avec l’accord de la personne ou de sa famille. Peut-on vraiment espérer que cela sera le cas vu la difficulté actuelle des MDPH à mettre en œuvre le dialogue avec l’usager prévu par les textes? Alors que démarre l’expérimentation par 23 MDPH de ce nouveau dispositif, la plus grande vigilance s’impose.

    Notre rapport a été transmis au Secrétariat d’Etat en charge des personnes handicapées, à la CNSA, à l’IGAS, au CIH ainsi qu’aux parlementaires des commissions des affaires sociales et du groupe « intégration des personnes handicapées ».

    Nous avons besoin de vous pour relayer cette étude auprès des MDPH. Si vous êtes un responsable associatif local et que vous souhaitez transmettre le rapport à votre MDPH, n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez avoir les résultats détaillés correspondant à votre département (incluant les réponses textuelles).

    http://toupi.fr/resultats-de-lenquete-votre-mdph-respecte-telle-la-loi/

  • La France est devenue une république bananière!

    Tuberculose: silences sur l’importation en France d’un vaccin destiné au marché polonais

    Certes l’information n’est pas cachée. On la trouve sur un courrier "Sanofi Pasteur MSD" daté du 18 mars : " Information importante destinée aux professionnels de santé des PMI, CLAT et centres de vaccination " :" Vaccin contre la tuberculose BCG-SSI : rupture de stock et importation d’un vaccin polonais". On peut, en cherchant un peu, la retrouver depuis peu sur le site de l’ANSM. Elle est également présente sur " Actualités santé Vidal". Ou sur le site mesvaccins.net: "Le vaccin BCG contre la tuberculose du laboratoire BIOMED-LUBLIN remplace le vaccin BCG SS" (Elisabeth Nicand).

    Privatisation des productions

    En apparence c’est une information technique. C’est aussi un nouveau symptôme de l’incurie croissante qui, en France, prévaut dans le système de fabrication-distribution des vaccins. Une incurie d’autant plus inquiétante que le pouvoir politique a entrepris d’ouvrir un " débat national " sur la politique vaccinale – avec l’annonce d’une remise en question du système actuel des vaccins " obligatoires " et des vaccins " recommandés ".Que se passe-t-il sur le front tuberculeux ? Résumons à la lumière des informations disponibles sur la Toile:

    A la suite de la "rupture de stock" du vaccin contre la tuberculose BCG SSI®, le laboratoire SanofiPasteurMSD met à disposition à partir du 29 mars 2016 et à titre exceptionnel et transitoire un vaccin BCG fabriqué en Pologne par la société BIOMED-LUBLIN.Pourquoi une "rupture de stock"? On ne le sait pas. Le vaccin BCG SSI® était fabriqué par le Statens Serum Institut (d’où l’abréviation "SSI"), une entreprise publique internationale de recherche, de production et de services qui dépend du ministère de la santé du Danemark. L’Institut est confronté à des difficultés pour produire ce vaccin en quantité suffisante. Le Statens Serum Institut a engagé un processus de privatisation de sa production de vaccins.

    Marché polonais

    Le vaccin BCG SSI® était distribué en France par le laboratoire Sanofi Pasteur MSD. Du fait des "tensions d’approvisionnement", sa distribution était contingentée auprès des centres de Protection maternelle et infantile (PMI) et des Centres de Lutte Antituberculeuse (CLAT) depuis le 14 janvier 2015.

    La rupture de stock du vaccin BCG SSI est effective à compter du 31 mars 2016, les doses encore disponibles arrivant à péremption le 31 mars 2016. La remise à disposition du vaccin BCG SSI®, qui est importé en France par le laboratoire Sanofi Pasteur MSD, n’est pas déterminée à ce jour.

    En accord avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) Sanofi Pasteur MSD (seul laboratoire à distribuer le vaccin contre la tuberculose en France) va importer un vaccin BCG contre la tuberculose initialement destiné au marché polonais. Ce vaccin est fabriqué par la société BIOMED-LUBLIN. Il bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché en France depuis le premier mars 1994, dont le dernier renouvellement date du 29 mai 2013 (renouvellement tous les 5 ans). Jusqu’à ce jour, il n’avait pas été distribué par le laboratoire Sanofi Pasteur MSD.

    Forme d’incurie

    Il existe toutefois de très nombreuses différences entre le vaccin BCG SSI® et le vaccin BCG contre la tuberculose BIOMED-LUBLIN sur les modalités de préparation et le volume à administrer. Tout comme pour le vaccin BCG SSI, les doses de vaccin BCG BIOMED-LUBLIN sont contingentées. La distribution de ce vaccin sera accessible dans les centres de Protection maternelle et infantile, les Centres de lutte antituberculeuse, les maternités et les centres de vaccination. De fait, les pharmacies n’auront pas avoir accès à cette spécialité.

    Les causes premières de toutes ces perturbations ne sont pas précisés par l’ANSM sur la fiche de rupture de stock du vaccin BCG-SSI. Elles ne le sont pas non plus par le laboratoire Sanofi pasteur MSD dans sa lettre aux professionnels de santé. Pourquoi ne pas dire la vérité sur ces ruptures de stocks à répétition? Sur cette incapacité chronique à fournir un vaccin dont on recommande l’usage?

