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Science/Tech - Page 36

  • TEXTE INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS

    Durex Fundawear: des sous-vêtements vibrants contrôlés par iPhone

    Oui, oui vous avez bien lu. Détournez le regard des enfants et accrochez un petit " -18″ en bas à droite de votre écran, aujourd’hui sur ScientiGeek on va parler sexe !

    Tout droit sorti des laboratoires de Durex, j’ai nommé Durexperiment (et oui, il faut aussi de la R&D pour les capotes), voici les Fundawear, des sous-vêtements qui vous permettront de toucher votre partenaire via internet !

     

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    Quésako ? Eh bien les Fundawear sont tout " simplement " des sous-vêtements high-techs, conçus pour pouvoir retranscrire le toucher de votre partenaire à distance via une application mobile (iOS).  Concrètement, il vous suffira d’enfiler ledit sous-vêtement, de lancer l’application Fundawear et de vous coupler via internet à celle de votre conjoint (attention à pas vous tromper d’identifiant, petits coquins). Le sous-vêtement de votre conjoint(e) apparaît sur le smartphone, avec des zones interactives, et vous n’avez plus qu’à toucher là où vous voulez titiller votre moitié ! Voici une petite vidéo officielle pour présenter le concept :

    Comme nous sommes des scientifiques, voyons comment tout cela marche. La technologie développée par le labo Durexperiment et Snepo Technologies se base sur un système électrique Arduino ATMEGA2560 (pour faire simple, c’est la partie qui est connectée à internet et fait le lien vers le sous-vêtement). Lorsqu’un des deux chauds lapins appuie sur une zone sur l’application pour aller titiller la/le conjoint(e), un signal est envoyé via internet vers les serveurs, avec une clé de cryptage pour éviter les risques de croisement de données ou hacking. Une fois le signal transmis, il part activer des piezo-actuateurs des zones recouvertes par les sous-vêtements, situés exactement sur les clusters de surfaces sensoriels (les " zones de sensibilité " couvertes par nos nerfs), pour les exciter ! Simplissime certes mais lorsqu’il faut cacher tout cela dans un bonnet ou un caleçon bien fourni…

    Bien sur, ce n’est pas la première initiative tentant de " rapprocher tactilement " les couples par l’électronique. Nous nous souvenons des recherches de l’équipe du Kajimoto Laboratory (University of Electro-Communications, Japon) qui ont développé une machine permettant de transmettre un baiser via Internet.

    Cette fantaisie rappelle tout de suite Demolition Man (mais si vous savez, le sexe par casques à réalité virtuelle… ça veut dire que les 3 coquillages vont aussi arriver ?!) et fait plutôt rire. D’ailleurs, cela ne nous étonnerait pas que l’objet se démocratise et se couple aux pratiques de type chatroulette comme Bazoocam !

    Bon au final, cette trouvaille est quand même assez marrante et nous ne pouvons qu’être curieux d’essayer (pour l’avancée de la science bien sur…). Malheureusement, le Durex Fundawear n’est pas encore commercialisé. Mais si vous avez la chance de résider en Australie, vous pourrez aller sur la page Facebook Durex Australia et vous proposer comme " cobaye ". Les autres chauds lapins devront attendre encore un peu...

     

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  • Première usine de production de médicament de thérapie cellulaire européenne

    CELLforCURE

    Les thérapies cellulaires désignent les greffes de cellules visant à restaurer les fonctions d’un tissu ou d’un organe lorsqu’elles sont altérées par un accident, une pathologie ou le vieillissement.

    Créée en 2010, CELLforCURE (filiale du groupe LFB) regroupe l'ensemble des activités de thérapie cellulaire du groupe. CELLforCURE développe une activité de services i) d’industrialisation des procédés de thérapies cellulaires dans un cadre conforme aux exigences ATMP, (ii) de production dans un cadre pharmaceutiques de lots pour des essais cliniques et commerciaux, et iii) pharmaceutiques et réglementaires nécessaires pour l’accès au marché du produit (études réglementaires, supply chain, distribution, enregistrement …etc).

