Allez lire cet excellent article: étonnement assuré
https://www.contrepoints.org/2015/02/21/198677-limmortalite-peut-etre-pour-bientôt
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Les scientifiques traquent parasites et virus grâce à des satellites pour prédire plusieurs mois à l'avance des risques d'épidémie de maladies tropicales comme la dengue, le paludisme ou le chikungunya.
Températures, précipitations, humidité des sols, type de végétation et utilisation des terres... autant de données recueillies par satellites qui permettent de mieux surveiller les risques d'épidémies. Températures, précipitations, humidité des sols, type de végétation et utilisation des terres... autant de données recueillies par satellites qui permettent de mieux surveiller les risques d'épidémies.
"Certaines infections sont très sensibles à leur environnement, surtout les maladies parasitaires et, avec la télédétection via satellite, il est possible d'identifier des endroits où la maladie peut proliférer." C'est ce qu'a expliqué Archie Clements, directeur de la faculté de santé publique de l'université nationale australienne à Canberra, lors de la conférence annuelle de l'American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie le week-end du 14-15 février 2015 à San Jose (Californie).
Les épidémiologistes utilisent en effet les données transmises par les satellites comme les températures, les précipitations, l'humidité des sols, le type de végétation et l'utilisation des terres qu'ils combinent à des informations de santé dans un modèle informatique. Des données qui offrent "des cartes auxquelles ont accès des pays avec peu de capacités pour collecter et traiter eux-mêmes des données portant sur des maladies", a précisé Archie Clements. Des informations utiles "pour les responsables de santé publique dans les pays en développement car cela leur permet d'allouer plus efficacement des ressources limitées là où elles sont le plus utile", a-t-il expliqué. Cet épidémiologiste souligne que les maladies parasitaires touchent des centaines de millions de personnes chaque année dans les pays les moins développés.
Prédire l'émergence des maladies
Kenneth Linthicum, directeur du Centre d'agriculture médicale du ministère américain de l'Agriculture (USDA), a indiqué que cette approche a permis à ses services d'"utiliser les données environnementales, particulièrement celles portant sur le changement climatique pour prédire à l'échelle du globe certaines maladies avant leur apparition. Nos travaux consistent à utiliser des données satellitaires pour surveiller l'environnement surtout quand elles ont trait à la transmission de maladies par des moustiques dans notre cas", a-t-il détaillé lors de cette conférence.
Le projet Google Glass a été mis en mode pause, début novembre. Trop cher: environ 1500 dollars la paire de lunettes connectée. Et trop complexe: présenter directement devant les yeux des informations textuelles et graphiques peut être très déstabilisant pour le porteur des lunettes… et pour ses interlocuteurs ! Le concept, qui relève de la réalité augmentée, trouvera de multiples applications professionnelles (en chirurgie, par exemple). Mais il est en avance sur son temps pour le grand public.
Un revers sérieux pour le géant d’Internet? Non: que Google soit en avance sur son temps n’est pas une surprise. Toute la stratégie des deux jeunes entrepreneurs, Sergey Brin et Larry Page (41 ans aujourd’hui), qui ont créé Google en 1998 et en ont fait, en seize ans, l’une des sociétés les plus riches et les plus profitables du monde, est d’anticiper les évolutions technologiques pour rester au sommet (la capitalisation du groupe est la quatrième mondiale, à 367 milliards de dollars, soit 293 milliards d’euros).
Google domine son activité originelle: il détient 65 % du marché des moteurs de recherche. Il a réussi dans le secteur des smartphones, dont l’immense majorité utilise son système Android. Mais quid des prochaines révolutions ? Ne pas les manquer est l’obsession de Brin et Page, qui ont poursuivi une politique systématique d’achats de start-up prometteuses: 168 acquisitions depuis 2001. Mais cette approche a ses limites : Google n’a pas vu venir les réseaux sociaux.