    On peut voir là un simple oubli. Certains médecins commencent à y voir une forme de mépris. Cette situation les place dans de grandes difficultés vis-à-vis de parents inquiets demandant des explications. Le tout dans un contexte où la justification du maintien de la vaccination, en France en 2016, est de plus en plus contestée. Tous les symptômes réunis, en somme, d’une forme, grave, d’incurie.

    https://jeanyvesnau.com/2016/04/02/tuberculose-silences-autour-de-limportation-en-france-dun-vaccin-destine-au-marche-polonais/

     

  • Suite de la note d'hier

    Obésité: Une piste épigénétique pour lutter contre la prise de poids et l’hypercholestérolémie

    Le nombre de cas d’obésité a doublé depuis 1980 : en 2014, plus de 600 millions d’adultes étaient touchés à l’échelle de la planète. Les causes de cette épidémie sont notamment environnementales et génétiques. Des chercheurs de l’Inra, en association avec des collègues de l’Institut Pasteur, de l’Inserm, du CNRS et de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni), révèlent qu’une protéine (BAHD1) participe aux mécanismes de régulation du taux de cholestérol et de la prise de poids, en contrôlant l’expression de certains gènes par des phénomènes épigénétiques. Ces résultats publiés le 3 Mars 2016 dans la revue PLoS Genetics pourraient ouvrir la voie à la recherche de nouvelles thérapies contre l’obésité, le diabète, et les maladies cardiovasculaires.

    Chez l’homme et les autres vertébrés, BAHD1 est une protéine contribuant à rendre certains gènes peu actifs, voire totalement inactifs, en compactant certaines régions des chromosomes. Jusqu’à présent, le rôle physiologique de BAHD1 était inconnu. Une équipe de chercheurs de l’Institut Micalis de l’Inra, en association avec l’Institut Pasteur, l’Inserm, le CNRS et l’Université de Cambridge (Royaume Uni), révèlent aujourd’hui que BAHD1 participe aux mécanismes de régulation du taux de cholestérol et de la prise de poids.

    Une déficience en protéine BAHD1 entraîne une baisse de la cholestérolémie et de la graisse corporelle

    Pour comprendre le rôle de cette protéine, les chercheurs ont produit des souris qui ne possèdent plus le gène BAHD1. A la naissance, les souris sans BAHD1 sont petites. Au cours de la croissance, ces animaux rattrapent la taille de leurs congénères chez lesquels la protéine s’exprime, mais restent plus maigres. Les chercheurs ont observé que les adultes sans BAHD1 avaient un taux de cholestérol sanguin, une glycémie et une masse graisseuse plus faibles que chez les souris témoins.

    L’ablation du gène BAHD1 provoque donc une diminution de la cholestérolémie et de la quantité de graisse corporelle chez les souris. Elle provoque aussi un mauvais fonctionnement du placenta et une réduction du poids des fœtus. BAHD1 est donc un élément clé des réseaux de régulation du développement du placenta pendant la phase embryonnaire, et du stockage de la graisse corporelle chez l’adulte.

    Les scientifiques ont également recherché les gènes dérégulés chez la souris par l’inactivation de BAHD1, ou in vitro par la surexpression de BAHD1 dans des cellules humaines. Ils ont découvert que, dans ces deux modèles, BAHD1 modifie l’expression de plusieurs gènes importants dans le contrôle du métabolisme du cholestérol, des hormones stéroïdiennes, des lipides et des sucres.

    La protéine BAHD1, élément clé d’un mécanisme épigénétique

    Les chercheurs ont aussi mis en évidence que BAHD1 agit avec d’autres protéines, comme des enzymes appelées histones déacétylases et méthyltransférases, pour déclencher des changements dits épigénétiques. Ce sont des variations dans l’activité des gènes qui interviennent non pas par des mutations dans la séquence de l’ADN, mais par des changements de son état de compaction, à la suite de modifications chimiques de l’ADN ou des protéines histones (dans lesquelles l’ADN est enroulé, formant une fibre appelée la chromatine). Ainsi par exemple, BAHD1 régule l’expression d’un gène codant pour un récepteur aux oestrogènes (des hormones sexuelles qui influencent le poids) en agissant sur la méthylation de l’ADN et des histones dans la région de ce gène.

    Les résultats de ces travaux montrent que ces mécanismes épigénétiques agissent comme une commande du stockage ou de la consommation d'énergie dans l'organisme, à différentes phases de la vie. Ils pourraient, par des approches ciblées sur BAHD1, ses partenaires ou ses gènes cibles dans certains tissus, ouvrir la voie à de nouvelles thérapies contre l’obésité, le diabète et les maladies cardiovasculaires.

    Source

     Role of the BAHD1 Chromatin-Repressive Complex in Placental Development and Regulation of Steroid Metabolism, PLoS Genetics, 3 mars 2016

    Goran Lakisic, Alice Lebreton, Renaud Pourpre, Olivia Wendling, Emanuele Libertini, Elizabeth J. Radford, Morwenna Le Guillou, Marie-France Champy, Marie Wattenhofer-Donzé, Guillaume Soubigou, Slimane Ait-Si-Ali, Jean Feunteun, Tania Sorg, Jean-Yves Coppée, Anne C. Ferguson-Smith, Pascale Cossart, Hélène Bierne