    Coordonnateur du projet C4C retenu dans le cadre des investissements d’avenir fléchés sur "les projets structurants des pôles de compétitivité" CELLforCURE fabriquera notamment 5 produits de thérapie cellulaire en vue de l’obtention de leur autorisation de mise sur le marché (AMM) dans les 5 années à venir. 9 partenaires privés et publics sont impliqués :

    LFB – CellForCure (Les Ulis): mise en place de l’outil industriel, opérateur de la CMO, accompagnement pharmaceutique des partenaires

    Celogos (Paris): développement du MTI incontinence anale

    lean Cells (Bouffere): développement de tests pour la détection d’aberrations chromosomiques

    EFS (Bordeaux, Toulouse): développement de MTI hémopathies

    Hospices civils (Lyon): développement de la solution de conditionnement des lots

    CHRU (Nantes): développement du MTI mélanome

    CHRU (Toulouse): développement du MTI ischémies cardiaques sévères

    CHRU (Bordeaux): développement du MTI hémopathies

    CHRU (Lille): développement du MTI diabète

    C4C est un projet piloté par la société CELLforCURE (filiale du Laboratoire de fractionnement biologique - LFB) et co-labellisé par le pôle Atlanpole Biotherapies. Le projet vise à mettre en place le premier plateau technique français d’industrialisation des thérapies cellulaires. L’objectif est de produire des médicaments de thérapie cellulaire auto/allogénique et valider ce démonstrateur par la production de 5 médicaments de thérapie innovante (MTI). La finalité est de structurer une filière industrielle française en thérapie cellulaire. A terme, ce projet favorisera le traitement de nombreuses maladies comme certains types de diabète et de cancer : l’insuffisance cardiaque ou l’incontinence pourront à l’avenir être traitées par le remplacement de cellules défaillantes par des cellules opérationnelles.

     Le LFB spécialiste des MDP (médicaments dérivés du plasma) va ainsi engager 18 M€ sur sa plate-forme de bioproduction des Ulis (91), dans le développement d’un plateau d’industrialisation de thérapies cellulaires, autologues et allogéniques.

    Cette première plate-forme française sera dotée d’une capacité annuelle d’environ 5 000 lots thérapeutique cliniques comme de routine ; elle constituera la première unité européenne modulaire " capable d’accompagner jusqu’à la production industrielle les projets de R&D innovants issus de la recherche publique comme des PME ".

    Domaines d'application

    Cancérologie/Oncologie; Cardio-vasculaire; Métabolisme, Endocrinologie, Nutrition; Santé Humaine

  • Magique!

    La cape d'invisibilité est tendance dans les laboratoires. Qu'elle soit recréée par un film contenant de "minuscules structures [capables] de manipuler la lumière", comme dans cette expérience en 2010, par agencement de miroirs et de lumière (en 2013) ou par imitation du caméléon (en 2014), les scientifiques ne se lassent pas de cet accessoire permettant de dérober la réalité au visage du monde. Par amour d'Harry Potter, ou peut-être parce qu'un dispositif d'invisibilité est tout de même bien pratique. Tel qu’il est décrit, le procédé rappelle beaucoup ces tours de magie où il s’agit de faire disparaitre certaines parties du corps par un système d’optique et de miroirs mais ici le principe est affiné et permet de rendre l’objet invisible quel que soit l’angle de vue que l’on puisse prendre par rapport à l’optique.

    Cette fois-ci, c'est Joseph Choi et John Howell de l'université de Rochester, aux Etats-Unis, qui nous apportent la dernière invention de ce goût-là, dont les résultats viennent d'être soumis au journal Optics Express, et publié sur ArXiv, site de publications scientifiques.

    Pour recréer l'invisibilité, ces deux chercheurs se sont penchés sur l'optique: ils ont trouvé "une manière d'arranger quatre lentilles afin qu'elles agissent comme une cape d'invisibilité qui peut être vue de plusieurs angles" différents, rapporte le site I Fucking Love Science. "Cette cape tord la lumière et l'envoie au travers du centre du dispositif, de telle façon que la zone de l'axe ne peut être bloquée ou masquée."

    Ce qui est intéressant ici c’est que si un autre élément est placé à l’extrémité de la première lentille, celui-ci sera en revanche parfaitement visible. En d’autres termes, cela veut dire qu’un tel système, une fois miniaturisé, pourrait permettre à un chirurgien de procéder à une intervention tout en " voyant " à travers ses propres mains (seule l’élément le plus proche est caché, le " fond " reste bien visible).

    "C'est le premier dispositif de notre connaissance qui permet une invisibilité tridimensionnelle et multidirectionnelle, et qui fonctionne en transmettant des rayons dans le spectre visible", à en croire Joseph Choi, cité dans un communiqué publié sur le site de son université.