Pour répondre aux défis du futur, Sergey Brin a créé, au sein de Google, un laboratoire d’exploration de l’avenir, Google X, qui n’hésite pas à flirter avec la science-fiction. Google X s’intéresse à l’informatique, mais aussi à l’automobile (la Google Car), la robotique, l’espace (achat, en juin 2014, de Skybox Imaging, qui développe une constellation de petits satellites d’observation de la Terre) ou les réseaux d’accès à Internet (projet Loon de ballons relais stratosphériques).
La nouvelle priorité de Google X est la santé. Pourquoi? Sa puissance dans le big data (les informations personnelles, en particulier) lui confère un immense avantage pour comprendre la complexité du corps humain. Exemple: le projet Baseline Study. Il s’agit de collecter un maximum de données génétiques et moléculaires sur un groupe de 175 individus afin de constituer la référence la plus complète possible sur le corps humain sain.
Autre projet: la création, le 18 septembre 2013, de Calico, dont le but est l’allongement de la durée de vie. Son patron est Arthur Levinson, qui a dirigé de 1995 à 2009 la société de génie génétique Genentech. Il est aussi, depuis la mort de Steve Jobs, le président du conseil d’administration d’Apple ! Le 3 septembre dernier, Calico a créé un partenariat à parts égales avec une entreprise de biotechnologie, Abb-Vie, pour " découvrir, développer et mettre sur le marché de nouvelles thérapies pour des patients ayant des maladies liées à l’âge ". L’investissement de départ est de 500 millions de dollars, mais il pourrait être porté à 1,5 milliard.
Automobile, robotique, espace, santé… Google n’est-il pas trop ambitieux ? Tout cela est-il sérieux ? Élément de réponse: en septembre, Barack Obama a désigné comme Chief Technology Officer of the United States (son conseiller pour la technologie) Megan Smith, qui était le numéro deux de Google X, après avoir dirigé, pendant neuf ans, le développement commercial du groupe…
Robotisation de la guerre : le soldat SGR-A1, l’ultime sentinelle
Demain, la guerre sera entièrement robotisée. Mais le futur commence dès aujourd’hui…
Un article d’EchoRadar.
Le soldat SGR-A1 est une sentinelle insensible au froid, à la soif, à la faim. Il ne connaît ni la peur, ni le doute ni la fatigue. Il fait preuve d’une concentration maximale et constante quelle que soit l’heure de sa mission et ne s’assoupit jamais. Il ne touche aucune rémunération pour son travail harassant, ne tombe pas malade, ne demande pas de permission pour retrouver sa famille et n’a pas d’état d’âme lorsqu’il faut s’engager au combat. En cas de blessure, notre soldat est réparable. L’unique préoccupation de SGR-A1 est la surveillance d’une frontière séparant deux nations ennemies, la Corée du Sud et la Corée du Nord…
Le système Samsung Techwin SGR-A1[1] (fig. 1-2-3-4), désigne un robot sentinelle fixe déployé depuis 2013 à la frontière des deux Corées. Il a pour mission la surveillance de la zone démilitarisée et la prévention des passages clandestins entre les deux pays. Capable de détecter l’entrée d’une personne dans sa surface d’intervention et de « tracker » plusieurs cibles en mouvement simultanément, il peut demander une identification par un mot de passe et faire feu après autorisation si cette entrée est considérée comme une intrusion hostile. SGR-A1 est équipé de caméras de surveillance haute performance et de capteurs détectant une cible en mouvement à une distance de 4 kilomètres. Son système de vision nocturne et ses capteurs optiques et infrarouges le rendent opérationnel de jour comme de nuit. Côté armement, SGR-A1 embarque une mitrailleuse Daewoo K3 de calibre 5.56mm capable de neutraliser une cible à 3,2 km ainsi qu’un lance-grenades de 40 mm. Le robot sentinelle est doté d’un système de communication performant, de microphones, de haut-parleurs lui permettant de dialoguer avec sa cible potentielle et d’en référer au centre de commandement. Lorsque le système détecte un intrus et que celui-ci ne fournit pas le bon mot de passe, il donne l’alerte, peut tirer des balles en caoutchouc ou ouvrir le feu avec sa mitrailleuse K3. Développé conjointement dès 2006 par les laboratoires d’une Université sud-coréenne et par Samsung Techwin, SGR-A1 coûte environ 200 000 euros l’unité. Il pèse 117 kg pour 120 cm de hauteur ce qui le rend facilement transportable. Ces robots sentinelles ont été déployés côte à côte sur plus de 250 kilomètres de zone frontalière. Ils remplacent désormais efficacement des centaines de soldats qui sont affectés à d’autres missions. Selon Huh Kwang-hak, le porte-parole de Samsung Techwin, « les soldats humains peuvent facilement s’endormir durant leur garde ou être victimes d’une baisse de vigilance. SGR-A1 ne connaît pas ce type de faiblesse et ignore la paresse humaine. Il ne craint ni le combat ni l’ennemi, ne conteste pas les ordres, économise les vies des militaires sud-coréens et soulage le budget de la Défense Nationale Coréenne ».