    Cet appareillage pourrait selon lui trouver une application dans le domaine de la médecine, en aidant par exemple les chirurgiens à "voir au travers de leurs mains ce sur quoi ils travaillent", rapporte le Time. Le site ajoute que le dispositif pourrait aussi servir "aux conducteurs de voir leurs véhicules dans le point mort".

    C’est le résultat assez spectaculaire d’un procédé réalisé avec des moyens peu onéreux. Car c’est là un autre avantage de l’invention des chercheurs de Rochester : pas d’électronique sophistiquée ici, pas de composants hors de prix. La Cape d’invisibilité n’est pas encore pour tout de suite, mais il y a au moins quelques chances qu’elle soit accessible au commun des mortels.

    Néanmoins, il n'est pas encore parfait, note le communiqué de presse

     

  • Et oui, tout arrive!

    Un radar qui détecte les envois de SMS au volant

    Envoyer un SMS en conduisant multiplierait par 23 le risque d’avoir un accident de la route. Fort de ce constat, un nouveau radar est en train d’être développé par un spécialiste américain dans le domaine. Son rôle, détecter les conducteurs qui envoie des SMS au volant !

    Pour faire baisser le nombre d’accidents de la circulation, un nouveau radar est à l’étude et pourra détecter les conducteurs indélicats qui envoient des SMS au volant. Force est de constater que d’envoyer un SMS en conduisant multiplie par 23 le risque d’avoir un accident de la route. Selon un sondage de TNS-Sofrès effectué l’an dernier pour la délégation ministérielle, 38% des conducteurs indiquent avoir le réflexe de regarder leur smartphone lorsqu’ils reçoivent un SMS et 31% le lisent. Plus accablant, 67% ont ce même réflexe parmi les moins de 35 ans. Comme envoyer ou recevoir un SMS nécessite de quitter la route des yeux durant 5 secondes les pouvoirs publics ont décidé de prendre de nouvelles mesures en matière de sécurité routière. Ils ont fait appel à la société américaine ComSonics, basée en Virginie pour qu’elle développe un nouveau type de radar, capable de détecter l’utilisation d’un téléphone portable en voiture.

    ComSonics travaille sur un nouveau radar qui détecte les envois de SMS au volant

    Les forces de l’ordre disposeront prochainement d’un nouveau pistolet, qui n’envoie pas des balles cette fois mais qui détecte l’envoi de SMS au volant. Un pistolet radar qui capte certaines ondes et décode l’émission d’ondes radio des téléphones portables émises lors de l’envoi d’un SMS. C’est l’entreprise américaine ComSonics, basée en Virginie qui développe ce pistolet radar. Les ondes émises sont de longueur différentes s’il s’agit d’un appel via un téléphone portable ou l’envoi d’un SMS et le pistolet radar en question est capable de faire la différence. Cette technologie n’est pas encore commercialisée mais devrait fortement intéresser les USA ou la sécurité routière Française. D’autres pistes sont également à l’étude, comme cet opérateur américain qui a développé l’application " DriveMode " qui bloque l’envoi de SMS une fois la voiture en mouvement.

  • Boudu!!!

    Espoir pour lutter contre l'infertilité

    FIV : des Français réalisent la 1ère impression en 3D d'un embryon

    Pour la première fois, des chercheurs ont réussi à reconstituer et à imprimer un embryon humain en 3D. Un espoir pour les couples infertiles qui ont recours à la fécondation in vitro.

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    C'est une première mondiale et qui plus est française. Selon Europe1, les chercheurs du CHU de Montpellier ont réussi à reconstituer et à imprimer un embryon humain en 3D. Ce progrès scientifique constitue, à n'en pas douter, une lueur d'espoir pour les couples infertiles qui ont recours à la fécondation in vitro (FIV). Surtout qu'à l'heure actuelle, deux FIV sur trois se soldent encore par un échec.

    La 3D pour mieux voir les éventuelles anomalies de l'embryon

    Pour l'équipe de scientifiques, l’objectif  est ici de faciliter la sélection du " bon embryon " à implanter lors d’une  fécondation in vitro. Au moment d'une FIV, plusieurs embryons sont en effet créés et les médecins doivent ensuite choisir celui ou ceux qui auront le plus de chance de se solder par une grossesse.

    Mais pour faire ce choix, ils ne disposaient jusqu'à présent que de peu d’outils pour repérer les défauts de l’embryon et travaillaient à l’aide d’un microscope. Une histoire qui s'écrit peut-être au passé car cette technique d’impression 3D pourrait bien changer la donne.