Le programme de déploiement des sentinelles SGR-A1 est destiné à faire face à une baisse des effectifs militaires sud-coréens. La zone démilitarisée entre les deux Corées s’étend, en effet, sur 250 km avec un poste de garde tous les 50 mètres, deux gardes par poste et douze équipes par jour. La frontière est patrouillée sur toute sa longueur ; ce qui représente 5000 postes de garde et 120 000 hommes-année de garde chaque année. Les Sud-coréens ont installé une série de lignes défensives qui traversent toute la péninsule et qui sont dimensionnées pour résister à une attaque durant le temps moyen d’arrivée des renforts. Le KBS (Korea Barrier System KBS) se compose d’obstacles tactiques, de champs de mines, de lignes de barbelés et de dents de dragons. Depuis 1951, la guerre opposant les deux Corées est entrée dans une phase relativement statique avec la construction de lignes défensives résilientes. L’installation des sentinelles SGR-A1 vient renforcer le dispositif global de sécurisation de la Corée du Sud. Chaque robot SGR-A1 possède un capteur CCD et une caméra infrarouge permettant de détecter et de suivre des objets cibles à des distances allant jusqu’à 4 km pendant la journée et 2 km pendant la nuit. SGR-A1 est doté d’un logiciel de reconnaissance de forme qui lui permet de distinguer les humains des animaux ou d’autres objets. Il peut suivre plusieurs objets simultanément. À l’intérieur de la zone démilitarisée, le robot n’a pas besoin de distinguer les amis des ennemis. Lorsque quelqu’un franchit la ligne de frontière, il est considéré par défaut comme un ennemi. Il peut effectuer une sommation et commander à l’intrus de se rendre. SGR-A1 est alors capable de percevoir et de « comprendre » que l’intrus lève les mains en l’air et qu’il obtempère. Dans le cas d’une attaque identifiée en tant que telle, l’autorisation d’ouvrir le feu est donnée par le poste de commandement mais il existe une option qui donne une autonomie au système pour ouvrir le feu sans passer par une supervision humaine. La sentinelle SGR-A1 surpasse très largement l’ensemble des systèmes d’armes télé-opérés (RWS) comme les systèmes CROWS de Recon Optical, PROTECTOR de Kongsberg, ou RCWS30 RAFAEL qui sont tous montés sur un véhicule et servis par un équipage. SGR-A1 est un système fixe, ce qui permet d’éviter les problèmes de puissance, de communication ou de traction inhérents aux systèmes mobiles. Samsung parle ainsi d’une solution de surveillance optimale garantissant une sécurité absolue. Le développement du programme SGR-A1 a coûté plus de dix millions de dollars réunis sur fonds publics et privés. Il va permettre de réduire fortement le montant de la facture de la surveillance frontalière.
L'année 2014 a apporté son lot de déceptions en matière de technologie. Chez les géants du Web, les Google Glass et le Fire Phone d'Amazon ont connu de lourds échecs.
Le futur est plein de promesses et dans le secteur de la technologie, les promesses, c'est du business. En 2014, plusieurs produits qui avaient généré beaucoup d'attentes, ou au moins de bruit, ont vu leur popularité rapidement retomber comme un soufflé. Ils sont trop chers, mal conçus ou n'arrivent pas à trouver leur marché. Avec pour résultat des camouflets, et parfois de grosses pertes financières.
Icônes des lunettes connectées, les Google Glass ont entamé cette année leur chant du cygne. Ces lunettes futuristes l'étaient peut-être un peu trop, et se promener avec une caméra fixée au-dessus de l'œil n'est pas encore entré dans les mœurs. Un prix trop élevé - 1500 dollars - pour le marché grand public et un désintérêt croissant des développeurs achèvent de régler leur sort à ces "smart glasses". Elles pourraient néanmoins trouver leur salut dans le secteur professionnel et la médecine. SNCF a déboursé 6000 euros pour équiper cinq de ses contrôleurs de ces coûteuses lunettes. On les a aussi aperçu sur le nez des policiers new yorkais, qui testent les engins depuis le mois de février.
La débâcle du Fire Phone d'Amazon
Google n'est pas le seul géant a avoir connu une grosse déconvenue. Le leader de la vente en ligne Amazon a essuyé un échec retentissant avec son Fire Phone. Ce dernier, lancé en grande pompe au mois de juin, présente quelques innovations: un affichage 3D, ou une application qui reconnaît des objets pris en photo et permet de les acheter. Pas assez pour justifier son prix, qui a du être baissé de 200 dollars. Au final, l'entreprise n'a vendu que quelques dizaines de milliers de Fire Phones, et a inscrit une provision de 170 millions de dollars. Jeff Bezos, le patron d'Amazon, a néanmoins revendiqué cet échec: "Mon travail est d'encourager les gens à être audacieux. Or, si l'on fait des paris audacieux, cela conduit à faire des expérimentations qui sont par nature souvent vouées à l'échec.", s'est-il défendu en décembre.
Samsung a également fait le pari de l'audace en investissant le premier le secteur des montres connectées. Sortie fin 2013, la Galaxy Gear a récolté de très nombreuses critiques: trop grosse, peu autonome, pas assez pratique. Aux États-Unis, la presse faisait état d'un taux de retour en magasin de près de 30% des appareils vendus par la chaîne BestBuy. Deux autres modèles ont depuis suivi, qui ont corrigé une partie des défauts de leur grande-soeur. 2014 n'a pas pour autant été l'année des montres connectées. Paradoxalement, il faudra sans doute attendre la sortie de l'Apple Watch, en 2015, pour lancer le marché et les ventes de ses concurrents.
Ello et Yo, deux amours éphémères
Du côté des applications et des réseaux sociaux, on peine à trouver le "prochain Facebook" ou le "prochain Twitter". Ello, un réseau social présenté comme une alternative sans publicité à Facebook, a filé comme une comète lors de l'automne 2014. Encore en version d'essai, il a été submergé par les demandes d'invitation après une polémique autour de Facebook. Le réseau social à plus d'un milliard d'utilisateur actif s'est permis de supprimer des profils de personnes transsexuelles sous pseudonymes, ce qui les a conduit à migrer vers Ello. Un mois plus tard, la majorité des utilisateurs ont abandonné le site. Il n'attire plus que des graphistes, des designers et, ironiquement, des journalistes financiers depuis que Bloomberg y a créé sa page.
L'année 2014 a vu naître d'autres bluettes entre de nouveaux réseaux sociaux et les férus de nouvelles technologiques, qui désirent avant tout être les premiers à se servir d'un produit. L'application Yo en fait partie. Le principe est rudimentaire: au lieu d‘envoyer un SMS, on envoie un "Yo" qui génère une notification sur le smartphone de son destinataire, accompagné du son, plutôt irritant, de l'onomatopée. Le dit "Yo" ne contient pas de message. On peut ainsi recevoir un Yo à chaque fois que le PSG ou l'Olympique de Marseille, qui ont tous les deux un compte, marquent un but. Les créateurs de l'application ont récolté 2,5 millions de dollars au cours de plusieurs levées de fonds. Mais après un été que des millions d'utilisateurs ont passé à s'envoyer des "Yos", la start-up ne communique plus sur son nombre d'utilisateurs. Ce qui est rarement bon signe.