    A l’aide de photos et d’un logiciel, les chercheurs ont donc réussi à agrandir et matérialiser un embryon, au stade préimplantatoire, et à en imprimer une réplique exacte en 3D pour mieux l’observer.

    Cette impression 3D qui aurait " la taille d'une pomme ", selon cette radio, permettrait donc d'en découvrir les éventuelles anomales, avant de choisir de procéder ou non à l’implantation.

    Pour l'équipe, cette avancée scientifique permettrait aux médecins " de mieux appréhender la phase implantatoire de la FIV, et ainsi d’améliorer les chances de réussite de l’implantation de l’embryon dans l’utérus. "

     

  • Singularité technologique: l’avenir de l’humanité ?

    Le concept de "singularité technologique" décrit un instant qui inscrit une rupture d’échelle dans l’évolution de notre progrès technologique.

    Par Thierry Berthier.

    Le développement exponentiel des nouvelles technologies (information, nano-, quanto-, bio-…) et leur rapide convergence, réactivent les concepts profonds et anciens de transhumanisme ou posthumanisme et nous interrogent sur nos capacités d’accès à un événement essentiel que l’on nomme "Singularité Technologique"

    Qu’entend-t-on par singularité ?

    Ce terme fait clairement référence à la singularité gravitationnelle engendrée par un trou noir en cosmologie et à la notion connexe de déformation puis de discontinuité de l’espace-temps aux abords immédiats de ce trou noir.

    À compter de cette date ou de cet événement, notre croissance technologique changera brusquement d’échelle, de plusieurs ordres vers le haut, le progrès, les découvertes scientifiques seront le fruit de forces et d’énergies non humaines ou posthumaines, issues de l’intelligence artificielle (IA).

    Cette notion de singularité a été introduite au début des années 1950 par le mathématicien John Von Neumann[1] puis développée durant les années 1960 par Alan Turing[2] et Irving John Good[3]. Elle a inspiré de nombreux scientifiques comme Carl Sagan[4] et de nombreux auteurs de science-fiction durant ces trente dernières années. Elle se réactive régulièrement lors d’annonces d’innovations technologiques majeures (robotiques, biotechnologiques ou autres).

    Entre débats sérieux et projets insensés

    Aujourd’hui, cette notion de singularité alimente débats, fantasmes sectaires et projets, des plus insensés aux plus sérieux. En 2008, une Université de la Singularité a été créée en Californie par Ray Kurzweil[5] et Peter Diamantis avec le soutien massif de Google, Nokia, Cisco, Autodesk, de la NASA, et de l’administration américaine. L’esprit de cette université tient en un tweet : " Be prepared to learn how the growth of exponential and disruptive technologies will impact your industry, your company, your career, and your life ". Ses moyens financiers sont presque sans limite, à l’image de la puissance des lobbies qui agissent à l’origine de cette création…

    Deux questions principales s’imposent alors :

    1 – La singularité surviendra-t-elle un jour ?

    2 – Si oui, en sommes-nous loin, ou au contraire tout proche ?

    La première question est évidemment la plus profonde des deux. Elle se reformule, tantôt comme une prophétie positive et argumentée, tantôt comme une interrogation formelle indécidable par nature. Pour l’aborder sereinement, il faut en premier lieu évoquer une nouvelle singularité, symétrique de la première qui pourrait s’appeler " singularité d’extinction " ou régressive en termes de progrès. Elle représente l’instant potentiel à partir duquel notre civilisation effectue un bond en arrière majeur à l’échelle planétaire : ce brusque saut peut se produire par exemple à la suite d’un impact météoritique avec un géocroiseur massif (non détourné par l’homme et sa technique) de l’orbite terrestre.

    Au-delà d’une certaine masse, il est prouvé que cet impact serait totalement destructeur pour la vie humaine et animale, nous ramenant ainsi quelques millions d’années en arrière… et repoussant d’autant la date de notre seconde singularité ; le " nous " employé étant celui des bactéries ou insectes survivants. Il est illusoire de discuter d’une singularité sans évoquer sa forte dépendance à la réalisation ou non de sa symétrique. (Ceci revient d’ailleurs à ne pas oublier le septième terme dans l’équation de Drake : celui indiquant la durée de vie moyenne d’une civilisation.)