Une enquête de Soren Seelow
"Sexe: masculin – yeux: marron tendance foncée – peau: claire tendance mâte – cheveux: châtain ou brun/noir tendance foncée." Cette description quelque peu sommaire est un document unique. Elle restera dans l’histoire criminalistique française comme le premier "portrait-robot génétique" réalisé dans le cadre d’une enquête policière: celui du suspect d’une série de viols qui a hanté la ville de Lyon entre octobre 2012 et janvier 2014.
Cette nouvelle technique d’aide à l’enquête – consistant à extraire d’une trace génétique des renseignements sur l’apparence physique d’un suspect inconnu – était jusqu’à il y a peu interdite en France. Seule était autorisée la comparaison d’une liste de dix-huit segments de l’ADN, strictement définis par la loi, avec les profils enregistrés dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) à des fins d’identification.
En dehors du sexe – exception tolérée par le législateur –, ces dix-huit segments ne livraient aucune information sur la morphologie de la personne. L’analyse des segments de l’ADN renseignant l’apparence d’un individu était réservée aux domaines scientifique et médical, au nom de la protection de la vie privée.
Cette distinction appartient désormais au passé. Dans un arrêt du 25 juin, passé relativement inaperçu, la Cour de cassation a jugé que le" portrait-robot génétique" ordonné par un juge d’instruction lyonnais était conforme au droit, contre l’avis du ministère de la justice. Prise de cours, la chancellerie, qui qualifie pudiquement le sujet de "sensible", multiplie depuis cet été les consultations et réfléchit au meilleur moyen d’encadrer cette nouvelle technique d’enquête.
Un verrou juridique a sauté: de nouveaux horizons s’ouvrent aux services de police, que seuls les progrès de la génétique limitent désormais. Les scientifiques travaillent déjà sur de nouveaux marqueurs exploitables: écartement des pupilles, largeur de la mâchoire, volume de la boîte crânienne… "Nous n’en sommes qu’à la préhistoire", prévient Christian Doutremepuich, directeur du laboratoire d’hématologie médico-légale de Bordeaux, qui a réalisé le portrait-robot. A terme, c’est bien une "photographie génétique" que les laboratoires font miroiter aux enquêteurs.
Pour comprendre la genèse de cette révolution juridique, il faut revenir fin 2012, à Lyon, dans les ruelles du 8e arrondissement. En l’espace de trois mois, cinq étudiantes sont agressées sexuellement dans ce quartier universitaire. Le mode opératoire est toujours le même: la nuit, un homme, cagoulé et armé d’un cutter, attaque ses victimes de dos. Aucune description n’a pu être versée au dossier mais la police en est convaincue: il s’agit du même individu. L’affaire du" violeur du 8e" fait irruption dans les journaux.
Soumis à une intense pression médiatique, les enquêteurs de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) du Rhône exploitent toutes les techniques d’enquête à leur disposition. Les traces d’ADN prélevées sur les victimes sont comparées aux profils du Fnaeg, qui recense quelque 2 millions d’auteurs d’infractions. En vain. Une souricière géante est mise en place: les gardes à vue des porteurs d’armes blanches sont systématisées afin d’enregistrer leur profil génétique. Sans plus de résultat.
"L’enquête classique n’avait rien donné, et nous avions la certitude qu’il frapperait encore", explique Albert Doutre, patron de la DDSP. En accord avec les policiers et le procureur de Lyon, le juge d’instruction chargé de l’enquête, Michel Noyer, décide de dresser un portrait-robot du suspect à partir de son ADN. Le 27 mai 2013, il demande au laboratoire d’hématologie médico-légale de Bordeaux de faire ressortir" tout élément utile relatif aux caractéristiques morphologiques du suspect".