    Un argument classique pouvant être objecté ici, consiste à penser qu’au-delà d’un certain niveau de maturité technologique, les risques d’extinction de l’espèce s’éloignent, sachant que l’IA saura mettre en œuvre les contre-mesures appropriées et efficaces pour dissiper les menaces futures. Je pense qu’il s’agit plus d’un optimisme béat que d’une bienveillance naturelle du système…

    L’homme, depuis sa naissance, baigne dans "l’aléatoire sauvage" et de ce fait subit constamment l’assaut des événements rares, imprévisibles et surpuissants. Ces événements rares, imprévisibles, inédits et surpuissants sont appelés " cygnes noirs " par Nassim Nicholas Taleb[6], écrivain et philosophe des sciences du hasard (très lu par les financiers en quête de modèles nouveaux et distincts de l’obsolète standard gaussien). Une des idées phares de Taleb est que l’expérience passée n’apporte malheureusement aucune information exploitable concernant la réalisation ou non d’événements inédits a priori très peu probables mais d’impact majeur sur l’évolution du système.

    Taleb a construit et calibré sa théorie à partir de son expérience de trader des marchés financiers durant les années 1980-90 et de son enfance puis adolescence marquée par la guerre du Liban. Les crachs boursiers (celui de 1929, de 1987, puis la crise que l’on connaît aujourd’hui) sont ses premiers cygnes noirs, les conflits armés, insurrections, révoltes, attentats en sont d’autres à ses yeux, obéissant aux mêmes fluctuations du hasard. Cette vision de la force de l’aléatoire est un frein considérable à la construction de prévisions ou de prédictions fondées. Les cygnes noirs de Taleb nous mettent en garde contre toute arrogance prédictive et nous réduisent de fait aux simples techno-prophéties…

    On comprend alors que pour étudier l’éventualité de l’émergence d’une singularité technologique, il est nécessaire d’y inclure l’aléa des cygnes noirs : cette dose d’aléatoire présente à toute échelle, imprégnant chacune des strates poreuses de notre évolution technologique. C’est elle qui est à l’origine des bonds et discontinuités ou des périodes de pause constatées tout au long de notre marche vers le progrès. Enfin, c’est peut-être elle qui constituera l’amorce ou le germe de notre singularité vue à son tour comme le cygne noir essentiel de notre évolution.

    Les arguments en faveur de la singularité

    Maintenant que le paysage aléatoire est en place, il est possible " d’empiler " certains arguments en faveur de l’avènement d’une singularité technologique :

    ◾Le caractère exponentiel de l’évolution technologique est un premier indicateur d’accélération systémique : il suffit de mesurer et comparer les acquis humains à l’échelle du millénaire, du siècle, puis sur dix ans et de constater le gradient !

    ◾La convergence rapide de grands territoires de la pensée humaine : mécanique quantique, théories de l’information et de la complexité, intelligence artificielle, astrophysique, sciences cognitives, biologie, philosophie, sociologie, économie et finance. La partition initiale n’existe plus : les savoirs spécifiques circulent et se diffusent, d’un domaine vers un autre, interagissant et modifiant sans cesse les lignes de perception des thématiques classiques.

    ◾Le web en tant qu’émergence d’une structure globale issue d’une multitude d’interactions locales : Internet peut être vu comme un graphe dynamique dont les sommets sont les pages web et les arêtes, les liens html liant ces pages. Ce graphe planétaire évolue en temps réel ; à chaque instant, des pages disparaissent, d’autres sont créées, des liens apparaissent, d’autres s’effacent, des topologies se forment et se transforment à l’image d’une entité biologique et des cellules qui la composent. Le transfert massif de l’information humaine vers internet, son stockage, son traitement, sa hiérarchisation via les moteurs de recherche constituent certainement les premiers pas vers notre singularité, si elle doit avoir lieu.

    ◾La fusion homme-machine ou le concept de transhumanisme (qui a débuté dès 1958 avec le premier pacemaker implanté) modifie profondément notre rapport au corps[7]. Que ce soit dans un but de simple remplacement de l’organe malade ou dans celui d’augmentation des capacités de l’organe sain, la manipulation nous interroge sur notre propre identité : à partir de quel niveau de transformation passe-t-on du statut d’homme à celui de trans-humain ? Est-il légitime de retarder notre vieillissement et notre mort? Peut-on "s’augmenter sans se perdre?" Là encore, cette thématique renforce au premier rang le concept de singularité.

    Imaginons maintenant la convergence et l’évolution des quatre arguments que l’on vient de déployer. Nous nous situons bien sûr dans un futur qu’il n’est pas possible de préciser davantage.

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