Laurent Pene avance un autre argument en faveur d’une intervention du législateur:" Les segments d’ADN exploitables pour un portrait-robot ne sont pas définis, les labos peuvent aujourd’hui faire ce qu’ils veulent." Un exemple illustre le flou juridique actuel: l’origine ethnique des suspects. Le directeur du laboratoire de Bordeaux exclut cette donnée de ses analyses au motif qu’elle ne constitue pas une" caractéristique morphologique publique", mais appartient à "l’histoire privée de l’individu". L’INPS, au contraire, prévoit de faire figurer l’origine "bio-géographique" dans ses résultats.
Pour autant, le Dr Doutremepuich estime que toute loi serait par avance condamnée à être dépassée par les progrès de la génétique. Là encore, la question de l’origine ethnique illustre la difficulté pour le législateur à anticiper les avancées de la science. Lors de la création du Fnaeg, les dix-huit segments d’ADN retenus par la loi ne devaient fournir aucune information privée sur les profils enregistrés. Or, les chercheurs se sont aperçus au fil des années qu’ils permettaient de faire ressortir l’origine ethno-géographique des individus.
Et la génétique ne cesse de défier l’imagination du législateur. Le laboratoire d’hématologie médico-légale de Bordeaux, qui analyse aujourd’hui trois" caractéristiques morphologiques apparentes" (peau, yeux, cheveux), travaille déjà sur de nouveaux critères: la pilosité intersourcilière, la présence d’une fossette au menton et le décollement des oreilles.
Certains laboratoires étrangers vont plus loin. Dans une étude publiée le 13 septembre 2012, une équipe internationale emmenée par Manfred Kayser, chercheur à l'université Erasme de Rotterdam, a identifié un lien entre cinq gènes et certaines caractéristiques du visage comme la largeur de la mâchoire ou l’écartement des pupilles. A l’université de Pennsylvanie, le chercheur américain Mark Shriver a croisé en 2013 les analyses de 24 segments d’ADN avec un logiciel afin de sortir une image en 3D de la structure faciale d’un individu.
S’ils font rêver les services d’enquête, ces travaux sont pourtant loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique. A la différence de l’analyse classique, qui permet d’identifier un individu en le comparant à un autre ADN enregistré au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg), le portrait-robot génétique relève de l’analyse prédictive. S’agissant de la couleur des yeux, par exemple, l’INPS parvient à un pourcentage de certitude de 95 % s’ils sont bleus ou marron, mais le chiffre tombe à 74 % pour les couleurs" intermédiaires" comme le vert.
Pour Catherine Bourgain, généticienne à l’Inserm, l’idée d’un portrait-robot génétique repose sur" une vision génocentrée du vivant"." On est encore loin de pouvoir prédire certaines caractéristiques apparentes avec une probabilité satisfaisante, explique-t-elle. A métissage égal, vous pouvez avoir deux résultats morphologiques très différents. Idem pour la taille, qui dépend de l’environnement, ou les cheveux, dont la couleur peut évoluer au cours d’une vie."
Conscients des limites actuelles de cette technologie, ses partisans sont néanmoins convaincus qu’on parviendra, à terme, à une" photographie génétique" avec un degré de probabilité satisfaisant. Pour Sylvie Moisson, procureure générale de Lyon," cette technique d’aide à l’enquête est déjà intéressante", le portrait-robot traditionnel, tiré d’un témoignage par nature subjectif, n’offrant" pas plus de certitude".
L’analyse du laboratoire de Bordeaux ne renseignait pas l’origine ethnique du suspect des viols de Lyon. Ses caractéristiques morphologiques, elles, correspondaient bien à la réalité. K., un chauffeur de bus de 37 ans, a été arrêté en flagrance le 3 janvier. Alerté par des cris, un riverain avait appelé le 17. L’histoire retiendra que ce ne sont pas ses gènes qui l’ont trahi, mais le civisme d’un voisin.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/visuel/2014/12/18/le-portrait-robot-genetique-arrive-en-france_4541590_3224.html#9h0Pjb3UZ6LGoV4m.99